La lutine
298 pages
Français

La lutine , livre ebook

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298 pages
Français

Description

Le squat est un lieu qui fascine et inquiète parce que mal connu ou mal aimé des médias et du grand public qui n'y voient que trouble et confusion. Cet ouvrage comble ce manque par une étude systématique des interactions dans un squat Lyonnais. Quels traits caractérisent le style communicatif dans le squatt "la Lutine" ? Quel est l'impact des valeurs sociopolitiques sur le parler du groupe ? Quelles sont les valeurs identitaires d'un tel groupe ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2007
Nombre de lectures 319
EAN13 9782296173309
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA LUTINE
Portrait sociostylistique
d'un groupe de squatteurs à Lyon@
L'Harmattan, 2007
5-7, rue de l'Ecole polytechnique; 75005 Paris
http://www.1ibrairieharmattan.com
diffusion. harmattan @wanadoo.fr
harmattan!@wanadoo.fr
ISBN: 978-2-296-03309-2
EAN : 9782296033092Sabine KLAEGER
LA LUTINE
Portrait sociostylistique
d'un groupe de squatteurs à Lyon
L'HarmattanEspaces Discursifs
Collection dirigée par Thierry Bulot
La collection Espaces discursifs rend compte de la participation des discours
(identitaires, épilinguistiques, professionnels...) à l'élaboration/représentation
d'espaces - qu'ils soient sociaux, géographiques, symboliques, territorialisés,
communautaires,...- où les pratiqueslangagièrespeuventêtre révélatricesde
modifications sociales.
Espace de discussion, la collection est ouverte à la diversité des terrains, des
approches et des méthodologies, et concerne - au-delà du seul espace
francophone - autant les langues régionales que les vernaculaires urbains, les
langues minorées que celles engagées dans un processus de reconnaissance;
elle vaut également pour les diverses variétés d'une même langue quand
chacune d'elles donne lieu à un discours identitaire; elle s'intéresse plus
largement encore aux faits relevant de l'évaluation sociale de la diversité
linguistique.
P. LAMBERT, A. MILLET, M. RISPAIL, C. TRIMAILLE (dirs),
Variations au cœur et aux marges de la sociolinguistiques, Mélanges
offerts à Jacqueline Billiez, 2007.
Christine BIERBACH et Thierry BULOT, Les codes de la ville.
Cultures, langues et formes d'expression urbaines, 2007
Thierry BULOT, La langue vivante, 2006
Michelle VAN HaaLAND, Maltraitance communicationnelle,2006
Jan JAAP DE RUITER, Les jeunes Marocains et leurs langues,
2006.
UNESCO ETXEA, Un monde de paroles, paroles du monde, 2006.
Thierry BULOT et Vincent VESCHAMBRE (dirs.), Mots, traces et
marques,2006.
Véronique CASTELLOTTI & Hocine CHALABI (Dir.), Lefrançais
langue étrangère et seconde, 2006.
Sophie BABAUL T, Langues, école et société à Madagascar, 2006.
Eguzki URTEAGA, La langue basque dans tous ses états.
Sociolinguistique du Pays Basque, 2006.
Elatiana RAZAFIMANDIMBIMANANA, Français, franglais,
québé-quoi ?, 2005.
Martine COTIN, L'Ecriture, l'Espace, 2005.
Jean-Marie COMITI, La langue corse entre chien et loup, 2005.
Sophie BARNECHE, Gens de Nouméa, gens des fies, gens
d'ailleurs... Langues et identités en Nouvelle-Calédonie, 2005.REMERCIEMENTS
Merci à mes copines et copains à Lyon - pour votre aide et
votre amitié.
Danke meinen Eltern, die mich immer unterstützen !INTRODUCTION
La Lutine!, c'est le nom que nous avons donné à cet immeuble, que
nous squattons depuis avril 1998. L'immeuble appartient à la Courly,
ainsi que des centaines d'autres appatements (sic !) ou immeubles
laissés volontairement vides, pour de sombres histoires de marché de
l'immobilier. Pendant que des gens dorment dehors.
Nous ne sommes pas a priori des clients rêvés pour les agences
immobilières : chômeurs, RM1stes, ou même trop jeunes pour l'être,
étrangère, nous avons peu de chances d'obtenir un logement si nous
passons par le circuit « normal ». C'est l'une des raisons pour lesquelles
nous squattons. Mais ce n'est pas la seule (Tract « La bourse aux
vêtements gratuits»).
1 Une étude de terrain
Ce volume synthétise et reprend une recherche (Klaeger 2003a)
effectuée sur le terrain Lyonnais entre 1997 et 2002.
Après avoir décidé de faire une étude sociostylistique en
France, le milieu auquel j'allais m'intéresser me parut évident:
les squatts.2 En 1991/92, pendant une année d'études à Lyon,
j'avais fait la connaissance des squatteurs et squatteuses3 de la
1
Ceci est un pseudonyme.Tous les noms des personneset des lieux
(à l'exception des squatts déjà expulsés, donc « historiques ») ont été
changés.
2
De l'anglais « to squat» = s'accroupir. En ce qui concerne
l'orthographe de squat(t), il existe la norme squat (par exemple dans le
Nouveau Petit Robert, 1994) et la façon dont cela est écrit par le
groupe même que je présente: squatt. Dans mon étude à base
ethnographique, j'adopte l'orthographe squatt et ses dérivés squatteur et
squatteuse.
3
J'ai choisi de ne pas féminiser grammaticalement l'ensemble de ce
travail d'une manière systématique. Pourtant, j'aimerais souligner
l'existence des femmes en mettant la forme féminine là où elle ne
gêne pas la lecture. Dans le chapitre méthodologique et les chapitres
d'analyse, j'ai renoncé à la féminisation. C'est surtout dans le chapitre
ethnographique que j'ai utilisé les deux formes.Introduction8
Croix-Rousse.4 Cette époque-là était une période plutôt riche et
active pour le milieu libertaire5, militant, et cet activisme
s'exprimait entre autres par une véritable « vogue» de squatts. Les
squatteurs et squatteuses tentaient d'unir « les habitants de la
Croix-Rousse face à la spéculation immobilière et à la
répression policière» (Collectif 1992 : 60) et organisaient des
concerts, des débats, des soirées vidéo, des repas de quartier, etc.
Ce monde militant m'a tout de suite fascinée. Des normes et des
habitudes sur lesquelles je ne m'étais pas posée de questions
auparavant ne me semblaient plus tellement « normales »6 ou
intouchables. Le fait qu'il s'agisse d'un milieu à prétention
antiautoritaire - où l'on ne se contente pas de ne pas nommer de
leaders, mais où les rapports de pouvoir réels sont remis en
question - me semblait, et me semble toujours, particulièrement
intéressant.
Pour constituer un corpus, j'ai, en 1997, repris contact avec
les Lyonnais et Lyonnaises du milieu militant - ou plutôt repris
contact avec le milieu, car les personnes n'étaient plus les
mêmes. A part quelques connaissances de «jadis », j'étais
confrontée à une nouvelle génération de militants et militantes.
Ceux-ci étaient assez ouverts, mais au moins au début un peu
sceptiques aussi quant au sens et aux buts de ce projet d'études
- qui était, avouons-le, encore assez vague.
L'ouverture du squatt La Lutine (en octobre 1997) m'a
donné l'idée et la possibilité de limiter l'analyse à un groupe
circonscrit, c'est-à-dire les habitants et habitantes de cette
maisonlà, au nombre de sept à l'époque. Après plusieurs courts séjours
à Lyon, étant devenue amie avec les « Lutinistes », puis après
une période de quelques mois passée dans la maison même, j'ai
partagé ma vie entre le squatt à Lyon et mon appartement en
Allemagne de façon régulière à partir de l'été 1998 jusqu'en
4 Quartier traditionnel des canuts, des ouvriers, mais aussi des
squatts, à Lyon.
S Cf. Collectif 1992, mais aussi Pucciarelli 1996.
6En ce qui concerne le concept de « normalité », cf. IVA.5.Introduction 9
2003. Je me considère donc comme faisant partie de
l'endogroupe (ou groupe interne ou in group) que Baugnet (1998 : 79)
caractérise comme suit: «le groupe d'individus qu'une
personne a catégorisés comme membres de son propre groupe
(groupe d'appartenance) et à qui elle a tendance à s'identifier. »
Mon premier long séjour à la Lutine a coïncidé avec le
déménagement du groupe dans sa deuxième maison, et le moment
où un autre groupe de squatteurs et squatteuses les a rejoints.
Une phase pleine d'émotions, extrêmement excitante,
émouvante - bref, intéressante - pour les Lutinistes, et je ne
peux que souligner ce que dit Schwartzman (1989 : 93) sur le
cycle de vie d'une organisation: « The early, 'birth' stage tends
to be the most exciting period when it seems that the
organization has the most commitment from its members and the
most potential to accomplish its objectives. »
Je connais donc bien la vie quotidienne dans ce squatt-Ià, et
c'est peut-être pour cette raison que j'ai vite compris
qu'enregistrer et étudier la conversation familière, les
interactions de tous les jours, n'est pas faisable et ne serait pas
bienvenu. C'est pour cela que j'ai choisi de faire une analyse des
réunions? du groupe, un choix pour lequel to

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