Le démon de midi
107 pages
Français

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Description

Ce roman autobiographique raconte une histoire vécue. L’auteur vous fait partager 50 ans de la vie intime, tant personnelle que professionnelle, de Roméo, personnage ainsi nommé dans ce livre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 octobre 2012
Nombre de lectures 14
EAN13 9782312004921
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le démon de midi
Louis Jonval
Le démon de midi
Les recherches de Lee Rainwater dans le rapport Kinsey sur le comportement aux États-Unis montrent que :
« Plus le statut social est bas, plus les couples se désintéressent du plaisir sexuel »







Les éditions du net 70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux
© Les Éditions du Net, 2012 ISBN : 978-2-312-00492-1
Prologue
La vie de l’être humain ( homo erectus communis ) se narre le plus souvent aux dates de naissance et de mort habituellement inscrites sur une pierre tombale. Entre ces deux dates l’homo erectus communis coule une existence simple et heureuse mais somme toute médiocre. Il passe son temps à travailler et à se nourrir. Une fois par semaine il copule avec sa femme qu’il prend d’assaut quinze minutes pour jouir de quelques secondes d’orgasme. Il élèvera tant bien que mal une progéniture qui, calquée sur le même modèle, lui assurera à son tour une descendance.
La narration de cette vie peut être écrite en deux ou trois pages.
Toutefois vers la cinquantaine, les premiers signes de déficience à l’effort physique lors de la copulation lui indiquent qu’il passe une étape qu’il n’aurait pas aimée franchir. Que demande l’homo erectus communis à cinquante ans ? : Un bonus de bonne conduite, une prolongation de vie sans que le temps lui soit inexorablement décompté, une érection de temps en temps et une jouissance de temps à autre. L’ascension cède la place au déclin. Les premiers signes du délabrement physique se manifestent : perte du poil, excès de graisse, dégénérescence des tissus épidermiques. Le répertoire sexuel de sa femme ne l’inspire plus. L’homo erectus communis connaît alors le « démon de midi » : une tentation de nature affective et sexuelle s’empare de lui vers le milieu de sa vie. Il part à la recherche de sa jeunesse perdue. Il préfèrerait déflorer de jeunes vierges qui, à entendre les chinois, lui redonnerait force et vigueur.
Roméo, dont l’auteur va vous raconter l’histoire, a perdu ses parents à l’âge de cinq ans. Chez l’homme (homo erectus ) comme chez la belette européenne ( mustela communis ) la privation du contact du petit avec sa mère provoque des troubles du comportement sexuel. La carence affective maternelle a fait de Roméo un précurseur qui adopte un comportement différent de l’homo erectus communis . Ce comportement encore peu pratiqué, mis à part chez l’escargot de Bourgogne ( hélix pomatia ), nécessite une description plus longue.
C’est la raison pour laquelle son histoire mérite plus de trois pages.
Ce roman est censé être autobiographique mais l’autobiographie, si tant soit peu ce mode de narration puisse exister, revient à demander à un poisson rouge ce qu’il ressent quand il tourne en rond dans son bocal. Si vous voulez des détails sur l’eau du bocal, nul ne serait mieux placé que lui pour vous en parler. Quand à parler de lui, son jugement reste subjectif, personnel et très souvent partial. C’est à vous lecteurs de faire la part des choses.
Un bien mauvais départ dans la vie
« À qui Dieu n’a pas donné de fils, le Diable lui donne un neveu »
Le téléphone sonne. Roméo décroche ( il n’aurait jamais du décrocher ! ) c’est sa tante ( elle va encore le faire flipper ), elle lui rappelle qu’ils dînent ensemble aujourd’hui. ( Il avait oublié ). Roméo n’a plus de parents depuis longtemps, très longtemps. En a-t-il seulement eus ? Un accident de voiture les lui avait enlevés. C’était alors un gosse et les derniers souvenirs de ses parents dataient de ses cinq ans. Dans la maison de son grand-père à Vallauris, petite ville du sud de la France, il se revoyait pédalant à toute vitesse sur son tricycle dans l’allée bordée de pins parasols et de cyprès, le chien César aboyant à ses côtés. C’était le bonheur, du bonheur à l’état pur ! Le sexagénaire libertin qu’il était devenu revoyait cette image. Les hommes avaient créé le destin pour justifier ce qui ne pouvait être expliqué. Un jour le destin frappa à sa porte et un homme lui dit qu’il n’avait plus de parents. Roméo perdit ce jour-là l’innocence et la fraîcheur de son enfance. Il ne le savait pas encore mais la meilleure partie de sa vie s’achevait. Il n’avait que cinq ans, il venait de perdre ses illusions. Il allait vivre une enfance d’un ennui puant.
Il fut élevé par son oncle et sa tante qui ne voulaient pas avoir d’enfants. Ils étaient sa seule famille. À l’enterrement de ses parents les voisins ne cessaient de répéter « heureusement que le petit a son oncle ». Ceux qui disaient cela ne savaient pas que le petit allait être un fardeau pour celui qui était sa seule famille. Comme une punition divine qui l’aurait frappé, la DDASS (Direction Départementale de l’Action Sanitaire et Sociale) avait demandé à son oncle s’il voulait le garder. L’oncle n’avait pas osé dire : Non, je n’en veux pas, je n’ai pas voulu avoir d’enfants, ce n’est pas pour m’emmerder avec ceux des autres ! Il avait donc dit oui, sans doute à cause des qu’en dira-t-on ? Il était difficile d’envoyer le petit à la fourrière comme un chien perdu sans collier. C’est dans cette chaleureuse ambiance familiale que Roméo avait grandi. Le contrat avec la DDASS ne mentionnait pas que sa famille devait lui donner de l’affection, aussi son oncle et sa femme, cette femme qui était sa tante par alliance, s’en gardèrent-ils naturellement. L’affection ne fut donc pour Roméo qu’un mot dans le dictionnaire, comme la tendresse et l’amour. Les années passèrent. Roméo perdit sa jeunesse au contact d’êtres médiocres mais il continua à voir deux fois par mois sa famille, sans doute une reconnaissance du ventre qu’il pensait leur devoir jusqu’à la fin de leurs jours. Roméo était toujours accueilli avec la froideur qui leur était coutumière. Il était habitué.
Cela lui semblait naturel puisqu’il ne connaissait rien d’autre.
Comme tous les enfants de son âge Roméo n’avait reçu aucune éducation sexuelle. Personne dans sa famille ne parlait de sexe. Sa tante était une groupie inconditionnelle du curé de l’église Saint-Joseph. Elle était abonnée à toutes les manifestations paroissiales et généreuse donatrice de tous les offices religieux. Il n’était donc pas étonnant que cette grenouille de bénitier zappait à la télévision quand apparaissait l’ombre d’un sein dans un film qui n’était pourtant pas classé Interdit au moins de douze ans Son oncle, officier dans l’armée, s’en foutait, il en avait vu d’autres !
Personne à l’école ne parlait de sexe.
– C’est l’affaire des grands, lui disait-on.
– À quel âge on est grand ? Répondait-il.
Son oncle tenta, alors qu’il avait dix ans, de lui parler de sexualité. Avec un certain recul et maintenant qu’il était adulte Roméo se demandait si son oncle n’avait pas franchi la frontière entre l’éducation sexuelle et la perversité.
Il lui avait raconté une histoire de petit serpent solitaire que les garçons possédaient et que les petites filles n’avaient pas… et que plus tard le petit serpent cherchera un endroit pour se mettre au chaud… et que les filles avaient cet endroit où le serpent aimait se mettre… le serpent ouvrirait alors la porte pour entrer et il cracherait son venin pour montrer qu’il était content… Il pourrait arriver aussi que le serpent qui entrait pour la première fois dans un endroit doive forcer un peu la porte pour entrer et que du sang coulera un peu…
Une conversation de ce genre avec un serpent qui crache du venin dans un abri qui saigne devrait suffire à un gamin de le dégoûter de rencontrer des filles mais Roméo, même s’il ne comprenait pas très bien, se disait qu’il verra bien le jour où cela arrivera. Ce fut la seule tentative de son oncle à lui parler de sexualité. Il lui arrive de temps en temps de s’en rappeler et d’en sourire. Son oncle n’était pas un mauvais homme, tout au plus n’était-il pas fait pour avoir des enfants. L’éducation sexuelle est encore de nos jours un sujet tabou. Les parents, dans la majorité des cas, préfèrent laisser cette initiation à la nature que d’en prendre la responsabilité. Lâcheté ? Non ! Tout simplement parce que le sexe est encore considéré comme quelque chose d’indécent, de sale et pourtant sans lui nous ne serions pas là.
« Le bon oiseau se fait de lui-même »
La vie de Roméo commença à sa première érection et elle eut un sens à sa première jouissance. Il venait de franchir la plus délicate des transitions : l’adolescence, le commencement d’un homme dans la fin d’un enfant. Il n’avait pas été préparé à être un homme et cette transition le perturba. L’apparition de poils et un sexe qui semblait s’épaissir de jour en jour le plongeaient dans une réflexion qui oscillait entre la peur et la maladie. Il avait l’impression que chacun le regarda

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