Entre l’étreinte de la rue et la fièvre des cafés
101 pages
Français

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Entre l’étreinte de la rue et la fièvre des cafés , livre ebook

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Description

« Bête du pouvoir. Bête tout court.
Entre l’étreinte de la rue et la fièvre des cafés, à écrire, à lire, à peindre, à marcher, à vadrouiller, à parler avec mes enfants, mes amis, les corneilles et les petites bêtes autour de moi, j’ai espoir qu’un jour toute cette beauté l’emportera sur le pouvoir de la bêtise, en commençant par la mienne.
Bras-dessus, bras-dessous, je respire mieux à nicher dans le maquis.
[…] Sans autre exutoire que la marche, je parcours à pied les rues quiètes ou en retrait, les chemins de travers, les ruelles par lesquelles se succèdent les dérives vers d’autres cieux plus dégagés.
Pas à pas, je marche à me narrer, à m’égarer, à m’ignorer, à me rapprocher du prochain jour à marcher.
Je gîte en moi à marcher. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 janvier 2012
Nombre de lectures 2
EAN13 9782895972570
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ENTRE L’ÉTREINTE DE LA RUE ET LA FIÈVRE DES CAFÉS
DU MÊME AUTEUR
Poésie
La grande sortie , L’Interligne, 2008. L’œil de la lumière , L’Interligne, 2007. Pour ce qui reste de la beauté du monde , L’Interligne, 2005. Même les fougères ont des cancers de peau , Le Nordir, 2002. J’ai à la bouche une libellule nue , L’Interligne, 2000. La donne , Le Nordir, 2000. Autobiographies d’un cri , Vermillon, 1995. Sur les profondeurs de l’île (ballade), Vermillon, 1990. Zinc or , Vermillon, 1986. Temps de vies (dessins de Marc-Antoine Nadeau), Éditions de l’Université d’Ottawa, 1979. En passant (avec Georges Tissot et Serge Fuertes; dessins de Guy Laliberté), s.é., 1975.
Roman
Le retour à l’île , Le Nordir, 2003. Il faut crier l’injure , Le Nordir, 1998. La voie de Laum , Vermillon, 1998. Le premier instant , Prise de parole, 1992.

Théâtre
Victor Blanc. La bête ou un caprice des temps. Entre deux rangs , Éditions de l’Université d’Ottawa, 1979.
Essai
Pour une culture de l’injure (avec Herménégilde Chiasson), Le Nordir, 1999. Petites incarnations de la pensée délinquante . Propos sur les arts et la culture , L’Interligne, 1994.
Pierre Raphaël Pelletier
Entre l’étreinte de la rue et la fièvre des cafés


RÉCIT
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Pelletier, Pierre, 1946-
Entre l’étreinte de la rue et la fièvre des cafés / Pierre Raphaël Pelletier.
(Indociles)
ISBN 978-2-89597-207-5
I. Titre. II. Collection : Indociles
PS8581.E3988E58 2012 C843’.54 C2011-908167-9

ISBN format PDF : 978-2-89597-256-3
ISBN format ePub : 978-2-89597-257-0

Les Éditions David
335-B, rue Cumberland
Ottawa (Ontario) K1N 7J3

Téléphone : 613-830-3336 / Télécopieur : 613-830-2819

info@editionsdavid.com
www.editionsdavid.com

Tous droits réservés. Imprimé au Canada.
Dépôt légal (Québec et Ottawa), 1 er trimestre 2012

Les Éditions David remercient le Conseil des Arts du Canada, le Secteur franco-ontarien du Conseil des arts de l’Ontario, la Ville d’Ottawa et le gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada.
À mes enfants Isabelle, Gabriel, François et à ma petite-fille, Natasha
RÉCIT
1
Un matin, c’est la vie. Sans plaisir, sans avenir. Et je bois. Pour être bien, être d’attaque sur tous les fronts à la fois. À l’aval de la vie.
En soirée surtout. Toujours de plus en plus. Je bois. En pleine déflagration du temps. Les viscères en feu. À écrire, à peindre comme un forcené.
Depuis des lustres que je dors à peine quelques heures. Plus souvent à l’aube qu’autrement. Peu m’importe. Je savoure les états seconds que me procure l’alcool. Il me donne accès à des voies délétères où j’ai la sensation de voir plus clair, plus loin. Avec un corps qui sauvegarde l’essentiel, cet autre en moi qui m’imprègne de son écriture, de sa peinture.
Évidemment, après vingt ans d’éthylisme, il n’est pas surprenant de vivre quelques malaises. Pertes d’équilibre, de mémoire. Des vertiges, chutes sur le sol et dans la cuisine chez moi, deux fois. Ecchymoses au visage. Blessures à la tête. Rien d’énervant. Je suis toujours à mon meilleur. Du moins, je le crois.
Inévitablement viennent les journées où je ne suis plus moi-même. Subtil au début, l’alcool ne tolère plus de partager l’horaire avec les activités que je juge sacrées. À mon gîte, l’alcool prend tout mon temps. Brutalement parfois. En sa compagnie plénipotentiaire, je ne vole même plus. Mais, malgré mon esclavage, je ne peux plus m’en défaire. Je ne fais plus rien. Je bois seul. La belle affaire.
Hors de moi, je perds tous mes repères. Puis après, me dis-je… Je vis un autre extrême. Un esseulement décapant me donne le sentiment d’atteindre un état de grâce. Celui des gens qui ont fait de leur vie un territoire de blessures intouchables d’où surgit une poésie à morsure de volcan.
Je ne suis plus loin du néant qui me reluque de son œil de mécréant. Je crois que tout est fini. Seul l’alcool peut me garder vivant. C’est gros comme ultime bêtise. J’en suis conscient. J’ai très mal d’être passé ainsi à côté de la vie.
Je vois de plus en plus ma souffrance dans les yeux de mes enfants, moi qui les aime inconditionnellement, qui leur fais cela comme le pire des imbéciles. Pourquoi ?
Ce mal dans ma chair ne me quitte plus. Me torture au-delà de l’entendement. Non… Je ne peux plus continuer à faire mal à mes enfants. J’ai mal d’eux, mal de moi. Mais comment faire ?
L’alcool ne me lâche pas.
2
Je continue à alcooliser tout sur mon passage. Buvant bien au-delà de ce que je consomme habituellement. Ce qui est déjà considérable.
Contre toute espérance, je vide les bouteilles de scotch. En ces interminables fins de nuit, je bois un dernier verre qui s’étire à n’en plus finir. Que j’en finisse avec le last call de ma vie !
Quelle affreuse farce que de vouloir y croire !
Étreintes de nausées, d’étourdissements, d’écœurements.
Un jour, une nuit. Ayant bu plus qu’outrancièrement, je me mets à vomir violemment. Pendant de longues minutes et encore. Rien ne sort. Sans répit, les contractions abdominales reprennent, s’intensifient. J’essaie de me relever, pensant que c’est terminé. Peine perdue. Mes contractions secouent mon corps qui n’en peut plus. Je sens que quelque chose veut sortir de moi. Ça y est, ça sort. Une odeur fétide se répand dans la cuisine. Devant moi se ramasse, en un tout, une espèce de substance translucide qui prend immédiatement une forme humaine. Je la vois très bien. C’est une forme ondulatoire. Je sens qu’elle me fixe de ses yeux à peine définis. Décontenancé, je la vois osciller et disparaître littéralement dans l’air.
Physiquement soulagé, je me relève. Sans chercher à comprendre ce qui vient de m’arriver. Conscient que nous sommes tous soumis aux forces connues de l’univers qui nous réserve encore quelques secrets, aussi convaincu qu’il existe d’autres forces qui échappent complètement à notre entendement.
3
Le lendemain, qui vint quelques heures plus tard, je finis la bouteille de Grouse. Et je m’empresse d’en acheter une autre au LCBO sur le chemin de Montréal. Une belle sortie.
J’en bois toute une rasade avant de me rendre à la clinique du coin. La salle d’attente est bondée. Ça tousse. Ça crache. Ça sent le renfermé. À l’accueil, je demande à la préposée de voir un médecin le plus rapidement possible. « Monsieur, me dit-elle, pouvez-vous me donner votre carte santé ? » Elliptique sourire aux lèvres, je la lui remets. Elle en prend note et consulte l’horaire des médecins.
— Comme vous avez pu le constater, Monsieur R., on est débordés. Les médecins ont tous un horaire très chargé. Le jour du walk in , on ferme plus tard pour accommoder le maximum de patients, mais malgré cela, on n’arrive pas tout le temps à le faire.
— Écoutez Mademoiselle, j’insiste. Je dois à tout prix voir un médecin aujourd’hui.
— Oui, je comprends, Monsieur. Tout ce que je peux faire pour vous, c’est d’essayer de vous passer entre deux patients. Je n’ai vraiment pas d’autre chose à vous offrir. Si vous veniez demain, ce serait beaucoup plus facile.
— Je ne veux pas remettre ça à une autre journée, c’est vraiment urgent.
— Bon. Asseyez-vous. Je vais voir ce que je peux faire, mais je vous préviens, ça peut être long.
— C’est pas grave, Mademoiselle. J’ai tout mon temps maintenant.
Je prends place dans la salle d’attente entre deux vieilles dames bien poudrées. L’une d’entre elles tient à me rassurer en me disant à l’oreille que les médecins finissent toujours par voir tout le monde. Une heure plus tard, l’infirmière me signale qu’il y a une ouverture.
— Monsieur R., me dit-elle, Docteure Leslie Young vous attend à la salle 103. Je vous ouvre la porte à ma gauche, continuez jusqu’au fond du couloir, tournez à droite et vous êtes rendu.
Je frappe à la porte 103.
— La porte est ouverte. Asseyez-vous là, en avant de mon bureau, Monsieur R. On me dit que vous voulez voir un médecin à tout prix. Alors que puis-je faire pour vous ? me demande-t-elle. <

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