Langues et discours en contextes urbains au Cameroun
241 pages
Français

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Langues et discours en contextes urbains au Cameroun , livre ebook

241 pages
Français

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Description

Les contributions qui structurent cet ouvrage questionnent des pratiques plurilingues ou interculturelles de locuteurs. Dans une logique pluridisciplinaire (linguistique, sociolinguistique, littéraire...), elles présentent les bases de ce que serait une urbanité langagière au Cameroun.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 107
EAN13 9782296463592
Langue Français
Poids de l'ouvrage 16 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jean-Benoît Tsofack et Valentin Feussi
(éds.)


Langues et discours en contextes urbains
au Cameroun

(dé) constructions – complexités


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13976-3
EAN : 9782296139763

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
PREFACE U N REGARD INTERCULTUREL SUR LA RECHERCHE SOCIOLINGUISTIQUE CAMEROUNAISE {1}
Voilà maintenant une dizaine d’années que mes collaborations de plus en plus étroites avec mes collègues camerounais m’ont appris beaucoup sur les dynamiques sociolinguistiques camerounaises, sur les Camerounais et sur le Cameroun en général. J’ai trouvé là un terrain et des travaux qui m’ont été précieux sur ce qui constitue le cœur de mes propres travaux, la gestion de la pluralité linguistique en contextes francophones variés, et, plus largement, qui contribuent de façon précieuse à la construction progressive d’une théorie sociolinguistique compréhensive de la pluralité linguistique, à laquelle je travaille avec d’autres (voir notamment Blanchet, Calvet et Robillard, 2007).
Je suis notamment frappé par la densité, la qualité et l’innovation de la recherche sociolinguistique menée au Cameroun par plusieurs générations désormais, la génération montante des prochains grands universitaires camerounais assurant une relève dont Jean-Benoît Tsofack et Valentin Feussi constituent ici un bel exemple. Et un exemple généreux, car ils ont suscité cette publication collective problématisée de façon précise afin de mettre en relief les connaissances produites au Cameroun ainsi que les auteurs de ces connaissances. Piloter une publication collective est un travail exigeant qui n’est pas forcément des mieux évalués par les instances universitaires (en France en tout cas, peut-être la situation est-elle meilleure au Cameroun ?) et je tiens d’emblée à souligner l’importance de ce travail de mise en synergie et de diffusion des recherches.
Une autre chose qui me frappe est, précisément, la capacité des sociolinguistes camerounais (et des collègues d’autres disciplines travaillant sur des sujets liés, en littérature francophone par exemple) à œuvrer de façon collective, malgré des conditions de travail souvent difficiles. Je connais trop peu le reste de l’Afrique subsaharienne francophone pour oser affirmer là une qualité plus développée au Cameroun qu’ailleurs. Mais en tout cas elle me frappe au Cameroun et me semble plus visible, à l’international, que dans certains autres pays, à ce que je peux en estimer en observant la structuration en équipes de recherche ou les réponses aux appels d’offres internationaux notamment de l’AUF. Que cette qualité puisse, si besoin, avoir un effet d’entrainement pour développer la recherche collective en Afrique ne serait pas la moindre de ses réussites. Je tiens, pour ma part, à ce que nos collaborations se réalisent par de réels transferts mutuels de compétences et notamment à ce que l’on passe, comme le disent très justement J.-B. Tsofack et V. Feussi dans l’appel à contribution pour ce volume en reprenant le titre d’un article de Patrick Renaud (1998) {2} , d’une linguistique en Afrique en général réalisée presque uniquement par des Français, des Européens, des Occidentaux, à une linguistique de l’Afrique, réalisée conjointement par des Africains et par d’autres. Je dis bien conjointement car ce serait commettre la même erreur à rebours que d’en exclure les collaborations internationales.
Le continent africain m’est familier. D’abord parce que je travaille beaucoup au Maghreb qui est devenu depuis dix ans un de mes terrains privilégiés, même si le Maghreb n’est pas tout à fait en Afrique du point de vue sociolinguistique et socioculturel. Ensuite parce que j’ai moi-même une expérience déjà un peu ancienne en Afrique subsaharienne, ayant vécu et enseigné dans une université nigériane et dans une alliance française, à Kano, dans les années 1980, dont j’ai tiré une étude de terrain (Blanchet, 1997). J’y ai appris le peu d’haoussa qui me reste et surtout le broken pidgin que l’on parle là haut et que je m’amuse à pratiquer avec mes amis camerounais, toujours surpris et amusés de voir débouler dans mes mails ou nos conversations un « haw you de broda ? »… Enfin, parce que je suis de près les situations sociolinguistiques francophones (ou non) d’Afrique subsaharienne, par les nombreux travaux que je lis, notamment et j’en remercie collectivement les auteur(e)s, par les thèses très fouillées que je contribue à diriger ou à évaluer lors des soutenances.
Cette expérience de l’Afrique m’a surtout appris la prudence et la modestie interculturelles : deux ans de vie au Nigéria, des passages et des rencontres au Togo, au Bénin, avec des Sénégalais, Tchadiens, Nigériens, Camerounais, etc., m’ont convaincu de l’immense enjeu qu’il y a à se comprendre entre les univers culturels et linguistiques des Africains plurilingues francophones ou anglophones, et ceux, très différents, des Européens (même plurilingues, dont je suis). Cette expérience a contribué à former en moi la conviction de la spécificité irréductible des contextes locaux qu’il faut toujours observer, pratiquer, comprendre en profondeur. Aussi je reste en général, et je resterai ici, très partiel sur ce que je pourrais dire des travaux réunis, dont la part partagée avec les cadres de pensées scientifiques que je connais m’est accessible (et je suis admiratif de la façon dont ces Camerounais-là se les sont appropriés-là) et dont une part probablement, proprement camerounaise (ou africaine, ou bamiléké, ou douala ou…) m’échappe plus ou moins. Ce n’est pas un désengagement, comme on pourrait le croire si l’on pense que le discours scientifique doit être universel et transparent. Je pense que tout discours, y compris scientifique, n’est au mieux que translucide car il conserve une part de contextualisation et d’humanité qui l’opacifie partiellement pour qui n’a pas les moyens d’interpréter suffisamment les indices contextuels de ces interactions humaines. Ce n’est pas un désengagement, c’est une trans-lucidité (le trait d’union est volontaire) consciente de ses limites et respectueuse de l’altérité camerounaise.
Cette prudence, dont je sais combien elle est appréciée dans les interactions très organisées des sociétés africaines, ne doit pas empêcher les relations, les collaborations, les complémentarités. Elle doit au contraire les encourager, les faciliter. J’ai moi-même dirigé plusieurs thèses, post doctorats et HDR de brillants chercheurs camerounais (débutants ou non), dont plusieurs contribuent à ce livre. Et je crois pouvoir dire que ce sont des relations de profonde confiance qui se sont établies et qui ont bénéficié à chacun. L’invitation qui m’est faite à rédiger cette préface en est, pour moi, un signe chaleureux.
Je vois dans le présent ouvrage de nombreux apports. Un des apports transversaux est la mise en œuvre, à des degrés divers, de références sociolinguistiques, et souvent même d’une véritable posture épistémologique sociolinguistique. Cela se perçoit notamment à la description et à l’analyse de faits de langue, ordinairement caractéristiques d’une linguistique traditionnelle « interne », mais réalisées ici d’un point de vue sociolinguistique, c’est-à-dire non pas une analyse décontextualisée de faits de langue en eux-mêmes et pour eux-mêmes, mais au contraire dans des contextes d’usages pluriels et pour leurs significations sociales. L’étude de V. Feussi sur la politesse, qu’il pose d’emblée comme un phénomène interculturel (c’est-à-dire marqué par la variation interprétative) est symptomatique de ces choix. Centrée sur un item lexical à dominante francophone, presque , dans divers usages camerounais, l’étude montre que « l’utilisation socio-fonctionnelle de l’adverbe ‘presque’ participe globalement de la créativité caractéristique des populations à Douala et au Cameroun » car « la sémantèse de ‘presque’ vient d’un double niveau de lecture : d’une part un sens communément admis, d’autre part un sens qui ne peut être perçu que dans l’interaction, construit sans aucune préoccupation de ‘conventionalisation’ ». Car, même sur un mot, un seul, « Le sens émerge prioritairement de la prise en compte des éléments du contexte discursif ». On retrouve ce même programme scientifique dans les diverses études qui font ici se croiser des terrains complémentaires : sur les qualificateurs-amplificateurs chez Bernard Mulo Farenkia (où l’exemple inattendu de chocolastique vaut son pesant d’arachides !), chez Venant Eloundou Eloundou

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