24 Heures
204 pages
Français

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Description

Laurent Curt est avocat et pilote privé. Il est donc doublement à son aise, pour suivre avec le lecteur les pérégrinations d’un avocat qui va, entre les hauteurs de Talloires, sur le lac d’Annecy, et la baie de Fort de France, en Martinique, assurer la défense d’un Antillais accusé de viol sur une métropolitaine. Cette aventure - basée sur des faits réels - va se compliquer lorsque le ténor au sommet de sa carrière va recueillir, de façon inattendue et brutale, une jeune femme fuyant ses agresseurs après avoir été violée. Pris au piège entre coup de foudre et premiers états d’âme sur sa profession, le héros va se trouver lui-même victime d’un plan machiavélique, destiné à l’éloigner du dossier, par tous les moyens. Le second personnage clé de ce procès aux lourdes implications politiques se trouvera confronté, quant à lui, aux aléas de l’aviation légère. Entre deux continents et deux avions censés se rejoindre, l’auteur entraîne son lecteur dans un tourbillon politico-judiciaire au rythme soutenu, dévoilant au passage la face cachée d’une justice naïve, mais efficace.

Informations

Publié par
Date de parution 15 décembre 2011
Nombre de lectures 5
EAN13 9782312006079
Langue Français

Extrait

24 Heures
Laurent Curt




24 Heures















LES É DITIONS DU NET 70, Quai Dion Bouton – 92800 Puteaux
© Les Éditions du Net 2011
ISBN : 978-2-312-00607-9
A mes parents, sans qui cette histoire n’aurait jamais existé,

A ma femme, sans qui cet ouvrage n’aurait jamais vu le jour,

A mes enfants et petits enfants, à qui cette aventure permettra de me retrouver, jusqu’à la nuit des temps.






A Gérard, mon ami pilote, que notre passion commune a dévoré, jusqu’à l’emporter… quelques jours avant de pouvoir lire ce livre, qu’il attendait avec impatience.

Gérard, depuis de longues années, tous tes décollages ont été suivis d’un atterrissage… sauf le dernier.

Je penserai à toi, chaque fois que je quitterai la planète.
« C’est une sotte présomption d’aller dédaignant et condamnant pour faux ce qui ne nous semble pas vraisemblable. »

Montaigne
J - 2
Il était une heure du matin à Talloires. Pierre ne pouvait pas dormir. Il était habitué aux orages en Haute Savoie, particulièrement au mois d'août. Mais ce soir, c'était différent : l'air paraissait plus lourd que d'habitude, presque palpable. Ses doigts collaient sur les touches de l'ordinateur. Il avait tardé à s'en rendre compte, peut-être à cause de la fatigue qui l'engourdissait, peut-être aussi parce qu'il n'était plus vraiment dans son dossier. Il pensait à elle plus qu'à son client, comme toujours depuis cinq ans. Cinq ans de galère, ou cinq ans de bonheur ? Il cherchait la réponse, depuis le premier jour. Parfois pendant des heures, en attendant le sommeil dans son lit, trop grand quand ils ne passaient pas la nuit ensemble. Ou au volant, quand il n'était pas au téléphone avec elle. Ou encore planté devant son clavier, quand il se figeait pendant des heures, sans toucher une pièce du dossier.
Son ordinateur le ramena sur terre, en lui envoyant au visage un écran de veille qui lui rappelait l'heure.
Pierre sortit de son rêve. Il se dit qu'il avait assez travaillé… Il n'avait pas vraiment avancé dans son dossier, ce soir. Il leva les yeux et contempla, par-dessus l'écran du portable, la vue plongeante que lui offrait sa maison sur le lac, le Grand Lac, qui se refermait, entre deux montagnes, sur la ville d'Annecy. Pour l'heure, la ville ressemblait à un gigantesque navire, posé sur le lac endormi.
Pierre était assez fier de sa maison. Il en avait lui-même dessiné les plans, malgré son inexpérience totale dans ce domaine. Il s'était bien fait conseiller à droite et à gauche, par des amis architectes, ou d'autres qui avaient déjà vécu l'expérience de la construction. Le résultat était aussi éclectique que les conseils reçus : il y en avait pour tous les goûts. Elle était quand même remarquable, à plus d'un titre.
D'abord, par sa situation exceptionnelle : à flanc de montagne, elle dominait le versant sud-est du petit lac. Au premier plan, la baie de Talloires – la plus belle du monde, selon Churchill –, qui se refermait au milieu du plan d'eau, comme pour mieux souligner la perspective du grand lac, se prolongeant jusqu'à la large baie d'Annecy, au pied du col de la Forclaz.
Cent hectares de forêt à l'arrière, trois cents devant, la maison était ancrée sur son rocher avec une discrétion étonnante, en retrait de la pente, visible seulement au dernier contour du chemin sinueux qui la séparait de la route.
Pierre avait trouvé ce terrain par le plus grand des hasards. En août 1994, il avait voulu faire plaisir à ses enfants, en leur offrant un baptême de parapente. Un jeune couple de parapentistes attendait le touriste, à l'orée du hameau de Perroix, situé à l'entrée de Talloires, cent mètres en surplomb du village. Le marché fut vite conclu, et rendez-vous fut donné au départ de Planfait, huit cents mètres plus haut. Le moniteur embarqua ses trois clients dans son 4X4, tandis que Pierre laissait sa voiture près du terrain d'atterrissage, pour permettre le retour au terrain de départ, après le premier vol. Du haut de ses quatorze ans, Sidney avait vite convaincu sa sœur de le laisser sauter en premier. D'abord, parce qu'à l'époque, ses quatre ans de plus lui donnaient souvent, il faut bien le reconnaître, la priorité dans de nombreux domaines. Ensuite, parce qu'il avait déjà fait un stage de parapente avec son père, ce qui lui conférait une prétendue expérience… Au moins pour ne pas céder à Laura la primeur du grand frisson.
Pierre, tandis qu'il assistait, mi-anxieux, mi-réjoui, aux préparatifs du premier vol de son fils, ne pouvait pas s'empêcher de contempler le spectacle majestueux qui s'offrait à lui en contrebas : le départ du parapente n'était rien de plus qu'une clairière naturelle entre deux massifs de sapins. En fait, un champ minuscule, qui s'étendait sur une centaine de mètres de largeur et deux cents de longueur, avec une déclivité croissante, avant de plonger en un à pic vertigineux au-dessus de Perroix. Le terrain avait été sommairement aménagé pour les parapentistes : quelques bâches de toile épaisse avaient été étalées sur l'herbe, fixées au sol avec des gros clous sans tête, pour faciliter la course d'accélération sur une cinquantaine de mètres, puis quelques rondins de bois étaient solidement arrimés au sol en travers de la pente, pour permettre le freinage en cas de besoin : des suspentes enchevêtrées, une voile mal gonflée… Ou un pilote qui ne l'était pas assez !
En face, le lac reflétait, aux plus belles heures de la journée, les montagnes alentour. A droite, le roc de Chair, qui s'avançait dans la surface d'émeraude, comme pour mieux protéger Talloires de la civilisation annécienne, et à gauche, la Tournette, couverte d'une verdure luxuriante, que rien ni personne n'avait jamais pu souiller, tant elle semblait inaccessible. Seuls les éperviers, les aigles royaux et les faucons pèlerins la visitaient, entre deux plongeons dans les eaux du lac.
Pierre s'était soudain senti irrésistiblement attiré par cette masse imposante et sauvage. Dès les premiers regards, il avait compris qu'il irait voler uniquement à cet endroit précis, tandis que toutes les voiles qui décollaient s'empressaient de monter le plus haut possible : les parapentistes purs et durs exploitaient les « pompes » offertes par les petits cumulus accrochés autour des montagnes, pour redescendre lentement, en tournoyant au-dessus du lac.
Il n'aurait pas pu dire combien de temps il avait passé à contempler cette oasis de verdure accrochée à flan de montagne. C'était le moniteur qui l'avait tiré de sa rêverie, en lui présentant le harnais à endosser, pour sauter à son tour. Il était à cent lieues des joies du parapente et des conseils de dernière minute que le pilote lui assénait à la hâte. Il n'avait plus qu'une idée en tête : voler sur cette pente, visiter ce coin de paradis, en rasant la cime des sapins qui la peuplaient… N'en déplaise aux éperviers !
La chance était avec lui : les nuages et leurs pompes ascendantes s'étaient déplacés, et c'est précisément dans cette direction que le pilote avait orienté la voile après le décollage. Pierre n'avait pas eu besoin de le demander. Après quelques minutes de ronds dans l'air pour grimper deux cents mètres au-dessus de l'aire de départ, l'équipage s'était lentement rapproché de la pente majestueuse, pour y entamer une descente en douceur, en évitant les vents rabattants qui descendaient à l'aplomb du départ. Le vol était agréable, parce que l'air était stable le long de ce versant. Le pilote fit signe à Pierre qu'il lui laissait les commandes, et la visite dura dix minutes, qui furent parmi les plus grandes de sa vie.
C'est à l'instant où le moniteur reprenait les manettes que Pierre l'aperçut : au-dessus de la cime des sapins, un petit champ s'étendait sur quelques dizaines de mètres au-dessus d'un groupe de rochers, formant dans la pente verte une saillie si légère qu'elle était imperceptible depuis l'autre versant. Aujourd'hui encore, il était incapable d'expliquer pourquoi ce petit carré d'herbe sauvage l'avait marqué à ce point. Il se rappelait seulement l'avoir contemplé quelques secondes, jusqu'à ce qu'il passe au-dessus de la voile qui poursuivait sa descente inexorable. Il l'avait observé jusqu'au dernier moment, au prix d'une contorsion sur sa sellette qui avait étonné le pilote,

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