Impromptus. Variations. Etudes
321 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Impromptus. Variations. Etudes , livre ebook

-

321 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Avec ces trente essais, le lecteur retrouvera les thèmes qui composent l'essentiel des études et des recherches en littérature générale et comparée : la médiation comme expression de dialogues interculturels, l'esthétique de la réception, les images et les mythes littéraires, la littérature de voyage, l'exotisme, la poétique de l'espace dans ses dimensions littéraires et politiques, l'histoire des idées, les rapports entre littératures et arts. L'auteur a souhaité également qu'une place soit faite à l'admiration, avec quelques hommages dictés par l'amitié et rendus à la pensée critique et à la création poétique ou artistique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2010
Nombre de lectures 31
EAN13 9782296703100
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

IMPROMPTUS
VARIATIONS
ÉTUDES
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12362-5
EAN : 9782296123625

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Daniel-Henri Pageaux


IMPROMPTUS
VARIATIONS
ÉTUDES


Essais de Littérature générale et comparée
AVANT-PROPOS
Avec Impromptus, Variations, Études s’achève une seconde série d’ Essais de Littérature générale et comparée, commencée en 2005, l’année du IVème centenaire de la sortie de la Première Partie du Don Quichotte. J’avais tenu, en cette occasion, à publier cinq essais sur le chef-d’œuvre de Cervantès, regroupés sous le titre Les aventures de la lecture.
Si je me reporte en pensée aux volumes de la première série, entre 1996 et 2003, qui regroupent, comme celui-ci, des études et des essais ( Le Bûcher d’Hercule, La lyre d’Amphyon, Sous le signe de Vertumne, et La Corne d’Amalthée), je m’aperçois qu’il aura donc été beaucoup question de lecture, entendue comme acte critique ou expérience poétique, et aussi de lectures, c’est-à-dire de propositions d’approche critique d’un ou de plusieurs textes. Il en a été de même pour la seconde série, en particulier avec Le tour du monde en vingt-quatre lectures, sorti en 2008.
Je reconnais pourtant que, dans le présent volume, l’exercice de la lecture tel que j’ai essayé de le pratiquer, en faisant en sorte de rapprocher le trajet d’une lecture critique du projet poétique d’une écriture, est moins présent. La volonté de rendre hommage à des hommes que j’ai admirés ou que j’admire, desquels j’ai beaucoup appris, est une sorte d’originalité, si j’excepte quelques portraits rassemblés dans La lyre d’Amphyon, en particulier ceux que j’ai appelés, en me référant à notre discipline, la littérature générale et comparée, des « médiateurs » et des « compagnons de route ».
Il est une autre originalité : les textes brefs que j’ai regroupés sous la rubrique « Impromptus », des notes, des réflexions, plus sûrement des sortes de digressions, comme j’ai pu les multiplier au temps où je donnais des séminaires, me laissant aller à une certaine poésie du souvenir, ou cherchant souvent à créer la surprise ou la provocation. J’ai d’autant plus pratiqué cette technique par « sauts et gambades » que le plan général, la composition (au sens musical) de mes « leçons » respectaient sans grande fantaisie un tracé clair et contraignant. Il faut dire pourtant que je n’ai jamais beaucoup sacrifié à la pédagogie, aux mornes progressions pédagogiques, faisant confiance, à l’intérieur de cadres fixés une fois pour toutes, à la force de l’intuition, à la recherche de l’idée et de la formule. Le fait de ne plus donner ces exercices alliant rigueur et improvisation, m’a sans doute poussé à rédiger ces divagations contrôlées dont une bonne partie porte précisément… sur la lecture.
On retrouvera, dans les autres chapitres, sous la rubrique « Variations », déjà utilisée dans de précédents volumes, des orientations que j’ose qualifier de classiques en littérature comparée : en particulier les études sur les « images », celles sur la médiation à laquelle j’ai pu enfin consacrer un petit livre ( L’œil en main. Pour une poétique de la médiation, J. Maisonneuve, 2009), qui aura précédé de peu l’achèvement de celui-ci. La retraite aurait donc du bon. Il faut s’en convaincre, bien sûr, sans pour autant oublier la remarque de Claude Lévi-Strauss que j’ose, une fois de plus, faire mienne ( De près et de loin, Entretiens avec D. Eribon, O. Jacob, 1990 : 136) : « La vie de travail n’est pas plus gaie que l’autre, mais au moins on ne sent pas le temps passer. »
Le présent recueil pourra paraître, comme presque tous ceux qui l’ont précédé, marqué du sceau de la variété. Mais, outre le fait que je n’ai jamais cherché à nier une certaine fascination pour la diversité, ou plus exactement pour des singularités multipliées, je me borne à signaler que ces trente essais, en écho aux trente avec lesquels je bouclais la première série placée sous le signe de la corne d’Amalthée, de la diversité et de l’abondance, correspondent, à quelques absences près, aux colloques auxquels j’ai été conviés, aux conférences, articles qu’il m’a été donné de faire pendant ces deux dernières années. J’aimerais remercier tous ceux qui m’ont invité à écrire, à fixer en quelques pages quelques vues sur un problème, une question, une œuvre.
Ces offres n’auront assurément qu’un temps et viendra bientôt l’heure où il me faudra renoncer, par manque de matière, par manque de… commandes, à de semblables anthologies. C’est la raison pour laquelle j’ai parlé d’une seconde série et non d’une deuxième. Par prudence et par lucidité.
Il se peut que de nouvelles circonstances m’amènent à choisir d’autres regroupements, d’autres formules, et à aller vers d’autres types d’écrits, si tant est qu’il soit de quelque utilité de les publier, comme si l’âge n’était pas une raison suffisante pour se taire, enfin.
La seule incitation à poursuivre viendrait de l’auteur des aventures de l’Illustre Hidalgo Don Quichotte de la Manche : elle est donc loin d’être négligeable. Cervantès fait remarquer, dans son « Prologue au lecteur » qui ouvre la seconde partie de son roman, en réponse au sinistre plagiaire Avellaneda qui l’attaque sur sa carrière et sa vieillesse (Précisons : il n’a que soixante huit ans, l’âge de l’éméritat universitaire dans la France globalisée…) : « Ce n’est point avec les cheveux blancs qu’on écrit, mais avec l’entendement… » Et il ajoute : « lequel d’ordinaire s’améliore avec les années. »
Il est assurément tentant de consacrer quelques années encore à vérifier le bien-fondé de cette double proposition.
IMPROMPTUS
1. Douze impromptus
Il faut revenir, de temps en temps, à Georges Feydeau. Un génie dans son genre, dans sa catégorie, comme on dit en sport : comédie en trois ou quatre actes avec caleçonnades et imbroglio garantis. Un poncif circule sur sa dramaturgie (et il faut garder ce mot, son petit monde le mérite) : précision d’horlogerie, mécanisme implacable dans lequel va se débattre le mari, menteur bien sûr, qui voulait tromper sa femme. Mais ce n’est que la moitié de l’univers qu’il a inventé. Cette mécanique (qui n’a rien à voir avec celle plaquée du vivant, formulée par Bergson quand il réfléchissait sur le rire) coexiste avec un comique farfelu, totalement débridé, qui traverse les situations et les répliques. Puisqu’on est dans la précision horlogère, on rappellera, dans Feu la mère de Madame, le bout de dialogue entre Madame qui attend impatiemment son mari, sorti pour aller se produire dans un dîner costumé et Monsieur qui revient tard dans la nuit, trempé comme une soupe, et en costume Louis XIV (« toujours ton goût des grandeurs »… « Un Roi Soleil par un temps de pluie ! »…). La pendule, accusatrice, se met à sonner : quatre coups tombent… fatidiques… « Quatre heures dix » note Madame. « Comment : dix ? » réplique le mari. Et Madame, sentencieuse : « Elle retarde de dix minutes. ». Je cite de mémoire. Mais j’ai bien dans cette même mémoire, visuelle cette fois, les deux acteurs de la Comédie française qui ont pour moi immortalisé cette pochade : la piquante Micheline Boudet et Jacques Charron, penaud et spirituellement ridicule.
Il y a des personnages qui traversent les comédies de Feydeau, comme les Indiens perdus dans les pellicules embrouillées du studio cinématographique de Hellzapopin, un des sommets du comique débridé : ils sont à la recherche du vrai film où ils doivent circuler à cheval et charger au bon moment. Dans Le Dindon , au deuxième acte (l’acte où se multiplient les quiproquos autour de l’alcôve, l’acte de l’hôtel de passe où doit se perpétrer l’adultère, en général manqué), déboule un couple d’âge mûr, les Pinchard. Lui est militaire, galons qui montent en serpentant sur la vareuse bleue et pantalon rouge ; elle, elle est sourde comme un pot. Et de dire à son époux, après bien des échanges laborieux : « Comment veux-tu que je te comprenne ! Tu me parles à contre-jour. » La dame en effet lit les mots sur les lèvres de son militaire de mari : explication quasi médicale, entre orthophonie et oto-rhinolaryngologie… On doit admettre que le monde de Feydeau est tellement fou, empor

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents