La lecture à portée de main
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Description
Informations
Publié par | Editions du Jasmin |
Date de parution | 07 août 2018 |
Nombre de lectures | 2 |
EAN13 | 9782352847229 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 3 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0025€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Couverture
Collection
Contes d’Orient et d’Occident
1. Histoire d’Aladdin Roi de l’Yemen
William Beckford
2. Les Quatre Talismans
Charles Nodier
3. Contes de Fez
Anonyme
4. Contes de l’Alphabet I
E. & B. de Saint Chamas
5. Contes de l’Alphabet II
E. & B. de Saint Chamas
6. Contes de l’Alphabet III
E. & B. de Saint Chamas
7. Contes de Berbérie
José Féron Romano
8. Nouveaux contes de Fez
Anonyme
9. Le prince dont l’ombre était bleue
J. Féron Romano et E. Tabuteau
10. Contes des six trésors
E. & B. de Saint Chamas
11. Qamar az-Zaman et la princesse de la Chine
M.-C. Baillaud
12. Contes du Japon
Mayumi Watanabe
13. Le roi qui aimait les contes I
Boubaker Ayadi
14. Le roi qui aimait les contes II
Boubaker Ayadi
15. Le roi qui aimait les contes III
Boubaker Ayadi
16. Histoires de trolls et autres contes nordiques
Monique Ribis
17. Contes de Grèce
Gilles Decorvet
18. Tali Nohkati I
Koza Belleli
19. Tali Nohkati II
Koza Belleli
20. Une chanteuse à Médine et autres contes arabes
Boubaker Ayadi
Titre
Le conteur
Gilles Decorvet exerce les activités de traducteur littéraire (du grec vers le français) et de conteur.
L’illustratrice
Emilia Stepien est étudiante en illustration au lycée Auguste Renoir, à Paris.
Ce recueil a bénéficié du soutien du Conseil général des Bouches-du-Rhône, dans le cadre de son dispositif en faveur de la création littéraire.
DU MÊME TRADUCTEUR-ADAPTATEUR
AUX ÉDITIONS DU JASMIN
Eugène Trivizas, La promesse du bonhomme de neige , roman jeunesse
CHEZ D’AUTRES ÉDITEURS
Contes de Grèce et de Chypre , Esprit Ouvert
Georges Vizyinos , Sortilèges et Maléfices, nouvelles, la Différence
Takis Théodoropoulos , Le paysage absolu, roman, Actes Sud
Takis Théodoropoulos , Les sept vies des chats d’Athènes , roman, Sabine Wespieser
Nicos Panayotopoulos , Le gène du doute, roman, Gallimard
Nicos Panayotopoulos , Saint Homme, roman, Gallimard
Copyright
À Nathalie et à Thibault
G. D.
Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés pour tous pays. © 2011 É ditions du J asmin www.editions-du-jasmin.com ISBN 978-2-35284-722-9 Avec le soutien du
Introduction
Depuis une dizaine d’années maintenant, je pratique ce qu’il est convenu d’appeler l’art du conte. Il faut comprendre par là que, régulièrement, je me produis comme conteur dans des bibliothèques, des écoles ou sur des scènes de théâtre pour partager avec le public des récits, drôles ou magiques. Petits et grands, pendant ces « conteries », se laissent captiver par ces histoires étranges qui les emportent sur les voies de leur imaginaire personnel, puisqu’ils sont libres de créer, en guise d’illustrations, leurs propres images.
Tous les contes du monde ont ce pouvoir. C’est aussi le cas de ces récits venus de Grèce.
Venus de Grèce…
Vraiment ?
Oui, si l’on considère qu’ils ont bel et bien été puisés auprès de personnes – souvent analphabètes – parlant grec, puis fidèlement retranscrits par divers collecteurs, avant d’être réunis sous forme d’ouvrages par Yorgos Mégas (le recueil Hellinika paramythia , paru aux éditions Hestia en 1927 pour la première fois) ou Yorgos Ioannou ( Paramythia tou laou mas chez Hermis, en 1974). Non, si l’on garde à l’esprit le fait que les contes se rient des frontières, qu’ils sont d’éternels voyageurs, transmis de bouche à oreille, à jamais répétés et chaque fois déformés, comme des êtres surnaturels qui n’en finissent pas de se métamorphoser.
Ma propre démarche de conteur est fidèle à cette tradition. Ni folkloriste ni auteur, je suis un passeur d’histoires, un narrateur, un comédien de passage, qui trimballe sur son dos un sac rempli de fables, où j’aime à puiser. Publier à l’occasion ce genre de contes peut être utile afin de mieux les faire connaître. Les dire en public – de mémoire, bien sûr – pour les faire résonner devant des auditeurs s’avère, forcément, plus riche encore. Mais, après tout, la publication n’empêche pas la narration publique. Elle peut même la susciter, parfois. N’est-ce pas en lisant d’abord ces légendes, en grec, que l’envie m’est venue ensuite de les raconter dans ma langue maternelle ?
Lors du passage d’une langue à l’autre, les écarts sont assez flagrants. Je le reconnais volontiers : tels que présentés dans les pages qui suivent, ces contes de Grèce, en français, prennent une allure inédite. En version originale, en effet, les contes populaires grecs semblent souvent secs, directs, factuels, dépourvus de description, de psychologie, d’explication. Pour les auditeurs francophones, à mon sens, une certaine liberté d’adaptation s’impose. J’espère avoir su le faire en gardant toujours à l’esprit ceci : c’est la parole qui compte, la fantaisie des mots et des trames. Le conteur, lui, ne fait que passer. Merci à ceux qui l’écoutent.
Pour cette édition, les textes s’accompagnent des très belles illustrations d’Emilia Stepien. Je ne saurais trop la remercier pour sa contribution.
Gilles Decorvet
La pauvresse et le roi
Il était une fois une jeune fille très pauvre, si pauvre que, toute la journée, elle travaillait chez les gens pour gagner un peu d’argent et, le soir venu, elle travaillait encore dans sa pauvre maison. Elle tissait, cousait, brodait à longueur de nuit. Si bien que, la malheureuse, elle tombait de fatigue. Elle aurait tellement voulu dormir ! Alors, pour se donner du courage et pour s’empêcher de s’assoupir, elle disait une chanson qu’elle avait composée elle-même en l’honneur du sommeil. Et, tous les soirs, la pauvresse chantait :
Te voilà donc, sommeil ? Bonsoir !
Voici l’escabeau pour t’asseoir,
Voici des haricots bien tendres
Et voici le lit pour t’étendre.
Quand j’aurai fini de tisser,
J’arriverai pour t’embrasser.
Et, chaque soir, la pauvre fille disait la même chanson.
Or il se trouve que le roi de ce pays s’appelait justement Sommeil, Sa Majesté le roi Sommeil, et il se trouve aussi que notre amie la pauvresse avait pour voisine une vieille femme très curieuse, qui adorait écouter ce qu’il se passait dans les maisons d’à côté.
Et la vieille bonne femme, à force d’entendre sa pauvre voisine chanter tous les soirs :
Te voilà donc, sommeil ? Bonsoir !
Voici l’escabeau pour t’asseoir,
Voici des haricots bien tendres
Et voici le lit pour t’étendre.
Quand j’aurai fini de tisser,
J’arriverai pour t’embrasser.
La vieille bonne femme, donc, à force d’entendre sa pauvre voisine chanter cette chanson toutes les nuits, se mit à imaginer que la pauvresse était amoureuse du roi Sommeil. Et que, tous les soirs, elle l’introduisait dans sa pauvre maison, lui donnait des haricots à manger, avant de l’emmener dans son lit pour l’embrasser… ! « Oh, là, là ! Quelle affaire ! », se dit la vieille qui, ni une, ni deux, serre son foulard autour de la tête et court au palais pour raconter cela à la mère du roi :
« Majesté, Majesté, j’en ai une bien bonne ! piailla la commère devant la mère du roi. Figurez-vous que j’ai une voisine qui est bien pauvre, la malheureuse. Eh bien, figurez-vous qu’elle est amoureuse de votre fils le roi Sommeil ! J’en suis sûre. Tous les soirs, elle lui ouvre la porte, elle lui donne des haricots à manger et elle va l’embrasser dans son lit ! Si, si ! Et pour vous prouver que je dis la vérité, je m’en vais vous dire la chanson qu’elle lui chante tous les soirs.
Te voilà donc, sommeil ? Bonsoir !
Voici l’escabeau pour t’asseoir,
Voici des haricots bien tendres
Et voici le lit pour t’étendre.
Quand j’aurai fini de tisser,
J’arriverai pour t’embrasser. »
La mère du roi crut ses paroles. Et elle ne fut pas du tout choquée d’apprendre que, soi-disant, son fils le roi Sommeil, après lui avoir souhaité la bonne nuit, n’allait pas dormir dans sa chambre, mais se rendait chez une jeune fille du