L éducation chez les Pygmées de Centrafrique
232 pages
Français

L'éducation chez les Pygmées de Centrafrique , livre ebook

-

232 pages
Français

Description

Société de chasseurs-cueilleurs, les Pygmées ont un mode de vie différent des préoccupations de la vie moderne. Pourtant ils sont manifestement heureux : ils ne connaissent pas le chômage parce que leur système d'éducation est conçu pour préparer les jeunes au mariage et au travail. Comment les Pygmées qui n'ont que la nature comme espace vital parviennent-ils à survivre loin des sciences et des technologies modernes, à protéger et à perpétuer leur culture tout en restant heureux ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2009
Nombre de lectures 322
EAN13 9782296237940
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Je dédie cet ouvrage
à
Monique Minza
et
André Ngouyombo
mes chers parents disparus
à mon épouse Martine,
à mes enfants, mes petits-enfants,
auxarrières petits-enfants
etleurs descendants.
à mes sœurs

PRÉFACE

Les Pygmées, comme d’autres peuples dits «primitne sonifs »,t
guère connus en dehors ducercle étroitdes spécialistes. L’ignorance a
maintenules préjugés à leur égard, qui à leurtour la renforcent.
Pourtant, si l’intelligence estl’adaptation aumilieupour entirer le
maximum de ressourcestouten le respectant, aucune société ne leur est
supérieure. Aucune société ne montreun équilibre plus harmonieuxentre
l’être humain etl’environnement;unetelle fusion qui faitdisparaître la
distinction nature-culture, situation aujourd’hui malheureusement
menacée par le développementde l’économie monétaire etlestentatives
de sédentarisation etde christianisation.
Abel Koulaninga a réalisé la présente recherche grâce àun séjour de
plusieurs mois auprès des Pygmées aka etbabénzélé (babinga) de la
partie sud-ouestde Centrafrique. Cette durée estcertes insuffisante pour
une connaissance approfondie de ces sociétés, d’autantplus que les
Pygmées ne se livrentpas facilement: les ethnologues pourrontdiscuter
certaines de ses interprétations. Néanmoins il a le mérite d’aborder la
première étude d’ensemble sur l’éducation des Pygmées grâce à laquelle
ce peuple a pu préserver etperpétuer jusqu’à présentsa culture.
Cette éducation estplacéetoute entière sous le signe de lavie. Elle se
faitpour lavie etpar lavie, principe pédagogique fondamental oublié
pendantdes siècles par l’enseignementlivresque, aujourd’hui
redécouvert, mais pastrès souventappliqué.
Abel Koulaninga retracetoutes les étapes de cette éducation, de la
naissance à l’âge adulte, lestechniques de socialisation qui intègrent
l’enfantaux valeurs etauxnormes dugroupe, comme lestechniques
d’apprentissage de la forêtqui en assure l’existence. C’est toutle milieu
qui faitcette éducation, etqui prépare l’enfantà l’autonomie.Dès qu’il
montre les capacités nécessaires, l’adolescentse détache de ses parents
pour mener avec ses pairs les activités de chasse, de pêche, de cueillette
etde récolte de miel, qui préludentaumariage, car lavie conjugale est
fondée sur la complémentarité économique de l’homme etde la femme.
À côté des connaissances générales, il existe quelques types de
connaissances spécialisées qui ne sont transmises qu’à des individus

sélectionnés : la magie qui permetd’entrer en relation avec les esprits de
la forêtetde chasser les animauxdangereux; le savoir médical qui
s’accompagne lui aussi dupouvoir de communication avec le monde
invisible ;enfin la formation des maîtres des chants, des danses etde la
musique qui serventnon seulementà intégrer la communauté, mais aussi
à favoriser les liens culturels avec les clansvoisins.
Puisse ce livre contribuseer nonulementàune meilleure
connaissance des Pygmées, mais aussi rappeler quetoute société possède
une culture, des savoirs, des savoir-faire et un savoir-être dontd’autres
sociétés peuvent tirer profit; que le «développement» estpeut-êtreun
leurre, que les plus « primitifs » ne sontpas ceuxqu’on pense.
Lê Thânh Khôi

8

« Si une société subsiste, c’est bien évidemment parce qu’elle
a su prendre soin de ses enfants et leur a donné l’occasion
d’acquérir valeurs et aptitudes ».
J.K. Harfouche

« Chaquegroupe humain a en propre une culture à
transmettre et utilise en la matière des méthodes qui lui sont
particulières ».
Bonte et Izard

AVANT-PROPOS

Cetouvrage estconçupour analyser le système d’éducation des
Pygmées d’Afrique Centrale, principalementceuxde la République
centrafricaine, les Aka etles Babénzélé.
Toute l’œuvre estaxée sur l’enfant, depuis sa naissance jusqu’à son
insertion dans le milieusocio-économique etculturel des Pygmées.
L’idée centrale portaitsurune seule préoccupatcommenion :tles
Pygméestransmettent-ils leur culture à leurs enfants ?Commenten
assurent-ils la pérennité ?
Presquevingtans plustard, je me suis renduà l’évidence que le
travail nécessitait une revue des faits anthropologiques observés en
milieupygmée afin de confirmer, d’actualiser etde restituer la «totalité »
des réalités culturelles pygmées etlestransformations subies ;tout
comme, susr le plan detratégies d’éducation, mettre en exergue
l’importance de l’apprentissage comme «méthode » desocialisation, de
restitution de savoirs, connaissances etcompétences des Pygmées.
L’ouvrage s’estefforcé d’aborder le langage etla conception des
différents aspects de lavie des Pygmées sur des fondements
ethnoanthropologiques. Ainsi, il a essayé d’approfondir, après un récentséjour
en leur milieu, les aspects non abordés (entre autres le mythe), pourtenter
de percevoir en filigrane l’inconscientde ce peuple dontle pragmatisme
énonce en symbiose le sens de questions primordialestendantà perpétuer
l’ordre social existant, grâce à la codification des croyances etàun
« système cohérentà partir duquel étaientpensés etréalisés la plupartdes
(1)
aspects de (leur)vie ».
Connaître les Pygmées danstoute leur diversité a été donc la
motivation profonde auprès de ce peuple dontje n’avais, comme la
plupartde mes compatriotes, qu’une connaissancevague.Je nourrissais
aussi, comme les autres, des préjugés défavorables à leur égard jusqu’au
jour où, séjournant parmi eux en pleine forêt équatoriale, les réalités de
terrain vont m’infliger un cinglant démenti. J’ai vite compris et admis
que leur culture est une entité qui doit bénéficier du droit à la différence
et être acceptée comme telle.

(1)
Panoff, M. et Perrin, M.,Dictionnaire de l’ethnologie, Ed.. Payot, 1973, p.187.

Cette impérieuse préoccupation estaujourd’hui renforcée parun
consensus mondial autour de laDéclaration Universelle de l’UNESCO
sur la diversité culturelle qui reconnaîtque « dans nos sociétés de plus en
plus diversifiées, il estindispensable d’associerune interaction
harmonieuse et unvouloirvivre ensemble de personnes etde groupes aux
identités culturelles à la fois plurielles,variées etdynamiques (…), le
pluralisme (étant) propice auxéchanges culturels età l’épanouissement
(2)
des capacités créatrices qui nourrissentlavie publique ».
De manière plus précise, le plan d’action défini par la Déclaration
Universelle invite àtravers l’un de ses objectifs à « respecter etprotéger
les savoirstraditionnels, notammentceuxdes peuples autochtones ; (età)
reconnaître l’apportdes connaissancestraditionnelles, particulièrement
en matière de protection de l’environnementetde gestion des ressources
naturelles etfavoriser des synergies entre la science moderne etles
(3)
savoirs locaux».
Dans le cas des Pygmées aka qui dépendentpour des raisons
d’échanges économiques de leurs « maîtres » lesvillageois, ce respectest
d’une nécessité indispensable pour améliorer leur statutetpermettre à
leurs « possesseurs » de cesser de méconnaître leur culture quand on sait
que les Pygmées, comme les autres minorités ethniques àtravers le
monde (les Gitanes/Tsiganes, lesAmérindiens, les Aborigènes…)
constituentsans aucun douteune composante essentielle pour la
compréhension historique etla saisie des différents aspects culturels de
l’humanité.
Mon séjour parmi les Pygmées m’a amené à l’évidence que nous
avons beaucoup à apprendre auprès d’eux, contrairementà l’état
« primitif » que nous leur attribuons.Ils sontdoués d’une finesse etd’une
subtilité remarquables.A mon arrivée, je croyais les ob

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