Critique de la francophonie haïtienne
242 pages
Français

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Critique de la francophonie haïtienne , livre ebook

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Description

Cet essai traite de la corrélation entre le langage autorisé et le langage zombifié. Certains chapitres s'appuient sur des études comme celles de Laënnec, Michel Foucault, Roland Barthes, Pierre Bourdieu ; d'autres apportent des témoignages d'hommes ayant souffert de la problématique français-créole.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2007
Nombre de lectures 67
EAN13 9782336269085
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com harmattan 1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296043237
EAN : 9782296043237
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Du même auteur Remerciements Avant-propos Chapitre I Chapitre II Chapitre III Chapitre IV Chapitre V Chapitre VI Chapitre VII Chapitre VIII Chapitre IX Chapitre X Chapitre XI Chapitre XII Chapitre XIII Chapitre XIV Chapitre XV Épilogue Profil de l’auteur
Critique de la francophonie haïtienne

Tontongi
Du même auteur
Cri de rêves (poèmes en français et créole, New Strategy Book Project, 1986) The Dream of Being (poèmes en anglais, New Strategy Book Project, 1992) The hodou Gods’joy / Rejwisans lwa yo (Poème épique bilingue anglais-créole, Éditions Tambour, 1997)
Peinture de la couverture : « Kalfou » (« Carrefour ») par Blondel Joseph, 1994. Composition graphique : David Henry
Pour Jonah, Irma et Ti-Sentaniz
Remerciements
Quand, en janvier 1998, le consulat français de Boston invitait l’Assemblée des Artistes Haïtiens du Massachusetts, dont j’étais et suis encore membre, à participer à une commémoration de la Francophonie, je me sentais mal à l’aise, et j’ai vite su pourquoi: Malgré le lieu commun qui insinue le contraire, Haïti n’est pas un pays francophone.
Après un court et fiévreux débat qui s’ensuivait, précipité par mes objections, la majorité des personnes présentes votait pour la participation de l’association à la commémoration. Mais je ne m’en sentais nullement ébranlé. D’où l’idée de ce livre. J’ai d’abord voulu écrire un simple article énumératif de mes arguments, mais plus j’ai abordé le sujet, plus j’ai réalisé qu’il y a beaucoup de choses à dire là-dessus.
Je remercie les amis de l’Assemblée, présents ou non à cette réunion, pour avoir aidé cette idée à germer, entre autres Charlot Lucien, Emmanuel Védrine, Patrick Sylvain, Ella Turenne, Michel DeGraff, Marilène Phipps, Marcien Toussaint, Oreste Joseph, Marcuse Darbouze, Suzy Magloire, Ewald Delva, Serge Claude Valmé, Marcuse Plésimomd, Danielle Legros Georges, Fritz Ducheine, Dou mmafis et beaucoup d’autres encore.
Mes influences étant multiformes, multigenreset multiintuitives, beaucoup de mes amis et connaissances ont contribué à l’articulati on des réflexions et questionnements principaux de ce livre, soit-il par voie d’une discussion passionnée, d’une remarque opportune, d’une exposition à leurs œuvres ou par des encouragements; je pense spécialement à Yvon Lamour, Joël Théodat, Lunine Pierre-Jerôme, Marc Prou, Raymond Justin, Nekita Lamour, Elsie Suréna, Fritz Dossous, John Barnes, Josianne Hudicourt-Barnes, Nicole Prudent, Raymond Charlot, Dimasfis Lafontant, Lesley René, Jean-Claude Martineau, Frantz Minuty, les frères Généus, Berthony Dupont, Gerdès Fleurant, Pierre-Roland Bain, Anna Wexler, Michel-Ange Hyppolite, Daniel Laurent, Smith Nazaire, Jean-Robert Boisrond, Luc Jean, Lionel Primé, Jacquot Antoine, Dénizé Lauture, et à bien d’autres amis dont les noms m’échappent à présent mais qui ont néanmoins beaucoup contribué à mon éducation intellectuelle sur le sujet.
Spécial remerciement à Franck Laraque pour son généreux commentaire appréciatif sur la couverture. Son instinct est toujours prêt à soutenir, à l’instar de son frère et mon ami Paul, tristement trépassé le 8 mars dernier, tout ce qui est susceptible d’avancer la cause du peuple.
Merci également à Blondel Joseph pour l’apport de sa magnifique peinture abstraite qui exprime lecarrefour où se trouvent les tensions et options.
Merci spécialement à David Henry pour une élégante, « state-of-the-art » composition graphique du livre et pour le don généreux de son temps.
Merci spécial à Idi Jawarakim, l’infatigable interlocuteur d’office, qui a aidé à la correction des textes et à la maturation des idées.
Merci spécial à ma femme Jill Netchinsky qui a connu tout l’itinéraire de ce livre, la patiente réceptrice des idées en germination, encourageant toujours leur rigueur intellectuelle et la mise à fruition.
Avant-propos
Ma compétence pour parler du rapport de pouvoir entre les langues française et créole est légitimée par mon emploi quotidien des deux langues en tant qu’écrivain et poète qui écrit dans toutes les deux, donc utilisateur privilégié de leur force créative. À ceux qui quest ionneraient ma non-filiation universitaire et mes credentials, je dirais qu’il n’est point un expert conséquent du phénomène linguistique que l’écrivain qui s’y est immergé à chaque instant, confronté à ses défis, ses mystères, ses vastes possibilités.
Le linguiste, pour sa part, aide à clarifier les points de départ et les perspectives, à signifier les mystères dans un sens qui libère l’esprit; mais l’écrivain maintient la langue qu’on parle chaque jour—et ses structures de support et de représentation—dans une tension continuelle qui toujours la défie à ouvrir ses champs de possibilités et ses horizons.
Grâce aux travaux de Noam Chomsky et des linguistes de la linguistique dite générative, la fonction de communication du langage et son rôle en tant qu’organe de domination de classe sont différenciés de sa nature en tant que fait biologique universel, pareil, interchangeable dans toutes les races ou classes, sans aucune échelle de grandeur et de valorisation particulière.
Sitôt que ce voile zombifiant se dissipe, la vraie fonction du langage dans la société, c’est-à-dire l’usage performatif dont on en fait, s’est révélée une grande mystification pour comprimer l’esprit dans les paramètres définis par un certain milieu, une certaine classe sociale, un certain groupe d’intérêts particuliers.
Cela dit, notre propos n’est pas de nourrir un sentiment anti-français puéril, mais d’analyser une problématique, une pratique de domination d’une langue/culture par une autre langue/culture, et proposer une perspective de redressement dans le sens d’une parité qui établisse la balance et le respect entre les deux langues et cultures.
Finalement, dans notre souci méthodologique de créer à la fois une dynamique discursive et un grand brassage d’idées sur la problématique français-créole, nous avons recours à des citations directes des textes d’autres auteurs, souvent d’une façon substantielle, pour démontrer les points essentiels en discussion. Nous sommes reconnaissant envers ces auteurs, parce que simplement nous ne pourrions faire mieux sans eux. En un sens, ils sont les auteurs collectifs du livre qui est, essentiellement, une sorte d’anthologie d’idées et de raisonnements sur une question qui nous est tous chère.
Je tiens aussi à affirmer que je ne cherche en rien à attaquer ou polémiquer avec les auteurs ici cités, certains questionnés avec une rigueur passionnelle. C’est par respect pour leur intellect, leurs œuvres et leur contribution à l’avancement des idées que je les engage dans la discussion. Si le lecteur—ou l’auteur interpellé—sent un peu de provocation dans certains de mes énoncés, je le fais justement à dessein, mais j’utilise la provocation dans le sens positif du terme: pour susciter l’intérêt, la focalisation et la discussion sur un sujet d’une extrême importance.

—Tontongi, Boston, janvier 2007
Chapitre I

La Problématique et son historique
J adis les littérateurs haïtiens célébraient la langue française comme étant la voie nécessaire, indispensable, à la complétude existentielle parce qu’ils en avaient assez d’être peints comme des primitifs sortis tout droit des jungles de l’Afrique arriérée. Pour contrer une telle perception de leur « valeur », des écrivains haïtiens allaient jusqu’à l’absurde dans leur glorification de la langue et culture françaises, par exemple Jean-Baptiste Chenêt qui écrivait en 1846 :

« Si le Dieu qui m’entend, dans l’espace caché, Vient un jour à parler à l’homme , son image, Il parlera français : c’est bien là son langage. 1 »
Fidèle à cet état d’âme, George Sylvain a-t-il pu dire en 1901 dans son manifeste, Notice sur la poésie haïtienne, que celle-ci est « une branche détachée du vieux tronc gaulois ». Il implo

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