L école du Futur
121 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
121 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Ce recueil présente les nouvelles lauréates d'un concours organisé conjointement par Marathon Editions et la blogueuse Virginie Wicke, de Beltane (lit en) Secret.


Parce qu'elles considèrent toutes les deux que l'éducation est la fondation de l'avenir, elles ont retenu le thème : L'école du Futur.


Et parce qu'elles déplorent que l'égalité des chances soit malheureusement toujours une cruelle utopie, les droits d'auteurs seront reversés à l'association Apprentis d'Auteuil qui oeuvre depuis 1866 à améliorer l'accès à l'éducation et à la formation des plus démunis.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 37
EAN13 9791097570378
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Préface
 
Le thème L’école du futur n’a pas été choisi par hasard.  
Toutes deux avons à cœur l’éducation scolaire. Effectivement, c’est l’éducation que reçoivent nos enfants qui les prépare à leur vie future. Ce qu’ils vont apprendre durant leurs années scolaires et la manière dont cela va leur être transmis va leur permettre d’appréhender les difficultés qu’ils rencontreront plus tard.
L’éducation scolaire actuelle a malheureusement des défauts, mais aussi de réelles qualités. Elle subit de plein fouet le changement de notre société et peine parfois à s’y adapter. Curieuses de concevoir ce qu’elle peut devenir, nous l’imaginons de diverses manières : plus tournée vers la technologie et une dématérialisation de l’apprentissage ou, à l’opposé, plus proche de la nature et de la personnalité de chaque élève. Les variations sont multiples.
Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir que nous à découvrir la manière dont les quinze auteurs lauréats voient cette école du futur.
 
Virginie de Beltane (lit en) secret  
Florence de Marathon Éditions  
 
 
Note de Florence : Le choix des Apprentis d’Auteuil pour reverser les droits d’auteur perçus par la vente du recueil n’est pas anodin. Durant une année scolaire (2011/2012), j’ai été formatrice dans l’établissement de Meudon. Le contact avec les élèves des différentes classes où j’enseignais fut marquant, rendant cette année fort enrichissante.  
Neurotoxicité du bouquinage
 
Ange Beuque
 
Lorsque la jeune Aylin déposa le livre sur sa table, un silence de mort s’abattit dans la classe. Les camarades qui partageaient sa rangée amorcèrent un recul brutal, tandis qu’Alek ne put réprimer un glapissement de stupéfaction.
Rien dans le déroulé de la matinée ne l’avait préparé à cet incident. Rétroactivement, Alek se remémora toutefois qu’il avait surpris à plusieurs reprises son élève en flagrant délit de bavardage. D’ordinaire vive et intéressée, prompte à poser ses questions – parfois trop – pertinentes, Aylin n’avait guère prêté attention au calcul mental ni à la construction du néologisme pictogrammer .  
Et lorsque les autres élèves s’étaient lancés dans la production orale d’historiettes dérivées du Petit Poucet contre les pages maléfiques , la jeune fille avait continué à argumenter avec ses voisins. Face à leur scepticisme, elle avait décidé d’utiliser la manière forte pour les convaincre de ce qu’elle avançait : exhiber brutalement l’objet de la controverse...  
–  Éloigne-toi ! intima Alek à son élève. Où l’as-tu trouvé ?  
Aylin, pas mécontente de son effet, haussa les épaules et fit mine de toucher la couverture cartonnée.
–  Ne touche pas ! Tu sais que tu ne dois pas les ramasser, n’est-ce pas ? Cela peut te valoir de sérieux ennuis.  
–  Mon papy dit que...  
–  Si tu l’as trouvé dans la rue, il doit certainement provenir d’un bombardement.  
Alek enroula sa main dans un chiffon et s’avança d’un pas vif vers la table de son élève. Il recouvrit intégralement l’objet et le transporta précautionneusement jusqu’au coffre massif encastré dans le mur – non sans avoir préalablement jeté un coup d’œil à la dérobée sur le titre.
Naturellement, il fut difficile de remobiliser ses élèves sur les récitations, car l’objet était dans toutes les têtes. Quant à Aylin, dont l’expression oscillait entre honte et fierté, elle s’attirait désormais des œillades craintives.
La séance de mathématiques survint à point pour leur changer les idées. Mais le programme préconisait d’aborder la proportionnalité par un problème interrogeant la distance de sécurité à respecter pour se prémunir d’un ouvrage explosif, selon la taille et l’aspect de celui-ci. Alek préféra modifier l’énoncé pour en ôter toute mention polémique.
 
Lorsque l’heure de la pause méridienne sonna, les élèves s’égaillèrent dans leurs familles respectives, livrant Alek à la solitude. Les grandes écoles du passé avaient été commuées en microstructures qui ne comptaient généralement qu’un seul enseignant, afin de gagner en souplesse et en modularité d’après les mots de ses promoteurs. En fait d’adaptabilité, c’était surtout la concertation entre pédagogues qui avait pâti du dispositif...  
L’enseignant ne savait que penser de l’incident de la matinée : Aylin avait-elle voulu le provoquer ? Ou avait-elle souhaité amorcer un échange sur le sujet ? Sujet éminemment sensible dans le contexte actuel de menace terroriste permanente : il s’écoulait rarement une semaine sans que de nouveaux attentats soient portés à leur connaissance.
Alek se promit d’accorder à la jeune fille une attention accrue. Mais s’il avait espéré tourner si facilement la page de l’incident, il en fut pour ses frais : la pause venait de s’achever lorsqu’on frappa à la porte.
Deux hommes pénétrèrent alors dans sa classe sans attendre son autorisation. L’un était équipé d’une combinaison intégrale si épaisse qu’on ne discernait même pas ses traits. Quant à l’autre, Alek le connaissait bien puisqu’il s’agissait d’un maître formateur chargé de superviser la bonne application des consignes éducatives.
–  Je crois savoir qu’il y a un objet dangereux dans cette classe, asséna froidement le formateur. Veuillez nous en indiquer immédiatement l’emplacement.  
Alek désigna mollement le coffre : aussitôt, les élèves furent envoyés dehors, permettant au démineur d’enfermer le livre dans une mallette anti-explosion pour mieux l’évacuer.
–  Nul autre qu’un enseignant n’est mieux placé pour connaître les consignes de sécurité en cas de découverte de ce type, commenta sèchement le formateur.  
–  Si j’ai mal estimé la dangerosité de la situation, je vous prie de m’en excuser. J’ai cru...  
–  Vous n’avez pas à estimer. Si le livre avait explosé ou plongé ces enfants en catatonie, vous seriez le seul responsable.  
L’après-midi s’annonçait d’autant plus éprouvante que, loin de prendre congé, le formateur regagna la classe en même temps que les enfants et les interrogea sans détour sur l’incident du matin. Aylin, sous pression, ne tarda pas à se dénoncer.
–  Si je suis ici, ce n’est pas pour te punir ni te gronder, affirma le formateur. C’est pour être certain que vous mesurez tous le danger que vous avez couru. Qui connaît les consignes de sécurité ? Que vous a appris votre maître ?  
–  Il a dit que ramasser le livre pouvait nous valoir de sérieux ennuis, répéta consciencieusement un élève avant de tourner vers Alek un regard fier.  
–  Tu as tout à fait raison, renchérit précipitamment l’enseignant, sans laisser au formateur le temps de réfléchir au double sens de la mise en garde. Les explosions...  
Agacé, l’intervenant le fit taire en interrogeant d’autres élèves, condamnant Alek à écouter en tâchant de dissimuler son trouble. Il savait que cette inspection impromptue était d’autant plus périlleuse que l’institution le considérait déjà avec méfiance. La plupart de ses élèves savaient à peu près lire, et cela lui était insidieusement reproché. Depuis l’entrée en état d’urgence, l’apprentissage de la lecture avait perdu son caractère prioritaire, avant d’être subtilement découragé. À quand le grand saut vers l’interdiction pure et simple ?  
–  Savez-vous au moins pourquoi les livres sont si dangereux ? poursuivit gravement le formateur à destination des élèves, dont les réponses ne l’avaient pas totalement satisfait. Il n’est pas ici question de vous effrayer, seulement de vous préparer aux dures réalités du monde dans lequel vous vivez. Où en êtes-vous, en Histoire ?  
–  Nous avons p

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents