Ne change jamais
79 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

79 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Vous entendez les informations qui arrivent de partout pour dire que la planète va mal. Vous êtes des enfants, vous possédez une grande quantité de neurones pour apprendre, comprendre et retenir. Vous êtes créatifs et courageux. Et vous ne pourrez pas faire comme certains de vos aînés : regarder ailleurs, vous boucher les oreilles et hausser les épaules. Vous n'aurez pas le choix. Il faut que vous conserviez quelques-unes de ces qualités, au lieu de les laisser s'éteindre en grandissant. Vous deviendrez de meilleurs adultes, pour vous, pour les autres et pour la planète.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 septembre 2019
Nombre de lectures 14
EAN13 9782211305464
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le livre
Vous recevez les informations qui arrivent de partout pourdire que la Terre va mal. Vous ne pouvez pas faire commevos aînés, regarder ailleurs, vous boucher les oreilles ethausser les épaules. Vous n’avez pas le choix. Cette Terre,c’est votre avenir.
Mais vous êtes des enfants, vous possédez une grandequantité de neurones, nécessaires pour apprendre,comprendre et retenir. Vous êtes créatifs et courageux.Et votre manière de penser ne ressemble pas à celle desadultes. Vous êtes presque tout neufs, vous débutez dansles habitudes. Vous êtes adaptés à ce monde qui change.Il faut que vous conserviez quelques-unes de ces qualitésen grandissant, au lieu de les laisser s’éteindre. Vous serezde meilleurs adultes, pour vous, pour les autres, et pour laplanète.
L’autrice
Marie Desplechin a fait des études de lettres et dejournalisme. Dans ses romans pour la jeunesse, elle exploredifférentes veines littéraires. Le projet Ne change jamais estné du sentiment de l’urgence écologique. Ce livre fait laliste des vertus enfantines en présentant leur utilité pourle futur.
 

MARIE DESPLECHIN
 
 

NE CHANGEJAMAIS !
 
 

Illustré par Aude Picault
 
 


 
 

l’école des loisirs
11, rue de Sèvres, Paris 6 e
 
Vous dites souvent que les enfants incarnent le futur,et que vous feriez n’importe quoi pour eux.
Si vous pensez ce que vous dites, s’il vous plaît,écoutez-nous. Nous ne voulons pas de vosencouragements. Nous voulons que vous preniezau sérieux l’urgente crise environnementalequi se déroule autour de vous.
Et nous voulons que vous commenciez à dire la vérité.

Greta Thunberg
À Amir, Sara, Mykhayl, Zakarya, Arthur, Achille,Camille, Angelucie, Nour, Nino, Rafaël, Eliott, Bamba,et à Anouk, Blanche, Laïa, Hugo, Nadir, Wallys, Imane,Khadija, Lucinda, Lara, Hatice, de l’école Gustave-Rouanet, à Paris, à Clémence Lafon, leur maîtresse,et à Raphaël Creton, le photographe, en souvenird’un parfait goûter zéro déchet.
QU’EST-CE QUE C’EST QUE CE LIVRE ?
 
C’est une déclaration de confiance. J’ai confianceen vous, les enfants, les adolescents, tous ceuxqui habiteront le monde à venir et qui n’ont pasencore l’âge de voter. J’ai trois raisons pour cela.D’abord, vous êtes équipés d’un cerveau rapideet souple, nécessaire pour acquérir les savoirsdont vous avez besoin. Ensuite, vous avez unegrande capacité d’empathie, vous partagez naturellement les émotions des autres, et vous êtesparticulièrement sensibles à l’injustice. Enfin,vous n’êtes pas entrés dans la société des adultes,qui impose une quantité d’habitudes, de désirs etde craintes plus ou moins raisonnables. Bref, jecrois dans le plus d’intelligence, de compassionet de créativité que vous détenez. J’admets qu’il vous manque encore des connaissances, des aptitudes et quelques centimètres pour prendre leschoses en main… Mais je trouve très regrettableque les vieux se privent de vos avis et de vosémotions. Surtout aujourd’hui.
 
Vous vivez dans un monde qui change,énormément, gravement, définitivement. Vousle savez. L’activité humaine l’a transformé, sansque personne ne mesure les conséquences decette transformation. D’un côté, les conséquences merveilleuses sur la santé, le confort, lesavoir. D’un autre, les conséquences menaçantessur l’air, sur l’eau, sur la vie. Tout le monde estau courant de la disparition des espèces animales et végétales, de la fonte des glaces etde la sécheresse dans les pays du Sud. Nousvoyons se multiplier les catastrophes, commeles incendies géants et les énormes inondationsqui ravagent des régions entières sur tous lescontinents. Nous sommes informés des dan gers du plastique et des polluants chimiques, etde l’urgence de changer nos façons de vivre.Mais le changement est long, si long, troplong, à venir… En attendant, il va bien falloirapprendre à vivre sur une planète chamboulée.
 
Comment ferez-vous ? C’est en réfléchissantà cette question que j’ai remarqué que vous possédiez quelques admirables qualités pour vousadapter. Et qu’elles correspondaient souvent à cequ’on vous reproche. J’ai découvert que fouillerla poubelle, trouver normal de copier sur sa voisine, juger suffisant de se laver un jour sur deuxsont autant de comportements qui devraient êtreencouragés, plutôt que combattus. Quels bonsadultes vous seriez si vous arriviez à préserverun peu de votre curiosité, de votre sensibilité,de votre colère. Vous auriez de meilleurs atoutspour demain, et la planète avec vous. J’ai pensé :Surtout, ne changez pas ! (Ou alors pas trop.) Etpuis j’ai fait ce livre.
1 J’ai pas mes affaires
 
«  Oui, j’en ai eu. Non, je n’en ai plus. C’estmystérieux. Où sont passés mon compas et monéquerre, ma pochette de crayons de couleur ?…Engloutis dans les abysses avec ma gomme etmon manuel de SVT, probablement. Je ne saispas si c’est moi ou si ce sont les choses, maison a beaucoup de mal à rester un peu longtemps ensemble. Je suis le genre de personnequi n’a plus rien dans sa trousse quinze joursaprès la rentrée. Quand elle a réussi à gardersa trousse. C’est mon destin. Dans un sens, lemonde est bien fait parce qu’on n’a pas tous le même. Disons que, dans la classe, une moitié a touché le destin je n’ai pas mes affaires , etl’autre j’ai toujours mes affaires . Du coup, toutdevrait s’arranger. Genre : Tu me prêtes ta gommedeux minutes ? C’est simple, c’est convivial, et çamet une bonne ambiance dans la classe. Dommage que ça se termine généralement en findu monde, comme quoi toute personne devraitavoir ses affaires à soi et surtout ne pas les prêter. Alors, d’un côté, on nous rappelle sans arrêtqu’il faut partager avec les autres, et, d’un autrecôté, dès qu’on partage, ça ne va plus. Enfin,c’est comme d’habitude. On est assommés degrands principes, et en même temps, quand onles applique, on est punis. Les principes, c’estbon pour afficher dans les salles de classe. Dansla réalité, laisse tomber.
Personnellement, pour une question de destin, je ne me sens pas très concernée par lapropriété. Je m’en fiche un peu d’avoir destrucs individuels, je veux bien prêter. J’aimeraisqu’on en fasse autant pour moi. Que ma mère ne devienne pas hystérique quand je prends unfoulard dans son tiroir, par exemple. Déjà, aumoins, elle en a quinze. Ça va, elle le reverra,son foulard. Ce n’est pas comme si je lui piquaisson pain au chocolat.
Franchement, plutôt que s’énerver toutel’année pour des questions de propriété, onferait mieux d’avoir un stock pour la classe.On met tout le matériel dans une grosse boîte,comme en maternelle. Fin de la propriété personnelle des crayons de couleur. Et encore unproblème réglé !
Je ne dis pas qu’on est obligé de tout se prêter. Il y a des domaines privés. Un doudou, parexemple, je reconnais, c’est carrément intime.Mais quel cinglé voudrait emprunter le vieuxdoudou puant d’un autre ? Je remarque que,pour les choses qui ne se prêtent pas, c’est bon,il n’y a pas de demande. Encore une preuveque le monde est bien fait.  »
ORGANISER LE PARTAGE
Le partage, quiest vieux commele monde, estaussi une idéetoute neuve.
 
Il suffit de traverser aumilieu d’un embouteillage : l’air est plein de gaztoxiques qui irritent le nezet les yeux.
Combien de personnespar voiture ? Une, parfoisdeux, dans une machineprévue pour en transporter quatre, six ou huit.
Nous sommes asphyxiéspar des bagnoles presquevides. Et même quand lesrues sont désertes, leursrejets sont tellement présents que les maladeset les bébés peinent àrespirer. C’est absurde.
Tout le monde ne peutpas prendre le vélo ou letrain. Mais quand on utilise une voiture, on pourrait au moins la partager.Des sociétés de partagepayant ont été créées,mais elles servent sur leslongs voyages, pas sur lestrajets courts.
Longtemps, les gens ontété fiers de posséder leurpropre voiture, comme unsigne de leur richesse etde leur indépendance. Cetemps est en train de passer. La pollution engendréepar la fabrication des auto mobiles puis par leur utilisation est trop importante.Un tas d’autres objets coûteux, polluants, encombrants, peuventêtre achetés àplusieurs, partagés, ou loués.Les machines àlaver, les séchoirs, les aspirateurs vapeur et mêmeles machines agricoles…Pourquoi posséder chezsoi tout un bazar quandon peut juste emprunteren cas de besoin ? Ons’arrange entre amis, voisins, prêteur et emprunteur. Chaque partageest une économie. Pourla planète, moins d’objets fabriqués, moins decarbone rejeté. Et pourles familles, moins depanique dans le budget.
Les petits objets aussigagnent à être mis en commun. C’est ce qui se faitdans les médiathèques, oùl’on empruntedes livres et desfilms. Et dansles ludothèques,qui prêtent auxfamilles des jeux pour lesenfants.
Même les services peuvent s’échanger. Uneheure d’anglais contre ledébouchage de l’évier.Une garde d’enfant contrel’entretien des plantes surle balcon. Personne nepossède toutes les compétences, mais personnen’en a aucune. Je t’aide, tum’aides. Tout l’enjeu estde s’organiser.
ZOOM
L’air appartient encore à tous, l’eau aussi. Ce sontdes biens communs. Autrefois, les « communs »étaient plus importants qu’aujourd’hui. Ils comprenaient les terres où les paysans conduisaientleurs bêtes, le miel fabriqué par les abeilles, lebois des forêts, les restes des récoltes. La propriété s’est imposée peu à peu, et tout a changé.Mais des habitudes sont longtemps restées dansles villages. Le four à pain, le lavoir et certainséquipements agricoles étaient partagés par leshabitants d’un même hameau. Aujourd’hui, desentreprises multinationales déposent des brevetssur les organismes vivants, animaux ou végétaux,pour vendre le droit de les utiliser. Revenir auxcommuns est une idée d’avenir.

NE CHANGE JAMAIS !
Tu as tellement de talents! En orthographe,en couture, en informatique ou en pâtisserie… Il y a forcément quelqu’un qui a besoinde toi, et qui sera ravi de t’apprendre lepolonais ou la guitare électrique, en échanged’un peu de baby-sitting.
2 Ami·e·s pour la vie
 
«  Et allez, c’est la catastrophe… Soi-disantque j’aurais

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents