La vérité sur Bérangère
85 pages
Français

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La vérité sur Bérangère , livre ebook

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85 pages
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Description

La fille cachée du roi des Belges ! Quand Bérangère s’est fait repérer par un élève de son ancienne école, elle s’est enfuie et a réussi à lui échapper. Mais les souvenirs sont revenus. Et la peur aussi. Les élèves de Noisy-le-Sec allaient-ils la traquer et exiger des explications sur sa soudaine disparition, sur cette voiture de luxe et ce chauffeur qui l’emmenait chaque matin à l’école ? Il faudrait leur avouer que le chauffeur était son cousin Douglas et qu’elle n’était pas la fille cachée du roi des Belges, comme ils l’imaginaient.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 mai 2019
Nombre de lectures 19
EAN13 9782211303750
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le livre
La fille cachée du roi des Belges ! La fille cachée du roi des Belges ! Quand Bérangère s’est fait repérer par un élève de sonancienne école, elle s’est enfuie et a réussi à lui échapper.
Mais les souvenirs sont revenus. Et la peur aussi. Lesélèves de Noisy-le-Sec allaient-ils la traquer et exiger desexplications sur sa soudaine disparition, sur cette voiturede luxe et ce chauffeur qui l’emmenait chaque matin àl’école ? Il faudrait leur avouer qu’elle n’était pas la fillecachée du roi des Belges comme ils l’imaginaient.
Elle était simplement une fille qui avait vu ses troismeilleures amies, Lou, Mei et Rosie, disparaître sous sesyeux. Et cela avait suffi à la rendre particulière…
L’autrice
Ses lecteurs voulaient en savoir plus sur la disparitionmystérieuse de la fille cachée du roi des Belges. Plutôtque de leur livrer une suite, Brigitte Smadja a préféré leuroffrir une véritable enquête sur Bérangère, cette fille siparticulière.
 


 
 

l’école des loisirs
11, rue de Sèvres, Paris 6 e
 

À tous les enfants et les adultes qui m’ont demandéaprès avoir lu La fille cachée du roi des Belges  :« Mais c’est qui, en fait, Bérangère ? »
 

Et une dédicace spéciale à tous les enfantset les adultes du royaume de Belgique.
Prologue   CHARENTON-LE-PONT VACANCES D’HIVER
1
Il pleut presque tous les jours et il pleut encore derrière la fenêtre de Bérangère Henry. Dans l’aquariumposé sur un coin du bureau de Bérangère, le poisson rouge offert par Douglas pour son anniversairetourne sans fin et ne semble pas du tout mécontent,contrairement à elle, de n’avoir rien d’autre à faire.
Sur un des murs de sa nouvelle chambre, elle apunaisé la reproduction d’une tableau du DouanierRousseau et la carte postale d’une œuvre de Matisseoù l’on voit deux poissons rouges dans un aquarium,devant une fenêtre. « Comment tu vas l’appeler, cepoisson ? » lui avait demandé son père. « Matisse »,avait répondu Bérangère en lui montrant la cartepostale, et son père qui est électricien et amateur depeinture avait rigolé.
Bérangère n’arrive toujours pas à se sentir biendans cette chambre. Il faut dire que, depuis quelquesmois, elle en a connu plusieurs. Du coup, elle ne se décide pas à l’habiter vraiment. Dans un coin s’entassent des cartons restés fermés depuis cinq mois,et sur deux étagères censées contenir ses livres sontalignés des pots de yaourt transparents dans lesquelsBérangère s’obstine à faire pousser toutes sortes dechoses : lentilles, haricots, patates douces et noyauxd’avocat. À la fin, elle n’aimait pas non plus sachambre à Sartrouville où elle a vécu presque toutesa vie et qu’elle a quittée sans le moindre regret. Sachambre préférée, c’est celle de Dieppe, mais aussi– Bérangère est bien obligée de le reconnaître – cellede Noisy-le-Sec, où elle n’est restée que quelquesjours pourtant.
Chaque fois qu’elle pense à Noisy-le-Sec, Bérangère ressent un léger malaise. Chaque fois, elle essaiede repousser les souvenirs dans un coin reculé deson cerveau dans l’espoir qu’un jour ils seront sibien enfermés qu’ils n’auront plus aucune chance deresurgir.
Derrière les vitres embuées, le paysage est flou,essentiellement des taches de gris. Un instant, ellesonge à ouvrir sa boîte de gouaches mais elle yrenonce, préférant ouvrir la fenêtre, respirer à pleinspoumons, exposer son visage à la pluie. Ce n’est pasla pluie qui gêne Bérangère, mais l’absence de vent,de nuages, de lumière. Elle en veut beaucoup à samère d’avoir annulé leurs vacances à Dieppe et à sonpère de s’être rangé à son avis alors qu’ils savent trèsbien tous les deux qu’elle n’est jamais aussi heureuseque là-bas, à n’importe quelle saison, à n’importequelle heure et en toutes circonstances. Ses parentsn’ont pas pu faire autrement, ils le lui ont expliqué :sa mère profite des vacances scolaires pour préparerun concours qui l’oblige à s’enfermer tous les joursdans une bibliothèque ; son père a été appelé enurgence sur un chantier ; Bérangère est grande maintenant, onze ans, bientôt elle entrera au collège, ellepeut comprendre. Ça tombe bien finalement queDouglas soit de passage à Paris, parce que c’est lesvacances d’hiver et qu’il peut garder un œil sur ellependant que ses parents travaillent.

C’est ce qu’ils croient, en tout cas, se dit Bérangère en fermant brusquement la fenêtre, ce qui provoque l’affolement immédiat de Matisse. Les poissonssont muets, mais ils ne sont pas sourds.
Sur son bureau, trois carrés de chocolat bienenveloppés dans leur papier doré sont disposés dansune petite coupelle. Bérangère hésite à en prendreun, mais elle n’y touchera pas. C’est une promessequ’elle s’est faite.
 
Au bout du couloir, dans la pièce qui sera unjour un bureau-atelier pour ses parents, mais quipour l’instant sert de débarras, Douglas, comme souvent à cette heure-ci, dort. Les parents de Bérangèrel’hébergent quelques jours en attendant qu’il repartepour Londres à la fin du week-end afin de s’y établir définitivement, quoique le mot « définitif » nefigure pas dans le vocabulaire de Douglas. Bérangèren’essaie même pas de le réveiller. Il l’a prévenue, ence moment, il n’y a rien à faire.
Sur la table de la cuisine, elle finit ses devoirs touten avalant un reste de hachis parmentier qu’elle a faitréchauffer au micro-ondes. En guise de dessert, ellemange une banane, son fruit préféré.
De retour dans sa chambre, elle a un sursautd’énergie à l’idée de relire, allongée dans son lit, bien au chaud sous sa couette, le livre d’Anne Fine BloodFamily , l’un de ses préférés, qu’elle a tout de suite euenvie de lire quand sa mère lui avait dit : « Tu le lirasquand tu seras au collège, c’est pas de ton âge. » Cinqminutes ne se sont pas écoulées qu’elle le refermeet contemple son plafond, les murs de sa chambre,la carte postale de Matisse, l’affiche du DouanierRousseau, et une paire de boucles d’oreilles – descréoles – accrochée à un clou.
Il est à peine 15 heures, il fait déjà sombre, dansdeux heures il fera nuit. Elle pourrait appeler uneamie. Il y a seulement quelques mois, elle en avaittrois et on les appelait « les Inséparables ». Maintenant,des amies, Bérangère n’en a aucune et elle ne tientplus à en avoir.
D’un geste décidé, elle repousse sa couette, cognetrois petits coups à la paroi de verre de l’aquarium.Aussitôt Matisse vient s’y coller, puis il reprend,impassible, sa danse tournante.
Bérangère sait qu’il n’est pas bon pour son équilibre qu’il vive seul. D’ailleurs, dans le tableau deMatisse, ils sont deux. Mais pour qu’un poissons’épanouisse bien, il lui faut environ cinquante litresd’eau. Et ses parents ne veulent pas entendre parlerd’un aquarium contenant cent litres d’eau. Bérangèreest désolée pour Matisse. Grâce à lui, elle a appris des choses, pas seulement sur les poissons rouges,mais aussi sur les poissons-clowns, les piranhas, lesraies géantes, les murènes. Quand on habite à Charenton-le-Pont, c’est facile de les voir, il suffit deprendre le métro et de descendre trois stations plusloin. Depuis le mois de septembre, Bérangère le faitsouvent. Même seule.
Et c’est ce qu’elle va faire. Sans prévenir Douglas.À quoi bon ? Il ne s’en apercevra pas.
Après avoir vérifié qu’elle a bien ses clés dans lapochette externe de son sac à dos, elle enfile sonK-way bleu ciel, qu’elle ne quitte plus depuis desmois, n’oublie pas son bonnet rayé de marin, ycamoufle d’un seul geste ses cheveux blonds, trèsgaie soudain à l’idée de se rendre à l’Aquarium tropical du Palais de la Porte Dorée, impatiente d’êtredehors, à l’air libre.
Au premier étage, elle croise la gardienne de l’immeuble, qui l’interpelle de sa voix claironnante :
– Alors, Bérangère, ces vacances ? Bientôt la fin ?
Mme Ruiz est une géante qui distribue le courrieren blouson noir, jean brodé et santiags. Un chignonchoucroute au sommet du crâne la grandit encore.Bérangère ne sait pas trop quoi penser de Mme Ruiz.Sa mère la trouve très originale, son père la trouvetrès bavarde. Bérangère est toujours épatée par sonaudace vestimentaire, mais elle préfère l’éviter depuisque Douglas a dit la première fois qu’ils se sont croisés : « J’aime pas son regard, elle a une webcam à laplace du cerveau. »

Bérangère bredouille une réponse tout en ladépassant pour bien lui faire comprendre qu’elle estpressée. D’un geste Mme Ruiz l’arrête, et la mainposée sur son épaule, elle se moque des trous auxgenoux de son jean, se demande ce que ça veut dire cette manie qu’ont les gosses de mettre des pantalonstroués, et les parents qui ne disent rien, ça, vraiment,elle ne comprend pas, mais faut dire aussi, les parentsils sont jamais là, ils confient leur gamin à n’importequi, enfin bon, c’est pas ses affaires après tout.
D’un air désolé, Bérangère l’approuve et croits’en être débarrassée, mais Mme Ruiz la retienttoujours, et d’une sacoche en bandoulière, elle sortun paquet de gaufrettes fourrées à la framboise, endétache quatre collées entre elles à moitié écrasées etles lui tend avec un grand sourire. Bérangère n’osepas refuser, par politesse, pour qu’elle lui fiche la paix,surtout. Deux rues plus loin, elle offre les gaufrettes àdes pigeons avec l’espoir qu’ils ne soient pas commeelle allergiques au gluten et au lait de vache.
 
Dans le métro, le jeu préféré de Bérangère, c’estde monter à la dernière seconde, juste au momentoù les portes se ferment, comme les types qui se fontpoursuivre dans les séries policières.
Aucune des filles et aucun des garçons de sanouvelle classe, dans sa nouvelle école à Charenton-le-Pont, ne la comprend. Elle a pourtant essayéde le leur expliquer, dès sa première tentative réussie : la prise de risque, la montée d’adrénaline, lesentiment d’être une héroïne quand les portes se ferment à l’instant même où on réussit à se propulser àl’intérieur du wagon. Ils l’ont regardée comme si ellevenait d’une autre planète.
Les enfants de Noisy-le-Sec, eux, ils auraientcompris. Zoé, sûrement ; Jasper, surtout, un petitCE2, un fou furieux. À ce souvenir, Bérangère fermeles yeux.
Dans le reflet des vitres,

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