Dragon noir

Stéphane Kirchacker

Description

Juliette a été kidnappée par Dragon Noir. Au guidon d’une Tornado, Roro part à la rescousse... Gare aux méchants !...

Une carcasse gigantesque écartèle le chambranle. Impossible de détailler le bestiau d’un seul coup d’œil. J’entame une inspection de bas en haut. Des écailles sombres recouvrent chaque parcelle de ce corps massif. Une queue rougeâtre aux reflets ocre est enroulée sur son abdomen. Mon regard remonte vers le visage, mais soudain la tête du monstre s’efface derrière une épaisse fumée aux odeurs de tabac. Une poignée de secondes plus tard, le crâne traverse le rideau de gaz. D’énormes naseaux expulsent des vapeurs de cigare. La gueule s’ouvre et grogne :
— Dis le gringalet, ils te plaisent mes tatouages ? Tu viens délivrer ta petite copine ?
La probabilité de résoudre le conflit par le dialogue frise le zéro absolu.

On sort essoré de cette nouvelle tourneboulante, déjantée à coup sûr. Kirchacker fait feu de tout bois, celui dont on fait les textes drôles, surréalistes, voire poétiques (Eh oui !). On en dira pas plus pour vous ménager la surprise ! Poilade garantie !

Sujets

• Littérature
• Fiction

Informations

• Publié par: Ska Éditions
• Date de parution: 22 août 2019
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9791023407815
• Langue: Français

Extrait

Stéphane Kirchacker

Dragon noir

nouvelle

Collection Noire Soeur
 
 
 
 
— Juliette a été enlevée, il faut que vous m’aidiez !
Le hurlement du comte me fait l’effet d’un coup de marteau. Mon cerveau refuse de comprendre sa phrase et mon corps se fige tel un clou planté au milieu de la pièce. Les yeux de l’aristo papillotent. Probablement des S.O.S. en morse. Rien à faire, je reste de marbre. Une vraie statue. Sa bouche s’ouvre à nouveau. D’abord pour aspirer une bouffée d’oxygène, ensuite pour rebeugler :
— Juliette a été enlevée, aidez-moi !
Si monseigneur quémande mon assistance, c’est que la situation est grave. Lors de notre première rencontre au château, le vieux noble a frôlé la crise cardiaque quand j’ai évoqué le fait d’épouser sa fille. Il m’a rappelé les traditions de son milieu. Il refusait que Juliette se marie avec moi, un point c’est tout, circulez y’a rien à voir ! Ce jour-là, pointant une série de trombines emperruquées au mur, le comte s’est mis en devoir de m’expliquer son lignage — Ah, les liens du sang, bleu bien entendu. Il a achevé sa démonstration généalogique par un fier : « Ma famille est issue d’une ancienne branche capétienne. » Ce à quoi j’ai rétorqué du tac au tac : « Permettez alors que je vous appelle vieille branche ! » Depuis ma réaction à chaud, nos relations sont glaciales. Je grimpe sur son corps à elle sans son accord à lui.
La première partie de sa phrase accroche enfin un de mes neurones : Juliette a été enlevée. J’atterris ou plutôt m’écrase contre la dure réalité. Le comte enchaîne :
— D’après des témoins...