Mythes et éducation
252 pages
Français
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Description

De l'accompagnement à l'apprentissage, du rapport au monde aux questions épistémologiques, les grands mythes sont convoqués ici comme grille de lecture théorique, comme support de modélisation, ou encore comme possibilité de renouvellement méthodologique. Quinze contributeurs s'attachent à donner au mythe une place dans leur pratique de recherche ou de formation.

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Date de parution 01 mai 2012
Nombre de lectures 38
EAN13 9782296491441
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

Mythes et éducation
Savoir et Formation Collection dirigée par Jacky Beillerot (1939-2004), Michel GaultetDominique Fablet A la croisée de l'économique, du social et du culturel, des acquis du passé et des investissements qui engagent l'avenir, la formation s'impose désormais comme passage obligé, tant pour la survie et le développement des sociétés, que pour l'accomplissement des individus. La formation articule savoir et savoir-faire, elle conjugue l'appropriation des connaissances et des pratiques à des fins professionnelles, sociales, personnelles et l'exploration des thèses et des valeurs qui les sous-tendent, du sens à leur assigner. La collectionSavoir et Formationcontribuer à l'information et à la veut réflexion sur ces aspects majeurs. Dernières parutions Joël CLANET (coord.),Pratiques enseignantes. Quels ancrages théoriques pour quelles recherches ?, 2012. Solange CIAVALDINI-CARTAUT (coord.),Innover en formation. Accompagner autrement les enseignants entrant dans le métier, 2012. Marguerite ALTET, Marc BRU et Claudine BLANCHARD-LAVILLE (coord.),Observer les pratiques enseignantes, 2012. Jacqueline FONTAINE et Bénédicte GENDRON,La retraite au miroir du genre, 2012. François AUGÉ,L’École de A à Z. Petit Dictionnaire personnel, 2012. Daniel ARANDA (textes réunis par),L’enfant et le livre, l’enfant dans le livre, 2012. Michel FEBRER,Enseigner en prison. Le paradoxe de la liberté pédagogique dans un univers clos, 2011. Marianne HARDY, Brigitte BELMONT, Elisabeth HUREAUX (coord.), Des recherches-actions pour changer l’école. Expériences faites, 2011. François VILLEMONTEIX,Informatique scolaire à l’école primaire. Spécificités et devenir du groupe professionnel des animateurs TICE, 2011. François AUGE,L’école est finie, 2011. Alain MARCHIVE,Un collège RAR. Ethnographie d’une rentrée en classe de sixième, 2011. Valérie BARRY,Identifier des besoins d’apprentissage. Fondements, méthodologie, études de situations, 2011. Jean-Luc PRADES,Sociopsychanalyse et participation sociale. Etudes méthodologiques comparées (vol. 2 – 2005-2010), 2011. Jean CHAMI et Dominique FABLET (coord.),Professionnels de santé et analyse des pratiques, 2011.
Sous la direction de Frédérique LERBET-SÉRÉNI et Franck VIALLE
Mythes et éducation
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96735-9 EAN : 9782296967359
SOMMAIRE INTRODUCTION GÉNÉRALE……………………………………. Frédérique Lerbet-Séréni CHAPITRE PREMIER Mythes et éducation…………………………………………………. Frédérique Lerbet-Séréni CHAPITRE II Eurysthée, Omphale et Déjanire : trois figures d'un accompagnement paradoxal dans le mythe d'Héraclès……………...Franck Vialle CHAPITRE III Les récits d’origines, une entrée dans l’existence………………… Gabriel-Robert ThibaultCHAPITRE IV Au musée, la médiation par le mythe : à la rencontre d’enfants psychotiques………………………………………………………… Cécilia de VarineCHAPITRE V L’espace sacré du texte…………………………………..………….. Lorine Grimaud, Chantal RiouCHAPITRE VI Laskolé, la classe et le couloir. L’activité mythique de l’imaginaire de l’autre chez les enseignants…………….………………………... Yves CouturierCHAPITRE VII Prométhée, Hermès et Épiméthée : esquisse d'une trilogie de l'accompagnement…………………………………………………... Dominique VioletCHAPITRE VIII Prospero ou la formation du maître dansLa tempête de Shakespeare…………………………………………………............. Régis Malet7
9 15 33 47 57 71 87 97 111
CHAPITRE IX Janus : pédagogue de l'alternance……………………………............ Jean Fabien DIJOS CHAPITRE X Les fondements archaïques de l'alternance essai de relecture de L'Odysséecomme vision anthropologique de l'éducation…………. Éric GOLHEN CHAPITRE XI La construction d’une modélisation : le trajet du chasseur noir « une vie à apprendre à mourir »…………………………………………... Céline Héron CHAPITRE XII Fonctionnement symbolique dans l’auto-organisation des groupes, trois expériences à vivre, trois intelligences à construire…………… Sylvie BarbierCHAPITRE XIII La victoire posthume de Palamède : la restauration des sciences d'ingeniumdans nos cultures………………………………………... Jean-Louis Le Moigne CHAPITRE XIV Figures du passage.............................................................................. Georges Bertin CONCLUSION GÉNÉRALE………………………………………. Georges BertinBIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE…………………………………… TABLE DES MATIÈRES…………………………………………... 8
123 139 157 173 193 203 225 231 243
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1 Frédérique Lerbet-Séréni Une pensée tenace habite l'Occident, de façon encore plus affirmée après les Lumières : la raison, établie sur un ordre linéaire et non contradictoire, est l'accès le plus puissant et le plus digne de foi, à notre compréhension du monde et de l'homme, des hommes, dans le monde. L'Universel seul est science, et l'Universel est dans l'Idée, étayée et exprimée par ce qui relève du Logos. Ainsi, quand une réflexion sur l'humanité de l'homme tente de se mettre en forme, elle en réfère à la philosophie, dont elle admettra sans autre questionnement qu'elle s'origine dans Platon, dans unLogos dont l'ordre unique est la raison, qui va ordonner les choses pour accéder à l'Idée. Un ordre est alors une succession d'uniques, clairement séparés les uns des autres. Le discours, qu'il soit scientifique ou philosophique, sera recevable s'il nous permet d'accéder à une compréhension claire et sans ambiguïté de ce qui nous préoccupe. Alors, nous pourrons en déduire des préceptes d'action assurément valides, que ces actions soient à visée matérielle ou spirituelle. Quand, de la philosophie, on s'est employé à constituer des disciplines que l'on a référées à la grande famille des sciences humaines, ces présupposés épistémologiques n'en ont été que renforcés : la psychologie, la sociologie, la psychologie sociale, n'accéderaient au statut de sciences qu'à se conformer aux visées de leur double origine (unlogosscientifique, c'est-à-dire vérifiable, prédictif et applicable) ou à ce qu'elles croient être l'origine. Je dis « ce qu'elles croient être l'origine », parce qu'il n'y a justement jamais rien de moins assuré que l'origine. Avant Platon, par exemple, c'est-à-dire avant Socrate, il y a eu Héraclite. Et dans le sillage d'Héraclite, si l'on peut dire, au travers des siècles, s'est développée une pensée ni plus ni moins scientifique que celle qui se décline par Descartes et Comte interposés. Elle a pour repères Érasme, Vico, Bachelard. Elle pense, disons, autrement. Elle ne vise pas seulement à une explication claire et parfaitement ordonnée du monde, mais tente de prendre en compte ce qui relie, parfois de façon contradictoire, ce qui a pu être discriminé nettement et radicalement. On peut donc aussi concevoir un ordre scientifique si j'ose dire d'un autre
1 Professeur, université de Pau et des Pays de l’Adour, Laboratoire EXPERICE.9
ordre : un ordre du lien et du foisonnement, un ordre du désordre, un ordre qui a retourné le désordre et a tenté de l'intégrer, qui l'a donc pris en compte. 2 Soit donclegein.Legein, c'est rassembler, recueillir . Avec la langue classique, c'est devenu « parler, dire quelque chose, soit le discours, le verbe, la parole ». Est logique, alors, ce qui s'ordonne à l'ordre du discours dans une succession qui suppose la séparation. Mais essayons de voirlegeinplus avec Platon mais avec non 3 Héraclite : L'écoute, et plus seulement le dire, est recueillement, et ce recueillement implique une absence de direction, sous peine de n'être à l'écoute que de ce qui est déjà connu, de la pensée, du mental, de la mémoire, de l'habitude, de l'ego. Voilà donclogosqui devient passeur de deux traditions que l'on a toujours opposées : la tradition occidentale de la raison et celle, orientale, de la méditation, du recueillement et du détachement. Logos désigne, par ce recueillement, l'Unique, comme parole rassemblante. Sa vérité se fonde sur ce critère d'unicité : le discours d'Héraclite est vrai parce qu'il dévoile l'Unique dans ce qu'il a d'intemporel, un discours vrai de ce qu'il ouvre l'horizon et abat les concepts, tous les concepts. C'est sa radicalité à balayer les concepts qui le fait vrai, exactement comme celui de Platon, à l'inverse, est radical à exhiber et travailler les concepts. L'identité entre toutes choses (l'Unique) est l'essence même de la connaissance, de la sagesse. Toutes choses(pantarei) est l'Unique (hen). Réaliser l'Unique, c'est ne pas être séparé. A chacun donc de réaliser son unique, rassemblement d'absence de direction accueillie. Soit maintenantmythossilencieux. Où l'on trouve la même: muet, origine que mystère, ce qui ne peut pas se dire. Ce qui ne peut pas se dire directement, par un discours ordonné et clair, mais qui va se donner à entendre par d'autres voies et d'autres formes. Des symboles, des images, des histoires, qui vont représenter ce qui ne peut pas être dit « logiquement » (conceptuellement), et qui vont néanmoins parvenir à s'adresser à nous. Muet parce que non assignable à un sens unique, muet parce que ne disant pas exactement ce dont il parle, muet parce que pluriellement loquace, muet parce que parlant du sacré, qui ne peut qu'être secret ; à nous, chacun de nous rassembler par lui. La polysémie du symbole et du mythe dit « toutes choses » (une chose et son contraire aussi bien), à travers un unique récit qui 4 prend valeur exemplaire . À travers lui, nous pouvons alors nous relier à 2 Bouchart d'Orval, J.,Héraclite,La lumière de l'obscur, Gordes, Éditions du Relié, 1997.3 cf. Heidegger, M.,Essais et conférences, « Logos (Héraclite, Fragment 50) », Paris, Tel Gallimard, 1958, pp. 249-278.4 Cf. Eliade, M.,Aspects du mythe, Paris, Folio Essais Gallimard, 1963, p.11. « Ce mot (mythe) est utilisé aujourd'hui aussi bien dans le sens de « fiction » ou d'« illusion » que dans le sens, familier surtout aux ethnologues, aux sociologues et aux historiens des religions, de « tradition sacrée, révélation primordiale, modèle exemplaire ». C'est bien sûr ainsi que nous l'entendons dans cet ouvrage.10
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