THEORIE DE LITTERATURE
210 pages
Français
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Description

Ce livre introduit aux principaux concepts et outils contemporains de la théorie littéraire. Les trois premiers chapitres s'intéressent à l'origine du sens des textes, à la définition de la littérature et à la question des types et des genres littéraires.

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Date de parution 01 juin 2009
Nombre de lectures 91
EAN13 9782296494183
Langue Français
Poids de l'ouvrage 19 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Théorie de la littérature
Une introduction
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THÉORIE DE LA LITTÉRATURE
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UNE INTRODUCTION
Jean-Louis Dufays Michel Lisse Christophe MeurÉe
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Dans la même collection : 1. Pierre Collart,Les abuseurs sexuels d’enfants et la norme sociale,2005. 2. Mohamed Nachi et Matthieu de Nanteuil,éloge du compromis. Pour une nouvelle pratique dÉmocratique, 2006. 3. Lieven Vandekerckhove,Le tatouage. Sociogenèse des normes esthÉtiques, 2006. 4. Marco Martiniello, Andrea Rea et Felice Dassetto (eds),Immigration et intÉgration en Belgique francophone. état des savoirs, 2007. 5. Francis Rousseaux,ou collectionner  Classer ? RÉconcilier scientiIques et collectionneurs, 2007. e 6. Paul Ghils,Les thÉories du langage au XX siècle. De la biologie À la dialogique, 2007. 7. Didier Vrancken et Laurence Thomsin (dir.),Le social À l’Épreuve des parcours de vie, 2008. 8. Pierre Collart (dir.),Rencontre avec les diffÉrences. Entre sexes, sciences et culture, 2009. 9. Jean-Louis Dufays, Michel Lisse et Christophe MeurÉe,ThÉorie de la littÉrature. Une introduction, 2009. 10. Caroline Sägesser et Jean-Philippe Schreiber,Le Inancement public des religions et de la laïcitÉ en Belgique, à paraître.
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THÉORIE DE LA LITTÉRATURE
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UNE INTRODUCTION
Jean-Louis Dufays Michel Lisse Christophe MeurÉe
A C A D E M I AA B B R U Y L A N T
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Avertissement
Le prÉsent ouvrage applique les recommandations orthographiques de l’AcadÉmie française.
Une première version des chapitres 1 et 2 ainsi qu’une partie du chapitre 7 ont ÉtÉ publiÉes dans le livre de J.-L. Dufays, L. Gemenne et D. Ledur,Pour une lecture littÉraireBoeck, 2005). La n du (De chapitre 7 a ÉtÉ publiÉe en 1993 dans le n° 96 de la revuePoÉtique.
Le chapitre 4 a ÉtÉ Écrit par Christophe MeurÉe, le chapitre 3 et le point D du chapitre 5 sont dus à Michel Lisse, Jean-Louis Dufays a Écrit le reste. L’ensemble a bénécié de la relecture vigilante de Sébastien Marlair : qu’il en soit vivement remerciÉ.
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©Bruylant–academia s.à. Grand’Place 29 B–1348 LouvainlaNeuve
ISBN 13 : 9782872099467
Tous droits de reproduction ou d’adaptation par quelque procÉdÉ que ce soit, rÉservÉs pour tous pays sans l’autorisation de l’Éditeur ou de ses ayants droit.
ImprimÉ en Belgique.
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www.academiabruylant.be
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Introduction
Au moment d’entamer un ouvrage dÉdiÉ à la thÉorie de la littÉrature, il n’est pas inutile de se demander à quoi cela sert d’Étudier la littÉ-e rature au XXI siècle, Époque où le livre et la lecture semblent de plus en plus délaissés au prot de nouveaux modes de communication et d’information. La question est posÉe sans complaisance par Antoine Compagnon :
« Le lieu de la littÉrature s’est amenuisÉ dans notre sociÉtÉ depuis une gÉnÉration : à l’École, où les textes documentaires mordent sur elle, ou même l’ont dÉvorÉe ; dans la presse, où les pages littÉraires s’Étiolent et qui traverse elle-même une crise peut-être funeste ; durant les loisirs, où l’accÉlÉration numÉrique morcelle le temps disponible pour les livres. […]
Aujourd’hui, même si chaque automne voit la parution de centaines de premiers romans, l’on peut avoir le sentiment d’une indiffÉrence croissante à la littÉrature, ou même – rÉaction plus intÉressante, car plus passionnÉe – d’une haine de la littÉrature considÉrÉe comme une intimidation et un facteur de “fracture sociale”. […]
La lecture doit désormais être justiée, non seulement la lecture courante, celle du liseur, de l’honnête homme, mais aussi la lecture savante, celle du lettrÉ, de l’homme ou de la femme de mÉtier. L’Uni-versitÉ connait un moment d’hÉsitation sur les vertus de l’Éducation gÉnÉrale, accusÉe de conduire au chômage et concurrencÉe par des formations professionnelles censÉes mieux prÉparer à l’emploi, si bien que l’initiation à la langue littÉraire et à la culture humaniste, moins rentable à court terme, semble vulnÉrable dans l’École et la 1 sociÉtÉ de demain. »
Face à ce constat interpelant, ce n’est pas une, mais deux questions qu’il s’agit d’affronter : d’une part, celle de l’utilitÉ de lire la littÉrature, d’autre part, celle de s’intÉresser à la thÉorie de la littÉrature.
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A. Compagnon,La littÉrature, pour quoi faire ?, Paris, Collège de France/ Fayard, 2007, pp. 29-31.
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ThÉorie de la littÉrature
A. Pourquoi s’intéresser à la littérature ?
La lecture des textes littéraires peut être justiée par deux sortes d’enjeux. Certains d’entre eux concernent les aspects cognitifs et intel-lectuels de la lecture : nous les qualierons derationnels ; d’autres concernent ses dimensions Émotionnelles et relèvent du psychoaf-fectif, de l’imaginaire, voire de l’inconscient : nous les qualierons depassionnels.
Ces deux types d’enjeux correspondent aux deux faces du lecteur, 2 que Michel Picard a appelÉes lelectantet lelu ,et ils sont fondamen-talement complÉmentaires, car le rapport à la littÉrature mobilisepar sa nature mêmelucidité et l’illusion, la réexion et la détente, la la distanciation et la participation. Posons donc d’emblÉe, avec Picard, que la lecture la plus riche, celle qui mérite le plus d’être qualiée de« littÉraire » est celle qui Établit un va-et-vient entre ces deux aspects. Si l’on admet ce postulat, on admettra aussi qu’une tĀche importante de la formation littÉraire doit être de prÉserver cet Équilibre : nÉgliger l’un des deux termes reviendrait en effet à rÉduire la richesse poten-tielle de la littÉrature, ce qui semblerait aussi discutable sur le plan scientique que nuisible sur le plan pédagogique. Certes, ces enjeux concernent aussi d’autres activitÉs de rÉception que la lecture de textes littÉraires, à commencer par la rÉception audiovisuelle. La littÉrature semble nÉanmoins les mobiliser d’une manière plus intense et plus diversiée en raison de la durée de sa lecture, des nombreuses pauses qui en rÉsultent et du travail cognitif plus intense qu’elle requiert. Lire un texte narratif, dramatique ou poÉtique exige en effet un travail d’imagination, de construction intÉrieure de « mondes », de personnages et d’actions plus exigeant que la réception d’un lm, car cette activité passe par le traitement du langage, lequel ne donne accès aux reprÉsentations mentales qu’in-directement et conserve un cadre matÉriel toujours disponible à la vision qui empêche le lecteur d’oublier qu’il lit. Examinons maintenant plus avant les enjeux passionnels et les enjeux rationnels qui peuvent être associÉs à la littÉrature.
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M. Picard,La lecture comme jeu, Paris, Minuit, 1986. Nous reviendrons plus loin sur cette distinction fondamentale.
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1. Les enjeux passionnels
Introduction
S’Évader, se dÉcentrer. –Sur le plan passionnel, le rapport à la littÉrature permet d’abord une expÉrience dedÉcentrementEn fondamentale. effet, le monde du texte est une occasion de diversion, de divertis-sement au sens fort du terme : il permet à l’esprit d’Échapper aux contraintes de l’existence individuelle et collective. Cette Évasion va de pair avecl’identiIcationaux personnages du texte qu’on lit. Cette expÉrience peut apparaitre comme une sorte de fuite, une manière de vivre par procuration, mais elle n’en est pas moins fondamentale et fondatrice, car il est impossible de se construire une identitÉ sans s’identier, au moins temporairement, à des modèles, et parmi ceux-ci, les personnages de ction occupent une place privilégiée en raison de l’intensitÉ des situations qu’ils traversent et de la possibilitÉ qui nous est donnÉe de les côtoyer de manière intime des heures durant. En nous permettant ainsi d’accÉder à nous-mêmes par le truchement de ses personnages, la littÉrature exerce une fonction initiatique : elle nous rÉvèle notre propre personnalitÉ.
Se trouver, se centrer.– L’identication joue aussi dans le sens inverse : les personnages de nos lectures peuvent devenir des doubles de nous-mêmes, des frères de papier, dont nous nous plaisons à retrouver des traits dans nos propres vies. La littÉrature nous permet alors de nous retrouver. En outre, en nous confrontant à des situations existentielles fortes qui rejoignent les interrogations, les dÉsirs et les expÉriences partagÉs par beaucoup d’hommes, elle nous amène à la fois à anticiper des Épisodes de notre vie et à nous remÉmorer des Évènements passÉs. Levier actif de la mÉmoire involontaire, elle agit en nous de la même manière que la madeleine trempÉe dans du thÉ, qui, au dÉbut deà la recherche du temps perdu, fait ressurgir à la conscience du narrateur proustien tout un pan de son passÉ.
Se perdre.littÉrature peut aussi nous faire Éprouver une expÉrience– La 3 dedÉstabilisationla. Roland Barthes a appelÉ « jouissance du texte » situation où le lecteur est tellement troublÉ par le texte qu’il en perd ses repères, qu’il ne sait plus comment se situer. Face à des œuvres très novatrices, comme celle de Joyce par exemple, de nombreux lecteurs sont ainsi confrontÉs à un sentiment d’altÉritÉ radical, où se sentent en quelque sorte subjuguÉs par le texte.
Vivre plus intensÉment.autre expÉrience passionnelle liÉe à– Une la littÉrature estl’expÉrience Éthique, le sentiment que le texte nous
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R. Barthes,Le plaisir du texte, Paris, Seuil, 1973, pp. 25-26.
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ThÉorie de la littÉrature
nourrit sur le plan des valeurs, de nos attentes morales, mais aussi de nos dÉsirs. En lisant, nous nous posons des questions existentielles, nous construisons et nous exerçons notre rapport Éthique au monde.
2. Les enjeux rationnels
Lire la littÉrature, c’est aussi une expÉrience d’apprentissage, qui nous donne accès à une diversitÉ de connaissances. On peut en distinguer au moins trois types :
Des connaissances d’ordre langagier.littÉrature nous donne– La l’occasion de nous approprier toutes les ressources de la langue Écrite, et en particulier elle enrichit notre stock de structures syntaxiques et de connaissances lexicales, dont elle fait un usage bien plus considÉ-rable que le langage parlÉ.
Des connaissances gÉnÉriques et esthÉtiques. La littÉrature nous fournit aussi des codes, des mythes, des scÉnarios, des stÉrÉotypies relevant des diffÉrents genres et courants littÉraires et non littÉraires. Ainsi, c’est la lecture d’un certain nombre de romans policiers ou de textes romantiques qui nous permet de dÉgager les tendances, voire les règles, de ces deux systèmes de codes, dont la maitrise pourra être à la fois rÉinvestie et rÉinterrogÉe aussitôt dans la lecture d’autres textes du même genre ou du même courant.
Des informations sur le monde.– Un troisième type de savoir offert par la littÉrature est celui des systèmes de rÉfÉrences et des valeurs qui permettent au lecteur de diversier ses connaissances et ses jugements sur le monde, sur ses semblables et sur lui-même. En nous relatant de manière dynamique des Évènements sur l’histoire, sur des pays lointains, etc., la littÉrature vÉhicule un nombre considÉrable de connaissances et exerce une fonction « gnosÉologique » (elle se fait mÉdiatrice d’autres savoirs). écoutons à ce propos Roland Barthes :
« La littÉrature prend en charge beaucoup de savoirs. Dans un roman commeRobinson CrusoÉ, il y a un savoir historique, gÉographique, social (colonial), technique, botanique, anthropologique (Robinson passe de la nature à la culture). Si, par je ne sais quel excès de socia-lisme ou de barbarie, toutes nos disciplines devaient être expulsÉes de l’enseignement sauf une, c’est la discipline littÉraire qui devrait être sauvÉe, car toutes les sciences sont prÉsentes dans le monument littÉraire. C’est en cela que l’on peut dire que la littÉrature, quelles que soient les Écoles au nom desquelles elle se dÉclare, est absolument,
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Introduction
catÉgoriquement rÉaliste : elle est la rÉalitÉ, c’est-à-dire la lueur 4 même du rÉel. »Plus prÉcisÉment, la lecture de la littÉrature est un moyen d’accès privilÉgiÉ au tÉmoignage des hommes qui nous ont prÉcÉdÉs. C’est donc un outil pour mieux comprendre le monde en nous ouvrant à d’autres points de vue, d’autres cultures, d’autres Époques. C’est aussi une caisse de rÉsonance qui donne sens et valeur à la vie ordinaire, comme le dit joliment Danièle Sallenave dans son essaiLe don des morts: « Sans les livres, nous n’hÉritons de rien : nous ne faisons que naitre. Avec les livres ce n’est pas un monde, c’estle mondequi vous est offert : don que font les morts à ceux qui viennent après eux.
Sans doute tout est-il dÉjà là, à notre naissance. Encore faut-il le prendre. Offert, proposÉ, mais non donnÉ. La terre, et le ciel, ce qu’on en voit et ce qui s’y cache ; les choses de l’histoire, les replis du temps. Mais, sans les livres, il se pourrait bien cependant que tout nous Échappe : le monde physique, même si je le parcours, parce que je n’aurai rien appris ; le monde humain, l’histoire, parce que je n’en saurai rien ; les langues – y compris celle de ma naissance, parce que je ne les parlerai pas, ou les parlerai mal ; les œuvres, les paysages, la douceur des soirs sur des bords Étrangers, parce que je 5 n’en aurai pas retraversÉ l’expÉrience dans le miroir des livres. »
La frÉquentation de la littÉrature apparait ainsi à la fois comme une occasion d’acquÉrir une meilleure prise sur le monde et un « renfor-cement d’être » (PÉguy). Pour autant, les connaissances qu’elle nous transmet ne sont pas un savoir clos ou calcié, car, comme le dit Barthes, elle « fait tourner les savoirs » :
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« En cela vÉritablement encyclopÉdique, la littÉrature fait tourner les savoirs, elle n’en xe, elle n’en fétichise aucun ; elle leur donne une place indirecte, et cet indirect est prÉcieux. D’une part, il permet de dÉsigner des savoirs possibles: lainsoupçonnÉs, inaccomplis littÉrature travaille dans les interstices de la science : elle est toujours en retard ou en avance sur elle [...]. D’autre part, le savoir qu’elle mobilise n’est jamais ni entier ni dernier ; la littÉrature ne dit pas qu’elle sait quelque chose, mais qu’elle saitdequelque chose ; ou mieux : qu’elle en sait quelque chosequ’elle en sait long sur les hommes. [...] Parce qu’elle met en scène le langage, au lieu, simplement, de l’utiliser, elle engrène le savoir dans le rouage de la réexivité innie : à travers l’écriture, le savoir rééchit sans cesse
R. Barthes,Leçon, Paris, Seuil, 1978, p. 18. D. Sallenave,Le don des morts. Sur la littÉrature, Paris, Gallimard, 1991, p. 65.
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