Le passage du diable
136 pages
Français

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Le passage du diable , livre ebook

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136 pages
Français

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Description

Depuis son plus jeune âge, Daniel Cunningham a vécu enfermé, avec pour seule compagnie les livres et sa mère – qui l’a gardé reclus, à l’écart du monde extérieur, et qui n’a cessé de lui répéter qu’il était malade. Un jour, des coups frappés à la porte vont tout changer. Des voisins ont découvert son existence, et résolu de libérer Daniel de l’emprise de sa mère. Pris en charge par le docteur Marlow et sa famille, il va découvrir peu à peu que tout ce qu’il tenait pour vrai jusque-là n’était qu’un tissu d’histoires racontées pour le protéger. Mais le protéger de quoi ? De sa vie d’avant Daniel n’a gardé qu’une maison de poupée. Et pas n’importe quelle maison de poupée : c’est la réplique exacte de la maison natale de sa mère, une maison qui recèle de nombreux et sombres secrets. Jusqu’à quels vertiges ces secrets conduiront-ils Daniel ?
Petite, Anne Fine aimait les contes sinistres et bizarres. À neuf ans, elle était convaincue que sa maison était hantée. Si aujourd’hui elle ne croit plus aux fantômes, elle aime toujours les histoires qui font peur. Avec Le Passage du Diable elle veut effrayer (un peu) les enfants. Mais aussi raconter l’histoire d’un garçon dont le courage et la gentillesse vont lui permettre de surmonter des épreuves difficiles et d’en sortir grandi.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 juillet 2015
Nombre de lectures 14
EAN13 9782211224987
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le livre
Depuis son plus jeune âge, Daniel Cunningham a vécuenfermé, avec pour seule compagnie les livres et sa mère –qui l’a gardé reclus, à l’écart du monde extérieur, et quin’a cessé de lui répéter qu’il était malade. Un jour, descoups frappés à la porte vont tout changer.
Des voisins ont découvert son existence, et résolu delibérer Daniel de l’emprise de sa mère. Pris en charge parle docteur Marlow et sa famille, il va découvrir peu à peuque tout ce qu’il tenait pour vrai jusque-là n’était qu’untissu d’histoires racontées pour le protéger. Mais le protéger de quoi ?
De sa vie d’avant Daniel n’a gardé qu’une maison depoupée. Et pas n’importe quelle maison de poupée : c’estla réplique exacte de la maison natale de sa mère, unemaison qui recèle de nombreux et sombres secrets.Jusqu’à quels vertiges ces secrets conduiront-ils Daniel ?
 
« Impossible de refermer ce livre sansen connaître tous les mystères. »
Good reads
 
Prix Sorcières 2015
 

L’auteur
Petite, Anne Fine aimait les contes sinistres et bizarres.À neuf ans, elle était convaincue que sa maison était hantée. Si aujourd’hui elle ne croit plus aux fantômes, elleaime toujours les histoires qui font peur. Avec Le Passagedu Diable elle veut effrayer (un peu) les enfants. Mais aussiraconter l’histoire d’un garçon dont le courage et lagentillesse vont lui permettre de surmonter des épreuvesdifficiles et d’en sortir grandi.
 

Anne Fine
 
 

Le Passage
du Diable
 
 

Traduit de l’anglais
par Dominique Kugler
 
 

Médium poche
l’école des loisirs
11, rue de Sèvres, Paris 6 e
 

Pour AJMW
PREMIÈRE PARTIE
1
 
J’ai toujours eu une drôle de vie. Depuis le tout début.Moi, je ne la trouvais pas bizarre, bien sûr. Je suisconvaincu que chaque individu, sur cette terre, estpersuadé de mener une vie normale et croit quec’est celle des autres qui ne l’est pas. Quoi qu’il ensoit, ma vie à moi avait débuté fort singulièrement,par la façon dont on m’avait élevé.
C’était… – allons, Daniel, il faut appeler un chatun chat – … c’était quelque chose d’assez fou.
Ma mère n’était pas folle à lier, pourtant. Si elleavait poussé des cris perçants, déchiré ses vêtementset hurlé comme une possédée, les voisins auraientprévenu plus tôt, et tout aurait été différent. Maisnon. Ma mère était quelqu’un de calme. C’est dumoins ce que je croyais. Je l’avais toujours vue déambuler le plus tranquillement du monde dans machambre.
Ma chambre de malade, pour être plus précis.
Car dès que j’avais été assez grand pour comprendre ce qu’elle me disait, elle n’avait cessé de merépéter que j’étais gravement malade. Et je la croyais.Pourquoi aurais-je mis sa parole en doute ? Ainsi, j’aipassé mes plus jeunes années mollement adossé à desoreillers. Je n’avais le droit de me lever que pour allersur le palier et gagner, d’un pas chancelant, la pièceglacée abritant les toilettes ; mais elle me tenait toujours le bras de peur que je tombe. (Qui n’aurait pasété étourdi, après ces heures passées au lit ?) Parfois,l’été, lorsque la pelouse se piquetait de pâqueretteséclatantes, elle m’autorisait à descendre en me cramponnant à la rampe – « Doucement, doucement,Daniel ! Attention de ne pas tomber ! » –, et là, tout àcoup, je pouvais humer l’odeur entêtante du lilas etsentir sur mes mollets maigres et blancs la caressed’une petite brise.
À peine étais-je installé dans le fauteuil en osier,sous le poirier, qu’elle m’enveloppait de nouveau lesjambes dans des couvertures. Mais au moins j’étaisdehors, je voyais le ciel en entier, au lieu du minuscule carré de lumière à travers la petite fenêtre crasseuse de ma chambre qui donnait sur la cour.
À part cela, je passais au lit le plus clair de mon temps. Et il en fut ainsi pendant des jours et desannées. Ma mère était constamment assise à monchevet, occupée à crocheter des cols de dentelle auxmotifs compliqués qu’elle emballait ensuite dans dupapier de soie pour les envoyer à Manchester. Ilsétaient vendus dans un catalogue de colifichets pourdames : cela servait à payer notre loyer. Parfois jem’endormais, et à mon réveil elle n’était plus là. Ouencore je glissais dans un rêve alors que j’étais seul,puis, rouvrant les yeux, je la voyais près de moi, avecses petits crochets à manche d’ivoire torsadant ettirant le fil qui sautillait à chacun de ses mouvements.J’avais l’impression de voir en rêve ses allées etvenues mais, encore une fois, je passais tellement detemps à la lisière du sommeil que je perdais pied avecla réalité et confondais mes rêves avec ce qui s’étaitréellement passé. Souvent ce que je voyais en rêveme semblait réel, tandis que les objets présents dansma chambre paraissaient sortir de mon imagination :l’armoire en chêne sculptée, les tableaux accrochésau mur, la jolie maison de poupée ancienne de mamère et les livres sur l’étagère.
Ah, les livres ! Sans eux, je serais devenu fou. Je nepouvais ni nager ni marcher, alors d’autres remontaient à ma place des rivières infestées de crocodiles et escaladaient des sommets enneigés. Je ne me souviens plus comment j’ai appris à lire. J’ai une imagede ma mère pointant l’index sur un livre et de deuxanimaux, l’un en chemise à carreaux, l’autre en pantalon écossais rouge vif – s’agissait-il de Blaireau etCochonnet ? – parcourant avec moi l’alphabet et lescontes pour enfants.
Lorsque je fus assez grand pour savoir qui j’étais– je suis Daniel Thomas Cunningham, le fils uniquede Liliana Cunningham –, Blaireau et Cochonnetavaient disparu. La plupart des livres empilés sur matable de chevet provenaient désormais des bibliothèques du rez-de-chaussée, et il fallait que je ronchonne et supplie ma mère des heures entières pourqu’elle consente à me les apporter, malgré sa peurque leur couverture moisie n’achève d’endommagermes pauvres poumons.
Et puis, un beau jour, un cataclysme s’abattit surnotre maison. J’entendis frapper à la porte de la cuisine, l’entrée de derrière. C’était bizarre, car, en général, les livreurs venaient le matin, et il était fort rareque l’on reçoive d’autres paquets, sauf si ma mèreavait commandé un coupon de satin pour remplacerune chemise de nuit usée. J’entendis sous ma fenêtredes éclats de voix, comme s’il y avait devant chez nous non pas une mais plusieurs personnes qui faisaient du foin.
– Si, si, Mrs Cunningham, il faut absolument quevous veniez ! Juste un instant. Pas plus loin que leportail de votre jardin.
– Je vous en supplie, Mrs Cunningham. Permettez-nous d’insister.
– Vous ne serez pas déçue de voir ce que nousavons à vous montrer.
Troublée, ma mère avait dû sortir et les suivrejusqu’à l’allée qui reliait la maison au portail du jardin.
J’avais compris. J’entendis ensuite la porte de lacuisine claquer derrière elle et le bruit du verrou quel’on ferme de l’intérieur.
Il y avait, dans la maison, quelqu’un que je neconnaissais pas.
2
 
Je me dressai subitement sur mon séant. Du dehorsme parvenaient, de plus en plus lointaines, les protestations de ma mère.
– Que tenez-vous tant à me montrer ? Pourquoidevrais-je vous suivre ? Je ne vois pas ce qui pourraitm’intéresser dans la rue !
Mais j’entendis surtout des bruits de pas – lourdset pressés – qui montaient l’escalier puis, dans le couloir, des portes qu’on ouvrait successivement.
Un homme apparut soudain dans l’encadrementde la porte. Bien qu’encore assez jeune, il avait labarbe et les cheveux légèrement grisonnants. Il portait une mallette de cuir d’une façon très professionnelle qui m’inspira immédiatement confiance etapaisa quelque peu ma frayeur.
– Ainsi, lança-t-il, les bavardages de toutes ces dames de la ville disaient vrai : nous avons bien ici unmalade.
Les bonnes manières que j’avais apprises dans leslivres ne devaient pas laisser tant que cela à désirer,car lorsque j’eus rassemblé assez de courage, je lesaluai avec ces mots :
– Bonjour, monsieur. Êtes-vous médecin ?Venez-vous pour m’examiner ?
Il eut un sourire rayonnant.
– Mais… tu parles ?
– Oui, monsieur.
Il me sembla qu’avoir répondu aussi vite me donnait le droit de poser une autre question.
– Où ont-ils emmené ma mère ? Toute cette agitation, devant la porte, était-ce une ruse pour l’attirerhors de la maison et vous permettre d’y entrer ?
De nouveau il sourit.
– Et futé, avec ça !
Manifestement, il estimait avoir peu de tempsdevant lui. Il avança jusqu’à mon lit, me prit le braset le sortit de sous les couvertures. Tirant de sa pochesa montre gousset, il me prit le poignet et medemanda, très poliment :
– Et comment nomme-t-on ta maladie ? Peux-tu me le dire ?
Je secouai la tête.
– Tout ce que je sais, c’est que j’en suis atteintdepuis toujours.
Fronçant les sourcils, il me fit signe d’ouvrir labouche pour en examiner l’intérieur. Il écouta moncœur, me demanda de respirer plusieurs fois, de plusen plus profondément, puis de tousser. Je dus ensuiteme pencher en avant et tousser encore. Ayantremonté mes couvertures, il me tapota les genoux,me pinça les orteils.
– Tu sens quelque chose ?
– Oui !
J’entendis, dehors, les pas précipités de quelqu’unremontant l’allée. D’autres pas suivaient. Il y eutensuite un bruit que j’identifiai comme celui dubouton de la porte d’entrée que l’on tournait en toussens. J’entendis les cris de ma mère.
– Qu’avez-vous fait ? Vous m’empêchez de rentrer chez moi ? Ouvrez cette porte ! Ouvrez, vousdis-je !
Et d’autres voix, qui se voulaient toujours apaisantes.
– Venez, Mrs Cunningham. Soyez tranquille, nousne vous voulons aucun mal.
Comme si de rien n’était, comme si le plus grand calme régnait dans la maison, le docteur me posa unenouvelle question :
– Peux-tu te lever ?
Avec le recul, je me demande encore aujourd’huisi ce n’est pas un léger soupçon tapi au fond de moiqui me poussa à saisir cette chance et à faire exactement ce que me demandait le docteur, plutôt que dem’épuiser à protester contre le stratagème mis enœuvre par ses complices et lui pour attirer ma mèredehors. En effet, je décidai d’ignorer le raffut que j’entendais en bas, pivotai avec précaution sur mon sé

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