Béatrice l’intrépide Comme dans les contes
51 pages
Français

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Béatrice l’intrépide Comme dans les contes , livre ebook

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51 pages
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Description

Cela devait advenir ! À force de galoper droit devant elle, sans trêve ni repos, Béatrice l’Intrépide a fini par arriver au pays des contes. Elle qui fuit la routine et n’apprécie que la nouveauté est comblée : c’est un vrai défilé ! Elle croise une princesse cachée sous une peau de cheval, sept nains accrocs au ménage, un miroir trop bavard, un petit poucet insupportable… Cela fait beaucoup d’aventures à gérer pour une héroïne solitaire. Heureusement, Béatrice peut toujours compter sur une alliée aussi fidèle qu’indispensable… sa jument Véronique !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2019
Nombre de lectures 8
EAN13 9782211305518
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le livre
Cela devait arriver ! À force de galoper droit devant elle,sans trêve ni repos, Béatrice l’Intrépide a fini par atteindrele pays des contes. Elle qui fuit la routine et n’apprécie quela nouveauté est comblée : c’est un vrai défilé !
Elle croise une princesse cachée sous une peau decheval, sept nains accros au ménage, un miroir trop bavard,un insupportable petit poucet…
Beaucoup d’aventures à gérer, pour une héroïnesolitaire. Heureusement, Béatrice peut toujours comptersur une alliée aussi fidèle et plus indispensable que jamais…sa jument Véronique !
Les auteurs
Matthieu Sylvander est né en 1969. Il a grandi sans grandeefficacité en Haute-Savoie, ce qui lui a donné un fortpenchant pour la montagne sous toutes ses formes : lebas, le haut, et même le dessous. Aujourd’hui à Toulouse,il essaie de concilier son métier de sismologue avec uneactivité en pointillés d’auteur pour la jeunesse, ce quiest une manière de funambulisme. Dans ses histoires, ilreconnaît avoir beaucoup d’affection pour les personnages,disons, différents.
 
Perceval Barrier est né à Lézignan-Corbières en 1983. Ila grandi à l’ombre des halles de Lagrasse et a étudié legraphisme à l’ÉSAD d’Amiens. Depuis il est graphiste àLyon et illustrateur de plusieurs albums en collaborationavec Matthieu Sylvander et Thomas Bretonneau.
 

Matthieu Sylvander • Perceval Barrier
 
 


 
 


 
 

l’école des loisirs
11, rue de Sèvres, Paris 6 e
Peau de cheval
 
Les héroïnes telles que Béatrice l’Intrépidene sont pas comme vous et moi, qui, aprèsune aventure trépidante, avons pour uniqueambition une bonne sieste sur le canapé,pas trop loin de la télécommande. Béatricel’Intrépide, elle, salue son client, enfourchesa fidèle Véronique et repart à l’assaut dumonde et de ses périls. Elle galope droitdevant elle, sans trêve ni repos, faisant fides obstacles et franchissant d’un bondruisseaux, rivières et fleuves. Pour les mers,elle prend le bateau.
Le risque, quand on va ainsi droit devantsoi en suivant la course du soleil et enoubliant que la Terre est ronde, c’est de seretrouver exactement à son point de départ, poussiéreux, épuisé et affamé. Béatricel’Intrépide en fait l’amère expérience unbeau jour de printemps. Alors qu’elle cherche des yeux un manant quelconque àsecourir ou une bête féroce à défier, sonregard tombe sur les tours d’un château.Certains s’imaginent que tous les châteauxse ressemblent : c’est absolument faux, etceux qui soutiennent ces fariboles sont desjaloux qui n’ont sans doute jamais mis le nezhors de leur chaumière. Béatrice l’Intrépidese souvient par exemple très bien de cechâteau-ci, où vivent une certaine Hermine,princesse de son état, et son désagréablepetit père de roi.
– Fichtre, se dit Béatrice, on dirait bienque nous sommes déjà passées par là, mabonne Véronique. La prochaine fois, nousavancerons en spirale.

Véronique laisse échapper un hennissement de dérision. Il y a déjà cinq ou sixcents lieues qu’elle a reconnu la route défilant sous ses sabots, bien sûr, mais elle voulaitvoir combien de temps sa cavalière mettraità ouvrir les yeux. Elle est un brin taquine,Véronique.
La contrariété envahit Béatrice l’Intrépide. Si elle a choisi ce métier, c’est pargoût de l’action et du changement. Rienne l’insupporte plus que la routine, et ellea horreur de voir trop souvent les mêmesgens et les mêmes lieux. Elle décide doncde ne pas s’attarder ici et s’apprête à fouetterdu talon les côtes de sa monture, quand unbruit étrange attire son attention. Béatriceest accoutumée aux bruits étranges : c’estsouvent par eux que débutent ses aventures.Elle retient donc son coup de talon et tendl’oreille. Un clapotis, une toux rauque, desbulles : on se noie non loin d’ici ! Et même tout près, car la douve du château, d’où provient ce tumulte humide, n’est pas à centpieds de là.
Pas le temps de réfléchir ; Béatricel’Intrépide fait voler sa cape et ses botteset plonge avec style dans l’eau verte de ladouve, tandis que Véronique saisit l’occasionpour aller goûter quelques beaux bouquetsde pissenlits frais et juteux. Véroniqueadore le printemps, saison de toutes lesgourmandises, autant qu’elle déteste l’étéet ses chardons desséchés. Pas à pas, elles’éloigne de la douve, laissant sa maîtressese débrouiller seule, pour une fois.
– Véronique ! Reviens immédiatement,j’ai besoin de ma dague !

Là, ça n’aura pas duré. Allons, encore unpied de pissenlit, celui-ci est trop appétissant.
– Véronique ! Tu vas avoir mal au ventre !
Elle n’a pas tort, il ne faut pas abuser desbonnes choses. La jument revient en traînantles sabots. Sur la berge, Béatrice l’Intrépideest en train de se débattre avec une sortede couverture gluante et marronnasse, àl’intérieur de laquelle on devine une formehumaine. Véronique réprime un hoquet dedégoût, tandis que Béatrice se précipite surson bagage pour en tirer une dague effilée,avec laquelle elle s’empresse de fendrel’immonde couverture.
– Princesse Hermine ? Est-ce bien vous ?
Béatrice l’Intrépide a un peu de mal àreconnaître la jeune et belle princesse danscet étrange animal aquatique visqueux etessoufflé. Pourtant, elle ne se trompe pas.
– Béatrice l’Intrépide ! murmure faiblement la princesse. Vous m’avez sauvé la vie !
– C’est mon métier, répond modestement Béatrice. Mais dites-moi, que faisiez-vous déguisée en je-ne-sais-quoi dans cebouillon répugnant ? Votre baignoire est-elle bouchée ? Parce que je vous prévienstout de suite, je suis une héroïne, je ne faispas de plomberie.
– Non, je vous rassure, ma baignoire seporte bien.
– J’en suis heureuse. Vous ne preniezdonc pas un bain dans la douve.
– Non, j’étais en train de m’évader dupalais, dissimulée sous une peau de cheval.
Béatrice l’Intrépide est très intéressée etquelque peu intriguée par cette techniquede fuite. En tant qu’héroïne, elle est plutôtaccoutumée à affronter le danger et s’yconnaît donc assez peu en évasions. Maistout de même, une peau de cheval… De soncôté, Véronique manifeste son désaccord enhennissant bruyamment.
– Tais-toi, Véronique, la princesse avaitsûrement d’excellentes raisons, même si jel’imagine mal vider un cheval de ses petitesmains.
– Oh, ce ne fut pas si difficile, et j’aiutilisé mes ciseaux de couture.

Des ciseaux de couture ? Quelle barbarie ! La jument s’approche de la princesseHermine, les naseaux frémissants. Prudente,la princesse recule de quelques pas.
– Mais je l’ai juste décousu, voyons !Il était empaillé depuis longtemps ! C’étaitle pur-sang préféré du roi mon père, qui l’afait naturaliser pour le garder auprès de luiaprès sa mort. Il attirait les mouches dansle grand salon depuis des années. Le cheval,pas mon père.
– Aaaaah, je préfère ! Et Véronique aussi,d’ailleurs. Mais tout cela ne nous expliquepas pourquoi vous fuyez. En général, lafamille royale fait plutôt partie des traqueursque du gibier.
– Vous avez raison, répond la princesseHermine. Si ce n’est que, dans le cas présent,la famille royale est à la fois en position dechasseur et de proie. Pour tout vous dire,j’essaie d’échapper au roi.
Béatrice l’Intrépide a déjà rencontréce personnage et n’en garde pas un bonsouvenir. Elle se le rappelle court sur pattes,avare, déplaisant, autoritaire – et encore, elle n’a pas eu le temps d’approfondir saconnaissance. Mais enfin, il s’agit tout demême du père de la princesse !
– Diantre, que lui avez-vous fait ?
– Moi ? Rien ! Vous n’avez peut-être pasoublié que sa grande passion, dans la vie,était de marier sa fille ? Il m’a présenté desdizaines de prétendants et a même voulume faire épouser le Diable.
Béatrice l’Intrépide s’en souvient parfaitement, elle était présente ce jour-là. Ellefait signe à la princesse de continuer.
– Mais aucun des riches pantins à quiil a voulu accorder ma main n’a su gagnerle chemin de mon cœur. À vrai dire, je nepartage guère cette passion royale pour lesnoces forcées. Je trouve cela singulièrement old school . Je précise que cela signifie vieilleécole.
– Je vous remercie de préciser, je neparle pas un mot d’italien. Blague à part, je ne peux que vous approuver, l’idée mêmedu mariage m’est étrangère.
– Et vous avez raison, vous ne ressembleriez à rien en robe blanche. Bref, quandle roi mon père a commencé à penser que,s’il n’arrivait pas à monnayer ma main,autant la garder pour lui, je n’ai pas réfléchilongtemps et je me suis enfuie du palais.
Béatrice l’Intrépide applaudit cette heureuse initiative. Un père, épouser sa fille ?Quelle horreur !
– Vous avez bien fait !

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