Contes de l'Arc-en-ciel

Tom Mestr, Pathilia Aprahamian, Nicolas Le Tutour

Description

Chrysanthème doit faire face au Néant qui a déjà ravagé une grande partie des royaumes de l'île aux Deux Comtés. Vers qui peut-elle se tourner pour résister ? De nouvelles créatures ? À moins que l'imagination des enfants de notre monde soit une solution ? Mais il lui faudra faire vite car l'existence de toute chose est menacée...

Sujets

• Contes
• Roman

Informations

• Publié par: editions-kelach
• Date de parution: 31 août 2020
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782490647224
• Langue: Français

Extrait

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ISBN 978-2-490647-22-4
Editions Kelach
Collection Le Bosquet Féérique
 
Série des Contes des 2 comtés
Seconde édition
Août 2019
 
 
Le vieux mage
Les contes de l’arc-en-ciel
Propos recueillis par
Pathilia Aprahamian
Dans l’univers créé par
Mestr Tom
Illustrations :   Niko
Couverture : Chabarb
 
 
Chrysanthème
et le temple de Lumière
La reine du comté du jour était inconsolable. Le chagrin, dû à la perte fatale de ses parents, l’avait envahie. Ainsi le Néant avait gagné du terrain, grignotant peu à peu des centimètres du comté du jour. Il fallait sauver la reine et le royaume entier.
Pour réconforter sa malheureuse reine du comté du jour, Chrysanthème, Ombre eût l’idée de lui offrir un petit animal de compagnie : un tout petit hibou de la forêt des trolls. Ce petit hibou était magnifique. Ses yeux étaient bien ronds et de couleur bleue. Son plumage était d’un blanc éclatant. Sa tête était décorée de nombreuses petites plumes qui dévoilaient les couleurs de l’arc-en-ciel. Ombre était persuadé que cela allait remonter le moral de sa reine. En effet, Chrysanthème fut émerveillée en recevant ce présent : ce petit animal qu’elle pouvait découvrir, soigner et cajoler. Elle le nomma Bibou le hibou. Il la suivait partout. Il était si petit et si mignon, qu’il pouvait se poser sur son épaule ou au creux de sa main lorsque Chrysanthème se déplaçait dans les allées du château des fins heureuses. Chrysanthème n’en finissait pas de remercier Ombre, son fidèle ami qui la connaissait bien.
Les jours passaient. La vie reprit son cours dans le château royal. Cependant, un jour lorsque Bibou survola le château, il vit au loin le Néant avancer. En effet, ce dernier avait profité de la négligence des créatures et de la reine du comté du jour, pour cheminer le long du chemin de briques jaunes. L’oiseau fut paniqué en voyant cela avec ses gros yeux ronds de hibou. Il décida d’arrêter sa promenade à travers le ciel, sous la douce chaleur du soleil. Il accéléra sa vitesse en quelques coups d’aile pour rejoindre Chrysanthème et Ombre.
— Ma reine, ma reine ! J’étais tranquillement en train de voler, de planer et de jouer avec le vent, quand au loin j’ai vu les mains aux longs doigts noirs et squelettiques du Néant qui rampaient doucement le long du chemin de briques jaunes. Il faut que cela s’arrête. Comment peut-on intervenir ? dit-il tout déboussolé.
Chrysanthème, qui était en train de boire un petit thé bleu avec Ombre, se mit la tête dans les bras et marmonna.
— Non, mais c’est impossible, ça n’en finira jamais… Pourquoi dois-je subir tous ces malheurs ? Je suis la reine du comté du jour. J’habite dans le château des fins heureuses. Néanmoins, il ne m’arrive que des malheurs...
À ces mots, Bibou vint se blottir contre un bras de Chrysanthème.
— Sauf ta venue mon Bibou, poursuit-elle en lui caressant les jolies petites plumes multicolores. Il n’y a plus d’espoir. Je n’en peux plus. Je suis à deux doigts de tout laisser tomber : ma vie, mon trône, le château, le royaume… dit-elle d’un ton très désespéré.
— Non ! Chut ! Tais-toi ! Arrête ça tout de suite, dit Ombre en venant poser sa main sur la tête de Chrysanthème. Arrête, ça ne va pas de dire des choses comme ça ! Le Néant va gagner du terrain maintenant, c’est sûr… Tu ne peux pas dire ça. On est là nous. Nous sommes là avec toi, pour toi, pour t’accompagner et surtout pour tous les petits enfants qui lisent des histoires extraordinaires. Tu dois honorer la mémoire de ton père, le roi conteur, dit-il en prenant Chrysanthème dans ses bras pour finir de la réconforter et de la motiver.
À ce moment-là, en regardant autour de lui et vers le ciel, il eut une idée ; qu’il garda secrète pour en faire une surprise à Chrysanthème. Il décida de faire construire un nouvel édifice près du château des fins heureuses : un temple de la Lumière. Il pensait que cela chasserait à jamais l’obscurité et la noirceur, qui gagnaient dans un même temps le cœur de Chrysanthème et les différentes parties du royaume. Elle pourra s’y recueillir ou s’y reposer tranquillement, seule ou avec ses amis, sans apercevoir le Néant au loin. Même si ce dernier avait reculé à l’arrivée du petit animal, il avait regagné le pont des Trolls depuis.
Donc, en toute discrétion, Ombre fit appel à plusieurs créatures volontaires, des petites et des grandes, afin de réunir leurs forces et leurs compétences et d’élever tous ensemble ce monument. Tel un chef de projet de cette magnifique construction, il décida de l’édifier près de la forêt des champignons. Il dessina des schémas avec l’aide de Bibou. Ils imaginèrent un temple à l’architecture antique, rond avec un toit en dôme, de grandes colonnes, des arabesques et des motifs très significatifs du comté du jour : des soleils tournoyants, des fruits, des feuillages et ornés des fleurs d’or en l’honneur de la reine. Ils se mirent rapidement au travail, sans trêve, se partageant les tâches de la construction : récupérer des pierres, les tailler et monter les murs. Les travaux se déroulaient dans la bonne entente et la joie. Ombre savait motiver ses troupes. Ils chantonnaient en chœur et s’en donnaient à cœur joie, des mélodies connues dans tout le comté du jour, tout en y ajoutant de nouveaux vers :
« Pour notre reine,
Chrysanthème,
Ce Temple de Lumière !
Que le jour écrase la nuit,
Que le Néant soit ébloui !
Le Roi conteur
A fait notre bonheur ! »
Les repas étaient conviviaux. Pour manger, ils avaient l’habitude de s’installer tous ensemble à table autour de festins. Mais hélas, devant les ouvriers, des mains sombres et inconnues détruisaient le monument pierre par pierre. De sorte que, malgré les efforts désespérés de ces bâtisseurs, les murs ne s’élevaient jamais plus haut que la surface de la Terre. Ils s’épuisaient face à leurs travaux acharnés et interminables. Comment empêcher ces forces obscures de poursuivre leur œuvre dévastatrice ? Le Néant envahissait le temple pour nuire aux créatures, à leur reine et à la Lumière. Il y avait de quoi se décourager même pour les plus optimistes. Ils ne savaient plus quoi faire pour arrêter cela. ...