L’oasis
66 pages
Français

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Description

Il y a quelques jours encore, la vie d'Elmir était une vie normale. Le matin, dans le tramway qui l'emmenait au collège, il faisait du troc avec son meilleur ami, Ismène. Ensemble, ils allaient manger les beignets de la vieille Nourrédia. Le soir, il jouait avec Naïa, la fille des voisins. Et puis les attentats ont commencé, et bientôt la ville s'est trouvée prise dans un étau entre la terreur que font régner les « Combattants de l'ombre » , le couvre-feu, les contrôles permanents. Elmir n'a plus le droit d'aller seul au collège. Son père, qui est journaliste à La liberté, est menacé. La bibliothèque où travaillait sa mère a été incendiée. Une nuit, Elmir sort en cachette, prend son vélo et se rend à la bibliothèque. Quelques heures plus tôt, dans la cour noircie, il a repéré un livre qui avait échappé aux flammes: Les aventures du capitaine Hatteras de Jules Verne. Il veut le récupérer pour l'offrir à sa mère, qui est à l'hôpital et qui n'a pas ouvert la bouche depuis l'incendie. Elmir se cache à l'approche d'un voiture. Il voit trois hommes sortir de l'obscurité et faire feu. Il vient d'assister sans le savoir à l'assassinat du rédacteur en chef de La liberté. Et il a reconnu l'un des meurtriers, c'est le frère aîné d'Ismène. Mais le cauchemar est loin d'être terminé. Quelques jours après que son père a accepté de reprendre le poste de rédacteur en chef, Elmir est séquestré toute une nuit par des hommes cagoulés qui veulent obtenir la publication d'une lettre. Dès lors, la vie ressemble définitivement à un enfer. Il faut déménager sans cesse, en abandonnant tout sur place. Il ne faut donner son adresse et son numéro de téléphone à personne. Elmir continue d'aller au collège, mais sous bonne garde. Naïa, dont le père a lui aussi reçu des menaces, va partir pour la France. Elmir se sent seul, il étouffe, pris dans une tempête qui semble ne jamais devoir finir. Pourtant, un jour, le répit viendra pour son père et pour lui grâce à Nourrédia, la marchande de beignets, qui leur trouvera un refuge.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 décembre 2018
Nombre de lectures 61
EAN13 9782211301459
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le livre
Il y a quelques jours encore, la vie d’Elmir était une vienormale. Le matin, dans le tramway qui l’emmenait aucollège, il faisait du troc avec son meilleur ami, Ismène.Ensemble, ils allaient manger les beignets de la vieilleNourrédia. Le soir, il jouait avec Naïa, la fille des voisins.Et puis les attentats ont commencé, et bientôt la ville s’esttrouvée prise dans un étau entre la terreur que font régnerles « Combattants de l’ombre », le couvre-feu, les contrôlespermanents. Elmir n’a plus le droit d’aller seul au collège.Son père, qui est journaliste à La liberté , est menacé. Labibliothèque où travaillait sa mère a été incendiée. Unenuit, Elmir sort en cachette, prend son vélo et se rendà la bibliothèque. Quelques heures plus tôt, dans la cournoircie, il a repéré un livre qui avait échappé aux flammes :Les aventures du capitaine Hatteras de Jules Verne. Il veutle récupérer pour l’offrir à sa mère, qui est à l’hôpital etqui n’a pas ouvert la bouche depuis l’incendie. Elmir secache à l’approche d’un voiture. Il voit trois hommessortir de l’obscurité et faire feu. Il vient d’assister sans lesavoir à l’assassinat du rédacteur en chef de La liberté . Et ila reconnu l’un des meurtriers, c’est le frère aîné d’Ismène.Mais le cauchemar est loin d’être terminé. Quelques joursaprès que son père a accepté de reprendre le poste derédacteur en chef, Elmir est séquestré toute une nuit pardes hommes cagoulés qui veulent obtenir la publicationd’une lettre. Dès lors, la vie ressemble définitivement à unenfer. Il faut déménager sans cesse, en abandonnant toutsur place. Il ne faut donner son adresse et son numéro detéléphone à personne. Elmir continue d’aller au collège,mais sous bonne garde. Naïa, dont le père a lui aussi reçu des menaces, va partir pour la France. Elmir se sent seul, ilétouffe, pris dans une tempête qui semble ne jamais devoirfinir. Pourtant, un jour, le répit viendra pour son père etpour lui grâce à Nourrédia, la marchande de beignets, quileur trouvera un refuge.
 
L’auteur
Xavier-Laurent Petit est né en 1956. Après des études dephilosophie, il devient instituteur puis directeur d’école,mais reste avant tout un passionné de lecture. Une passionqui le conduit à franchir le pas de l’écriture en 1994, avecdeux romans policiers publiés chez Critérion. Il entre à l’école des loisirs avec « Colorbelle-ébène » qui obtient leprix « Sorcières » en 1996. Suivent d’autres romans pourla jeunesse, le plus souvent ancrés dans l’actualité. Mordude montagne, il se consacre maintenant à l’écriture etn’imagine pas de laisser passer plus d’un an sans partir aumoins une fois loin et haut...
 

Xavier-Laurent Petit
 
 

L’oasis
 
 

l’école des loisirs
11, rue de Sèvres, Paris 6 e
 

À Rachid Boudjedra,
à Lætitia
(mais aussi à mes enfants).
1
 
Nous sommes sortis du collège deux heures plus tôtque d’habitude parce que le prof de maths étaitabsent. Alors, avec Naïa et Ismène, nous sommes allésrue Haftine manger les beignets de la vieille Nourrédia.
Comme d’habitude, elle nous a traités de tous lesnoms en levant les bras au ciel :
– Bande de feignants, bons à rien ! Si c’est pasune misère de voir ça ! Tout ce que vous trouvez àfaire au beau milieu de l’après-midi, c’est de venirdépenser l’argent de vos parents à manger mesgâteaux… Si j’étais eux, il y a longtemps que je vousaurais mis au travail, et avec mon pied dans les fessesen plus…
Elle en a toute une litanie comme ça. Le jour oùNourrédia nous recevra avec un grand sourire, c’est qu’elle sera malade ! Mais ses beignets sont tellementbons ! Tout en nous engueulant copieusement, elleroule la pâte de ses grosses mains rouges et la plongedans le bac d’huile qui fume en permanence au fondde son échoppe. Généralement, après avoir arrosé lesbeignets de sirop, elle s’en prend à Naïa.
– Et tu n’as pas honte, toi, une fille, de venir traîner jusqu’ici avec ces deux vauriens ? Tu penses quec’est ta place ? Tu devrais être chez toi, oui ! À aiderta mère. Si ton père te surprenait, il te mettrait unebonne torgnole, et ce n’est pas moi qui l’en empêcherais, va !
– Mais ils savent que je suis là, Nourrédia.
– Allez va, fait la vieille avec un geste de la main,tu mens comme tu respires…
Et elle s’en retourne à sa friture en bougonnant.Avec Naïa et Ismène, on se regarde en rigolant. Lavérité, c’est que la vieille Nourrédia est ravie de nousvoir, un peu à la façon d’une grand-mère ronchon.
L’année dernière, toute la classe se retrouvaitaprès la sortie dans sa minuscule boutique au cœurde la haute ville. Lorsqu’on lui a expliqué qu’on travaillait au collège, elle nous a demandé ce qu’on yfabriquait. Ismène a sorti ses cahiers qu’elle a regardés à l’envers :
– Et tu crois qu’en barbouillant toutes ces pagesde mots, tu feras vivre ta femme et tes enfants ?
Ismène a hoché la tête sans répondre. Il est le seulde sa famille à aller au collège. Ses frères et sœurs ontarrêté après l’école, sauf Larrid, son frère aîné, qui acontinué jusqu’en sixième. Quant à ses parents, ils nesavent pas lire.
À la rentrée, un nouveau café avait ouvert en facedu collège, tout rouge et doré avec du personnelhabillé à l’européenne et de la musique qu’on n’entend jamais chez nous. Une vraie révolution ! Jamaison n’avait vu ça dans le pays. Le maire de la ville enpersonne est venu l’inaugurer en mangeant le premier hamburger fabriqué ici. Il faisait une drôle detête, sur les photos, avec sa grosse moustache dégoulinante de sauce. La boutique de Nourrédia s’est soudain vidée de tous les gamins qui y passaientquotidiennement. Un soir, en sortant du cours defrançais, nous l’avons vue sur le trottoir, en face ducafé. Hébétée, elle regardait ces gosses qu’elle avaitnourris de beignets au miel et de gâteaux auxamandes pendant des années ressortir avec desmachins-choses-burgers dégoulinants de ketchup etdes grands verres de Coca glacé. Alors, gentiment,Naïa l’avait prise par le bras.
– Viens Nourrédia, je n’ai pas goûté un seul detes beignets depuis au moins trois jours, et je commence à avoir drôlement faim.
Ce jour-là, elle nous a fait un festival de gâteauxfrits et de sucreries et, depuis, sa minuscule boutiquede la rue Haftine est devenue notre repaire. Chaquefois, elle nous traite de paresseux et de bouches inutiles, mais lorsqu’on repart, elle nous accompagne surle pas de sa porte.
– Et surtout, travaillez bien, les, enfants, sinonvous terminerez comme la vieille Nourrédia, à fairetellement de beignets que j’ai l’impression d’avoirl’intérieur rempli d’huile de friture.
En ressortant de chez elle, avec Naïa, nous noussommes dirigés vers la station de tramways. Onhabite « La Source », en périphérie de la ville, à cinqstations du collège. Ismène dit que c’est le quartierchic : une enfilade de villas avec des jardins, desfontaines et des fleurs qui poussent, même au pluschaud de l’été, alors que partout ailleurs, les plantesressemblent à de la paille tellement le soleil les aséchées.
Ismène, lui, continue à pied vers la haute ville.Son père est mécanicien, il travaille dans un petitgarage de l’autre côté de la colline. Le quartier d’Ismène, c’est tout le contraire de « La Source » :une multitude de petites maisons qui semblent avoirpoussé les unes sur les autres tellement elles se chevauchent et se serrent comme une portée de souriceaux à l’ombre de la colline. Parfois, après lesgrosses pluies d’hiver, l’une d’elles se lézarde ets’écroule sur elle-même, comme fatiguée de porterles autres. Alors les habitants étayent les maisons dudessus pour que tout ne dégringole pas et celui dontla maison s’est écroulée en reconstruit une nouvelleà flanc de pente, au-dessus des autres. Il domine toutle quartier jusqu’à ce qu’une nouvelle maisons’écroule et vienne repousser par-de

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