Maître Kram
173 pages
Français

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Maître Kram , livre ebook

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Description



Depuis la création du monde par le dieu dragon Croc-en-Fer, les Dragons dominent les Hommes, prélèvent des taxes et enlèvent leurs jeunes filles.



Heureusement, la Princesse Promise a réussi à dérober le feu aux monstres ailés. Grâce à elle, l’existence des humains est devenue moins pénible. Mais cet acte d’héroïsme s’est avéré insuffisant pour que la roue tourne et que les humains dominent enfin le monde...



(...)


Angélica Brise, bonne à tout faire dans la cuisine d'une auberge, décide de suivre l’exemple de la Princesse Promise et de gagner les Terres de Fumée pour affronter les Dragons et changer le destin des Hommes. La jeune fille vit avec horreur un monstre gigantesque se dresser devant elle. Elle eut à peine le temps de noter ses yeux de braise plus larges que sa tête à elle, son corps trapu cuirassé par des écailles grises, ses naseaux fumants qui frémissaient en humant l’air...


La dernière chose qu’ elle aper çut furent les dents luisantes de la bête lorsqu’elle ouvrit sa gueule un peu aplatie, pareille à celle d’un bouledogue...



L’instant d’après, la rouquine se retrouva plongée dans des ténèbres insondables, emprisonnée par des ailes squameuses. Terrifiée, au bord de l’évanouissement, Angélica sentit qu’ on l ’enlevait dans les airs. Elle n’eut pas même la force de crier.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 novembre 2020
Nombre de lectures 2
EAN13 9782490647385
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5 (2° et 3° a), d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Orobolan collector
 
 
ISBN 978-2-490647-38-5
 
 
 
Editions Kelach
Collection Bosquet Féerique
Directrice de collection : Bé reng ère Bouffaut

Octobre 2020

 
A ngé lica
B rise
C ontre les
D ragons
 
 
 
Premier Dit : Maître Kram
 
 
Autrice : Minuit
 
 
 
Lettrines et couverture : Nathalie Le Reste
 
Correctrice : Bérengère Bouffaut
À Csali,
qui a dormi sur mes pieds
pendant que s’écrivait l’histoire d’Angé lica
Minuit
 
 
 
Pour Mamie Hélène et sa Cane à la bourse d’argent
qui m’ont ouvert les portes du merveilleux
Nathalie Le Reste

Homme, F emme, Enfant,
 
Cette histoire recèle quelques mots d’Ancien Franç ais.
 
Puise dans ta mémoire pour retrouver en toi leur signification : tu verras que tu devineras sans peine ce qu’ils veulent dire.
 
Néanmoins, ils te sont signalés par un astérisque : si certains termes demeurent obscurs, tu trouveras un lexique à la fin de cet ouvrage pour éclairer ta lanterne.
La petite fille est une guerrière
Elle joue à ce qu’il ne faut pas faire…
 
( Le Péril Jaune , « Kao Bang »,
Indochine, Nicola Sirkis, 1983)


 
 
 

 
 
 
— ANGÉLICAAAAAA  !
Le cri se répercuta dans tout le quartier. L’écho rebondit contre les battants en bois des portes ouvertes en ce beau matin de Printemps, contre les murs en pierre des maisons, contre les roues des charrettes qui passaient dans la rue au pas nonchalant des chevaux.
Une petite femme boulotte, coiffée d’une charlotte de laquelle s’échappaient des tortillons blonds, la taille ceinte d’un tablier enfariné et taché de graisse, surgit de la porte de cuisine d’une auberge. À voir son teint rougeâtre et ses yeux luisants, on devinait immédiatement qu’ elle était furieuse. Aussi, prudents, les passants s’ arrang èrent tous pour marcher de l’autre côté de la rue, le plus loin possible de la cuisinière qui brandissait dangereusement une cuillère en bois.
— ANGÉLICAAAAAA ! hurla-t-elle de nouveau.
Tellement fort que les pavés de la rue semblèrent trembler sous sa voix, qu’un cheval attelé se cabra de surprise et renversa tout le contenu de sa carriole. Son conducteur, un marchand de légumes, pesta et se dépêcha de ramasser son bien avant que les garnements des environs ne lui volent ses courges, ses choux ou ses poireaux.
— ANGÉLICAAAA  ! vociféra une troisième fois la femme qui s’était avancée jusqu’au coin de la rue, devant l’échoppe du talemelier* reconnaissable à son enseigne en forme de miche de pain.
La moutarde lui était montée au nez et elle était à présent si empourpré e qu ’on aurait pu croire qu’elle allait s’écrouler au sol, terrassée, à bout de souffle.
Mais non : elle avait encore bien assez d’haleine pour continuer à pester et à beugler …
— Par les flammes de Croc-en-Fer ! grogna-t-elle, hors d’elle, en faisant de grands moulinets avec sa cuillère au risque d’ assommer un badaud. O ù c’est-ty donc qu’elle est passée c’te gamine-là  ! Pas possible d’êt’ fainéante comme ça ! Toujours à courir les rues alors qu’è d’vrait être au boulot  !
Elle hé sita à appeler encore une fois. Frémissants, les promeneurs se pr éparaient déjà à se boucher les oreilles de leurs mains, de peur de devenir sourds à cause de tous ces cris. Cependant, la bonne femme sembla se résigner. Elle poussa un long et lourd soupir. Regarda à droite, à gauche. Finalement, ne voyant pas arriver l’enfant qu’elle attendait, elle partit à sa recherche d’une dé marche agac é e.
 
Sous le dense feuillage d’un chêne millénaire, une vingtaine de jeunes gens suivaient les leçons d’une dame entre deux âges, les cheveux grisonnants et le visage doux. Elle enseignait l’Histoire à ses élèves qui l’écoutaient, qui-discipliné, qui-ennuyé, qui-attentif.
— Yuna ? demanda-t-elle à une demoiselle en robe blanche assise en tailleur à côté d’elle. Voudrais-tu bien ré citer ta le çon ? Commence à nous raconter la Cr éation du Monde .
La jeune fille se mordilla les lèvres, en qu ête des mots exacts, un peu inquiète de cette interrogation surprise. Enfin, la mémoire lui revint. Elle s’éclaircit la gorge, inspira un grand coup et se mit à réciter.
— Au tout début , commença-t-elle, il n’y avait rien. Le monde n’était que ténè bres. T énèbres et froid. Puis apparut une petite pierre. Ovale et blanche, nimbée de lumière. Le temps passa. La pierre grossit. Encore et encore. Elle grandit tant et tant qu’un jour… elle explosa ! Alors…
Yuna s’ interrompit. B égaya un peu : elle ne se souvenait plus des termes exacts ni de leur ordre.
— Alors, sortit du cœur de la pierre … lui souffla l’enseignante.
— Alors , répéta la jeune fille, sortit du cœur de la pierre un dragon. Car ce n’était pas un caillou vulgaire  : c ’était un œuf. Lorsque l’œuf explosa, les débris de la coquille s’é parpill èrent dans les ténè bres o ù ils se fixèrent. Depuis lors, ils restèrent en suspension dans les airs. C’est pourquoi, lorsque la nuit tombe, on voit s’allumer des étoiles dans le noir…
— Bien, l’interrompit la femme. Continue Bérenger, s’ il te pla ît.
— Le dragon, sorti de son œ uf, s ’ébroua et regarda autour de lui, poursuivit un garçon un peu joufflu . Mais il n’y avait rien à voir car l’Univers venait de naître et n’était pas aussi luxuriant qu’aujourd’hui. Alors, le dragon s’interrogea : « À quoi bon être né si rien n ’est là pour m’accueillir  ? À quoi bon avoir des yeux s’il n’y a rien à voir  ?  ». Sur ce, il enfonç a sa griffe …
— Il enfonça l’une de ses griffes … le corrigea l’institutrice.
— … l’une de ses griffes dans son œil gauche et l’arracha de son orbite. Il ne ressentit aucune douleur, car il était Créateur, et le Créateur-de-toutes-choses ne connaît pas la souffrance.
— Cela ira, merci. À toi de poursuivre Margarette.
L’adolescente, qui n’avait pas écouté ses camarades, rougit, ennuyée. Elle ne savait absolument pas où reprendre la récitation.
— Le dragon souffla sur son œil … l’aida la femme qui n’était pas d’un naturel sévè re.
— Le dragon souffla sur son œil qui se couvrit mainemain* de terres et d’océans. En un instant, il devint planète …
Il y eut un bruissement dans le feuillage du chêne millénaire et cette agitation suffit à distraire Margarette. Mais comme sa professeure lui soufflait déjà les mots suivants, elle se recentra sur la leçon.
— Pour que les plantes et les roches ne mourussent pas, le Créateur-de-toutes-choses déchira un morceau de l’une de ses immenses ailes et en enveloppa la planète. Alors, celle-ci se trouva pourvue d’une atmosphère. Cependant, regardant de son œil droit l’Univers, le dragon remarqua avec dépit que mis à part ce petit atome de terre, l’Univers était toujours aussi vide. Alors, il plongea l’une de ses griffes dans son œil droit et l’arracha de son orbite. Il ne ressentit aucune douleur, car il était Créateur, et le Créateur-de-toutes-choses ne connaît pas la souffrance. D’ailleurs, malgré la perte de ses deux yeux, il voyait toujours ce qui l’entourait car le Créateur-de-toutes-choses ne voit pas seulement avec ses yeux : il voit surtout avec son cœur…
Un nouveau bruit à la cime de l’arbre dé concentra l ’élève qui leva les yeux pour chercher un éventuel oiseau dans les branches. La femme préféra donner la parole à un autre jeune homme pour ne pas perdre trop de temps à tenter de capter l’attention de Margarette, visiblement rêveuse ce jour-là.
— Alors, le dragon souffla sur son œil droit. Il ne se couvrit ni de mers ni de forêts comme l’œil gauche, mais il se racornit et se creusa de cratères. En un instant, il devint Lune. Cependant, l’Univers était toujours affreusement vide et le Créateur-de-toutes-choses se sentait seul. Alors, il arracha l’un de ses crocs et c’est parce que ce croc était en fer qu’on appelle ce premier dragon Croc-en-Fer. Dans la paume de son immense patte, Croc-en-Fer réduisit sa dent en poudre. Puis, il en saupoudra la planète. Lorsque les poussières de dent touchèrent terre, il en naissa… naissit …
— Il en naquit … fit la professeure avec douceur.
— Merci  ! Il en naquit des créatures à son image, quoique bien plus petites. C’est ainsi que furent créés les Dragons de notre monde …
— Bien. Au tour de Pietr.
On entendit un petit remue-ménage dans l’arbre et tous les élèves levèrent la tête. Une ramille brisée tomba au centre de leur cercle.
— Concentrez-vous je vous prie ! les rabroua la maîtresse. Ce n’est qu’un sinistre corbeau qui a bâti son nid là… Si son t oroul boroul* vous distrait, je demanderai à Maî tre Kassim de le chasser … Vas-y Pietr, nous attendons.
— Alors, heu… Ah oui ! Voilà  ! Cependant, Croc-en-Fer ne s’arrêta pas là. Il estimait que, comme lui, les Dragons allaient s’ennuyer, seuls, sur leur planète. Alors, il déchaussa une autre de ses dents, une dent en ivoire cette fois, la broya dans sa paume et déversa les morceaux sur la planète. Lorsque les poussières de dent touchèrent terre, il en naquit des créatures très petites, sans ailes ni écailles, sans canines tranchantes ni griffes coupantes… Des créatures bien différentes du Créateur-de-toutes-choses… C’est ainsi que furent créés les Hommes de notre monde.
Une à une, le Premier Dragon arracha toutes ses autres

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