Dernier été dans l île
88 pages
Français

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Dernier été dans l'île , livre ebook

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Description

Charles Passavant est plus doué pour le tennis que pour les études. À la suite d'un malheur familial, son père le retire du lycée et l'envoie faire un « stage d'entreprise » dans une île lointaine. Pas de chance, sitôt commencé le stage prend fin pour cause de troubles politiques locaux.
Voilà le jeune homme oisif, livré à lui-même en attendant son retour à Paris. Promenades, bains de mer, pêche, siestes : les vacances forcées seraient supportables sans l'entrée en scène de personnages aux allures plus ou moins policières, qui posent beaucoup de questions et tiennent des propos bizarres.
Que cherchent-ils au juste ? Et qu'est devenu l'ami Thomas, qui a disparu dans l'île et ne reparaît pas ? Un malaise s'installe. Le séjour balnéaire prend un tour déplaisant. Des mystères s'épaississent, puis se dissipent, occasionnant quelques petites surprises, bonnes et mauvaises. Pour finir, il y aura même UNE grande surprise – d'un genre particulier, celle-là.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 décembre 2015
Nombre de lectures 8
EAN13 9782211226332
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le livre
Charles Passavant est plus doué pour le tennis que pour lesétudes. À la suite d’un malheur familial, son père le retiredu lycée et l’envoie faire un « stage d’entreprise » dans uneîle lointaine. Pas de chance, sitôt commencé le stage prendfin pour cause de troubles politiques locaux.
Voilà le jeune homme oisif, livré à lui-même en attendant son retour à Paris. Promenades, bains de mer, pêche,siestes : les vacances forcées seraient supportables sansl’entrée en scène de personnages aux allures plus ou moinspolicières, qui posent beaucoup de questions et tiennentdes propos bizarres.
Que cherchent-ils au juste ? Et qu’est devenu l’amiThomas, qui a disparu dans l’île et ne reparaît pas ? Unmalaise s’installe. Le séjour balnéaire prend un tour déplaisant. Des mystères s’épaississent, puis se dissipent, occasionnant quelques petites surprises, bonnes et mauvaises.Pour finir, il y aura même UNE grande surprise – d’ungenre particulier, celle-là.
 

L’auteur
« Ma biographie n’a pas de quoi enthousiasmer les foules.Je n’ai été ni boxeur, ni chercheur d’or. Mon seul faitd’armes est d’être père de famille nombreuse. » Boris Moissard est effectivement le père de six enfants (que desfilles !) et de nombreux romans, sans compter des albumsen collaboration avec Michel Gay, et les fameux Contes àl’envers concoctés avec Philippe Dumas.
 

Boris Moissard
 
 

Dernier été dans l’île
 
 

Médium
l’école des loisirs
11, rue de Sèvres, Paris 6 e
 

À mon Madelon,
sans qui «  rien n’eût
été possible  ».
 

I
Dans l’île
 
Il faut peut-être que les gens meurent pour qu’ondécouvre à quel point ils faisaient partie de votre vie.
Je me souviens d’une phrase que j’ai lue dans unroman et qui disait : « Il est des morts que nous ensevelissons dans la terre ; mais il est des personnes plusparticulièrement chéries, qui ont eu notre cœur pourlinceul. » Je cite de mémoire.
Vincent devait être pour moi un frère particulièrement chéri, puisque sa disparition me laisse dans cetétat. Je suis devenu funèbre. C’est l’avis général.
C’est surtout l’avis particulier de mon père, qui s’enest ému dès le mois de décembre :
– Charles, je craque. Ta tête d’enterrement et tonapathie empoisonnent la vie de famille. C’est bien assezde nos malheurs, et de la dépression de ta mère, sansque tu en rajoutes en nous cassant le moral.
J’ai promis de faire des efforts de gaieté. Peineperdue. Tout était réglé :
– Tu pars la semaine prochaine. Je t’ai organisé unstage chez De Voos, à Saint-Firmin. Tu débutes lequinze janvier.
– Et ma terminale ?
– Pour ce que tu y brilles, tu la reprendras aussibien l’an prochain. D’ici là, j’espère que la vie activet’aura un peu secoué.
– Où est-ce que je vais habiter, à Saint-Firmin,maintenant qu’on n’a plus la villa ?
– À la pension des Autels, au Fort-Blanc. Je viensde recevoir la réponse : c’est d’accord.
Mon père a cru devoir me faire l’article :
– La pension des Autels est un établissement correct. J’y ai logé à ton âge. On y dort bien, et on ymange à sa faim jusqu’au quinze août.
– Après le quinze août ?
– Ça se dégrade. Mais aucune importance, vu tonappétit actuel.
J’ai demandé, pour la forme :
– Et si je refuse ? Je suis majeur.
– Très bien, mon bonhomme. Tu es majeur. Alorstu prends la porte, et tu vas savourer ta majorité danston coin, sans me demander un sou.
J’ai fait ma valise pour Saint-Firmin. Mon pèrenous a enseigné de toujours tout prendre comme ça seprésente. C’est une règle de conduite qu’il nous aserinée depuis notre plus jeune âge, à mes sœurs, monfrère et moi. Son insistance m’a personnellementconvaincu. Je prends en général assez bien ce quim’arrive comme ça m’arrive.
Me voici donc à Saint-Firmin depuis le début janvier, mais en fait de vie active, censée « me secouer »,– pas de chance pour mon père, – c’est le zéro absolu.
Les troubles politiques sur l’île ont eu pour premierrésultat que la Distillerie De Voos a fermé ses portesvingt jours après mon arrivée, et que le vaillant stagiaire a été mis au chômage sans avoir eu le temps dese rendre indispensable.
En attendant la réouverture, je ne fais que dormir,lire, me promener dans la ville, pêcher un peu avecThomas quand il n’y a pas trop de vent, et nager pourme soigner les vertèbres cervicales.
Ce programme me laisse le temps de réfléchir. J’aibeaucoup repensé à notre accident. Je ne me l’expliquetoujours pas bien. Nous autres, les Passavant, sommesune famille faite pour le bonheur et à qui, selon moi,rien n’aurait dû arriver de tragique. En outre, monpère a toujours été un de ces as du volant dont tout lemonde dit : « J’aime mieux faire du deux cents dans savoiture que du soixante avec Untel. » Que s’est-il passéau juste ? Difficile à dire. Tout a été si rapide. Jesomnolais à l’arrière. Ève et Hélène dormaient carrément, affalées sur moi. Vincent, c’est maintenantqu’il dort, et pour de bon : nous pouvons faire notredeuil de son témoignage autant que de sa personne.Quant à ma mère, elle doit avoir son idée sur la façondont les choses sont arrivées. Mais vu son état, on ne laquestionne pas.
Au cours de la semaine qui a suivi le drame, lesgendarmes et les experts de compagnies d’assurancesnous ont tenu des propos bizarres, comme quoi notreaccident aurait comporté des éléments non conformes. Ç’a été leurs termes, dans lesquels on a senti une pointede soupçon et presque de reproche. Pour ces gens-là, ily a une façon conforme de faire des tonneaux en voiture dans un champ. Quand on ne s’y soumet pas, c’estlouche.
On a même eu la visite d’un soi-disant membre desRenseignements généraux, qui est venu dire à monpère :
– Docteur Passavant, il est possible que votreaccident n’en ait pas été tout à fait un.
– Ah bon ? a fait mon père, qui est un champion dela repartie.
– Avez-vous des ennemis, docteur ? Y a-t-il desgens qui aient des raisons de vous en vouloir ?
Ma mère n’assistait pas à l’entretien. Mon père atoisé le type et lui a répliqué :
– Je ne vois qu’une personne, à l’heure actuelle, quisoit dans le cas de me faire des reproches, c’est monpauvre fils Vincent.
Ça a cloué le bec au questionneur.
N’empêche qu’on a découvert, dans la barre dedirection de la BMW toute neuve (mon père venaitd’en prendre livraison), une cassure d’un genre effectivement assez peu conforme, surtout sur une voiturede cette qualité. Telles ont été les conclusions de l’expertise.
Mon père a affecté de les prendre à la légère, et afait tout ce qu’il a pu pour éviter que ma mère n’enait connaissance. Mais il n’y a pas tout à fait réussi,semble-t-il.
 
Six mois de chômage technique à Saint-Firmin et detête-à-tête quotidien avec Mme des Autels ne m’ontpas beaucoup égayé ni remis en appétit.
Nos repas à la pension sont mornes. Mme desAutels mâche interminablement chaque miette de pain,sans me quitter une seule seconde de son petit œil decachalot, perdu dans l’écheveau de toutes ses rides,lesquelles sont repliées chacune deux ou trois fois surelles-mêmes, et si profondément creusées dans sonépiderme flétri qu’on dirait des tatouages.
Au premier déjeuner, elle m’a dit :
– Charles, vous picorez.
Je m’en suis excusé :
– Je n’ai pas très faim, madame.
Elle m’a repris :
– Si mon mari vivait encore, il vous apprendraitqu’on ne doit pas dire « très faim », mais « grand-faim ».Mon mari tenait beaucoup au bon français.
– Je n’ai pas grand-faim, madame.
– Vous ne vous sentez pas d’attaque ? Votre couvous fait souffrir ? Vous vous ennuyez de votre famille ?Vous avez le mal du pays ?
– Non, non, tout va bien, madame.
– Alors, mangez en conséquence.
Ce jour-là, elle avait poussé vers moi une grossepart de tarte au sucre, qu’il n’y avait pas eu moyen derefuser. Après quoi je me souviens que nous avionsréglé le problème du pliage des serviettes de table.
– Vous plierez la vôtre en accordéon, mon enfant,et moi je ferai un chapeau de gendarme.
J’avais réussi du premier coup un accordéon honorable.
– Bravo, vous êtes adroit.
Grâce à ce bon d

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