L origine des mondes
141 pages
Français

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L'origine des mondes , livre ebook

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Description

Suivez les aventures de la jeune Eloïse à la poursuite d’un destin hors du commun...​​

Que feriez-vous si l'on vous révélait le plus grand secret de l'univers ?
Lorsque cet homme au regard étrange la poursuit, Eloise, elle, n'a pas d'autre choix que d'y croire. 
Entrainée dans un voyage mystérieux, elle tente alors de découvrir une vérité cachée depuis des millions d'années. 
Et si tout ce qu’elle a pu vivre jusqu’ici n’était qu’un prélude à sa destinée exceptionnelle ?

Un roman fantastique pour adolescents et jeunes adultes, mêlant avec habilité suspens, action et amour passionnel.

EXTRAIT

Trente-neuf jours ! Trente-neuf jours exactement, que cette satanée pluie s’abattait sur Paris. Trente-neuf jours d’un ciel gris et morose, d’orages caniculaires, de peau moite et de buissons qui suintent l’urine de chat. Les Parisiens, et leur patience légendaire, pestaient à longueur de journée et la moindre conversation sur la météo pouvait finir en bagarre. Il y avait les fatalistes, les fanatiques et les complotistes, chacun avait son mot à dire. Même le buraliste du quartier y allait de sa petite phrase. « À mon époque, il faisait froid en février » m’avait-il balancé ce matin-là la mine déconfite.
Mais quels signaux avais-je bien pu lui envoyer, pour qu’il crût bon s’adresser à moi ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

France Missud est une auteure française.

Animée par une insatiable curiosité, les nombreux voyages qu’elle a entrepris depuis ses plus jeunes années et ses nombreuses expériences professionnelles ont contribué à forger sa créativité et son imaginaire.

L’Origine des Mondes (2016) est son premier roman.

Informations

Publié par
Date de parution 29 juillet 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9791023601855
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

France Missud
L’ORIGINE DES MONDES
Partie 1 : Marga



1
Je ne connaissais pas un endroit sur Terre, où l’on ne vendait pas de cigarettes.
Trente-neuf jours ! Trente-neuf jours exactement, que cette satanée pluie s’abattait sur Paris. Trente-neuf jours d’un ciel gris et morose, d’orages caniculaires, de peau moite et de buissons qui suintent l’urine de chat. Les Parisiens, et leur patience légendaire, pestaient à longueur de journée et la moindre conversation sur la météo pouvait finir en bagarre. Il y avait les fatalistes, les fanatiques et les complotistes, chacun avait son mot à dire. Même le buraliste du quartier y allait de sa petite phrase. « À mon époque, il faisait froid en février » m’avait-il balancé ce matin-là la mine déconfite.
Mais quels signaux avais-je bien pu lui envoyer, pour qu’il crût bon s’adresser à moi ?
– Encore ? Ça va te tuer toi aussi ! C’est ça que tu veux ?
Assis sous le toit de l’arrêt de bus bondé, Martin me fusillait du regard. Et je me demandai si tous les garçons de onze ans étaient aussi autoritaires avec leur sœur de huit ans leur aînée.
Huit ans quand même.
– La violence comme seule défense, je te félicite Éloïse, ironisa-t-il d’un air dégoûté, alors que je lui soufflais ma fumée au visage.
En tout cas, les garçons de onze ans n’étaient pas tous aussi arrogants que lui.
Je tirai une autre bouffée, sans prendre la peine de chercher une repartie, et ré-entrepris l’attente insupportable mais silencieuse, de ce bus qui était en retard, comme tous les mercredis. Seuls mes battements de pieds frénétiques contre l’asphalte fumant trahissaient mon impatience, pourtant sur le point d’arriver à son comble. Nous avions déjà parcouru trente minutes d’un train de banlieue vieillissant ‒ qui s’était attardé à chaque station ‒ serrés au milieu d’une foule dégoulinante de sueur ou de pluie. Et nous n’en étions qu’à la moitié du parcours ! Encore cinq minutes et j’explosais. Tant pis pour la bienséance.
Ah ! Enfin ! Il était là !
Je m’emparai de la main de Martin et escaladai la petite marche en lançant un regard assassin au chauffeur négligent. À cause de lui nous allions être en retard pour notre visite hebdomadaire à maman.
Mon frère, par la primeur de l’âge, se dégota une place assise et se plongea aussitôt dans un Science et Vie ; quant à moi, je me faufilai à travers les corps humides pour me réfugier contre une vitre rayée. Puis alors que le bus trottait vers l’hôpital, j’observai avec des yeux plissés, les automobilistes qui pianotaient sur leur volant, excédés par les embouteillages, ou encore les scooters frappant du pied les portières des voitures. Comme je les comprenais… D’un souffle en direction de mon front, je dégageai ma frange, collée par la moiteur ambiante. Cette journée allait être pourrie, j’en étais sûre.
Quoiqu’elle l’était déjà en fait.
– Mais c’est pas possible de pousser comme ça ! hurlai-je à une dame âgée, qui tentait de sortir à son arrêt.
Par tous les moyens.
Je ne comprendrai jamais pourquoi les vieux viennent nous emmerder aux heures de pointe, ils foutent rien de la journée, pensai-je.
J’étais à deux doigts de le dire tout fort d’ailleurs.
Le bus mit quinze minutes à rejoindre le centre de Paris, puis après autant de marche, nous arrivâmes enfin dans le hall de l’hôpital. Une infirmière aux cheveux décolorés et aux joues cramoisies nous accueillit avec un large sourire. M’efforçant de ne pas respirer par le nez, je fis légèrement plier le coin de ma bouche. C’était tout ce que je pouvais lui donner. Je détestais cette odeur. Il ne devait pourtant pas être si compliqué de diffuser un parfum plus agréable que celui des produits anesthésiants ? Ça puait la mort !
– Elle vous attend les enfants, nous informa la bimbo.
Le visage à peine relevé par l’oreiller, le regard pétillant, ma mère nous attendait avec impatience, comme tous les mercredis.
Et je mis de côté ma mauvaise humeur.
Elle plaça le respirateur artificiel dans le creux de son cou, dévoilant ainsi son beau sourire.
– Mes chéris… Qu’est-ce… que je suis… contente… de vous voir !
Martin sauta sur son lit pour la couvrir de baisers, je l’imitai sans retenue. Ça ne se voyait pas comme ça, avec son crâne chauve, ses trente-cinq kilos et sa peau toute grise, mais elle était forte notre maman.
« Je suis… lassée… de n’avoir… que cette pluie… comme occupation. Racontez-moi… votre semaine…. je veux… tout savoir ! »
Et la pièce s’anima. Les phrases fusèrent dans tous les sens, Martin et moi oubliâmes vite notre guéguerre habituelle, trop excités de passer un peu de temps avec cette mère qui nous manquait tant.
Mon frère l’informa de son dix-neuf en mathématiques et de son deux en dessin, il prit cet air fier qui nous dit « les génies n’ont pas besoin de s’embêter avec les matières secondaires ». Je lui détaillai les quelques bons commentaires de mes profs ou mes crises de fou rires avec Julia. J’omis mes deux renvois pour insolence, elle n’avait pas besoin de le savoir. Puis elle nous renifla, nous embrassa, essaya de nous serrer dans ses bras. Nous faisant même oublier qu’elle allait partir.
Mais d’un coup elle desserra son étreinte fragile et ses prunelles bleues se brouillèrent.
– Éloïse ! Comment… fais-tu… pour fumer… alors que ta mère… est… en train de mourir d’un cancer… des poumons ?
Martin lui fit comprendre, d’un hochement de tête, qu’il était rattaché à sa cause. Je le toisai une seconde avant de revenir sur ma mère.
– Mais tu n’as jamais fumé maman ! Et puis je te jure, je vais arrêter… bientôt.
– Promets-moi… de réduire au moins, me supplia-t-elle d’un air désespéré.
Je baissai alors les paupières, honteuse, pendant qu’elle reprenait une bouffée d’oxygène.
– Je te promets que je vais essayer.
Je savais que je lui faisais de la peine, mais c’était une des seules choses qui me donnaient un peu de réconfort.
– De toute façon… marmonna-t-elle pour elle-même, il n’y a pas… de cigarettes là-bas.
Je relevai d’un réflexe les yeux sur elle, pas certaine de ce que je venais d’entendre. Mais les siens étaient clos. Je déviai alors le menton vers mon frère qui haussa les épaules, tout aussi désorienté que moi.
– Quoi ? lâchai-je en rompant le long silence qui venait de s’installer.
Elle rouvrit les yeux, s’arrêta un instant sur moi, puis tourna la tête vers Martin.
– Quoi ? répéta-t-elle.
Je fronçai les sourcils.
– Tu viens de dire « il n’y a pas de cigarettes là-bas » maman. Là-bas où ?
Il n’était pas prévu de déménager, maman avait dit qu’on pourrait rester dans notre appartement tout le temps dont nous aurions besoin. Il était hors de question de déménager !
Et puis, je ne connaissais pas un endroit sur Terre, où l’on ne vendait pas de cigarettes…
– J’ai dit ça ? répondit-elle évasive en fixant toujours mon frère.
Martin et moi échangeâmes alors des regards perdus, pendant que notre mère se murait dans le silence, semblant réfléchir à sa prochaine phrase.
Puis elle plaça le masque devant ses lèvres, prit une inspiration et le reposa sur son cou.
– J’ai… une faim… de loup ! s’exclama-t-elle soudain.
Les yeux écarquillés je l’observai, perplexe. Qu’est-ce qui lui prenait ?
– Martin, reprit-elle en relevant son dossier d’un doigt posé sur la télécommande. Tu veux bien… aller me chercher une compote… à la cafétéria…, s’il te plaît ?
Et je le regardai obéir sans poser de questions.
Martin était doué d’une intelligence hors du commun. Déjà tout petit ses professeurs avaient remarqué sa particularité et avaient poussé ma mère à lui faire passer des tests. Mais contre l’avis du corps enseignant, elle avait toujours refusé de lui révéler les résultats. Et même si en grandissant, il avait remarqué ne pas être comme les autres, il n’avait jamais posé de questions.
Je savais qu’il avait vu clair dans la tentative de ma mère de le tenir éloigné de la conversation, mais il n’avait pas posé de questions, comme d’habitude.
Aussitôt la porte refermée, elle posa sa main libre sur mon bras. Elle me dévisageait l’air grave, semblant chercher quelque chose au fond de mes yeux. L’atmosphère était devenue pesante en un claquement de doigts.
Allions-nous devoir partir de l’appartement qui nous avait vu grandir ? Et pour quelle raison ?
– Écoute… Éloïse, commença-t-elle en redescendant son masque, tu sais… que je vais mourir, ce n’est… qu’une question… de jours.
J’inspirai profondément. Oui je le savais, mais je m’efforçais de ne pas y

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