La mélancolie de Michel Houellebecq
264 pages
Français

La mélancolie de Michel Houellebecq , livre ebook

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264 pages
Français

Description

Michel Houellebecq observe le monde et écrit ses poèmes et ses romans depuis une côte d'Irlande ou d'Espagne désertée par l'automne. Sa poésie et ses grands romans emblématiques témoignent s'une solitude infinie qui saisit son narrateur ou ses personnages dans leur rapport à l'époque et au monde. L'écrivain nous précédant dans l'affaire, nous découvrirons et suivrons ici le trajet de Michel Houellebecq, tant dans son écriture, l'élaboration de ses livres que dans sa vie.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2011
Nombre de lectures 52
EAN13 9782296456396
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La mélancolie de Michel Houellebecq
Michel DAVID
La mélancolie
de Michel Houellebecq
Du même auteur Une Psychanalyse amusante – Tintin à la lumière de Lacan, Desclée de Brouwer, Paris, 1994 Marguerite Duras – Une Écriture de la Jouissance, Desclée de Brouwer, Paris, 1996 Serge Gainsbourg – La Scène du Fantasme, Actes Sud, Paris, 1999 Le Ravissement de Marguerite Duras, L’Harmattan, coll. L’Œuvre et la psyché, Paris, 2005 Marguerite Duras(collectif), L’Herne, Paris, 2005 Amélie Nothomb – Le Symptôme graphomane, L’Harmattan, coll. L’Œuvre et la psyché, Paris, 2006 Isabelle Adjani – La Tentation sublime, Imago, Paris, 2008 © L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-54296-9 EAN : 9782296542969
 Une vie, petite  « Je me suis senti vieux après ma naissance ;  Les autres se battaient, désiraient, soupiraient,  Jesentais en moi qu’un informe regret; Je n’ai jamais rien eu qui ressemble à l’enfance. Au fond de certains bois, sur un tapis de mousse,  Des troncs d’arbres écœurants survivent à leurs feuilles ; Autour d’eux se développe une atmosphère de deuil;  Leur peau sale et noire, des champignons y poussent. Je n’ai jamais servi à rien ni à quiconque; C’estdommage. On vit mal quand on vit pour soi-même.  Le moindre mouvement constitue un problème,  On se sent malheureux et cependant quelconque.  On se meut vaguement, comme un animalcule ; On n’est presque rien, et pourtant qu’est-ce qu’on souffre!  On transporte avec soi une espèce de gouffre  Portatif et mesquin, vaguement ridicule.  On ne croit plus vraiment que la mort soit funeste ;  Surtout pour le principe, de temps en temps, on rit ; On essaie vainement d’accéder au mépris. Puis on accepte tout, et la mort fait le reste. » Michel Houellebecq « Tout artiste est lié à une erreur avec laquelle il a un rapport particulier d’intimité.Tout art tire son origine d’un défaut exceptionnel, toute œuvre est mise en œuvre de ce défaut d’origine.» Maurice Blanchot
Approches de Michel Houellebecq De l’autre côté du mondeMichel Houellebecq est vivant, Michel Houellebecq est lointain, situé dans un paysage imprécis.Ce vague géographique l’enracine et l’écartèle entre Paris, une côte d’Espagne vidée par l’automne et une pointe extrême de l’Irlande s’avançant dans l’Atlantique.puis Et Michel Houellebecq revient, peu sûr de lui, souvent timide, soucieux de ses propos, réapparaissant à la faveur de cet événement nécessairement considérable pour un écrivain et à plus forte raison pour lui qu’est la parution d’un nouveau livre. C’est alors le retour de l’homme,semblant quelque peu encombré à la fois par son corps mais aussi par l’objet-livre qu’il nousprésente, voire par les réactions qu’il suscite déjà, emmenant avec lui également les années de travail acharné qui ont présidé à sa conception ainsi qu’à son achèvement laborieux. Michel Houellebecq est alors emporté par le mouvement médiatiqueŔ lebuzzŔ anarchique voire savamment organisé autour de son livre et de sa personne. C’est un livre qu’il nous donne, un livre annoncé mais toujours imprévisible puisqu’il faut attendre plusieurs années, souvent un lustre, avant de connaître le « nouveau Houellebecq», dont on sait déjà à l’avance que ce sera un énorme succès, tant du point de vue des ventes que des polémiques qui ne manqueront pas de tomber sur l’écrivain comme un oiseau sur sa proie(du moins jusqu’en 2010 avec la parution deLa Carte et le territoireet l’obtention du Goncourt). Autre surprise: l’objet peutaussi être indéterminé : roman, poésies, essai, disque, long métrage pour le
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cinéma, correspondance et conversation avec Bernard-Henri Lévy, Iggy Pop, Mickaël Haneke ou Jeff Koons 8 septembre 2010 : Michel Houellebecq apparaît alors à nouveau, ceint et accompagné par l’image, la posture, la voix, le timbre, le regard qu’il nous offre à voir, ce style étrange et affirmé qu’on lui connaît désormais depuis 1994, date de publication de son premier roman,du domaine de la lutte Extension , brûlot découvert et publié par Maurice Nadeau,l’inénarrablepape des Lettres françaises. On le voit ainsi le plus souvent mi-heureux, mi-défait car ce n’est ni un vrai bonheur ni une pleine défaite : il vient accompagner l’objet issu de plusieurs années de vie et de travail en partie solitaires et nous parler aussi doucement quepudiquement du tourment lié à l’événement de sa publication. Il se prépare aussi à ce que l’objet s’en aille, le quitte pour tout dire et s’éloigne, le moins douloureusement si possible. On ne sait peut-être pas alors lequel des deux quitte l’autre, les séparations, on le sait,sont si pénibles pour l’homme et pour l’auteur. Ce sont des moments étranges. Cela se voit et s’entend àtravers la singulièreprésence humainede Michel Houellebecq. Il lui arrive même de dire qu’il est heureux lorsque le livre est enfin terminé, prêt à être livré à l’éditeur, puis enfin publié, mais que le plus dur est aussi à venir, lorsque, à nouveau, il va devoir ensuite se retirer, loin de préférence, que ce soit dans son hôtelCitadinesou son appartement parisien mais plus probablement à la campagne, en partance vers les côtes désertées d’Espagne ou d’Irlande et que l’on entendra alors plus parler de lui pour une période indéterminée, indéterminable. Délocalisé, presque débranché, de l’autre côté d’un monde qui reste à préciser, Michel Houellebecq se remettra au mieux à l’écriture. Il semblera s’enterrer, jouissant d’une position d’exception, d’isolement, se retirer du monde des vivants, écrivant seul le spectacle désolé d’un monde perdu, disparaissant voire disparu, et celui de ses objets vains. On ne saura pas s’il entrera dans une nouvelle hibernation, celle de l’écriture fulgurante de la poésie, ou celle, plus difficile de romans ambitieux, s’il s’emportera vers l’ébriété de la dépression ou celle du « livre en train » (Duras), celle du« livre à venir » (Blanchot), vers un autre texte forcément déjà très attendu, encore inconnu et qui ne verra peut-être le jourqu’au terme d’une nouvelle traversée secrète à partir de laquelle il devra fatalement composer.  Michel Houellebecq a pu parler assez récemment de ses soucis de santé, de ses problèmes cardiaques ou oculaires, dentaires, de ses surconsommations de tabac (jusqu’à quatre paquets par jour en
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