Jean Rouaud et l écriture "les yeux clos"
318 pages
Français

Jean Rouaud et l'écriture "les yeux clos" , livre ebook

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318 pages
Français

Description

Ce livre consacré à Jean Rouaud et à son oeuvre se propose d'accompagner le lecteur au fil du périple que poursuit l'auteur-narrateur durant 21 années d'écriture. Le travail de la mémoire constitue le fil conducteur de cette analyse, et son évolution au cours des deux dernières décennies délimite clairement trois époques: la recherche de ses racines afin de construire son identité, ensuite une quête spirituelle, du beau et de l'amour, et enfin un regard rétrospectif sur les années vécues.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2011
Nombre de lectures 76
EAN13 9782296459151
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jean Rouaud et l’écriture « les yeux clos »
Critiques Littéraires Collection dirigée par Maguy Albet Dernières parutions Jean-Joseph HORVATH,La Famille et Dieu dans l’œuvre romanesque et théâtrale de Jean Giraudoux, 2011.Haiqing Liu, André Malraux.De l’imaginaire de l’art à l’imaginaire de l’écriture,2011. Fabrice Schurmans,Michel de Guelderode. Un tragique de l’identité, 2011.Connie Ho-yee KWONG,Du langage au silence, 2011. V. BRAGARD & S. RAVI (Sous la direction de),Ecritures mauriciennes au féminin : penser l’altérité,2011. José Watunda KANGANDIO,Les Ressources du discours polémique dans le roman de Pius Ngandu Nkashama, 2011.Claude HERZFELD,Thomas Mann. Félix Krull,roman picaresque, 2010. Claude HERZFELD,Thomas Mann. Déclin et épanouissement dansLes Buddenbrook, 2010. Pierre WOLFCARIUS,Jacques Borel. S’écrire, s’écrier : les mots, à l’image immédiate de l’émotion, 2010. Myriam BENDHIF-SYLLAS,Genet, Proust, Chemins croisés, 2010. Aude MICHARD,Claude Simon, La question du lieu, 2010. Amel Fenniche-Fakhfakh,Fawzia Zouari, l'écriture de l'exil, 2010. Maha BADR,Georges Schehadé ou la poésie du réel, 2010. Robert SMADJA,De la littérature à la philosophie du sujet, 2010. Anna-Marie NAHLOVSKY,La femme au livre. Itinéraire d'une reconstruction de soi dans les relais d'écriture romanesque (Les écrivaines algériennes de la langue française), 2010. Marie-Rose ABOMO-MAURIN,Tchicaya ou l'éternelle quête de l'humanité de l'homme, 2010. Emmanuelle ROUSSELOT, Ostinato, Louis-René des Forêts. L'écriture comme lutte, 2010. ConstantinFROSIN,L'autre Cioran, 2010. Jacques VOISINE,Au tournant des Lumières (1760-1820) et autres études, 2010.
Sylvie FREYERMUTH Jean Rouaud et l’écriture « les yeux clos » De la mémoire engagée à la mémoire incarnée L’Harmattan
Du même auteur
Jean Rouaud et le périple initiatique : une poétique de la fluidité,L’Harmattan, Coll. «  Paris, »,Critiques littéraires 2006.
Le registre sapiential. Le livre de sagesse ou les visages de Protée, sous la direction de Sylvie Freyermuth, Bern, Peter Lang, 2007. © L’HARMATTAN, 2011 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-54403-1 EAN : 9782296544031
« La littérature est un présent brûlant, non au sens journalistique, mais comme une aspiration à transcender le temps en une pré-sence éternelle. » Aharon Appelfeld, Histoire d’une vie, p. 151
AVANT-PROPOS
«C’est bien elle qui a lancé la formule du doux maître à penser devant les splendeurs magdaléniennes, éblouie par la beauté du geste qui n’en finit pas d’être lancé depuis vingt mille ans contre la paroi, par la grâce des sujets cavalcadant sur ce miroir de pierre, disant l’unité profonde du monde entre créa-tion, créateurs et créatures, comme si l’ensemble ne pouvait se concevoir en dehors d’un acte d’amour.» La femme promise, p. 123. Ce second volumeconsacré à l’œuvre de Jean Rouaud voit le jour pour diverses raisons. Il répond tout d’abord 1 aux questions que ma première étude avait laissées en suspens et qui ne cessaient de se poser à mesure que les romans paraissaient. Il est ensuite le gage d’un attache-ment fidèle et attentif à l’œuvre roualdienne et à son au-teur, source inspiratrice d’un travail auquel je n’ai jamais renoncé. Et ce d’autant plus que chaque nouveau roman publié, apparemment détaché de la saga initiale, finit par dévoiler son appartenance à une sorte decontinuum qui s’ancre dans le roman matriciel etemporte son auteur tou-jours plus loinintérieurement plus profondément et
1  S. Freyermuth (2006),Jean Rouaud et le périple initiatique : une poétique de la fluidité, Paris, L’Harmattan.
Jean Rouaud etl’écriture «les yeux clos »
dans le cœur d’une réflexion sur sa vie d’écrivain et ses rapports avec sa propre création, sur le poids de l’enfance et de la filiation infléchissant ses choix, ses convictions et ses batailles. Pourquoi «l’écriture les yeux clos» ? Parce que depuis les premiers romans,l’écritureroualdienne donne le sen-timent de regarder les imagesd’une vie défiler sur « fond de paupières rosé », commes’il était nécessaire de porter son regard en dedans pour éprouver la certitude de toucher à une vérité. Or quel émoi de voir confirmé ceque j’ai toujours ressenti à la fréquentation des romans de Jean Rouaud, lorsque je lis dans le préambule du dernier texte 2 paru ,alors que l’auteur-narrateur, lors d’une de ses visites au Louvre, dialogue avec l’un des peintres les plus sen-e sibles du XVIII siècle : «Ne t’inquiète pas, me disait Chardin. L’art se moque de ce qui brille. Fais comme moi, fais la sourde oreille. Rends compte le plus honnêtement, le plus simplement, de ce que tu vois. Et si tu sais voir,ce 3 qui implique de fermer les yeux, tu y verras des beautés qui valent largement celle des beaux quartiers. » (op. cit., p. 13) Celui qui voit avec les yeux fermés engage sa mé-moire et la rend ardente, l’apprivoise, suit ses méandres et ses ondulations.C’est en ce sens que je parle dela mé-moire « engagée». Engagée, cette mémoire, parce qu’elle ne peut se soustraire à la nécessité de l’écriture roualdienne ; elle en est le fondement, puisque sur le plan de la création esthétique, elle fait appel avec constance aux analepses. Engagée également,parce qu’elle se dévoile dans une démarche critique, dans laquellel’auteur-narrateur est à la fois l’acteur de laremémoration et le spectateur de ce que sa mémoire a ou prétend avoir
2  J. Rouaud (2011),Comment gagner sa vie honnêtement. La vie poétique, 1, Paris, Gallimard. 3 Je souligne.
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Avant-propos
exhumé de son enfance. Cette vision double mise en œuvre dans l’analyse sociologique d’un monderévèle se dans une ironie parfois mordante ou, au contraire, dans une sensibilité étonnamment poétique. Que l’on parle de mémoire, de souvenirs d’enfance, de vision rétrospective,et l’oncroit devoir se soumettre au passage obligé de laquestion de l’autobiographie –voire de l’autofictionpose en des termes spécifiquement qui génériques le problèmedu rapport entre l’œuvre d’art et la vie, mais aussicelui du lien qu’entretientle personnage de la fiction avec son référent de chair. J’ai délibérément 4 choisi de ne pas travailler dans ces cadres . Ce qui m’importe en revanche, c’est de dépasser la fragmentation cyclique de la création roualdienne, même si son existence se justifie par la succession d’époques bien reconnais-sables, et de comprendre de quelle manière l’évolution de la nature de la mémoirede l’engagement à l’incarnationinscrit la totalité de l’œuvre dans une cohé-rence qui est la partie visible d’une démarche poétique dont la source est la mort du père. Or ce que dit et prouveJean Rouaud par ses écrits, c’est que la mort ne résiste devant aucune forme d’art; elle est au contraire un formidable réservoir de vie pour qui accepte provisoire-mentde s’enfoncer au cœur des ténèbres dans le seul des-sein de remonter versla lumière. Ce qui m’importe, c’est d’observer et d’analyser ce lent processus d’incarnation de
4  Comme le faisait pertinemment remarquer M. Lantelme (Lire Jean Rouaud, 2009, Paris, Armand Colin, p. 171-172) au sujet de mon ouvrage de 2006, je persiste à ne pas débattre du caractère autobiographique ou autofictionnel de l’écriture, car justifier cette distinction fine ne me semble pas d’une grande conséquence pour se porter à la rencontre de ce qui constitue la particularité tellement émouvante et attachante de l’écriture de Jean Rouaud, et la densité de son œuvre.
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Jean Rouaud etl’écriture «les yeux clos »
la mémoire et, par le fait, de rendre compte le plus sim-plement, le plus honnêtement et le plus fidèlement pos-sible, detoute l’aventure spirituelle et esthétique de l’écriture deJean Rouaud.
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