Une petite place sur cette terre
95 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Une petite place sur cette terre , livre ebook

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95 pages
Français

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Description

L'hommage inoubliable de Hélène Montardre à ceux qui n'ont plus rien, sauf leur dignité d'être humain.Rudy et sa maman sont étrangers. Ils n'ont pas de famille en France et nulle part où aller. Un jour, Rudy entend raconter ce mythe grec : Héra, la femme de Zeus, avait interdit à toutes les terres d'accueillir la déesse Léto. Et pourtant Léto a fini par se réfugier sur une île minuscule, à peine visible sur le bleu de la mer. Les mots résonnent dans la tête du garçon. Il y a forcément quelque part un petit bout de terre où Rudy et sa maman pourraient vivre. Et cet endroit, Rudy va le trouver.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 octobre 2018
Nombre de lectures 6
EAN13 9782748525830
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

H ÉLÈNE M ONTARDRE
Une petite place sur cette terre
Syros


Collection Tempo
Réalisation : © Shutterstock / Nine Tomorrows, pour le photomontage de la couverture © 2018 Éditions SYROS, Sejer,
25, avenue Pierre-de-Coubertin, 75013 Paris
Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n° 2011-525 du 17 mai 2011.
« Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. »
ISBN : 978-2-74-852583-0
Sommaire
Couverture
Copyright
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Quelques années plus tard
L'autrice
1

R udi ouvrit les yeux. La pluie tombait dru sur les tuiles, et le vieux toit résonnait comme un tambourin. Il tourna le regard vers le vasistas. Pas de lune, pas d’étoiles, pas de lumière. Juste le giclement des gouttes d’eau sur la vitre. C’est ce bruit qui l’avait réveillé.
Non. Il y avait un autre bruit, plus fort, plus sourd. Un bruit qui ne venait pas de l’extérieur, mais des profondeurs de l’immeuble. Un ronflement, un rugissement... Rudi chercha le mot exact pour qualifier ce son et il ne le trouva pas.
Au-dessus de sa tête, la pluie redoubla de violence, et le grondement du tonnerre enfla. Puis un éclair déchira l’obscurité de la pièce, et Rudi plongea sous ses couvertures.
Il se dit qu’il allait se lever, courir vers sa mère, se glisser dans son lit, se blottir contre elle. Il n’osa pas. Il était grand à présent. N’était-ce pas lui qui avait demandé à s’installer dans cette pièce au fond du grenier que sa mère et lui occupaient ? Et puis il avait peur. Peur d’abandonner l’abri de son lit, de poser ses pieds nus sur le sol, d’ouvrir la porte sur le long couloir.
Le flash d’un nouvel éclair, suivi de près d’un nouveau coup de tonnerre, bouleversa ses pensées. Et il y avait ce bruit qui enflait lui aussi. Il comprit d’où il venait : de l’autre extrémité du grenier, de la chambre de sa mère.
La pluie claquait sur les tuiles comme pour les faire éclater, battant le vasistas. Le vent s’insinua sous les combles et Rudi sentit un courant d’air froid l’envelopper tandis que l’orage se déchaînait, baignant la chambre d’une lumière cruelle.
Là-bas, à l’autre bout, le rugissement s’amplifia. C’en était trop pour Rudi. Il repoussa ses couvertures, s’assit sur le bord de son lit en frissonnant, se redressa, avança vers la porte. La main sur la poignée, il hésita, puis un nouvel éclair le jeta en avant. Il ouvrit le battant d’un coup, sauta dans le couloir.
Celui-ci était complètement illuminé. De ce côté, le toit était plus haut, et des fenêtres avaient été aménagées. La lumière des éclairs s’y engouffrait sans discontinuer, accompagnée par le roulement du tonnerre qui labourait le ciel.
Rudi évalua la situation. Sur la gauche, trois portes. La première desservait la mansarde qui faisait office de cuisine et de salle de bains ; la deuxième, une pièce minuscule et si sale qu’ils avaient décidé de ne pas l’utiliser ; la troisième, un local que la concierge se réservait comme débarras. Sur la droite, il n’y avait qu’une seule porte qui donnait sur le palier. Et loin là-bas, à l’extrémité du couloir, la porte de la chambre de sa mère.
Rudi hésita. Allait-il bondir vers le palier et dévaler les escaliers ? Mais pour aller où ? À qui aurait-il pu demander secours ? Il n’avait qu’une option : rejoindre sa mère.
Un violent coup de tonnerre ébranla l’immeuble. Instinctivement, Rudi ferma les yeux et plaqua ses mains sur ses oreilles.
Un grand silence suivit.
Rudi rouvrit les yeux.
La porte de la chambre de sa mère était ouverte. Un géant se tenait sur le seuil, si grand qu’il dut baisser la tête pour passer dans le couloir.
Épouvanté, Rudi considéra le colosse, ses cheveux hirsutes, sa barbe argentée et bouclée, son nez fort et droit, son front large et ample, ses yeux brillants, son torse puissant, ses cuisses épaisses. Il le vit faire un pas dans sa direction. Puis un éclair jaillit, et l’homme éclata d’un rire tonitruant en levant la main. Alors Rudi vit distinctement les doigts du géant se refermer sur la lumière venue du fond du ciel, tandis qu’un énorme coup de tonnerre envahissait l’espace, faisant vibrer les vitres.
L’homme rejeta sa tête en arrière, et son rire couvrit le bruit de l’orage. Il avança vers la porte du palier. Au moment de l’ouvrir, il se tourna vers Rudi et détailla le garçon tremblant dans son pyjama à rayures trop grand pour lui. Ses yeux s’écarquillèrent et s’emplirent d’une lueur aussi aveuglante que celle des éclairs. Il releva ses lèvres en un sourire étrange, dévoilant des dents d’une blancheur éblouissante. Son regard s’adoucit alors. Un instant, Rudi crut que l’homme allait lui parler, et le temps s’arrêta, juste ce qu’il fallait pour que Rudi grave à jamais l’image du colosse dans sa mémoire. D’un coup, il n’avait plus peur. Il y avait trop de bonté dans le regard de l’homme, et autre chose aussi...
Puis l’homme se détourna, ouvrit la porte et disparut.
2

R udi n’avait aucune idée de ce qu’il avait fait après le départ de l’homme. Quand il se réveilla, il était dans son lit, l’orage s’était enfui et il entendait, de l’autre côté de la cloison, les sons familiers du matin : sa mère posant les bols sur la table, versant du lait dans une casserole, coupant du pain.
Il gagna le couloir qu’il considéra d’un air perplexe. Tout était comme d’habitude. Il se glissa dans la cuisine. Sa mère s’activait, comme si les événements de la nuit n’avaient pas eu lieu. Elle avait cependant sur le visage un sourire curieux que Rudi ne lui avait jamais vu. Il lui rappela celui de l’homme de la nuit, juste avant qu’il disparaisse. Elle avait aussi l’air plus jeune, plus gaie, et il remarqua la légère touche de rouge à lèvres, inhabituelle, qui colorait ses lèvres. Il se coula contre elle, posa sa tête contre sa poitrine et entoura sa taille de ses bras.
– Dépêche-toi, mon Rudi, dit-elle doucement. On n’est pas en avance aujourd’hui. Tu n’as pas eu peur de l’orage cette nuit ?
– Hon, hon... fit Rudi en secouant la tête.
– C’est bien, ajouta Stela. Tu deviens grand.
Elle versa du lait en précisant :
– Attention, c’est chaud.
Déjà elle se glissait hors de la cuisine.
– Je file. Tu fermeras la porte en partant et tu seras bien poli avec la concierge.
Rudi plongea la tête dans son bol en acquiesçant.
– Ne traîne pas surtout. À ce soir, mon Rudi !
– À ce soir, m’man ! marmonna Rudi.
 
Dès que le bruit des pas de sa mère se fut estompé dans l’escalier, il bondit hors de la pièce, se rua dans le couloir, ouvrit à la volée la porte de la chambre, stoppa net sur le seuil, interdit. Tout était exactement comme à l’accoutumée. Le lit de sa mère était fait, ses vêtements rangés. Rien ne laissait deviner qu’un colosse à la barbe bouclée et aux yeux étincelants était passé par ici.
Il regagna la cuisine, songeur, termina son petit-déjeuner et se prépara.
« Bien fermer la porte », avait dit sa mère. Elle le précisait chaque matin et, comme chaque matin, Rudi vérifia,

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