La lecture à portée de main
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Description
La rencontre magnifique d'un prince silencieux et d'une jeune fille aux histoires énigmatiques !
Le Haut Roi d'Irlande rencontre une jeune femme éblouissante de beauté dans la forêt de Brú na Boyne. Ensemble ils ont un enfant, puis elle disparaît. Le roi s'enferme dans son chagrin. L'enfant grandit, sauvage et silencieux. Mais vient le jour où il doit succéder à son père. Le roi promet une très grande récompense à qui rendra la parole à son fils.
Sujets
Informations
Publié par | Syros Jeunesse |
Date de parution | 13 septembre 2018 |
Nombre de lectures | 11 |
EAN13 | 9782748525397 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Couverture
La nuit des secrets
Copyright
ISBN : 978-2-74-852539-7
© 2018 Éditions SYROS, Sejer,
25, avenue Pierre-de-Coubertin, 75013 Paris
Collection dirigée par Ilona Zanko
Des récits qui existent depuis la nuit des temps pour rire, rêver, réfléchir et ainsi nourrir sa force intérieure !
Qu’est-ce qu’un kilim ?
Le kilim est un tapis brodé que l’on trouve aussi bien au Proche-Orient, dans le Caucase, qu’en Asie centrale, et qui a vu le jour il y a près de 10 000 ans.
Ses motifs diffèrent selon les tribus et constituent une forme d’écriture symbolique qui représente leur identité.
Tissage de la mémoire des peuples à travers le monde, patrimoine de l’humanité…, les kilims ont traversé les frontières et les siècles, tout comme les histoires de cette collection.
Titre
Caroline Sire
La nuit des secrets
Illustrations
Irène Bonacina
CHAPITRE UN – Une rencontre
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CHAPITRE UN
Une rencontre
I l y a des centaines et des centaines d’années, l’Irlande était gouvernée par un Haut Roi, le Ard Rí, aussi appelé King Conn of the Hundred Battles – ce qui veut dire le « Roi Conan aux Cent Batailles ».
Un roi dont tout le monde disait qu’il avait la foudre et la furie dans le sang : un sacré caractère !
Un homme solitaire, sauvage, courageux.
Il était le chef de la Fianna, un clan de guer- riers et de chasseurs qui défendaient leur pays
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contre les ennemis du monde visible – comme les Vikings, les hommes du Nord – mais aussi contre les créatures du monde invisible, le monde « de l’autre côté ».
Seuls les meilleurs pouvaient rejoindre ce clan exceptionnel.
Par exemple, pour devenir Fianna, il fallait être capable de sauter sa propre hauteur sans élan. Ou bien de passer sous une branche à hauteur des genoux, sans poser les mains sur le sol. Ou bien de courir aussi vite qu’un cerf tout en retirant une épine de son pied… mais sans ralentir ni faire craquer une brindille sous ses pas ! Ou bien encore être capable de faire des sauts périlleux en marchant sur le tranchant d’une épée.
Parfois même, il fallait avoir assez de patience pour tisser un pont entier à partir d’un seul brin de cheveu…
Mais l’épreuve la plus difficile, c’était de se retrouver enterré dans le sol jusqu’à la taille,
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avec une branche de noisetier à la main comme seul moyen de se défendre. Pendant ce temps, neuf guerriers se tenaient en cercle autour de vous et vous lançaient des tas de flèches et de lances, et si vous étiez blessé, alors vous ne pouviez pas devenir Fianna.
Non, n’était pas Fianna le premier venu !
On dit en Irlande que celui qui voyage a beau- coup d’histoires à raconter :
« An té a bhíónn siúlach, bíonn scéalach. »
On le prononce : On tay a vee-on shoo- loch(k), bee-on skay-loch(k).
Ce qui est sûr, c’est qu’à force de sillonner l’Île d’Émeraude – c’est comme cela que les irlandais appellent leur pays – dans toutes les directions, les Fianna étaient devenus non seulement des guerriers d’une force, d’une habileté et d’une bravoure exceptionnelles, mais aussi de fameux conteurs !
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Quand cette histoire commence, le Roi Conan aux Cent Batailles n’a encore jamais connu de femme. Son épée est sa seule compagne, posée tout au long de la nuit au milieu de son lit.
Quand il n’est pas en train de guerroyer ou de festoyer avec ses compagnons dans l’enceinte de Tara – le Fort aux Cent Portes –, il saute sur son cheval et part seul, à la chasse ou à la pêche. Il aime aussi jouer à la course avec le vent, poursuivre les moutons blancs entre les rochers
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bleu-violet des montagnes, s’approcher du bord des hautes falaises, face à l’océan scintillant, pour contempler le vol des oiseaux de mer.
Ce jour-là, le Ard Rí part à cheval à travers la forêt de Brú na Boyne . À peine la lisière franchie, il ne remarque pas que la lumière
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vire à l’orage. Ses yeux ne semblent plus regar- der ce qui l’entoure. Il est parti dans une sorte de rêve.
En Irlande, on dit que ceux qui rêvent les yeux grands ouverts viennent des étoiles, car ils ne font plus la différence entre le sommeil et la vie de tous les jours. Il peut même ainsi leur arriver de traverser les couloirs secrets de l’espace et du temps.
Sans même s’en apercevoir, le roi est emporté à travers la forêt. Les rênes de cuir tombent, souples entre ses mains. Son cheval avance à son gré, attiré par l’odeur de l’herbe si tendre, déli- cieuse à brouter… Et voici qu’un fin brouillard envahit la forêt. D’un coup, il ne reconnaît plus rien de ce qui l’entoure.
Il ne sait pas que, sans le vouloir, il vient de franchir la frontière invisible qui sépare le monde des mortels du Pays de Tir na nÓg , le monde « de l’autre côté ».