Le requin bleu
94 pages
Français

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Description

Nelson, un jeune garçon noir, découvre l'intolérance et la violence de l'Apartheid. A la suite d'un événement tragique, son père fuit avec lui loin de la ville et des hommes. Ils s'installent au bord de l'océan où Nelson fera une rencontre merveilleuses...
Mandela, Mandela ? balbutia-t-il, ce serait un peu comme le requin bleu...

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2005
Nombre de lectures 227
EAN13 9782336281872
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jeunesse L’Harmattan
Collection dirigée par Isabelle Cadoré, Denis Rolland, Joëlle et Marcelle Chassin
Marie-Pierre ROBINEAU, Bimbouss et les Trois Fléaux du Désert , 2005.
Ousmane SARR, Moussa Lô à Dakar , 2005.
FANELY, Les aventures de Philibert au Sri Lanka , 2005.
Salim HATUBOU, Les matins de P’tite Lô aux Comores , 2005.
Isabelle et Henri CADORE, Avrillette. Timanmay esklav la. L’enfant esclave , 2005.
Salim HATUBOU, Hassanati. De Mayotte à Marseille , 2005. Valérie ANTONI, Valentine à Venise , 2005.
Francis GARNUNG, Tonton Marcel sous l’Occupation. Roman , 2005.
Moktar DJEBLI, Abû Sîr et Abû kîr (comédie bilingue tirée d’un conte arabe ancien ), 2004.
Kady KAYA, Les jumeaux de la case carrée , 2004.
Valérie OUAZZANI-JONCOUX, Leïla LOUHIBI, Sarah entre France et Maroc (bilingue français-arabe/dialecte maghrébin), 2004.
Edna MEREY-APINDA, Les aventures d’Imya, petite fille du Gabon , 2004.
Odette-Claire BROUSSE, Arioul, le bourricot de Sami Choukri, 2004.
Didier BASCOU, La révolte des dièses , 2004.
Augustin Jaykumar BRUTUS, Ganesh le vélophant , 2004.
Nathalie SOULA, Une semaine de rêves forcés en Egypte , 2004.
Alain RODRIGUEZ, Un si long sommeil , 2004.
Aëlle LETOCART, La quête de Yil , 2004.
Mireille NICOLAS, Moemoea, l’aïeule des îles Marquises , 2004.
Yanna DIMANE, Meriem et la 27 ème nuit du Ramadan. La nuit du destin , 2004.
Dominique LOGIE-LAMBLIN, Toute la classe part au Maroc , 2003.
M.-C. GEROUIT-BUGLER, Niamana et le Petit Panier de la Divination , 2003.
Le requin bleu
Un enfant noir en Afrique du Sud pendant l'Apartheid

Jean-François Radiguet
© L’HARMATTAN, 2005
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
L’HARMATTAN, ITALIA s.r.l. Via Degli Artisti 15 ; 10124 Torino L’HARMATTAN HONGRIE Könyvesbolt ; Kossuth L. u. 14-16 ; 1053 Budapest L’HARMATTAN BURKINA FASO 1200 logements villa 96 ; 12B2260 ; Ouagadougou 12 ESPACE L’HARMATTAN KINSHASA Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administratives BP243, KIN XI ; Université de Kinshasa – RDC
http://www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr
9782747590907
EAN : 9782747590907
Sommaire
Jeunesse L’Harmattan - Collection dirigée par Isabelle Cadoré, Denis Rolland, Joëlle et Marcelle Chassin Page de titre Page de Copyright Prologue La douleur L’espoir Le requin bleu Epilogue Jeunesse à l’Harmattan
Prologue
Là où les monts du Drakensberg tombent brutalement dans l’océan, isolant les unes des autres d’étroites bandes de terre rouge, s’étend sur moins de deux kilomètres, le petit village de Yanté.
Comme n’importe quel autre petit village d’Afrique du Sud, situé en bord de mer, celui-ci est surtout peuplé de pêcheurs, d’artisans et de commerçants noirs. Mais la maison — plutôt la cabane — qui nous intéresse plus particulièrement se situe plus loin, bien plus loin encore, sur la route de East London. Nichée, isolée entre les dunes de sable blanc et les herbes sauvages, fabriquée de quatre planches et de tôle ondulée, elle abrite celui qu’on surnomme John le Boiteux et son fils Nelson, un garçon d’une dizaine d’années à la frimousse épanouie.
Personne ne comprenait, à Yanté, pourquoi cet étrange bonhomme de John le Boiteux, venu on ne savait d’où, habitait cet endroit si peu hospitalier préférant affronter les fantômes des marins perdus en mer plutôt que la réalité des vivants. Mais, connaît-on tout de ceux qui fuient leur passé en se détachant du monde et de la civilisation ? Et, comme l’histoire du requin bleu commence avec celle de John le Boiteux, je me vois obligé de remonter dans le temps, à l’époque pas si lointaine où John était un petit garçon presque comme les autres, et l’Afrique du Sud un pays pas du tout comme les autres.
La douleur
Pourtant, il avait été un enfant rieur et même turbulent, John le Boiteux, comme tous les enfants de la Terre quand ils se sentent aimés et protégés. Ses parents l’aimaient et le protégeaient. Normal. Ne l’avaient-ils pas désiré ardemment durant de longues années ?
En ce temps-là, il habitait la banlieue de Durban, là où son père, jardinier, travaillait pour un propriétaire blanc de mines de diamants, armateur et éleveur de chevaux de courses, entre autres (car la mère de John, tout comme John lui-même ne connaissait pas toutes les activités lucratives de Monsieur Simpson). A sa naissance, on ne s’aperçut même pas que John avait une jambe plus courte que l’autre. Vraiment. On ne négligeait pas le petit mais cela ne se voyait pas. Il fallut attendre que John trottine autour de la table pour se rendre compte qu’il claudiquait légèrement. Ce jour-là, m’man avait dit à p’pa :
- C’est pas normal, ça, si ? Faudrait peut-être mieux le montrer au docteur.
Mais le docteur (un blanc aussi, bien sûr) coûtait si cher que p’pa avait répondu : - Il a dû se cogner m’man. Que veux-tu qu’il ait ?
Et on n’avait plus jamais reparlé de la jambe de John, celle qui poussait plus lentement. Mais après tout, ne disait-on pas non plus que si le bon Dieu des jambes-de-même-longueur ne s’était pas penché sur le berceau de John, c’est qu’il devait avoir une bonne raison? John n’alla jamais à l’école. Les écoles étaient réservées aux seuls enfants blancs. Par conséquent, les enfants noirs apprenaient leurs leçons dans la rue, en mêlant la chanson du vent à leurs rires partagés. P‘pa n’aimait pas voir John traîner dans la rue. Non seulement il pouvait y faire de mauvaises rencontres, mais p’pa connaissait trop bien la cruauté de certains, et comme la claudication de John s’intensifiait, il aurait pu devenir une cible de choix pour les médisants ou les malveillants. D’ailleurs, une fin d’après-midi, John devait avoir six ou sept ans pas plus, il rentra avec sa chemise déchirée. M’man s’aperçut tout de suite qu’il avait pleuré mais elle n’en laissa rien paraître. Pour la forme, elle le gronda puis, lui réclamant sa chemise pour la rapiécer, elle finit par demander :
- Tu as eu un gros chagrin aujourd’hui, John, n’est-ce-pas ?
John entendit son père rentrer. Il lui sauta au cou. Il existait entre son père et lui cette connivence discrète qui réunit souvent les pères aux fils qui tentent de leur ressembler.
- Hé là, hé là, s’exclama p’pa devant tant de débordements en tendant sa joue.
De grands éclats de rire résonnèrent entre les murs de chaux gris de la petite salle sombre. P’pa posa sa veste au portemanteau et se frotta les reins. Mais il avait entendu M’man poser sa question, il la répéta. John baissa la tête. Ses yeux sombres fixèrent le plancher. Puis il articula :
- Ils n’ont pas voulu de moi...
- Qui ça ?... Et pourquoi s’il te plaît ? demanda m’man. La réponse se fit attendre.
- Les autres... A cause de ma jambe... je cours pas assez vite... ils disent... ils disent...
Un long soupir s’échappa de la grande carcasse maigre de p’pa. Après avoir tiré un tabouret de dessous la table, il demanda à John de l’y rejoindre. Là, il le posa sur ses genoux serrant les mains du petit dans les siennes pour les réchauffer ou peut-être pour partager son chagrin tout simplement.
- Il te faudra mieux choisir tes camarades à l’avenir, dit p’pa doucement. Dans la vie, il y a les amis, les vrais et les autres. Les vrais amis t’aimeront tel que tu es. Pour les autres, ce sera à toi de vérifier leur amitié.
John secoua la tête puis renifla. M’man lui tendit sa chemise rapiécée qu’il enfila rapidement.
- Mais peut-on vérifier une amitié ? demanda m’man.
- Et comment ! répondit p’pa en tapant du poing sur la table. C’est ainsi qu’on devient un homme.
Le soir, dans son lit, John sentit une étrange sensation fondre sur lui, un goût amer s’insinuer dans sa bouche. Pour la première fois de sa vie, il prenait conscience de sa différence et il eut mal. Rejetant son drap au bout de son lit, il plaça ses deux jambes l’une contre l’autre. Il n’y avait rien à faire ! La gauche était plus courte. Il lui manquait bien deux bons centimètres. Alors, John se tourna contre le mur, la tête dans son oreiller, et ferma les yeux. C’est en se les essuyant machinalement qu’il réalisa qu’il était en train de pleurer. Aussi, quelque temps plus

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