Excellence sportive et scolarité
287 pages
Français

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Excellence sportive et scolarité , livre ebook

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Description

Depuis trois décennies apparaissent des champions sportifs à peine sortis de l'adolescence. Dans sept sports, des cadres sportifs et des parents sont interrogés pour connaître le rythme de vie de ces sportifs âgés entre 9 et 11 ans. Comment concilier la pratique sportive intensive avec les normes éducatives ? Les enjeux politiques que représentent le sport, le respect des rythmes physiologiques et la réussite scolaire obligent à rompre avec le concept de la scolarisation au primaire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 57
EAN13 9782296486096
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EXCELLENCE SPORTIVE ET SCOLARITÉ
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56841-9
EAN : 9782296568419
Stéphane Méry
EXCELLENCE SPORTIVE ET SCOLARITÉ
De nouveaux enjeux pour l’école primaire
L’Harmattan
Logiques Sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection Logiques Sociales entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale. En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.
Dernières parutions
Ulrich BRAND, Michael LÖWY, Globalisation et crise écologique. Une critique de l’économie politique par des écologistes allemands , 2011.
Fred DERVIN, Impostures interculturelles , 2011.
Anne-Lise SERAZIN, Vies de travail en Loire-Atlantique au XXe siècle . Traversées du siècle , 2011.
Jacqueline DEGUISE-LE ROY, Les solidarités à l’épreuve de la pauvreté . Expériences anglaises et françaises aux XIX E et XX e siècle s, 2012.
William GASPARINI et Lilian PICHOT (sous la dir. de), Les compétences au travail : sport et corps à l’épreuve des organisations, 2011.
André GOUNOT, Denis JALLAT, Michel KOEBEL (sous le dir. de), Les usages politiques du football , 2011.
Martine CHAUDRON, L’exception culturelle, une passion française ? Éléments pour une histoire culturelle comparée, 2011
Philippe ZARIFIAN, La question écologique , 2011.
Anne LAVANCHY, Anahy GAJARDO, Fred DERVON (sous la dir.) Anthropologies de l’interculturalité , 2011.
André DUCRET et Olivier MOESCHLER (sous la dir. de), Nouveaux regards sur les pratiques culturelles. Contraintes collectives, logiques individuelles et transformation des modes de vie , 2011.
Frédéric MOLLÉ, Servir. Engagement, dévouement, asservissement... les ambiguïtés , 2011.
Bernard FORMOSO, L’identité reconsidérée. Des mécanismes de base de l’identité à ses formes d’expression les plus actuelles , 2011.
Hermano Roberto THIRY-CHERQUES, Survivre au travail , 2011.
Isabelle LOIODICE, Philippe PLAS, Núria RAJADELL PUIGGRÒS (sous la dir.de), Université et formation tout au long de la vie, Un partenariat européen de mobilité sur les thèmes de l’éducation des adultes , 2011.
INTRODUCTION
En 1974, à dix-huit ans, Björn Borg gagne Roland Garros. À 15 ans, aux Jeux Olympiques de 1976, Nadia Comaneci obtient le premier dix en gymnastique. Au même âge, en 1978, Laurent Paganelli, surnommé le petit Mozart de Saint-Étienne, fait son premier match en première division de football, un record ! Déjà dans les années 1970, le grand public découvre alors des champions à peine sortis de l’adolescence. Ce n’est pas aujourd’hui que la tendance va s’inverser. Pour preuve, le joueur de tennis Richard Gasquet gagne son premier matchprofessionnel à seize ans et la gymnaste française Émilie le Pennec obtient la médaille d’Or aux Jeux Olympiques (JO) de 2004 au même âge. Certains enfants sont déjà au football ou au tennis de véritables petits hommes ayant une vie presque identique à celle de leurs aînés.
Au tennis par exemple, le recrutement des jeunes sportifs pour le haut niveau ainsi que les exigences en termes de temps d’entraînement et de pratiques compétitives se font alors de plus en plus tôt. Parfois, à neuf ans, la compétition et l’entraînement peuvent occuper douze heures d’activités physiques variées dans la semaine. L’exemple d’un basketteur prodige de onze ans, aux États-Unis, s’entraînant déjà quatre heures par jour, n’est qu’un fait parmi d’autres qui confortent cette tendance. Dans toutes les disciplines, la part des licences chez les moins de dix ans augmente. En 2006 1 , 15 % des licences sportives ont été délivrées à des enfants de moins de dix ans, 19 % à des jeunes âgés de dix à quatorze ans et 12 % à des adolescents de quinze à dix-neuf ans. La pratique la plus fréquente se situe donc à la fin de l’enfance. Le talent sportif précoce se généralise. Dans tous les pays, les fédérations sportives sélectionnent les jeunes de plus en plus tôt. La France suit cette voie sous peine d’être en arrière-plan sportif. L’enjeu est de pouvoir maintenir un niveau d’exigence dans la pratique sportive. La sollicitation croissante entraîne toujours plus d’astreintes pour la famille et l’enfant. Soucieuses de leur compétitivité chez les jeunes au niveau international, les fédérations obligent les enfants à des entraînements quasi journaliers, représentant ainsi plus de quinze heures d’entraînement et de matches par semaine. La principale difficulté est de concilier précocité sportive et scolarité en fin de troisième cycle à l’école primaire. Alors, ce qui peut paraître paradoxal et présenter une double contrainte est, d’un côté, la nécessité de commencer à s’entraîner de plus en plus jeune et, de l’autre côté, le besoin, en particulier en France, de respecter les droits de l’enfant et la poursuite d’une scolarité efficace. Sans faire un plaidoyer de l’entraînement sportif précoce, nous souhaitons montrer dans la thèse que ces deux nécessités ne sont pas des obstacles et qu’elles peuvent se compléter. Nous verrons, du point de vue des différents acteurs, s’il est possible de faire concilier la précocité d’une pratique sportive intense avec les normes éducatives générales au 3 ème cycle du primaire.
Le sujet de la précocité sportive dans cette tranche d’âge est largement étudié par les sciences médicales du point de vue physiologique ou psychologique comme nous le décrivons dans la partie « Respect des cycles de construction. Le corps n’est pas une machine » (chap. 4-2). Mais pour les sciences de l’éducation, le terrain est vierge ou presque. D’un point de vue sociologique, Julien Bertrand 2 analyse entre autres l’enfance de quelques footballeurs. Nicolas Lefèvre 3 le fait pour les cyclistes et Lucie Forté 4 pour les athlètes. Ils montrent ainsi que l’origine d’une famille sportive est un des facteurs déterminants. Pour d’autres 5 , le regard porte sur la reconversion des sportifs de haut niveau. Mais la problématique que nous abordons n’est pas questionnée. Elle prend en compte deux faits sociaux. D’abord, le flux de l’école s’inverse, car ses relations avec l’enfant ne sont plus les mêmes. Effectivement, au XIXe siècle, l’école le sortait de son environnement. L’enfant apprenait presque exclusivement tout d’elle. Maintenant, elle est un lieu de réflexivité des différents modes de savoirs que l’enfant acquiert. Le second fait est la nouvelle place du sport dans la société. Dans notre cas, il fait souvent l’objet d’un projet social. Des familles sont alors prêtes à tout sacrifier pour la réussite sportive de leur enfant. Ce projet a nécessairement un impact sur la scolarité (école à la maison, horaires aménagés) et la santé. C’est un problème que les différentes institutions occultent partiellement, car l’enjeu social est de gagner des médailles et de plus en plus jeune pour l’impact médiatique. Nous sommes en ce moment dans une période de flou. Le législateur ne sollicite pas et n’interdit pas non plus ce type de vie pour les plus jeunes. Il y a encore dix ans, une telle quantité d’heures de pratique n’était réservée qu’aux meilleurs adolescents. Pourtant, dès le primaire, nous avons relevé en France près d’une centaine d’enfants qui bénéficient d’horaires aménagés et, dans le tennis, une dizaine qui sont hors de l’école traditionnelle. Ces chiffres sont probablement en dessous de la réalité. Les bienfaits et les inconvénients de cette vie sont bien entendus connus des différents acteurs (parents, fédération, éducation nationale) mais, pour l’instant, personne n’a établi de règle sur un seuil d’entraînement ou sur un autre indice à ne pas dépasser. Les yeux, les oreilles et les bouches restent fermés.
Des enjeux éthiques et de pouvoir sont liés à la conception du rapport entre l’enfant de neuf-dix ans et l’hypothétique pratique d’un sport à haut niveau. Ceci pose deux problèmes fondamentaux. Tout d’abord d’un point de vue éthique, l’enfant consentant ou non est soumis à une pratique sportive intensive. Puis sur le plan physiologique, cette boulimie d’activités sans aménagements horaires de l’école peut perturber la poursuite du sport et de la scola

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