Philoxène ou de la littérature coloniale
217 pages
Français

Philoxène ou de la littérature coloniale , livre ebook

-

217 pages
Français

Description

Comment définir la littérature coloniale? Le débat, commencé dès le début du XXe siècle, est toujours d'actualité d'où la réedition de cet ouvrage datant de 1931 et depuis longtemps introuvable qui poursuit la distinctin entre littérature coloniale et exotisme et balaye avec mépris certaines méprises répandues, proposant une définition qui en ferait davantage un travail de sociologie ou d'anthropologie. Pujarniscle prône les "unions panachées" comme métonymie de la bonne colonisation. Il se penche surtout sur le cas indochinois, nous rappelant utilement que l'écriture coloniale ne se limite pas à la seule Afrique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2010
Nombre de lectures 292
EAN13 9782296252530
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PHILOXENECOLLECTION
AUTREMENTMEMES
conçue et dirigée par Roger Little
Professeur émérite de TrinityCollegeDublin,
Chevalier dans l’ordre natio nal du mérite, Prix de l’Académie française,
Grand Prix de laFrancophonie en Irlande etc.
Cette collection présenteen réédition des textes introuvables en
dehors des bibliothèques spécialisées, tombés dansle domaine
public et qui traitent, dans des écrits de tous genres normalement
rédigés par un écrivain blanc, des Noirs ou, plus généralement, de
l’Autre. Exceptionnellement, avec le gracieux accord des ayants
droit, elle accueille des textes protégés par copyright, voire inédits.
Des textes étrangers traduits en français ne sont évidemment pas
exclus. Il s’agit donc de mettre à la disposition du public un volet
plutôt négligé du discours postcolonial (au sens large de ce terme :
celui qui recouvre la période depuis l’installation des
établissements d’outre-mer). Le choix des textesse fait d’abord selon les
qualités intrinsèques et historiques de l’ouvrage, mais tient compte
aussi de l’importance à lui accorder dans la perspective
contemporaine.Chaque volume est présenté par un spécialiste qui, tout en
privilégiant une optique libérale, met en valeur l’intérêt historique,
sociologique, psychologique etlittéraire dutexte.
« Tout se passe dedans, les autres, c’est notre dedans extérieur,
les autres, c’est la prolongation de notre intérieur. »
Sony LabouTansi
Titres parus et en préparation :
voir en fnde volumeEugène Pujarniscle
PHILOXENE
OUDELA LITTÉRATURECOLONIALE
Présentation de Jean-ClaudeBlachère
avec la collaboration de Roger Little
L’HARMATTANEn couverture:
Parmi lestombeaux de Hué
(clichéJ.-C.B.)
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-11497-5
EAN : 9782296114975INTRODUCTION
parJean-ClaudeBlachèreOuvragesdeJean-ClaudeBlachère
eLe Modèle nègre : aspects littéraires du mythe primitiviste au XX
siècle chezApollinaire,Cendrars, Tzara,Dakar : Les Nouvelles
Éditionsafricaines,1981
Négritures : les écrivains d’Afrique noire et la langue française,
Paris : L’Harmattan, 1993
Les Totems d’AndréBreton: surréalisme et primitivisme littéraire,
Paris : L’Harmattan, 1996
Sony Labou Tansi : le sens du désordre, textes réunis par J.-Cl.B.,
e
Montpellier:Centre d’études du XX siècle:Axe francophone
et méditerranéen, Université PaulValéry, MontpellierIII, 2001
Amadou Kourouma, textes réunis et présentés par J.-Cl. B., n°
spécial d’Interculturel Francophonies [Lecce, Italie], n° 6
(nov.-déc. 2004)
Roland Lebel, Le Livre du pays noir : anthologiede littérature
africaine, avec une préface de Maurice Delafosse et 14 bois
gravés de Jean Hainaut, réédition présentée parJ.-Cl.B., avec la
collaboration de Roger Little, coll. Autrement Mêmes 16,
Paris : L’Harmattan, 2005INTRODUCTION:
UNCHEVALIERDU«VRAI»
Quand on évoque la littérature coloniale, une habitude, ou
une paresse intellectuelle, veut que l’on pense surtout au
domaine négro-africain, comme si l’Indochine n’avait rien
laissé de très mémorable dans ce champ littéraire. On pourrait
s’interroger sur les raisons de cet effacement injuste. Tout au
plus peut-on ici suggérer quelques causes : mis à part chez les
derniers «primitifs » des hauts plateaux ou les montagnards
du Tonkin, le«Pays jaune », avec ses mandarins, ses
monuments et ses mœurs raf fnées n’offrait guère de prise pour les
rêves d’aventures malgré les romans d’un très oublié Jean
Renaud, exécutéen deux pages par Pujarniscle.À l’évidence,
la contrée manquait de cannibales ou de Touaregs cruels pour
émouvoir le lecteur de métropole habitué aux épopées
africaines.
Dans les années de l’entre-deux guerres, pourtant,
l’Indochine a connu une foraison d’œuvres, avec ses grands prix
littéraires et ses revues. Et aussi son théoricien, en la
personne de cet Eugène Pujarniscle dont il était temps que l’on
réédite cet essai Philoxène ou de la littérature coloniale après
que l’on a, heureusement, remis au jour certains de ses
1romans .
La carrière de cet homme en fait un colonial enraciné dans
cette Asie qu’il s’est donné à charge de peindre et de faire
connaître. Né en 1881, il fait des études de lettres, obtient une
licence et part en 1912 pour l’Indochine où il enseigne. Ily
collabore à des revues littéraires, telles La Revue
indochinoise ou les Pages indochinoises qui accueillent certains
1Les éditions Kailash ont réédité plusieurs de ses œuvres : voir notre
Bibliographie sélective, p. xxvii ci-dessous.
viide ses romans publiés en feuilleton. Parallèlement à sa
carrière littéraire (Le Bonze et le pirate paraît en 1929), il
s’efforce de faire connaître la littérature coloniale aux élèves
«indigènes»en composant un ouvrage anthologique :
Lectures littéraires sur l’Indochine (1929), doublé en 1933 d’un
manuel scolaire destiné aux élèves des Écoles Primaires
Supérieures franco-indigènes (Morceaux choisis).Et, en 1931,
il couronne cette production par un essai copieux: Philoxène
ou de la littérature coloniale. Il meurt en 1951.
La parcimonie des renseignements biographiques –
révélatrice du statut actuel de la littérature coloniale – doit être
complétée par ce que nous dit, sur Pujarniscle lui-même, le
titre curieux de son ouvrage.Ce «Philoxène» dont le sens
étymologique est à lui seul un manifeste(«qui aime les
étrangers ») peut renvoyer à un obscur compagnon des poètes
du Parnasse. Cet ami de Baudelaire, de Hugo, de Nerval,
apprécié des plus grands pour sa vaste culture et une
réputation de grand lecteur, n’a laissé dans l’histoire des
lettres qu’une faible trace. Philoxène Boyer (1825-1867)
serait-il secrètement une sorte de modèlepour notre
essayiste? Une sorte de compagnon dans l’ordre des seconds
rôles ? Quoi qu’il en soit, la rareté de ce nom renvoie à la
volonté de Pujarniscle de montrer l’étendue de sa culture.
Écrivain colonial, c'est-à-dire peu visible, peu audible, soit ;
situé à des années-lumière du foyer intellectuel parisien, soit ;
mais essayiste qui combine à une forte culture classique une
sensibilité très moderne. Qui a lu les Grecs, mais aussi les
philosophes et les psychologues les plus contemporains. Qui
cite Gide, Cocteau et Malraux à côté de Montaigne, et qui,
voulant évoquer la «dictature»de la «Dame»coloniale,
n’hésite pas à se référer à la virago de Socrate, Xantippe, en
même temps qu’il s’exclame, en un panorama saisissant et
1jubilatoire; «Quel Gessler, quel Mussolini»(112 ) ! Le
1Lesnuméros de page entre parenthèses dans le texte renvoient à la
présente réédition.
viiiprofesseur de lettres se laisse dif fcilement oublier dans ces
pages nourriesderéférences et de réminiscences.
«De la littérature coloniale », dit encore le titre, avec
quelque emphase universitaire. L’ouvrage s’ouvre par une
ré fexion sur«l’objet» de la littérature coloniale : il va
s’agir, avec cet essai, d’œuvrer à la«sécurité»et à
la«prospérité»des colonies (9) en rétablissant certaines «vérités »
sur les réalités indochinoises, sur les hommes – coloniaux ou
indigènes – et sur les mœurs. La littérature coloniale doit
donc être le re fet exact des données géographiques, sociales,
psychologiques. Les questions de la «forme»et du critère
qui permet de reconnaître un véritable «écrivain colonial »,
ne peuvent intervenir qu’en deuxième lieu. Le but assigné à
la littérature coloniale est clairement d’ordre politique : les
œuvres de l’esprit doivent être une«propagande», ou plutôt
une contre-propagande&

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