L'éducation comparée, entre mesure et culture, entre global et local

Élisabeth Regnault

Description

Que peut apporter l'éducation comparée et comment s'inspirer de ce qui se fait ailleurs en matière éducative pour améliorer notre propre système éducatif ? Ce travail s'intéresse à deux types d'approches : l'approche pragmatique et l'approche compréhensive. La première fonde les enquêtes internationales de rendement des systèmes éducatifs dont les résultats sont connus (PISA, PIRLS), mais l'approche compréhensive est beaucoup moins populaire. Passer du global au local en étudiant l'influence de PISA sur les pratiques enseignantes permet de dépasser la tension entre ces deux approches.

Sujets

• Éducation

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 avril 2017
• Nombre de lectures: 48
• EAN13: 9782140034343
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

en étudiant l’inuence de PISA sur les pratiques enseignantes permet

Les réformes éducatives en France, jusque-là très inuencées par

2016. Les discours ofîciels de l’Éducation nationale se focalisent

Elisabeth Regnault

L’ÉDUCATION COMPARÉE, ENTRE MESURE ET CULTURE, ENTRE GLOBAL ET LOCAL

ÉDUCATION COMPARÉE

L’éducation comparée, entre mesure et culture, entre global et local

Education comparée Collectiondirigée par Dominique Groux La collection éducation comparée est destinée aux enseignants et futurs enseignants, aux formateurs et aux parents d’élèves, aux chercheurs et décideurs. Elle veut montrer l’utilité et les bénéfices que l’on peut attendre de la démarche comparative dans le domaine éducatif et la nécessité absolue de mettre en place des échanges au niveau des collèges, des lycées et des universités. Déjà parus Francesco SUSI,École et démocratie en Italie : de l’unité à la e fin du XX siècle, 2015. Gabriel LANGOUËT,Les inégalités dans l’Union européenne et ailleurs. Et si on osait ?, 2014. Philippe MAUBANT, Lucie ROGER, Dominique GROUX (dir.),Cultures de l’évaluation et dérives évaluatives, 2014. Dominique GROUX (dir.),Fabrique de la recherche en éducation. A l’usage des étudiants de master et de doctorat, 2013. M. HAAS,Le métier d’enseignant du primaire en France et en Allemagne.Grundschullehreret professeurs des écoles, 2013. D. GROUX et M. CANTISANO,Professionnalisation ete- learning,2012. L. GARCIA,Le français au Cap-Vert. Contribution à l’histoire de l’enseignement-apprentissage du français, 2012. C. MONTANDON (dir.),La citoyenneté européenne, 2011. G. LANGOUËT,Les inégalités entre États et populations de la planète, 2011. M.-M. BERTUCCI, I. BOYER,Transfert des savoirs et apprentissage en situation interculturelle et plurilingue, 2010. J.-M. CARTIER, L. PORCHER,Apprendre et enseigner d'hier à aujourd'hui, 2010. M.-A. HUGON, G. PEZEU, V. BORDES (coord.),Éduquer par la diversité en Europe, 2010.

Elisabeth Regnault L’éducation comparée, entre mesure et culture, entre global et local

© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr

ISBN : 978-2-343-11424-8 EAN : 9782343114248

A ma grand-mère Lucienne qui a toujours cru en moi, A Romain, Rémy et Maxime, le ciment de ma vie, A tous ceux que j’aime : Roch, Dino, Stéphane et Rochelle. A ma famille de France et du Cameroun. A ceux qui m’ont accompagnée dans mon parcours et m’ont fortement inspirée : Claude, Dominique, Geneviève, Henri, Martine, Michèle, Nicole et Régis. A la mémoire de Michel Debeauvais (1921-2012)  Fondateur de l’AFEC en 1973 (Association Francophone d’Education Comparée). A la mémoire de Louis Porcher (1940-2014) Président d’honneur de l’AFDECE en 1998 (Association Française d’Education Comparée et des Echanges). A la mémoire de Gaston Mialaret (1918-2016) Président de l’AECSE en 1976 (Association des Enseignants-Chercheurs en Sciences de l’Education).

Introduction Cet ouvrage est né d’une nécessité d’interroger l’éducation comparée d’autant plus que les enquêtes internationales de rendement des systèmes éducatifs menées par l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) telles que PISA (Programme for International Student Assessment) ont beaucoup d’écho dans les milieux scientifiques et politiques, dans les médias et auprès de l’opinion publique. Elles sont devenues une référence pour justifier toutes sortes de décisions et de réformes. L’interprétation par les médias et l’opinion publique conduit à ne retenir que les classements entre les pays et à émettre des jugements de valeur positifs ou négatifs sur la politique éducative des pays concernés. Les objectifs de ces enquêtes et les méthodes utilisées paraissent s’effacer au profit du classement. Que retient l’opinion publique : les classements ou l’analyse des classements ? Peut-on mettre au même niveau la Chine, la Corée et la Finlande dans les classements de PISA 2009, 2012 et 2015 ? Ces enquêtes sont construites à partir d’une approche pragmatique fondée sur la mesure et permettant de neutraliser les contextes culturels. Cependant, le volet expertise et politique l’emporte sur le volet scientifique car ces enquêtes aident à une orientation politique de l’action publique des Etats. L’éducation comparée étant un domaine de recherche, je présenterai non seulement ces expertises mais également des recherches afin de séparer la dimension politique de celle de la recherche. Cependant, les fondements et l’influence de ces expertises sur l’opinion publique et les systèmes éducatifs sont

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importants à étudier car elles traversent actuellement les systèmes et les transforment. Dans cet ouvrage, l’objectif est de mettre en tension l’approche pragmatique reposant sur la mesure et le global et l’approche compréhensive s’attachant au contexte culturel et au local afin de donner des outils de recherche à tous ceux qui mènent des comparaisons internationales en éducation. Le contexte historique et actuel de l’éducation comparée précédera la présentation des deux approches illustrées par des exemples. Suivront ensuite les apports et limites de ces dernières. Un exemple de tension, concernant l’Europe de l’éducation, sera analysé avant d’aborder, dans un dernier chapitre, une proposition de dépassement de cette tension en articulant le global et le local. Je rejoins les positions de Felouzis et Charmillot (2012) qui constatent que, face à la notoriété de ces études internationales telles que PISA auprès d’un large public, les chercheurs ont, à présent, à s’intéresser à la manière dont les données sont récoltées et analysées, mais aussi aux éventuels effets sur les systèmes éducatifs des résultats produits par ces enquêtes. Actuellement, le chercheur en éducation comparée ne peut plus se contenter de comparer l’éducation à partir du seul cadre national (Resnik, 2010) mais tente d’articuler le global et le local, en se demandant comment des « bonnes pratiques » issues de comparaisons internationales vont influencer le système éducatif d’un pays en particulier et comment les acteurs vont réinterpréter, à leur manière, ces « bonnes pratiques ». C’est dans cette optique que nos propositions s’inscriront à la fin de cet ouvrage puisque nous essaierons, dans une recherche future, de comprendre comment les enseignants, dans le Bas-Rhin, interprètent et adaptent ces « bonnes

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pratiques » globales, issues des résultats des enquêtes internationales, à leur contexte scolaire local. Qu’est ce que l’éducation comparée ? Selon Groux et Porcher (1997), l’éducation comparée constitue une spécialité au sein des Sciences de l’éducation comme la littérature comparée, le droit comparé. Elle est avant tout une démarche car elle permet le rapprochement d’objets qui appartiennent à la réalité éducative à travers la comparaison. Les méthodes d’observation sont celles des Sciences de l’éducation (questionnaires, entretiens, expérimentation, tests, analyse de contenu de textes officiels). La spécificité de ce champ réside dans l’étude de deux ou plusieurs contextes géographiques avec des références d’auteurs issus de ces contextes. La description du système éducatif est également essentielle (Porcher, 2009). Il ne suffit pas de décrire des contextes et des systèmes mais de les comparer en rapprochant les objets et en recherchant les similitudes et les différences. Les objets d’étude qui constituent la matière des Sciences de l’éducation peuvent être classés en plusieurs catégories (Groux et Porcher, 1997) :  ceux qui concernent l’action des enseignants et qui relèvent de la pédagogie comme les pratiques, les méthodes, le contenu des cours, l’utilisation des nouvelles technologies, l’évaluation des élèves... ;  ceux qui sont externes à la classe, qui sont souvent le fait des décideurs, par exemple : les programmes, la formation des enseignants, la définition des finalités en matière d’éducation, l’organisation du système éducatif... ;  ceux qui ont une influence sur l’école, par exemple : la situation politique, le contexte économique, le chômage, le rôle des médias, les parents, les idéologies diverses...

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