Le Vénitien et le Maure
88 pages
Français

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Le Vénitien et le Maure , livre ebook

88 pages
Français

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Description

Le périple de Giacomino entre Venise et l'Afrique, à découvrir dès 11 ans.

Venise, 1190.
Giacomino, jeune Vénitien, est très inquiet. Même la voix enchanteresse de Zita, la belle saltimbanque, ne parvient pas à le calmer. Sa mère est gravement malade, et les médecins qui se penchent à son chevet sont incapables de la soigner.
Il entend parler de médecins maures qui accomplissent des prodiges. Il faut traverser les mers pour aller les chercher. Giacomino parcourt un chemin semé d’embûches et affronte maints dangers pour arriver à ses fins. Mais il peut compter sur une aide inattendue…

Giacomino parviendra-t-il à rencontrer les médecins maures ? Pourra-t-il guérir sa mère ? Quelle est donc cette aide mystérieuse ? Découvrez sans plus attendre l'incroyable aventure de Giacomino !

EXTRAIT

Giacomino avait depuis deux moisenfin atteint l’âge d’homme, quinze ans. Il devait maintenant veiller sur celle qui l’avait si opiniâtrement aidé à grandir toutes ces années. Son père avait dramatiquement disparu lors d’un dernier voyage. Armateur, il venait d’acquérir une nef particulièrement rapide sur laquelle il avait tenu à naviguer avec une cargaison très précieuse. Malheureusement, au large des côtes mauresques, le bateau avait été attaqué par des pirates. Il n’y eut aucun survivant et, bien sûr, tous les biens furent perdus. Après la mort de son mari, Donna Bellela, la mère du jeune homme, l’avait élevé seule. Elle avait souvent été bien dure avec lui, mais il commençait maintenant à comprendre pourquoi. Sans la protection de son père, Giacomino n’était rien.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Ce roman historique permet aux jeunes lecteurs de découvrir un autre Moyen Âge, celui du pourtour de la Méditerranée, où chrétiens et musulmans se rencontrent et vivent ensemble. - Isabelle Fossard, Weblettres

A PROPOS DE L'AUTEUR

Isabelle Giafaglione est professeur de Lettres et auteur aux Editions du Jasmin.

Professeur d'histoire, Marie Magellan est aussi auteur de romans.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 août 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782352845294
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Titre
Copyright


Illustration de la couverture : Sylvie Moreau
ISBN 978-2-35284-575-1
Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés pour tous pays
© Éditions du Jasmin, 2008
4, rue Valiton 92110 Clichy France
www.éditions-du-jasmin.com Avec le soutien du
Les mots suivis d’une astérisque sont expliqués dans le glossaire figurant à la fin de l’ouvrage.

Les chansons et poèmes sont extraits de Poètes et romanciers du Moyen-Âge , Gallimard, La Pléiade, Paris, 1952.
Venise, 1190, à quelques jours de l’Ascension
La prospérité sourit à la cité du doge* et à ses puissants marchands. Comme chaque printemps, leurs vaisseaux de commerce s’apprêtent à repartir sillonner la Méditerranée, rapportant vers leurs entrepôts toutes les richesses du monde connu.
Le monde est troublé. En Terre sainte, voilà trois ans que les armées musulmanes de Saladin ont repris Jérusalem. En réponse, la chrétienté occidentale s’ébranle et prend pour la troisième fois la route des lieux saints. Jamais tant de souverains ne se sont lancés dans le voyage d’Orient. L’empereur Frédéric Barberousse et les princes du Saint Empire Romain Germanique, partis par voie de terre, ont déjà contourné l’Empire grec par le nord et arrivent en Asie Mineure. Les rois de France et d’Angleterre, Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion, rassemblent leurs vassaux 1 à Gênes et Marseille pour embarquer. D’autres encore chevauchent jusqu’à Venise, comptant acheter une place sur quelque navire marchand en partance pour l’Orient.


1. Pluriel de vassal : Au Moyen-Âge, homme lié personnellement à un seigneur, son suzerain, qui lui concédait la possession effective d’un fief.
1 Une guérison improbable
Giacomino posa sa plume sur le pupitre. Ses membres étaient engourdis par les longues heures passées à écrire. Il s’étira un peu, rangea les manuscrits éparpillés. Mais ce soir-là, son esprit était ailleurs. Une sourde inquiétude le rongeait et l’avait empêché de se concentrer toute la journée. Il avait dû reprendre quatre fois ses calculs de pourcentages à l’aide de son boulier 1 , et le maître n’avait pas manqué de le lui reprocher vertement. Il n’était jamais content, celui-là… L’angoisse le saisit de nouveau, comme autant d’aiguilles qui lui transperçaient le corps. Sa mère… La servante l’avait de nouveau alarmé le matin même, elle n’avait pas voulu réveiller Giacomino, mais Donna Bellela n’avait pas dormi de la nuit. Comme à chaque arrivée du printemps et de l’automne, les crises reprenaient, de plus en plus violentes. Son corps refusait la nourriture, la souffrance la tenaillait, elle s’affaiblissait de jour en jour.
Le jeune homme poussa la lourde porte qui émit son grincement sinistre. Il se pressa vers le canal le plus proche, celui qui longeait les fortifications du nouvel arsenal. Il détacha sa frêle barque et jeta sa besace dans un coin sec à l’arrière. Il saisit sa rame et, donnant une impulsion de son pied, fit glisser la petite embarcation le long des canaux bordés de maisons. Il était seul, on n’entendait que le clapotis que produisaient de temps à autre ses coups de rame dans les eaux impassibles. Il avait l’habitude de ces étroits canaux, sur lesquels sa rame, comme un stylet, écrivait des mots mystérieux qui disparaissaient aussitôt comme des fantômes. Il se courba avec souplesse pour passer sous le ponte storto , tourna à droite après le ponte della Madonetta et longea le rio dei pescatori .
Le printemps était déjà bien avancé, mais le brouillard ne s’était pas levé depuis plusieurs jours déjà, et bien que la lune fût à son plein, on ne la voyait pas danser mollement sur les canaux vénitiens. Que de fois avait-il joué à la poursuivre, la guettant, la retrouvant au détour d’un pont, la perdant de nouveau en s’éloignant dans les eaux d’encre noire ! Ce soir-là, l’humidité semblait monter de celles-ci comme un linceul * qui l’enserrait. Des ombres fantomatiques se glissaient entre les murailles, disparaissant aussi soudainement qu’elles étaient apparues.
Sa gorge se serra. Il allait encore trouver médecins et barbiers au chevet de sa mère, affairés à lui faire des saignées qui la consumaient et la laissaient plus pâle qu’une morte.
Giacomino avait depuis deux mois enfin atteint l’âge d’homme, quinze ans. Il devait maintenant veiller sur celle qui l’avait si opiniâtrement aidé à grandir toutes ces années. Son père avait dramatiquement disparu lors d’un dernier voyage. Armateur, il venait d’acquérir une nef 2 particulièrement rapide sur laquelle il avait tenu à naviguer avec une cargaison très précieuse. Malheureusement, au large des côtes mauresques 3 , le bateau avait été attaqué par des pirates. Il n’y eut aucun survivant et, bien sûr, tous les biens furent perdus. Après la mort de son mari, Donna Bellela, la mère du jeune homme, l’avait élevé seule. Elle avait souvent été bien dure avec lui, mais il commençait maintenant à comprendre pourquoi. Sans la protection de son père, Giacomino n’était rien. Enfin, les restes de leur fortune avaient rapidement fondu car la maladie de Bellela nécessitait des soins coûteux, tout comme ses frais d’écolage 4 . Les cours du nouveau maître d’abaque 5 , nouvellement installé en ville, étaient bien plus coûteux que ceux de Don Alvise, qui lui avait appris à lire à San Pietro .
En passant devant le palais Balbi, il entendit une voix familière :
— Giacomino ! Attends-moi ! criait au loin une ombre gracile.
— Zita ! D’où viens-tu ? Que fais-tu donc dehors à cette heure-ci ?
— Hé là, on dirait mon père ! Vous êtes bien fatigant, monsieur le curieux.
Elle sauta comme un cabri pour aller se percher sur une bricola , ces poteaux servant à amarrer les gondoles. Elle poursuivit d’un trait, sans reprendre son souffle :
— Figure-toi qu’un grand jongleur * vient d’arriver de Gênes, j’ai essayé de le rencontrer mais le diable seul sait où il se trouve. Pourtant il faut que je le voie avant les épousailles de la mer, c’est in-dis-pen-sable ! Nous devons travailler nos chants et acrobaties pour la fête.
La jeune fille avait prononcé ces paroles sans point ni virgules, comme si ses pensées allaient tellement vite que les mots se bousculaient pour sortir.
— Zita, Zita, quand deviendras-tu un peu plus sage ?
— Sage ? Comme toi ? Ah non, merci ! Tu es devenu tellement sérieux ces derniers mois, depuis combien de temps n’as-tu plus ri ? Si c’est cela, s’assagir, et bien je resterai telle que je suis.
Ces derniers mots lui firent l’effet d’un poignard fiché dans son cœur.
— Oh, je suis désolée, Giacomino ! J’ai encore parlé trop vite. Je sais, Donna Bellela… Tu as raison, je dois encore grandir.
— Non, c’est toi qui as raison, reste toujours ainsi pour moi. Tu as de la joie pour deux, et j’en ai bien besoin en ce moment.
La jeune fille sauta vivement dans la barque et mit sa petite main dans la sienne. Il la serra et, immédiatement, le contact de sa peau de soie le soulagea.
Il en avait toujours été ainsi. Ils se connaissaient depuis leurs premiers babils, leurs premiers pas, leurs premiers jeux, depuis que les parents de Zita, des saltimbanques * du Sud, s’étaient installés à deux pas du nouvel arsenal. Ils vivotaient dans l’un de ces moulins entre l’arsenal et la petite église de Santa Giustina , au milieu des vignes et vergers qui longeaient la lagune * . Leur habitation était bien modeste mais les rires, la musique et la poésie en faisaient le plus beau des palais vénitiens. Ils avaient souvent été invités par son père, amateur de poésie, à venir se produire devant les commerçants et leurs familles. Et ils les avaient toujours enchantés ! Zita était un peu plus jeune que lui et, naturellement, il avait toujours voulu la protéger. Elle menait une vie très libre pour une jeune fille, ses parents la laissaient errer dans la ville et se consacrer à sa passion, la poésie et le chant. Giacomino était souvent inquiet de la savoir ainsi seule : de nombreux individus peu recommandables infestaient et envahissaient la ville, transportés par les bateaux de marchandises comme des hordes grouillantes de rats. Mais il en était toujours ainsi chez les saltimbanques, la liberté était le bien le plus précieux.
Pendant qu’elle poursuivait son babillage, Giacomino eut tout le loisir de l’observer. Il pouvait la voir plus souvent, maintenant qu’il fréquentait la classe d’abaque avec les autres fils de marchands. Son maître, le sévère Bartolo, avait loué une maison en face de l’arsenal, si bien qu’il la croisait presque tous les jours. Pourtant, il lui semblait qu’à chaque rencontre, elle s’était encore transformée. Pour lui, elle avait toujours été un lutin, un elfe, une nymphe, une fée. Elle ne marchait pas, elle dansait. Elle ne parlait pas, elle chant

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