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Informations
Publié par | Encyclopaedia Universalis |
Date de parution | 10 novembre 2015 |
Nombre de lectures | 0 |
EAN13 | 9782852299412 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.
ISBN : 9782852299412
© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.
Photo de couverture : © Nito/Shutterstock
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Bienvenue dans la collection Les Fiches de lecture d’Encyclopædia Universalis .
Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Bérénice, Jean Racine (Les Fiches de lecture d'Universalis).
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BÉRÉNICE, Jean Racine (Fiche de lecture)
Concurrent de Pierre Corneille – qui, au même moment, écrit Tite et Bérénice –, Jean Racine (1639-1699) signe avec Bérénice (1670) l’un de ses plus grands succès. L’œuvre est une tragédie expérimentale : peu de vers (1 506), peu de scènes (29), trois personnages majeurs, une intrigue qui trouve sa source chez Suétone : « dimisit invitus invitam » (« il la renvoya malgré lui, malgré elle »).
• Un arrêt irrémédiable
La tragédie n’est qu’un long retardement. Le Romain Titus, devenu empereur à la mort de son père Vespasien, doit quitter Bérénice. Bérénice, reine de Palestine, ne peut, selon les lois romaines, épouser l’empereur qu’elle aime pourtant profondément : « Jugez de ma douleur, moi dont l’ardeur extrême,/ Je vous l’ai dit cent fois n’aime en lui que lui-même » (I, 4). Antiochus, roi de Comagène, espère épouser Bérénice, qui ne l’aime pas. D’emblée, Titus doit avoir choisi et toute l’intrigue consiste à savoir quand et comment il annoncera à Bérénice leur séparation. Mais a-t-il vraiment choisi ? Le Sénat, les lois romaines exigent cette décision et la convention qui affirme que jamais une reine étrangère ne pourra espérer devenir impératrice romaine est une sorte d’oracle laïque sacralisé, engageant le destin des héros. Oracle laïque ou loi fondamentale de l’Empire, peu importe puisqu’il s’agit en réalité de confronter les héros à un arrêt irrémédiable.
Alors que faire d’autre que pleurer ? Que faire d’autre qu’écrire une longue élégie dialoguée ? Au sentiment de pitié, qui est aussi compassion et admiration pour les souffrances et les sacrifices, Racine ajoute la « tristesse majestueuse ». L’expression (Préface de 1671) combine le chagrin absolu et violent (c’est, au XVII e siècle, le sens de tristesse) et la « majesté », celle des rois, qui fonde et justifie leur pouvoir. Ainsi, le chagrin, né de la mondanité galante, s’en écarte pour devenir royal et sublimer toutes les émotions tragiques en une seule grande et forte émotion. Dépassant la tendresse, la tristesse témoigne alors de la pureté des sentiments et des héros.
• Une esthétique de la rareté
Pour en arriver là, Racine a, une fois de plus, choisi une voie différente de toutes celles qu’il avait jusqu’à présent expérimentées. C’est un nouvel essai esthétique qui tient compte à la fois des acquis (la constante référence aux tragiques grecs et à Aristote, les larmes et la tendresse d’ Andromaque , 1667, le sérieux et le recours à l’histoire romaine de Britannicus , 1669) et entend les dépasser par une rigoureuse économie de moyens. Faire comme les Anciens, et aller plus loin qu’eux dans l’épure en peignant une action immobile dans une esthétique de la rareté.