Athènes dispersée parmi les fleurs
115 pages
Français

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Athènes dispersée parmi les fleurs , livre ebook

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Description

La poésie de Gérard Augustin est le plein champ de bataille où l'amour et l'épopée ne se perdent pas de vue. En trois textes magistraux, alliant densité, beauté et clairvoyance, il explore la cicatrice et le chant silencieux de la poésie. L'aventure des temps, de la Grèce antique à la chevalerie, est toujours à l'épreuve de l'instant et de la chair du poète. L'auteur, qui pourrait apparaître comme un poète de l'abstraction, est en profonde résonance avec le toucher. Gérard Augustin est une des voix les plus originales et rigoureuses de la poésie française contemporaine.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 75
EAN13 9782296694750
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Athènes dispersée
parmi les fleurs
Levée d’ancre
Collection dirigée par Michel Cassir et Gérard Augustin

Levée d’ancre est une nouvelle collection privilégiant l’écriture poétique. Elle se propose d’abord de publier, au-delà de la division des genres, la poésie sous toutes ses formes ; de la précise ciselure du vent aux nouvelles, y compris le « noyau de prose » par lequel l’œuvre exprime ce qu’il y a de plus actuel, dans sa construction d’un sens de la poésie.
Ensuite, multiplier les accès à cette poésie, tant par les anthologies critiques, les ouvrages collectifs, que par les échanges entre écrivains et lecteurs, les rencontres entre la poésie, les différents arts et la vie.

Dernières parutions

56 – Antoine SIMON, Re coudre, 2010.
55 – Nora IUGA, Le cœur comme un poing de boxeur, 2010.
54 – Christian CAVAILLE, gravités, 2010.
53 – Alain ROBINET, La poésie n’illustre pas la peinture, qui n’imite pas ! En 5 théories-fictions prises sur le vif du sujet : contre Horace pour Eros, 2010.
52 – Enver ERCAN, Le coquelicot blanc, 2010.
51 – Sebastian REICHMANN, L’Unité a déménagé dans le monde d’en face (photographies de Gheorghe Rasovsky), 2010.
50 – Pierre GODO, Rue, angle et feux, 2010.
49 – Gavin BOWD, Chastellart, 2009.
48 – Catherine LECHNER-REYDELLET, Æternitas. Nasci – Vivere – Mori, 2009.
47 – Christian CAVAILLE, Instances accrues, 2009.
46 – Reza HIWA, Rêve et châtiment, 2009.
45 – COLLECTIF, Dix-septpoètes turcs contemporains, 2009.
44 – Siegfried PLÜMPER-HÜTTENBRINK, Itinerrance, 2009.
43 – Dan STANCIU, Les témoins oraculaires, 2009.
42 – Philippe André RAYNAUD, Innombrables parmi les minuscules, 2009.
41 – Nathalie PICARD, Le Mot Amen ne se prononce pas , 2008.
40 – Nanos VALAORITIS, La boîte de Pandore, 2008.
Gérard AUGUSTIN


Athènes dispersée
parmi les fleurs


Photos de Julien Augustin


LEVEE D’ANCRE
L’Harmattan
DU MÊME AUTEUR

SansIntention, Atelier des Grames, 1970
Ariane, P. -J. Oswald, 1974
Vies nouvelles, Flammarion, 1979
Indes méditerranéennes, Flammarion, 1984
Dragons, Atelier des Grames, 1987
La Fille de Roland, Atelier des Grames, 1992
38 peintures de Viswanadhan, Digraphe, 1997
Dialogue avec la Sibylle, au bord du lac Averne, Digraphe, 1998
Le Guide des égarés, Digraphe-Editeur, 1999
Le Retour du temps, L’Harmattan, 2002
Constantza/Constanta, Ex Ponto, 2003
Le Voyage de Lao-Tseu à Constantinople, L’Harmattan, 2004
Nicosie suivi de Les Banquets de Dinana, L’Harmattan, 2008

Livres avec les peintres :

Le 1 er novembre 1978, reliefs dAnik Vinay, Atelier des Grames, 1979
Giorgone, bois gravés enluminés de Bernard Souchière, Atelier des Grames, 1990
La Guerre, gravures de Mireille Baltar, Adac, 1991
Sinon pour cette lumière, gravure de B. Souchière, Atelier des Grames, 1991
Roissybus, gravures de Wong Moo-Chew, Villa Arson, 1995
Alexandrie 1, gravures de Mireille Baltar, Adac, 1995
Gestes amoureuses, gravures de Mireille Baltar, 1998


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11237-7
EAN : 9782296112377

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Athènes dispersée parmi les fleurs

« Rien ne peut être exposé sans la figure d’une fiction »
Martianus Capella, Les Noces de Mercure et de Philologie
1
Le sang monte et irrigue les mains
d’une limaille de lumière c’est
un chantier dont on a emporté tous
les participants – il faut que chacun revienne
pour méditer sur l’absence de ses camarades
le sang monte en fusée quotidienne
en élixir de louange parce que tout
paraît à sa lumière se fond dans
l’éperon ironique de la mémoire plus
téméraire et moins miséricordieux
que le songe comme si la manie
de contrôler les souvenirs qui passent
sur les murs avait cessé d’exiger
qu’on vérifie leur pertinence et mesurait
le degré de lumière dans lequel ils sont pris
le sang monte dans le bureau de la naissance
et y déborde personne ne peut vivre
longtemps hors de la masse rouge compacte
même l’instinct de fuite s’illumine en une
bouée de détresse que personne ne réclame
le sang aborde en moussant la ressemblance
la jette par paillettes minuscules sur
le visage de celui qui ose s’aventurer
si près de l’accouchement le sang
branche le blanc de la lumière sur le corps
non pour le disloquer ou pour l’effrayer
comme s’il roulait en mouette effarée
sur la rue déclive qui s’offre en les murs
mais pour le rafraîchir avec l’effusion
de sa semence écarlate et posée
bien plantée dans le croisement du mur
avec la lumière le croisement avec le narratif ébloui
de la lumière pour l’inonder de cette
passion qui emplit maintenant le bureau
et abandonne le jour au moment où
il lui sert à surgir du milieu du monde
de l’affadissement de la dilution des choses
rangées et aimées
2
L’invraisemblance de la coupure entre
le bonheur et le lieu comme si le lieu
s’était enfui quand les lumières se sont éteintes
quand j’ai oublié le pays coupé en deux
par la liaison lumineuse entre espace et lieu
la coupure qui renaît dès que je me rappelle
les lumières assombries par le gouffre qui
menace la parole dans cette étrangeté
des colonnes maintenues à l’entrée du temple
le gouffre qui compte les tambours échoués
les pierres éclatées qu’aucune lumière
ne peut relever la coupure qui accentue
le partage entre le substitut symbolique des
colonnes et le vide qui contient le combat
des centaures ou la lutte des géants quand
la lumière s’allume dans ce pays étranger
où plus rien ne peut apparaître si ce n’est
sur une photo prise au moment où tout
s’emplit d’herbe et de poussière la coupure
ne touche pas à la poussière elle explore
le corps planté sur les premières marches
où la lumière miraculeusement ne peut
l’atteindre parce qu’il est dans l’écart
entre les colonnes et le vent du sud
qui ne cesse de souffler il active
l’opposition entre le temps présent et
toutes les imitations que les ans ont
accumulées dans l’attente de ce jour
où la coupure paraît et sépare les colonnes
dressées de l’espace démesurément abandonné
non par l’oubli mais par une liaison
secrète entre la réviviscence de l’amour
trop longtemps mis de côté pour les mutations
du sens et l’histoire d’une vie possible
une liaison sombre comme le gouffre
qui s’est ouvert entre l’acte le fait de monter
les marches et les quelques mots qui
ne peuvent être prononcés qu’à l’abri
du vent
3
L’obscurité douce opère des substitutions
autour du temple il y a un étagement
d’ombres plus légères que l’air que nous
respirons et nous aspirons l’obscurité
qui tombe de la voûte intacte pour rester
silencieux pour ne pas troubler les corps
déchus qui gisent dans l’herbe et
se mêlent aux blocs éparpillés l’obscurité
fait écran entre notre visage et notre respiration
mais nous l’aspirons parce qu’elle nous rend
la vie que nous risquions de perdre
en faisant le tour du temple à la recherche
d’une entrée plus lisible d’une grotte
dans l’obscurité qui nous permette de nous
souvenir de la première fois où nous avons
vu le temple quand il n’était encore
qu’un écran dans la ville dressé au-dessus
des arbousiers et de l’unique oranger
qui donne des oranges dont on peut manger
la peau et la peau est un nouvel écran
entre l’obscurité et notre respiration
d’étagement inaperçu en arrière-plan

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