Rose voilée : Les contes de la Forêt de la pierre dorée
267 pages
Français

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Rose voilée : Les contes de la Forêt de la pierre dorée , livre ebook

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Description

Rose Rouge a un secret qu’elle ne peut révéler à quiconque. Elle se cache dans la forêt, le visage voilé par des chiffons, fuyant la compagnie de tous à l’exception de son vieux père et de sa chèvre-nounou. Son existence est morne et solitaire. Jusqu’au jour où elle fait la connaissance d’un jeune homme envoyé aux montagnes pour l’été. Le jeune et impétueux Léo étonne tout le monde lorsqu’il se lie d’amitié avec Rose Rouge et, ensemble, ils se mettent à la recherche du monstre qui, selon la rumeur, rôde dans ces lieux. Mais ce qui a commencé par un jeu devient une poursuite plus risquée que l’un ou l’autre d’entre eux n’aurait pu l’imaginer. Ils se voient bientôt obligés de mettre à l’épreuve leur confiance mutuelle alors qu’un fléau encore plus terrifiant met tout le pays en péril.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 janvier 2013
Nombre de lectures 3
EAN13 9782896837151
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À mon David Rohan
Prologue
La Maison sur la colline, bien qu’abandonnée, était sortie indemne des années d’occupation du Dragon. Cette notion faisait plaisir au jeune homme qui gravissait le sentier désert menant au lieu où il avait passé de nombreux mois heureux. Il avait craint que la Maison sur la colline, malgré son emplacement isolé, ait été l’une des cibles principales du Dragon. Mais en traversant divers villages de bergers sur la route de la montagne menant à la maison, il avait retrouvé le moral. Et quand il a aperçu la maison toujours debout au milieu de ses jardins en pente intacts, quelque chose qui ressemblait à un sourire a éclairé son visage trop sérieux.
De tous les lieux familiers qu’il avait visités depuis son retour à la maison, la maison était la seule à n’afficher aucune cicatrice visible de l’œuvre du Dragon.
Il gravissait la montagne seul ; ses compagnons de voyage l’avaient accompagné jusqu’au pied, mais il avait demandé à faire la montée seul. Cela signifiait une longue et rude journée avec pour seule compagnie un poney à longs poils hirsutes. Mais le jeune homme était désormais habitué à ce genre de solitude.
Dernièrement, la solitude lui pesait davantage dans une foule que lorsqu’il était seul.
L’air de la montagne était frais, en comparaison avec la puanteur qui s’attardait dans chaque respiration prise dans le reste du pays. Le poney robuste en profitait aussi, frottant la tête contre son corps et remuant la crinière avec une vigueur renouvelée. Le jeune homme a attaché sa monture à la grille d’entrée avant de pénétrer dans les jardins envahis par les mauvaises herbes.
Les fenêtres vides de la Maison sur la colline, semblables à des yeux tristes, le regardaient. Son regard s’est mis à la recherche des grandes fenêtres serties de tentures lourdes de la bibliothèque, pour s’arrêter sur une fenêtre plus petite, à l’étage au-dessus, qui s’ouvrait depuis son ancienne chambre à coucher. Si les carreaux de vitre étaient poussiéreux — fruit du temps et de la négligence —, ils n’étaient néanmoins pas couverts d’une couche de cendre, et les rideaux n’empestaient pas le poison.
Le jeune homme n’est pas entré dans la maison, même si une partie de lui désirait ardemment parcourir de nouveau ses corridors pour éprouver un réconfort qu’il n’avait pas encore ressenti depuis son retour dans son pays natal. Non, il avait grimpé jusqu’à la Maison sur la colline pour une raison précise et il n’osait pas s’attarder.
Il avait un monstre à pourchasser.
Il a trouvé la remise du jardin, qui était verrouillée, exactement comme le vieux Campagnol, le jardinier, l’avait laissée. Le jeune homme savait qu’il n’arriverait jamais à défaire ces verrous compliqués. À la mort de Campagnol, son remplaçant avait été incapable de les défaire et s’était vu obligé d’en bâtir une toute nouvelle. Mais les outils disponibles dans la nouvelle remise ne suffiraient pas ; le jeune homme le savait. Il fallait respecter certaines traditions, pour traquer un monstre avec succès.
La porte de bois avait ramolli à certains endroits. Il y a donné des coups de pied pour ensuite tirer plusieurs panneaux jusqu’à ce qu’il puisse se glisser à l’intérieur. Il n’a jeté qu’un regard furtif dans l’obscurité morose, comme si en surprenant les secrets du vieux jardinier, il profanerait une tombe sacrée. Il n’était à la recherche que d’une chose : l’arme d’un guerrier.
Qu’il a trouvée sous la forme d’une perche.
Ce n’était pas qu’une simple perche. Il l’a reconnue à l’instant où ses doigts se sont serrés autour de la mince tige de bois. C’était la perche des perches, redoutable et polie par un usage fréquent. Un autre sourire s’est dessiné sur les lèvres du jeune homme quand il est ressorti de la remise, arme à la main. À la lumière du jour, les gravures qui couvraient la perche d’un bout à l’autre étaient visibles ; irrégulières et sans attrait, mais sculptées avec soin. Au bout de la tige était noué un foulard rouge délavé.
Ainsi armé, le jeune homme s’est dirigé vers la grille la plus éloignée du jardin, qui était désormais recouverte de rouille. Elle a émis un grincement de protestation quand il l’a poussée pour s’engager dans le sentier qui menait plus haut dans la montagne.
Ce ne serait pas une chasse bien longue. Il avait une bonne idée de l’endroit où se trouvait le monstre. Ce n’était pas la première fois qu’il entreprenait cette quête.
La première fois, il devait avoir environ onze ans.
Première partie
1
L a rumeur courait qu’un monstre vivait dans les montagnes.
Personne ne savait où il se cachait. Personne ne pou-vait dire à quel moment il était arrivé là. Personne ne pouvait certes dire à quoi il ressemblait, bien que les opinions à ce sujet fussent contradictoires. Mais tout le monde s’entendait pour dire qu’il était là. Quelque part.
« Tout le monde » ne désignait personne en particulier et tous ceux qui travaillaient à la Maison sur la colline, là où Léo a passé l’été de ses onze ans. De prime abord, Léo a présumé qu’il s’agissait d’une de ces expressions que les adultes aimaient se renvoyer, un peu comme le juron « Dame silencieuse ! », poussé quand ils étaient effrayés, ou « Dents de dragon ! », quand ils étaient fâchés.
— Vous feriez mieux de rentrer, il fait presque nuit, l’appelait sa nounou depuis la fenêtre de sa chambre quand il jouait sur les pentes de pelouse et dans les jardins de la Maison sur la colline.
— Il ne faudrait pas que le monstre de la montagne ne vous enlève.
C’était faux. Léo n’aurait pas été mécontent si le monstre l’enlevait réellement ou, du moins, essayait de le faire. Il prenait tout son temps pour rentrer et n’obéissait que lorsque sa nounou était à deux doigts de sortir dehors pour le ramener par le collet. Mais peu importait la longueur des ombres sur le flanc de la montagne, il n’avait jamais aperçu jusqu’à un poil du monstre.
Puis un jour, il a emprunté, depuis sa chambre, l’escalier des serviteurs, car il menait plus rapidement aux jardins. Il y a surpris des voix furtives, et rien au monde n’aurait pu l’empêcher de tendre l’oreille.
— Je suis prêt à mettre ma main au feu et à jurer l’avoir vu ! a fait la voix que Léo reconnaissait comme celle de Petit-Ours, le caléchier. Je montais le sentier de la montagne pour me rendre chez ma vieille mémé, quand je l’ai vu, aussi vrai que je te vois !
Petit-Ours était un homme robuste, habitué à maîtriser les poneys de montagne qui tiraient les chariots dans cette partie sauvage du pays. Mais il parlait alors d’une voix basse et chevrotante.
— À quoi ressemblait-il ? a demandé maîtresse Rouge-Gorge, la cuisinière, d’une voix trop sèche pour être sympathique. Était-il gros et poilu ? As-tu vu le fantôme du Seigneur des loups ? À une époque, on disait qu’il hantait la région.
— Ce n’était pas un loup, Rouge-Gorge, je te le dis tout de suite, a dit le caléchier. J’ai chassé ma part de loups et je suis fier de dire que je n’ai jamais même senti un pincement au cœur à les entendre hurler par une nuit d’hiver. Ce n’est pas un loup que j’ai vu.
— C’était quoi, alors ? a demandé Rouge-Gorge. Un troll ? Un diablotin ? Une sylphide ?
— Cela se rapprochait davantage… d’un démon.
Léo a frémi dans l’escalier sombre — un frisson de terreur délicieux que seuls les garçons ayant un esprit bien précis pouvaient ressentir. Mais maîtresse Rouge-Gorge a éclaté d’un rire sans ambages.
— J’aurais préféré que tu parles d’un dragon, Petit-Ours.
— Tu sais aussi bien que moi qu’il existe, a rugi le caléchier.
Pendant un moment, maîtresse Rouge-Gorge a adopté un ton plus sérieux.
— Je sais ce que je sais et je ne prétends pas comprendre le reste. Mais je dis qu’il est préférable que tu gardes de telles sottises pour toi, surtout avec le petit monsieur dans les parages.
Petit-Ours a grogné, mais les deux interlocuteurs ont changé de sujet sans apercevoir Léo, qui se tenait dans l’escalier sombre.
Léo n’a pas bougé pendant un bon moment. Il avait déjà planifié sa journ

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