Les défis de l évaluation dans les pratiques de Reconnaissance et de Validation des Acquis de l Expérience (RVAE)
185 pages
Français

Les défis de l'évaluation dans les pratiques de Reconnaissance et de Validation des Acquis de l'Expérience (RVAE) , livre ebook

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Description

Le processus de reconnaissance et de validation des acquis de l´expérience a fait émerger des pratiques nouvelles d´évaluation, étayées par des méthodologies et des outils innovants. Ce numéro de Chemins de formation a pour finalité d'appréhender l'origine de ces défis et leur traduction dans la détermination des actions produites et induites par les acteurs concernés, à partir de recherches scientifiques développées dans le champ des sciences de l´éducation dans divers pays d´Europe (France, Portugal, Suisse, Belgique, Irlande).

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Informations

Publié par
Date de parution 07 octobre 2020
Nombre de lectures 4
EAN13 9782140159640
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

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Extrait

véritables déIs pour les accompagnateurs, les membres de jurys et
 a donc pour Inalité d’appréhender l’origine de ces déIs et leur traduction dans la détermination des actions produites
scientiIques développées dans le champ des sciences de l´éducation
issus des positionnements et du sens de l’action sous-tendus par des pratiques d’évaluation, en vue, à la fois, d’analyser les déIs les plus signiIcatifs au regard de l’usage du portfolio, des référentiels,
entre savoirs et compétences, de ce qui est Inalement évalué au
Hors-série 2020
Numéro coordonné par Pascal Lafont & Carmen Cavaco
Les défis de L’évaLuation dans Les pratiques de reconnaissance et de vaLidation des acquis de L’expérience (rvae)
H E M I N S D EC FORMATION au fil du temps… Hors-série 2020
ANGERS U N IV E R S IT É C AT H O LIQ U E D E L’O U E ST
CHEMINS DE FORMATION au fil du temps… ISSN : 07600070 Édité par : Éditions L’Harmattan 57, rue de l’ÉcolePolytechnique 75005 Paris Université de Tours 3, rue des Tanneurs 37041 Tours Cedex 1 Université catholique de l’Ouest 3, place AndréLeroy BP10808 49001 Angers Cedex 01 Direction scientifique de la publication Bertrand Bergier bertrand.bergier@uco.fr Hervé Breton herve.breton@univtours.fr Membre du comité de rédaction Noël Denoyel, Sébastien Pesce, JeanYves Robin et Nathanël Wallenhorst Illustration (photographie libre de droits)
COMITÉ SCIENTIFIQUE Au plan international Michel AlhadeffJones (Université Columbia, USA) ; Chiara Biasin (Université de Padoue, Italie) ; Maria Elisabeth Blank Miguel (Université pontificale catholique du Paraná, Brésil) ; Carmen Cavaco (Université de Lisbonne, Portugal) ; Pierre Dominicé (Université de Genève, Suisse) ; Laura Formenti (Université de MilanBicocca, Italie) ; Pascal Galvani (Université du Québec à Rimouski, Canada) ; José González Monteagudo (Université de Séville, Espagne) ; Antônio de Pádua Nunes Tomasi (CEFETMG, Brésil) ; Maria Passeggi (Université fédérale du Rio Grande do Norte, Brésil) ; Gaston Pineau (Centr’Ère/UQAM, Canada) ; Makoto Suemoto (Université de Kobe, Japon) ; Marguerite Soulière (Université d’Ottawa, Canada) ; Christophe Wulf (Freie Universität Berlin, Allemagne). Au plan national Laurence Bergugnat (ESPE d’Aquitaine/ Université de Bordeaux) ; Éric Bertrand (Université ParisEst Créteil) ; Hélène Bézille (Université ParisEst Créteil) ; Gilles Brougère (Université Paris 13 – Sorbonne Paris Cité) ; Catherine Clénet (Université de Rouen) ; Laurence Durat (Université de HauteAlsace) ; Jérôme Eneau (Université Rennes 2) ; Isabelle Houot (Université de Lorraine) ; Emmanuelle Jouet (EPS MaisonBlanche, Paris) ; Dominique Kern (Université de HauteAlsace) ; Christophe Niewiadomski (Université Lille 3) ; Hugues Pentecouteau (Université Rennes 2) ; Gilles Pinte (Université Bretagne Sud) ; Joris Thievenaz (Université Pierre et Marie Curie) ; Richard Wittorski (ESPE de Rouen).
Crédit photo : Carmen Cavaco. © L’Harmattan, 2020 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-20828-2 EAN : 9782343208282
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTIONDéfis renouvelés de l’évaluation dans le champ de la Reconnaissance et de la Validation des Acquis de l’Expérience (RVAE)7Pascal LAFONT& Carmen CAVACOQuatre défis pour l’expertise dans les jurys de validation des acquis d’expérience17Patrick RYWALSKILa relation entre dynamique d’accompagnement et de professionnalisation dans un dispositif de VAE  Une approche dispositive35Gilles LECLERCQL’évaluation en VAE aux limites de l’expérience53Emmanuel TRIBYL’évaluation dans la reconnaissance et validation des acquis de l’expérience, au Portugal – une dimension niée ?69Carmen CAVACOLes préoccupations des acteurs de la VAE à l’université face à un changement de pratique d’évaluation destinée aux réfugiés. Le cas du projet « VAE, trois lettres qui valorisent tous »85Amandine BERNALGONZALEZ, Christelle DEVOS, Chantal MANGAet Françoise de VIRONBilan de sept années de pratique de la VAE en Haute École : de la notion d’évaluation dans les différentes étapes du processus à l’évaluation du processus103Anne VIGNEUL
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Réciprocités et coopérations au sein d’un dispositif d’accompagnement collectif de candidats à la validation des acquis de leur expérience dans le champ de la formation des enseignants117PierreAlain BESENÇONConditions et pratiques d’évaluation des jurys dans le cadre du doctorat par Validation des Acquis de l’Expérience (VAE)135Pascal LAFONT& Marcel PARIATL’évaluation des acquis de l’expérience par les jurys universitaires : entre mise en correspondance et valuation151Anne GRZYBet Murielle SACKSituations d’illettrisme des salariés et validation des acquis de l’expérience : quelle démarche pour l’évaluation ?165Danielle LAPORT
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INTRODUCTIONDéfis renouvelés de l’évaluation dans le champ de la Reconnaissance et de la Validation des Acquis de l’Expérience (RVAE)
Pascal LAFONT& Carmen CAVACO
Au cours des deux dernières décennies, des politiques et des pratiques de reconnaissance et de validation des acquis de l’expérience (RVAE) se sont développées et ont gagné en visibilité dans de nombreux pays. Et, l’émergence et le développement de la RVAE ne sont pas sans lien avec les transformations sociales, économiques et politiques, tout comme avec l’impulsion des organisations européennes et internationales parce qu’elles touchent « à l’organisation de notre société et à la place des citoyens, actifs ou inactifs, aux perspectives qu’on ouvre ou non en matière de développement personnel et de trajectoire professionnelle » (Feutrie, 2003, p.77). Pour ce qui est de l’évaluation, les évaluateurs n’évaluent pas des éléments similaires, dans la mesure où ils ne font pas usage des mêmes méthodes et n’observent pas des postures identiques dans le cadre de la VAE par rapport à celles qu’ils adoptent au cours des évaluations formelles en formation. Aussi, les défis de l’évaluation interrogentils les principes et les usages des outils de mesure, de référentialisation de l’expérience afin d’éloigner le risque de la vérification formelle proche des modalités de contrôle classiques, ignorant par voie de conséquence le caractère formateur des activités favorables au développement des savoirs informels et non formels. Sur le plan historique, les pratiques de RVAE ont été initiées dès les années 1934, puis elles ont par la suite découlé de mouvements sociaux dont l’affiliation humaniste révèle qu’elles étaient mues par une orientation vers la reconnaissance des personnes et des savoirs, telle une « lutte pour la reconnaissance » (Ricoeur, 2005 ; Honneth, 2013), dimension fondamentale de la vie individuelle et collective. En ce sens, la dimension paradoxale de la RVAE semble s’insinuer entre
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une fonction de contrôle social et de régulation du marché du travail (politiques publiques), et d’émancipation. Dès lors, un tel paradoxe pourrait bien exercer une influence sur les méthodologies et les outils d’évaluation, ainsi que sur la manière d’appréhender et de considérer la RVAE. Ces pratiques sociales et éducatives sont en effet sous tendues par deux présupposés : l’expérience qui est porteuse d’un potentiel d’apprentissage (Illich, 1971 ; Freire, 1992 ; Dominicé, 2003), et les acquis de l’expérience susceptibles d’être reconnus et validés, évitant ainsi d’enseigner aux personnes ce qu’elles savent déjà. Et, malgré la possibilité de conférer une valeur sociale et académique aux savoirs acquis par l’expérience, ces pratiques posent des défis considérables (Berger, 1991 ; Pineau, 1997 ; Jobert, 2005), qui sont à l’origine de leur complexité. Outre le caractère innovateur des pratiques de RVAE, la complexité et les défis qui en découlent à plusieurs niveaux, offrent l’opportunité d’un objet renouvelé d’étude : buts, méthodologies, outils, référentiels, accompagnement des adultes, mais aussi accompagnement et formation des acteurs concernés. Reconnaître et valider les acquis de l’expérience exigent de mettre en relation les savoirs acquis à partir de l’expérience avec les savoirs académiques, tout en les identifiant par rapport à des items inscrits dans des référentiels. Or, cela n’est pas aisé à réaliser, car ces savoirs revêtent des natures et des logiques assez différentes (Charlot, 2002) pour être comparables. Les acquis de l’expérience sont contextualisés, incorporés, spécifiques à chaque personne et difficiles à expliciter. Les savoirs académiques relèvent quant à eux de l’ordre disciplinaire, et ils sont fragmentés, énonçables, décontextualisés. La RVAE requiert des opérations complexes encore très peu connues, telles que la remémoration et la réélaboration du vécu, l’explicitation du vécu, l’identification des acquis de l’expérience, la comparaison entre les acquis de l’expérience et les éléments des référentiels qui assurent la complémentarité entre reconnaissance et validation tout en rendant compte d’un potentiel formateur de ce type de processus. Dans cette optique, l’analyse de l’activité professionnelle en contexte renvoie au rôle de l’analyse dans la compréhension des ressorts de l’action. Aussi, sembletil cohérent d’y intégrer non seulement une visée praxéologique nourrie par l’évaluation au sein du processus réflexif, mais également une réflexion évaluative lorsque l’intention est d’appréhender l’activité sans l’amputer des processus d’ajustements caractéristiques du professionnel.
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1 La VAE est un droit qui évolue en fonction du cadre national des 2 certifications ; cela fait débat et nécessite un développement de forme dialogique. Dès qu’un candidat s’engage dans le processus de validation des acquis de l’expérience, il se questionne au sujet des attentes et pense « à ceux qui évalueront ses acquis ; c’est donc à partir de l’idée qu’il se fait d’eux et de leurs critères d’évaluation qu’il commence à réfléchir sur son expérience […]. Disons qu’il « travaille » déjà avec les évaluateurs bien avant de les rencontrer effectivement » (Prot, 2013). Ainsi, chacun d’eux entretil en dialogue avec luimême à propos de sa pratique. En ce sens, s’inscrit au cœur des défis de l’évaluation, une volonté de construire une légitimité visàvis du plus grand nombre d’acteurs institutionnels et individuels ; et, cela en dépit du « poids considérable des prescriptions réglementaires rapportées aux différents champs d’activité professionnelle dont l’effet est de réduire considérablement la marge d’innovation et de singularité des pratiques des candidats par rapport à ce qu’ils doivent impérativement faire » (Lainé, 2018, p.40). L’évaluation a donc toute sa place pour servir cette ambition à partir de laquelle tout en évaluant, prennent forme les modalités de reconnaissance du travail de la pensée et de l’analyse de pratiques qui reposent sur des orientations théoriques. La VAE offre l’opportunité d’une mesuredes activités réaliséespar les acteurs concernés en les confrontant à des éléments théoriques, non réduits à des systèmes conceptuels établis et cohérents, mais rapportés « à l’activité de penser, c’estàdire à l’activité intellectuelle en tant qu’elle se déploie sur le terrain du symbolique – celui des idées et des représentations des choses et des actes, afin de les interroger, les relier, les ordonner, les anticiper et les évaluer » (Lainé, 2018, p.27). Il est alors pertinent de mentionner que les fonctions de l’évaluation peuvent être identifiées à partir de domaines pour lesquels elle joue un rôle essentiel pour l’acteur (Jorro, 2008), notamment parce qu’elle participe à la construction de repères sur la profession au moyen de
1. Décret n° 20171135 du 4 juillet 2017 relatif à la mise en œuvre de la validation des acquis de l’expérience. Loi n° 2018771 du 5 septembre 2018 – loi « Avenir professionnel » précise d’une part, « toute personne, quels que soient son âge, sa nationalité, son statut et son niveau de formation, qui justifie d’au moins un an d’expérience en rapport direct avec la certification visée – que l’activité ait été exercée de façon continue ou non – peut prétendre à la validation des acquis de l’expérience (VAE) » et d’autre part, « les activités réalisées en formation initiale ou continue en milieu professionnel, peuvent être prises en compte pour la VAE ». 2. Décret n° 201914 du 8 janvier 2019 relatif au cadre national des certifications professionnelles.
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référentiels, chartes, règlements, tout en venant en appui au pilotage des dispositifs de professionnalisation ; mais, c’est aussi parce qu’elle contribue à la structuration et à l’amplification du développement professionnel par l’autoévaluation et la coévaluation, et qu’elle permet la reconnaissance institutionnelle au moyen de la certification. Elle est néanmoins porteuse de risques qui ne sauraient être sous estimés, ni négligés, tant ces fonctions fondent sa légitimité. Sa vocation vise à formuler une appréciation non seulement sur l’activité mais également sur la personne. Aussi, outre des dynamiques identitaires, des dimensions psychoaffectives sont repérables. Par voie de conséquence, le véritable enjeu pourrait être que chacun.e se sente responsable de ce qu’il, elle fait, car c’est ce principe de responsabilité qui ouvre la voie à la reconnaissance de soi en tant que professionnel, et occupe une place non négligeable au sein du processus de RVAE. En fin de compte, la reconnaissance apparaît comme un processus d’interdépendance entre une dimension individuelle et collective, entre l’autoreconnaissance et l’hétéroreconnaissance, ou entre « la reconnaissance de soimême » et « la reconnaissance par les autres » (Ricœur, 2005). Elle exige identification, connaissance et jugement, et, en même temps, en raison de leur nature, elle est interdépendante de la validation. La présence de l’évaluation au sein du processus de reconnaissance soustend l’omniprésence d’une dimension qui est de l’ordre du jugement ; et, même si l’évaluation constitue une seule opération mise en œuvre dans ce processus, la RVAE a fait émerger des pratiques nouvelles d’évaluation, accompagnées de méthodologies et d’outils innovants. Cela apparaît comme étant constitutif de véritables défis pour les accompagnateurs, les membres de jurys de validation, et pour les candidat.e.s, notamment en raison de l’impérieuse nécessité d’une relecture de l’expérience mettant en relation les savoirs acquis à partir de l’expérience de vie avec les savoirs dits académiques. En outre, l’évaluation peut aussi être vue comme une dimension de la reconnaissance constitutive d’un noyau central du processus de validation, au sens où l’entend Abric (2005), inscrivant ainsi la reconnaissance dans une perspective structurale en référence à un système stable formé d’éléments qui donnent signification et cohérence à la représentation ; autour de ce noyau central, graviteraient des éléments périphériques dont l’activation, moins
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