J arrête quand je veux !
87 pages
Français

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J'arrête quand je veux ! , livre ebook

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Description

Une fiction qui retrace l'addiction d'une adolescent aux jeux vidéo, et de l'isolement social que celle-ci a pour conséquence.

Théo est un jeune garçon passionné par les jeux vidéo. Lors de l’anniversaire de son ami Mathieu, il découvre le jeu dernier cri « Land of the living dead ».
S’il n’y avait pas l’école, il y jouerait tout le temps. Peu à peu, Théo s’enferme dans un monde virtuel. Plus rien d’autre n’a d’importance, ni ses amis, ni l’école, ni la jolie Yaëlle!
Théo parviendra-t-il à quitter le jeu pour revenir dans notre monde? 

Réalisé à la demande de l’association Infor-Drogues, J’arrête quand je veux ! est une histoire entièrement fictive.  Cependant, l’auteur a rencontré des élèves de 5e et 6e primaire qui lui ont raconté leurs addictions.

EXTRAIT 

Vague de chaleur

Il fait si chaud, depuis le matin, qu’on a été obligé d’ouvrir les fenêtres de la classe, pour qu’un peu de vent tiède vienne rafraîchir l’air surchauffé. Mais le résultat n’est pas celui qu’on espérait : à la chaleur de la classe, il faut à présent ajouter le brouhaha de la cour, où un prof de gym en nage tente d’apprendre à ses élèves les rudiments du base-ball.
– Théo, ça t’intéresse, ce que je dis ? Madame Lommen est une chouette prof de français. Elle porte des lunettes et des jupes à fleurs, elle a un petit rire aigu et rougit à chaque fois qu’on lui demande si elle a un fiancé. Théo n’aime pas du tout qu’elle lui fasse une remarque.
– J’écoute, Madame.
– Alors, regarde vers le tableau. Le cours, c’est de ce côté-ci, pas par la fenêtre
.– Il fait chaud, Madame, explique Angélique. Elle est assise dans le fond de la classe, deux rangées plus loin que Théo. Elle tend la main entre la vitre et elle, pour se protéger des rayons du soleil.
– Il n’y a pas une loi qui dit qu’on ne peut pas donner cours quand il fait si chaud, Madame ? demande un grand garçon à cheveux bruns, assis près de la porte.
– Mathieu, il y a surtout une loi qui s’appelle l’obligation scolaire. Jusqu’à nouvel ordre, vous avez le devoir de travailler en classe, même quand il fait chaud.

À PROPOS DE L'AUTEUR 

Nicolas Ancion est licencié en philologie romanes. Il a publié son premier récit, Ciel bleu trop bleu, à 24 ans. De nombreux autres romans ont suivi, pour les adultes comme pour la jeunesse. Il a notamment reçu le Prix des Lycéens en 2001 et le Prix Rossel en 2009 pour L’Homme qui valait 35 milliards.

Informations

Publié par
Date de parution 20 novembre 2014
Nombre de lectures 1
EAN13 9782390090168
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0040€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

1
Vague de chaleur
Il fait si chaud, depuis le matin, qu’on a été obligé d’ouvrir les fenêtres de la classe, pour qu’un peu de vent tiède vienne rafraîchir l’air surchauffé. Mais le résultat n’est pas celui qu’on espérait : à la chaleur de la classe, il faut à présent ajouter le brouhaha de la cour, où un prof de gym en nage tente d’apprendre à ses élèves les rudiments du base-ball.
– Théo, ça t’intéresse, ce que je dis ?
Madame Lommen est une chouette prof de français. Elle porte des lunettes et des jupes à fleurs, elle a un petit rire aigu et rougit à chaque fois qu’on lui demande si elle a un fiancé. Théo n’aime pas du tout qu’elle lui fasse une remarque.
– J’écoute, Madame.
– Alors, regarde vers le tableau. Le cours, c’est de ce côté-ci, pas par la fenêtre.
– Il fait chaud, Madame, explique Angélique.
Elle est assise dans le fond de la classe, deux rangées plus loin que Théo. Elle tend la main entre la vitre et elle, pour se protéger des rayons du soleil.
– Il n’y a pas une loi qui dit qu’on ne peut pas donner cours quand il fait si chaud, Madame ? demande un grand garçon à cheveux bruns, assis près de la porte.
– Mathieu, il y a surtout une loi qui s’appelle l’obligation scolaire. Jusqu’à nouvel ordre, vous avez le devoir de travailler en classe, même quand il fait chaud.
La tentative a échoué. Repli stratégique, on replonge le nez dans son cahier.
Mathieu, c’est le meilleur copain de Théo. On l’a assis de l’autre côté de la classe pour qu’ils arrêtent de papoter tous deux à longueur de journée. Comme son père est avocat, Mathieu passe son temps à chercher des arguments dans les règlements pour que les cours soient suspendus. Ça ne marche jamais, mais ça ne l’empêche pas d’essayer.
Madame Lommen s’assied sur son bureau, en appui sur une seule jambe, et croise les bras d’un air sévère. Elle attend que le silence revienne dans la classe. Elle ne se rend pas compte qu’en prenant place sur le bureau, elle a repoussé son classeur, qui a lui-même déplacé sa pile de livres, qui a fait avancer son sac jusqu’au bord de la table.
Avec un bruit assourdissant, le sac s’écrase sur le sol.
La classe pouffe de rire et Madame Lommen doit se pencher pour ramasser ses cahiers.
– Bon, d’accord, vous avez gagné, ce n’est pas vraiment l’après-midi idéale pour le contrôle sur l’analyse des contes de fées. Je pense que nous allons tout de suite attaquer notre prochain projet…
Un lourd silence traverse la pièce, il vole bas, en zig zag entre les bancs, comme un bourdon en fin de journée. Madame Lommen s’approche du tableau et, à l’aide d’un feutre sec bleu vif et de sa jolie écriture bien régulière, trace deux mots.
L’exposé .
C’est déjà fini. Elle souligne trois fois et rejoint son bureau.
Quand ce qu’elle écrit est important, elle souligne toujours trois fois.
– Dans deux semaines, explique-t-elle, nous commencerons les exposés. Chacun viendra ici, au tableau, à ma place, et moi j’irai m’asseoir comme vous, sur un banc. Vous aurez dix minutes pour parler d’un sujet qui vous tient à cœur.
Le bourdon du silence laisse place à un murmure qui saute d’un banc à l’autre. Les cerveaux fonctionnent à toute vitesse, chacune et chacun cherche le thème qui lui plaît le plus, l’idée qui donne envie de travailler et de soigner son intervention…
– Un instant. Un instant, s’il vous plaît.
Madame Lommen parvient à rétablir le calme.
– Vous êtes libres de choisir le sujet qui vous plaît, mais je vous demande tout de même d’éviter quelques thèmes que je ne trouve pas très intéressants. En voici la liste : pas de chanteurs, pas d’acteurs, pas de séries ou d’émissions télévisées. Est-ce que c’est clair ?
L’enthousiasme est tout d’un coup beaucoup moins vibrant. Le brouhaha laisse place à un joli silence. Le bourdon retraverse sans doute la salle de classe dans l’autre sens, histoire de rejoindre la fenêtre et de se jeter dans le vide.
– Je peux parler de mon chien, Madame ? demande Angélique.
– Est-ce que ton chien est acteur ou chanteur ? Est-ce qu’il passe à la télé ?
Angélique rougit un peu, quelques têtes se tournent vers elle avec des sourires bêtes. Elle hausse les épaules.
– Mais il faut pouvoir parler dix minutes. C’est long pour parler d’un chien… Si vous voulez, nous allons réfléchir ensemble à la meilleure façon de préparer un exposé.
Pour Théo, le reste du cours file comme un train à grande vitesse. Il a déjà trouvé son sujet, bien entendu. Il a hâte d’être à la récré pour en parler à Són et Mathieu.
2
Judo, tribunal et petit secret
– Moi, je sais, je vais faire mon exposé sur le judo, explique Són, dans la cour de l’école.
Mathieu, Théo et Són sont assis contre la porte de secours de la salle de sport. C’est là qu’ils se retrouvent à chaque fois. Són est le plus petit des trois, il a les cheveux noirs, un grand visage rond et des yeux en amande, pétillants de malice. Il a un prénom vietnamien, qui ne se prononce pas du tout comme il s’écrit. Il faut dire « chonne » mais, il a beau le répéter depuis le début de l’année, la moitié des profs continuent à prononcer son prénom comme un déterminant possessif, sans se soucier de ses réclamations.
Mathieu et Théo ne sont pas le moins du monde étonnés par le sujet que leur ami a choisi. Són a sa ceinture marron depuis plusieurs mois, il parle tout le temps des combats qu’il a gagnés, de ceux qu’il va gagner bientôt et des techniques pour se défendre quand on est attaqué avec un couteau.
– Et si on t’attaque avec un mixer ? demande parfois Mathieu.
– Ou avec un épluche-patates ? propose Théo.
– Oh, c’est la même chose, répond Són, qui reprend son explication sans se laisser démonter.
Mathieu a annoncé dès le début de la récré qu’il va parler du tribunal. Grâce à son père, il en connaît tous les recoins. Puis il peut poser toutes les questions qu’il veut…
Théo n’a encore rien dit, mais il affiche un large sourire.
– Et toi ? lui demande Mathieu.
À ce moment, Sergio, l’éducateur, passe près des trois garçons.
– Alors, les gars, c’est la forme, ce matin ?
– Ouais, ouais, répondent-ils en chœur, prenant soudain un air blasé. Dès que l’éducateur est parti, Mathieu revient à la charge.
– Alors, Théo, tu nous dis ? C’est à ton tour.
– Moi, c’est un secret. Je ne dis rien…
Són et Mathieu ne trouvent pas ça drôle du tout. Ils sont presque fâchés.
– Eh, ce n’est pas juste, nous, on t’a tout dit tout de suite… Tu dois nous le dire.
– Non, un secret, ça ne se dit pas comme ça.
– Tu dois nous le dire, Théo, on est tes meilleurs amis !
– Non, si je vous le dis, vous allez me piquer l’idée…
Les deux garçons se regardent, l’air interloqué.
– T’es fou, ou quoi ? J’ai trop envie de parler du judo, moi…
– Et moi, mon sujet, je le connais par cœur, ajoute Mathieu. Allez, dis-le-nous… Tu vois bien qu’on ne va pas te la voler, ton idée.
Théo réfléchit un instant, puis reprend son air malicieux.
– Je vous le dirai ce soir, chez toi, Mathieu, pour ton anniversaire.
– Qu’est-ce que tu peux être embêtant ! Ce n’est pas drôle. Mais ce soir, tu ne pourras pas te débiner.
– Je ne me débinerai pas, conclut Théo, sans perdre son sourire, bien au contraire.
3
Attention au mégaphone
La maison de Mathieu, ce n’est pas vraiment une maison, c’est plutôt un hôtel. Et ce n’est pas lui qui le dit, c’est sa mère. Parfois, il y a deux enfants qui logent ; certains soirs, il y en a cinq, plus les copains et les copines, qui s’entassent sur des matelas pneumatiques, serrés dans les lits superposés. La maison n’est pas grande pourtant, mais presque toutes les pièces ont été réquisitionnées comme chambres et le garage transformé en salle de jeu.
Mathieu, lui, est installé sous le toit en pente, dans une chambre immense avec une seule fenêtre qui donne sur un panorama de petits terrains identiques, où dorment d

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