Genre à l'école des enseignantes

Sophie Devineau

Description

L'école est féminine à plus d'un titre, portée par des enseignantes, elle est aussi le lieu de la bonne réussite scolaire des filles. La question du genre à l'école est pour cette raison incontournable. Le parti pris d'affronter les contradictions qui traversent l'école oblige à considérer le projet féministe tel qu'il a été porté au sein du salariat et dans la société par cette profession. Cela revient à envisager ce groupe professionnel comme un moteur de l'histoire de l'égalité entre les sexes.

Sujets

• Féminisme
• Éducation
• Genre

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 décembre 2012
• Nombre de lectures: 14
• EAN13: 9782296510920
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 37 Mo

Extrait

Le genre à L ’écoLe des enseignantes
s ophie d evineaue mbûches de la mixité et leviers de la parité
L’école est féminine à plus d’un titre, portée par des enseignantes
qui ont investi la profession sur la longue durée, elle est aussi le lieu
de la bonne réussite scolaire des flles. Enquêter dans l’école, c’est Le genre à L ’écoLe
donc rencontrer nécessairement d’abord des femmes professeures,
majoritaires dans les deux premiers degrés et anciennes bonnes des enseignantesélèves du système. La question du genre à l’école est pour cette
raison incontournable, or pendant longtemps les chemins de
e mbûches de la mixité et leviers de la paritéla mixité qu’empruntent les flles puis les enseignantes dans
l’institution éducative ont été assez peu explorés au regard de
la dynamique émancipatrice de ce choix de métier. Enjeu fort du
pouvoir, la maîtrise de la parole constitue précisément la spécialité
de la profession qui va en jouer comme d’un levier pour diffuser
l’idéal égalitaire.
Le parti pris d’affronter les contradictions qui traversent l’école
oblige à considérer le projet féministe tel qu’il a été porté au sein
du salariat et dans la société par cette profession. En quelque sorte,
cela revient à envisager ce groupe professionnel comme un moteur
de l’histoire de l’égalité entre les sexes, malgré les embûches d’une
mixité encore trop formelle, et en dépit de la division sexuée du
travail scolaire, les femmes se raréfant à mesure que l’on monte
dans les degrés de l’édifce éducatif, de la maternelle à l’université.
Aujourd’hui la parité est le motif principal du combat des
enseignantes militantes contre l’inertie conservatrice de rôles
sociaux de sexe assignés aux métiers de l’enseignement comme
à l’ensemble des professions du care. La féminisation des textes
syndicaux marque également un tournant décisif pour une expression
politique jusqu’ici confsquée.
Sophie Devineau est maîtresse de conférences habilitée à diriger des
recherches au département de sociologie de l’université de Rouen.
Elle est membre du laboratoire DySoLa et responsable scientifque
de l’axe recherche Travail, Emploi, Formation à l’Institut de
recherches interdisciplinaires homme et société (IRIHS) et du Grand
réseau de recherche culture et société de Haute-Normandie.
Illustration de couverture : dessin de Brizemur, revue Fenêtres sur Cours, SNUipp-FSU.
Série Sociologie du genre
ISBN : 978-2-296-97030-4
Prix : 33 e L O G I Q U ES S O C I A L ES
Le genre à L ’écoLe des enseignantes
s ophie d evineau
e mbûches de la mixité et leviers de la parité
LOGIQUES SOCIALES





Le genre à l’école des enseignantes
Collection Logiques Sociales
Série « Sociologie du genre »
Cette série propose des recherches qui s’appuient sur le paradigme
sociologique du genre comme mode de compréhension et
d’interprétation des Logiques Sociales. Domaine en plein développement, les
recherches « genrées » sont aujourd’hui centrales en sciences
sociales. La série cherchera à proposer des recherches théoriques et
empiriques dans l’esprit général de la collection Logiques Sociales.
Dernières parutions
Sabrina DAHACHE, La féminisation de l’enseignement agricole, 2012. Sophie Devineau




Le genre à l’école des enseignantes


Embûches de la mixité et leviers de la parité
























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© L'Harmattan, 2012
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
[e-mail]
[e-mail]

ISBN : 978-2-296-97030-4
EAN : 9782296970304







« L'assignation à un genre n'advient pas qu'à la
naissance, elle se perpétue toute la vie. À l'école, en
famille, à travers l'éducation, au travail, sans oublier
les normes religieuses, communautaires, nationales.
Chaque matin, nous devons nous transformer en
femme, en homme, nous habiller comme il se doit,
nous maquiller ou non, porter des talons ou non, nous
socialiser, négocier certaines relations avec l'autre
genre, chez soi comme au travail.
D'un côté, notre capacité d'agir est quotidiennement
confrontée à la question de fabriquer et d'assumer
notre genre. De l'autre, nous sommes ligotés par des
normes et des obligations que nous n'avons pas
choisies. Celles-ci nous produisent autant que nous les
produisons, presque malgré nous, en partie sans que
nous en ayons conscience, mais sans que cela soit
pour autant automatique. Nous naviguons sans cesse
entre l'impératif et la souplesse. Je l'explique dans
Défaire le genre. »


Judith Butler

Propos recueillis par Frédéric Joignot

SOURCE : LE MONDE
02-03-10

SOMMAIRE


Introduction 9
Chapitre I Penser la place des femmes dans l’école 21
Le genre à l’école des enseignantes 23
Une féminisation contrainte de la profession 35
Chapitre II Lire la sexuation à l’école 61
Différences sexuées et système de genre 63
Cécité devant les situations sexistes 91
Chapitre III L’enseignement comme utopie au travail 125
Une profession plus égalitaire que les autres ? 127
Transmissions familiales égalitaires 165
Chapitre IV Une profession levier féministe 185
Le sens du métier 187
Les enseignantes dans l’histoire du mouvement ouvrier 219
Chapitre V L’action militante contre les discriminations de sexe 251
Nommer les discriminations à l’école 253
Allez-y les filles, débrouillez-vous ! 265
CONCLUSION 293
BIBLIOGRAPHIE 299

7

INTRODUCTION


Enquêter dans l’école publique aujourd’hui c’est d’abord rencontrer souvent
des femmes qui professent ce métier dans les premiers niveaux plus que les
hommes. Ce qui revient à constater que ce sont les femmes qui ont supporté
l’essentiel de l’effort de la massification de l’école, et plus récemment à
l’université qui assurent une part non négligeable de l’accueil des étudiants
du premier cycle.
On pourrait alors penser que la question de la parité est réglée dans
l’institution scolaire contrairement à d’autres secteurs professionnels. Or, pas
du tout si l’on est attentif aux travaux sur le sujet. Ainsi, nombre d’études
récentes sur la profession démontrent que la mixité professionnelle est loin
d’être acquise (N. Le Feuvre, 2005, 2006), ou encore que les enseignants
dans leur pratique sont de bien timides promoteurs de la mixité scolaire,
lorsqu’ils ne renforcent pas les stéréotypes sexués auprès des élèves (N.
Mosconi, 1989). À tel point, que l’on peut se demander si la féminisation a
été l’atout maître que l’on aurait pu supposer mécaniquement pour l’essor de
la parité. En revanche, la lecture d’autres travaux qui ouvrent la perspective
sur le long terme montre que les femmes ont investi l’école dans un
mouvement émancipateur de la condition féminine (R. Rogers, 2002, 2007).
Autrement dit, la forte et ancienne féminisation de la profession
n’autoriserait en rien de conclure trop vite. Les choses semblent au contraire
beaucoup plus nuancées et appellent en tout cas de s’y arrêter.
Le concept de mixité, s’il se réfère classiquement à la différence entre les
deux sexes, recouvre dans son acception contemporaine bien d’autres
situations. Il s’agit notamment de la mixité sociale centrée sur les différences
de catégories socioprofessionnelles ou encore de la mixité amoureuse,
culturelle et langagière (G. Varro, 2003). De nombreuses situations d’altérité
entrent ainsi dans une définition qui intègre les différences de religion,
d’origines géographiques, ou encore communautaires comme cela peut être
le cas entre les sourds et les entendants. Af