Minuit Cinq
28 pages
Français

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Description

Minuit-Cinq a dix ans. Tout le monde l'appelle Minuit-Cinq. Même lui a oublié son vrai prénom, Antonin. C'est pareil pour sa sœur Bretelle et leur meilleur ami Emil. Tous les trois ont deux problèmes dans la vie : comment trouver à manger quand on n'a pas un sou ? Comment trouver un coin au chaud quand le vent glacial de Décembre balaie la ville de Prague ? Mais pour le moment, la grande affaire de ce Noël, c'est le collier perdu de la princesse Daniela Danilova. Elle a promis une belle somme d'argent à celui ou celle qui lui retrouvera. Nos trois vagabonds de la vieille ville se demandent s'il n'y aurait pas quelque chose à faire...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 juillet 2014
Nombre de lectures 12
EAN13 9782211218467
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le livre
Minuit-Cinq a dix ans. Tout le monde l’appelle Minuit-Cinq. Même lui a oublié son vrai prénom, Antonin. C’estpareil pour sa sœur Bretelle et leur meilleur ami Emil. Tousles trois ont deux problèmes dans la vie : comment trouverà manger quand on n’a pas un sou ? Comment trouver uncoin au chaud quand le vent glacial de décembre balaie laville de Prague ?
Mais pour le moment, la grande affaire de ce Noël,c’est le collier perdu de la princesse Daniela Danilova.Elle a promis une belle somme d’argent à celui ou cellequi lui retrouvera. Nos trois vagabonds de la vieille villese demandent s’il n’y aurait pas quelque chose à faire…
 

L’auteure
Malika Ferdjoukh est née en 1957 à Bougie en Algérie. Cequi explique le « h » final à son nom, et sa collection dechandelles. Elle vit à Paris depuis sa petite enfance. Elle aséché quelques films à la Cinémathèque pour suivre descours à la Sorbonne. On peut dire qu’elle est incollable surle cinéma américain, ses dialogues fameux et ses distributions pléthoriques, du western au polar noir, mais songenre adoré reste la comédie musicale dont elle est capablede chanter à tue-tête les airs les plus improbables.
 

Malika Ferdjoukh
 
 

Minuit-Cinq
 
 

Médium
l’école des loisirs
11, rue de Sèvres, Paris 6 e
1
 
LE COLLIER DE LA PRINCESSE
 
Pas d’étoiles au-dessus du pont depierre ce soir-là. Non, pas une seule…Mais un vent fou furieux ! Et glacial ! Etqui avait tranché d’un coup de hache lamoitié de la lune !
La princesse Daniela Danilova sortitdu Théâtre-National, serrant sa pelisseautour d’elle. Le gentilhomme à monocle qui l’escortait lui offrit le bras, ettous deux prirent place dans un fiacreaux fourrures tièdes.
– Voyons où en étais-je ? reprit legentilhomme. Il chiquenauda une poussière infinitésimale sur son col enrenard. Ah oui… C’est décidé, je suisamoureux de vous.
Les vents polaires faisaient tremblerla voiture, mais dans la tranquillepénombre intérieure le sourire de laprincesse Daniela scintilla tel un diadème délicat.
– Oh ? susurra-t-elle. Et qu’allez-vous faire comte Orlok ?
– Me suicider, je suppose.
– Je savais que vous seriez fair-play.
– Et vous ? Qu’allez-vous faire, princesse ?
– Souper, comte Orlok. J’ai trèsfaim.
La main de la princesse voleta avecune blancheur de colombe, effleura machinalement sa gorge… mais pinçale vide. Elle tâtonna, avec inquiétude,encercla son cou nu. Tâtonna encore.Le sourire en diadème s’élargit en uncarré hurlant :
– Mon collier ! Mio Dio … Moncolliiieeeeer !!
La princesse Daniela s’évanouit sur-le-champ, car bien que née italienneelle pratiquait au mieux les usages de lacour de Bohême.
 
 
 
Il était Minuit-Cinq pour tout lemonde, y compris pour lui-même car ilavait oublié son vrai prénom qui étaitAntonin.
Minuit-Cinq avait dix ans, une idéetoutes les sept minutes, une petite sœur,et il ne se lavait jamais sauf si un orage d’été le prenait de vitesse. Or c’étaitl’hiver, un de ces méchants hivers roublards qui gèlent la goutte qui vouspend au nez.
Minuit-Cinq, c’était à cause desdouze petits points tatoués, quand ilétait encore bébé, en forme de cadransur son avant-bras. Le tatoueur avaitdérapé sur la chair potelée, y gravantpour toujours deux aiguilles qui pointaient sur cette drôle d’heure : minuit etcinq minutes. Pour admirer l’ouvrage ilfallait cracher dessus au moins huit fois,et gratter la crasse avec l’ongle… Onvous l’a dit, il ne se lavait pas.
L’hiver, donc. Mais cela ne tracassaitguère Minuit-Cinq, pas plus que Bretelle, sa sœur, qui ne se lavait pas davantage. Pour le moment une seule choseles préoccupait : mettre la main sur le collier de la princesse Daniela Danilovapour empocher la récompense.
– Là, là ! s’exclama Bretelle, sonindex sortant d’une manche où unefamille de blattes se tenait au chaud.
– Là ! cria Minuit-Cinq, secouant satignasse qui avait l’air de vingt tignassescar parée des couleurs multiples de lasaleté.
Hélas, il s’agissait soit d’un écrouperdu, soit d’un bout de fer à cheval, oun’importe quoi d’autre qui brillait, parfois rien du tout, un éclat sur la neige,mais jamais le bijou de la princesse.
Et ils cherchaient. Noirs, maigres,pliés en angle aigu sur leurs jambes decriquet, au ras des pavés couverts deneige. Ils cherchaient.
– C’est pourtant là qu’elle l’a perdu.
Oui, c’était là. Entre le Théâtre- National et la maison de Faust ; treize(ou seize, ou vingt, selon les rumeurs etl’heure) rangs de perles, de rubis deVenise et diamants d’Afrique. Depuis laveille, Prague de haut en bas n’avait plusque ce collier à la bouche. Ça faisaitoublier qu’on grelottait et qu’on avaitfaim.
Une boule de neige explosa soudainsur l’oreille de Minuit-Cinq. Il pivotaavec colère.
– Groschen ! rugit-il.
Une autre volée de neige l’étouffa.Signée Gustav, Sérafin, Putsch et Groschen ; une bande de garçons qui écumait les ruelles tordues de la VieilleVille.
– Bretelle pas belle ! ricana Sérafin.
Bretelle riposta avec précision.Minuit-Cinq aussi. À eux deux ils failli rent mettre la bande en fuite. Mais aubout de trois minutes une espèce debête hurlante, qui se révéla être Putsch,fonça pour empoigner Bretelle par lataille et la renversa dans la neige.
– Lâche-moi ! hurla-t-elle.
– Lâche ma sœur ! vociféra Minuit-Cinq.
Il l’agrippa par un pan de son jupon.Côté opposé, Putsch tira. Minuit-Cinqtira plus fort. Bretelle cria.
Le jupon craqua. Une pluie de boutons sauta en l’air avant de retomberavec la modestie d’un feu d’artificeminiature.
– Imbécile ! jeta Bretelle à son frère.
Les autres garçons détalèrent en setordant de rire sous une rafale de boulesde neige.
Bretelle se dépêcha de ramasser ses trésors : sa collection de boutons, un tortillon de mouchoir, un bonbon rose etvert. Elle remit tout à sa place, c’est-à-dire dans l’ourlet de son jupon auquelelle fit deux gros nœuds de sûreté.
– À quoi ça te sert toutes cescochonneries, je me demande ! maugréa Minuit-Cinq. Il sautilla sur placepour débarrasser son pantalon de laboue et de la neige.
Bretelle ne répliqua rien. Essayezd’expliquer à un garçon la beauté d’unbouton de nacre ! La musique d’unbouton en étain ! Quant au bonbonrose et vert… Encore moins possibled’en parler !
Il datait de la Saint-Nicolas, le jouroù les anges et les diables parcourent lesrues de Prague pour offrir des douceursaux enfants. L’ange qui avait donné ce bonbon à Bretelle avait de beaux cheveux noirs et de sublimes ailes enficelle. Elle s’était promis de garder lebonbon… très longtemps.
Elle le déballait une fois par jour, leléchouillait, un peu, pas trop, et leremettait dans son papier. On étaitpresque à Noël et il en restait encore untiers.
2
 
LES SOURIS SAVENT-ELLES PARLER  ?
 
La Princesse l’a semé un gros bijou
d’rubis, d’perlouses et d’or.
C’ui-là qui lui rendra c’trésor
n’aura pas la corde au cou
mais cent florins en bel or.
 
En vérité la princesse avait promis trenteflorins, pas cent. Mais c’était pour labeauté de la rime ! Et Emil était jongleur de rimes, et chanteur. Et dompteur de bêtes sauvages.

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