Le cadet de mes soucis
22 pages
Français

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Le cadet de mes soucis , livre ebook

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Description

Les parents d'Henriette ont de graves soucis. C'est à cause de la toxoplasmose, cette maladie rare que la maman d'Henriette a attrapée et qui est dangereuse pour le bébé qu'elle attend. La toxoplasmose peut être transmise par les chats, mais la maman d'Henriette n'en a caressé aucun parce qu'elle les déteste plus que tout au monde. Henriette sait toutes ces choses, et d'autres encore, que ses parents n'ont pas voulu lui dire. Et elle s'inquiète. Elle a des soucis, elle aussi, et pas des moindres. Elle vient de découvrir, cachés dans le jardin, cinq petits chatons sales et abandonnés, à demi-morts de faim, et qui ont grand besoin de soins, de protection et d'amour. Qu'est-ce que vous feriez à sa place ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 décembre 2015
Nombre de lectures 8
EAN13 9782211226868
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le livre
Les parents d’Henriette ont de graves soucis. C’est à causede la toxoplasmose, cette maladie rare que la mamand’Henriette a attrapée et qui est dangereuse pour le bébéqu’elle attend. La toxoplasmose peut être transmise par leschats, mais la maman d’Henriette n’en a caressé aucunparce qu’elle les déteste plus que tout au monde.
Henriette sait toutes ces choses, et d’autres encore, queses parents n’ont pas voulu lui dire. Et elle s’inquiète. Ellea des soucis, elle aussi, et pas des moindres. Elle vient dedécouvrir, cachés dans le jardin, cinq petits chatons saleset abandonnés, à demi-morts de faim, et qui ont grandbesoin de soins, de protection et d’amour. Qu’est-ce quevous feriez à sa place ?
 

L’auteure
Après avoir voulu être juge, Sophie Chérer est devenuejournaliste et écrivain. Elle écrit des romans, des articles,des nouvelles, rédige des quatrièmes de couverture, élèvesa fille et cultive son jardin. Elle est douée d’une énergieconsidérable et d’un humour à toute épreuve.
 

Sophie Chérer
 
 

Le cadet
de mes soucis
 
 

Neuf
l’école des loisirs
11, rue de Sèvres, Paris 6 e
 

Pour Odile Muller
Pour Christiane Hennequin
en souvenir
du mois de septembre 1989
 
C ’était la première fois que Mamanétait enceinte.
Pas la vraie première fois, évidemment,puisque la vraie de vraie des premières despremières, c’était quand elle était enceintede moi. Mais la première à ma connaissance, la première de mon vivant.
Depuis qu’elle était enceinte, Mamanfaisait beaucoup plus attention aux bruitsqu’avant. Elle ne claquait plus jamais laportière de la voiture ni les battants des volets ; le matin, au petit déjeuner, elle mimait toujours avec le pouce et l’index legeste de baisser le son de la radio à l’inten tion de Papa ; et même le mixer, quand ellepréparait des œufs en neige pour unemousse au chocolat, on aurait dit qu’elle lefaisait tourner au ralenti.
Pour le bébé, elle essayait de préparerun monde plus doux.
Pourtant, ce bruit-là, elle n’avait pasl’air de l’avoir entendu. Un bruit inhabituelpour la saison. Un gazouillis d’oisillon enseptembre.
J’ai failli lui poser la question. Mais sûrement que si je lui avais parlé à ce moment-là du drôle de gazouillis d’oiseau quej’avais repéré derrière le lavoir en pierre dela cour, entre le mur et la cuve, à l’endroitoù le gel a fendu la margelle il y a plusieurshivers, rien ne serait arrivé.
Mais je me suis tue, et promis de revenirvoir toute seule, plus tard et de plus près.
Le jour du gazouillis du lavoir, dans lespremiers jours de septembre, Maman étaitenceinte de cinq mois. Le bébé était doncprévu pour fin décembre. J’espérais qu’ilallait naître la nuit de Noël.
J’avais même suggéré qu’on l’appelleJésus, mais l’idée ne les avait pas enthousiasmés.
– Et si c’est une fille ? avait dit Papa.Jésus, ce n’est pas un prénom de fille.
– Alors Jésuphine ?
– Ça n’existe pas, avait dit Papa. Si lebébé naît la nuit de Noël, on l’appelleraNoël ou Noëlle.
– Bonjour l’originalité ! Et pourquoipas Dinde aux Marrons ou Mon BeauSapin ? j’avais continué, mais tout bas,parce que Papa n’avait pas l’air d’avoirenvie de plaisanter avec ces choses-là. Après, pour simplifier et pour moi touteseule, je m’étais mise à l’appeler Elloului.
 
Ce jour-là, le jour du gazouillis dans lacour, ils étaient tous les deux encore moinsd’humeur à plaisanter que d’habitude avecces choses-là. Maman était allée chercherles résultats de sa prise de sang du mois,parce que, quand on est enceinte, il fautfaire tous les mois une prise de sang poursurveiller que tout va bien, et justement, cejour-là de ce mois-là, tout n’allait pas bien :Maman avait attrapé la toxoplasmose.
Déjà le mot était à faire peur.
Ils ont commencé à chercher dans J’attends un enfant et dans leurs autres manuelsde survie, et à téléphoner à droite à gaucheà leurs amis. D’après les bribes que je réussissais à attraper, personne n’avait jamais été victime de ce virus. Tout le monde avaitentendu dire que c’était une vraie horreur.
Comme je voyais qu’ils étaient mortsd’inquiétude et comme ils ne voulaientrien me dire parce qu’ils ne voulaient pasque je sois morte d’inquiétude, j’étaismorte d’inquiétude. Alors j’ai fait quelquechose qui ne se fait pas, sauf en cas d’inquiétude mortelle : je suis allée décrocher ledeuxième téléphone, dans le bureau dePapa au premier étage, et j’ai écouté toutesles conversations.
– Mais comment as-tu attrapé cette saleté ? disait Mamie.
– Il paraît que ça s’attrape avec de laviande crue ou pas assez cuite, ou par leschats, répondait Maman. Sachant que jen’étais pas immunisée, je n’ai pas mangé unseul steack tartare depuis six mois, évidem ment ! Les chats, par contre, le quartier enest plein, il y en a toujours dans les poubelles, mais enfin je ne suis jamais encontact avec eux, tu sais à quel point je déteste ces bêtes-là.
– Qu’est-ce que tu dois faire ? demandaitCatherine, la meilleure copine de Maman.
– Prendre des antibiotiques et attendre,c’est tout, répondait Maman.
– Mais enfin, docteur, quels sont lesrisques ? demandait Papa au docteur.
– C’est le mauvais moment, disait ledocteur. Nous sommes au cinquième moisde la grossesse, le placenta est plus facile àtraverser et si le parasite atteint l’enfant, ilrisque des lésions oculaires ou cérébralesplus ou moins graves.
– Ça veut dire aveugle ou débile ? criaitPapa.
– Ne vous affolez pas : il n’y a que quarante pour cent de risques, disait le docteur. Amenez-moi votre femme le plus tôtpossible.
– Que quarante pour cent ! Et qu’est-ce qu’on fait dans ces quarante pour centde cas ? demandait Papa d’une voix tout assourdie.
– Un avortement thérapeutique, Monsieur. Venez, s’il vous plaît. Au téléphone,vous savez, ce n’est pas facile...
– Vous le tuez, murmurait Papa en raccrochant.
 
Je n’avais pas tout compris dans cetteconversation, seulement qu’il se passaitquelque chose de très grave, et que je risquais de ne pas avoir le petit frère ou la petite sœur que j’avais désiré longtemps, puis cessé de désirer, et que je n’attendais plus.Pendant que Papa et Maman étaient partisau cabinet médical, j’ai voulu retourner ducôté du vieux lavoir en pierre. Au momentoù je sortais de la maison, un monstre toutnoir a jailli de la margelle cassée, puis a filéà travers la cour et je ne l’ai plus revu.
La toxoplasmose ! j’ai pensé, parce quele monstre ressemblait surtout à un chat, età un parasite, et à une calamité qui pouvaitvous rendre aveugle ou débile d’une minute à l’autre si elle vous tombait sur le coinde la figure ou vous traversait le placenta.

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