Poils à gratter
57 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Dans cette bande, on compte Cannelle, une petite gitane au regard perçant qu’il vaut mieux ne pas embêter, Chiffon, l’olibrius le plus débraillé du monde à croire qu’il passe chaque matin par la case « ouragan » , Clochette, la plus jeune du lot mais aussi la plus maligne, le gourmand Bouillu, un dodu qui ne sortait jamais sans quelques croissants dans ses poches, et enfin, Bougie, un garçon de dix ans qui devait son nom à :
1° ses cheveux blonds comme les blés,
2° l’ampoule qui s’allumait au-dessus de sa tête dès qu’il avait une bonne idée, c’est-à-dire toutes les dix minutes.
À eux tous, ils vont devoir se creuser les méninges pour échapper à l’affreux Rondlard et au vilain Dents Jaunes !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 décembre 2018
Nombre de lectures 17
EAN13 9782211300742
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le livre
Dans cette bande, on compte Cannelle, une petite gitaneau regard perçant qu’il vaut mieux ne pas embêter,Chiffon, l’olibrius le plus débraillé du monde à croire qu’ilpasse chaque matin par la case « ouragan », Clochette, laplus jeune du lot mais aussi la plus maligne, le gourmandBouillu, un dodu qui ne sortait jamais sans quelquescroissants dans ses poches, et enfin, Bougie, un garçon dedix ans qui devait son nom à :
1 o ses cheveux blonds comme les blés,
2 o l’ampoule qui s’allumait au-dessus de sa tête dès qu’ilavait une bonne idée, c’est-à-dire toutes les dix minutes.
À eux tous, ils vont devoir se creuser les méninges pouréchapper à l’affreux Rondlard et au vilain Dents Jaunes !
 
L’auteur
Aurélien Loncke n’a pas les pieds sur terre, cela dit il n’estjamais allé sur la lune non plus ; il s’en approche parfois, surle dos d’une comète. Quand il retourne sur le plancher desvaches, c’est pour cultiver des roses et des tomates, pourvoir pousser ses érables et ses sapins, vérifier la mangeoiredes mésanges, courir après deux, trois papillons de passage,et aussi et surtout remplir d’encre son stylo plume. Dansl’intervalle, il prend le thé avec des personnages imaginaires :ils lui racontent des histoires, et Aurélien les écrit !
 

Aurélien Loncke
 
 

Poils à gratter
 
 


 
 

l’école des loisirs
11, rue de Sèvres, Paris 6 e
 

Pour le bel équipage
du Nathanaël.
1 Les aventuriers de la rue Piot
 
Chacun leur tour, les cinq pitres de la bande àBougie dévalaient la longue rue Piot à bord du Zéphyr .
La rue Piot, c’était un tapis de vieux pavésdéroulé sur une belle pente de toboggan ; le Zéphyr , un drôle de bolide moitié luge et moitié crapaud qui grelottait de partout en faisantun de ces grabuges ! Normal, pour une cagetterafistolée à l’aide de clous et de ficelle, avecquatre boîtes de conserve en guise de roues,un volant déniché dans le fourbi d’un grenier,le tout bricolé à la va-vite par un jour d’ennui.
Abîmé ici, rouillé là, sans freins, cet engintenait debout on se demande bien comment. Quelques jaloux l’appelaient « le cochon à roulettes ». À choisir entre monter dedans et secasser une jambe, ils préféreraient la marmeladede jambe.
– Une guibolle ça se répare, pas la honte !affirmaient-ils, même si, en cachette, ils bavaientd’envie d’essayer le bolide.
D’accord, le Zéphyr faisait peine à voir, il étaitbon pour le dépotoir, mais, lancé à toute allure,quelle flèche ! « Le Zéphyr  : fournisseur officielde sensations fortes ! » se vantait la bande.
Et c’était bien vrai. Voilà pourquoi chacunattendait son tour avec impatience.
– Honneur et gloire à celui qui arrosera unmax de gens ! signala Bougie, un garçon dedix ans qui devait son nom à : 1 o / ses cheveuxblonds comme les blés ; 2 o / l’ampoule qui s’allumait au-dessus de sa tête dès qu’il avait unebonne idée, c’est-à-dire toutes les dix minutes.
Une belle grosse ampoule de 80 watts dansle cas présent. Très brillante.
Et qui illumina toute sa bande : Cannelle,une petite Gitane au regard perçant qu’il valait mieux ne pas embêter car elle voustirait les oreilles comme personne ; Chiffon,l’olibrius le plus débraillé du monde : vêtements en désordre, cheveux en pétard, pensées emmêlées, à croire qu’il passait chaquematin par la case « tornade » ; Clochette, la plusjeune du lot mais aussi la plus maligne, mi-poupée de porcelaine, mi-rusé renard, 100 %adorable ; enfin, le gourmand Bouillu, un doduqui ne sortait jamais sans quelques croissants dansses poches, mais parfois c’étaient des beignets,des pains au chocolat, des brioches.
Bon. On était en novembre, la saison descitrouilles, des écharpes et des averses. Juste aprèsl’orage du siècle. Les vents furieux avaient mugideux jours durant. Là, ils faisaient une pause.
De belles flaques avaient poussé comme deschampignons, entre les pavés. Rouler dedans,arroser le plus possible d’hommes, de femmes etd’enfants, les entendre rouspéter et en rire, voilàla mission du jour !
Volontaire pour un triple galop, Bouillu sedébrouilla mieux que bien. En deux zigzags et trois slaloms, il éclaboussa quatre pantalons, deux jupes et trois manteaux, ainsi queles chaussures d’un mystérieux bonhomme, etl’aventure commença.
Mystérieux, c’est bien le mot. Caché sousun grand chapeau noir, derrière des lunettessombres et un imperméable jadis piétiné parun troupeau d’éléphants. Un détective privé ?Un bandit en cavale ? Un muet, si ça se trouve ?Au lieu de râler comme les autres, il observaBouillu en silence, avec un sourire diabolique,planté entre ses joues mal rasées. Le genre desourire qui cache des dents pointues et deméchantes idées.
Allergique aux dents pointues et auxméchantes idées, Bouillu en négligea la routeet paf, heurta un pavé déchaussé. Pris de pleinfouet, le bloc de pierre propulsa illico le bolidevers les toits, et son gros pilote avec.
– Bouillu est enflé comme une baudruche,normal qu’il s’envole ! rigola Chiffon, roi desmoqueurs.
L’engin retomba dans un fracas épouvantable. Le bois craqua avec des bruits de gâteaux secs.Les roulettes couinèrent plus fort que la Castafiore, et les molaires de Bouillu jouèrent descastagnettes quand il sauta comme une crêpepar-dessus bord. Une sacrée cascade !
– Cet affamé n’a qu’à se cramponner desdeux mains au lieu de mordre son croissant !gronda Bougie, plus inquiet pour le Zéphyr quepour Bouillu. Ce gros tas de pâtisseries peuttoujours rebondir, ajouta-t-il. Il est rembourré !Le Zéphyr , non !
Bouillu retomba deux mètres plus loin, piledans une flaque. Il se releva trois secondes après,le pantalon tout mouillé, et termina son croissant en trois coups de canines.
– Un croissant pur beurre, rien de mieuxpour se remettre d’une émotion !
Le bolide était intact, mais tout le mondedisait qu’il se désintégrerait un jour ou l’autreà un carrefour, et pas qu’un peu. Que le pauvregosse au volant finirait en bouillie. Peut-être. Enattendant, le Zéphyr filait vite et bien, et offraitde franches parties de rigolade.
– Joli vol plané ! commenta Cannelle, deslarmes de joie au bord des cils.
– C’est à cause de ce type… renifla Bouillu,ses joues de marmotte pleines de croissant. Ilm’a regardé d’une façon qui m’a paralysé.
– Quel type ?
– Ç’ui-là… bredouilla le gourmand en cherchant des yeux le bonhomme à l’imperméable.
Mais l’individu en question avait disparu.Envolé.
– Il était pourtant là…
– Tu t’es fait des idées ! ricana Bougie. C’estça d’être poltron : on voit des fantômes partout !Et toi, dans le genre trouillard, t’es championdu monde !
– Si je te dis que j’ai vu quelqu’un… insistaBouillu.
– Tu l’as reconnu ?
– Jamais vu avant. Une allure pareille, je m’ensouviendrais.
– Admettons. Il était comment ?
– Grand et moche. Le fils d’une asperge etd’un troll !
– Mais encore ?
– Il avait un chapeau sûrement volé à unépouvantail, et un imper que même un chiffonnier sans le sou n’en voudrait pas.
– Hallucination ! s’obstina Bougie.
– Peut-être pas… murmura Cannelle (ce quiravit Bouillu.) Rappelle-toi l’hippopotame …
C’est ainsi qu’ils appelaient cette camionnette que Bougie avait failli percuter quelquesjours plus tôt. Ce véhicule très gris, très gros,très myope avait déboulé dans le paysage à lasurprise générale. Il aurait voulu barrer le passage de Bougie qu’il ne s’y serait pas pris autrement ! Par chance, l’aîné de la bande l’avaitévité d’un cheveu et sans bobo, ouf !
– Un miracle ! remarqua Bouillu.
– Le talent n’a rien à voir avec les miracles,voyons ! le corrigea Bougie. Le bon coup devolant au bon moment, c’est le secret !
– Secret, mes fesses ! répliqua Bouillu. T’assursauté, voilà tout ! Pas de quoi se vanter !
L’ennui, c’est que l’hippopotame s’était vitecarapaté. Trop vite, d’après Cannelle. Cette manière de filer au triple galop avait quelquechose de menaçant qui ne lui plaisait pas.
Et puis… elle avait aperçu le chauffeur. Paslongtemps, juste une seconde, assez toutefoispour remarquer et sa vilaine bouille et sa déception d’avoir raté son coup.
– Une déception de la taille du Titanic …dit-elle à voix basse, comme un secret, en plissant ses yeux de chat. On nous tourne autouret ça me tracasse.
Bougie gloussa. Pour lui, c’était de l’histoireancienne, de la préhistoire. Il préférait ne plusy penser.
– Place au jeu ! clama-t-il en balayant lacamionnette de son esprit.
– Ça va déménager ! répondirent les autres.
Casquette enfoncée jusqu’aux oreilles, Bougie fit sa descente sous les hourras.
 
Fou de joie, il fonça comme un boulet decanon. D’accord, il était terriblement secoué par les bonds de crapaud du bolide ; d’accord,ses fesses rebondissaient sur le plancher et çafaisait mal, mais le gros bruit de la vitesse luiplaisait plus que tout.
Regroupée en haut de la voie, la bande frétillait d’enthousiasme.
– L’est monté sur ressorts ! s’exclama Chiffon.
Celui-ci, avec ses cheveux en pétard, sonmanteau ouvert aux quatre vents, ses lacetsdéfaits, semblait sorti tout droit d’une essoreuseà salade.
– Poils à gratter ! hurlaient les passants rasésd’un peu trop près par l’ouragan Bougie.
Poils à gratter… Voilà comment tout lemonde désignait cette poignée de gosses quitroublait souvent la tranquillité du village.
Le bain moussant dans l’eau de la claire fontaine, c’était eux. La grenouille dans les boîtesaux lettres, encore eux. La marmelade d’orangesur les poignées de porte, toujours eux. Riende grave ni de méchant. Méchant, personne nel’était dans la bande à Bougie. Mais l’envie derigoler ensemble était plus forte que tout !
– À cette allure, il va finir par dégommerquelqu’un ! pronostiqua Bouillu, et l’on pourrarebaptiser la rue Piot rue Bowling.
Bougie ne « dégomma » personne. Il secontenta d’éclabousser de son mieux.
– Bon sang de misère de ras-le-bol ! aboyasoudain monsieur Thann (le facteur), touché enpleine tête par une rafale de gouttes. P’tit morveux ! jura-t-il ensuite d’une voix aussi grosseque trois voix cousues ensemble par le fil de lacolère. Grand dadais ! Crétin ! Guignol !
Dans la foulée, i

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