Une sonate pour Rudy
85 pages
Français

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Une sonate pour Rudy , livre ebook

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85 pages
Français

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Description

Son beau-père ayant trouvé du travail dans une autre ville, Nicolas se voit contraint de déménager et de renoncer à la « classe à horaire aménagé musique » qu'offrait son collège. Dans son nouvel établissement, il est pris en grippe dès le premier jour par Dylan, un petit caïd provocateur et violent auquel personne - ni profs ni élèves - ne s'oppose. Est-ce parce que Nicolas ne baisse pas les yeux quand Dylan s'adresse à lui ? Ou parce que l'inaccessible Marie, sur qui Dylan a jeté son dévolu, semble touchée par la sensibilité du jeune musicien ? Ni le sang-froid ni la bonne volonté de Nicolas ne suffisent à endiguer la mécanique implacable de la violence.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 octobre 2012
Nombre de lectures 1
EAN13 9782748508116
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

C LAIRE G RATIAS
Syros
Une sonate pour Rudy


Collection Rat noir
Sous la direction de Natalie Beunat et François Guérif

© Shutterstock / Angelo Gilardelli / Sittipong, pour le photo-montage de la couverture
© 2014, Éditions SYROS, Sejer, 25, avenue Pierre-de-Coubertin, 75013 Paris ©​ 2006, Éditions SYROS, pour la version papier
Loi n°49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n°2011-525 du 17 mai 2011.
"Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales."
ISBN : 978-2-7485-0811-6

À Big, Verlefe One et Jipé qui m’ont efficacement cornaquée chez les polardeux... ... à mon coach préféré, bien sûr, qui me pousse toujours à me risquer sur le bizarre, (mais 10 %, c’est quand même un peu reuch...) ... à Ben pour ses précieux conseils... ... et aux hommes tendres, enfin... ... santé, fraternité, hachis Parmentier !
Sommaire
Couverture
Copyright
Sommaire
Premier cahier
chapitre 1
chapitre 2
chapitre 3
chapitre 4
chapitre 5
chapitre 6
chapitre 7
chapitre 8
chapitre 9
chapitre 10
chapitre 11
Deuxième cahier
chapitre 12
chapitre 13
chapitre 14
chapitre 15
chapitre 16
chapitre 17
chapitre 18
chapitre 19
chapitre 20
Troisième cahier
chapitre 21
chapitre 22
chapitre 23
chapitre 24
chapitre 25
chapitre 26
L’auteur
Premier cahier
1

C ette porte fermée à clé, ça m’a tout de suite énervé.
J’ai demandé à Francis :
– Et là, il y a quoi ?
– Tu sais bien ! C’est là qu’il a mis ses affaires personnelles...
Non, je ne savais pas bien. Il est gentil, le beau-père. Tu te rappelles, il avait juste expliqué qu’on allait louer l’appart’ d’un de ses amis qui partait faire le tour du monde pendant un an. Il avait ajouté que c’était un quatre pièces loué pour un trois pièces, et je n’avais pas compris pourquoi. De toute façon, je n’avais posé pratiquement aucune question. Ça me gavait de déménager. Je n’avais pas envie de changer de ville, et encore moins de quitter la maison. Mais évidemment, je n’avais pas mon mot à dire. Tu sais bien comment ça s’est passé. Un an que Francis était au chômage, les problèmes de fric, le loyer trop cher, et puis un beau jour, ça y est, il trouve du boulot, et on vient nous annoncer qu’il faut partir et que ça va être super. Tu parles.
Si au moins ils avaient pris une autre maison ! J’ai essayé de convaincre Mum, surtout à cause de toi.
– Rudy aime tellement le jardin ! Il y passe des heures. Il a toujours vécu dans une maison, il va être malheureux dans un appartement...
– Écoute, Nicolas, tu sais très bien qu’on n’a pas le choix. C’est une opportunité inespérée. Pascal nous demande un loyer dérisoire...
– C’est qui d’abord, ce Pascal ?
– Un ami de Francis. Il l’a connu quand il allait à son club de tir. Il y a cinq ou six ans.
– Ouais, ben, il aurait mieux fait de s’acheter une maison plutôt qu’un appart’...
– Ne t’en fais pas, je suis sûre que Rudy s’habituera...
Je ne sais pas si tu t’es habitué. Il faut dire que tu n’en as pas vraiment eu le temps... Si tu savais comme je leur en veux ! Il y a des jours où j’ai envie de hurler, de leur dire que tout ça, c’est leur faute, que rien ne serait arrivé si... Si on n’avait pas déménagé. Si Francis n’avait pas été licencié. Si... si...
Je sais bien que je suis injuste. Est-ce qu’on sait vraiment pourquoi les choses arrivent ?
On aimerait pouvoir maîtriser les événements, pouvoir tout prévoir, tout décider. Mais la vie nous entraîne où elle veut, on ne contrôlera jamais toutes les données, c’est comme ça. Il paraît qu’il faut l’accepter. Même si c’est inacceptable.

Je me revois devant cette porte, le jour où nous avons emménagé. J’appuyais en vain sur la poignée. Ça m’agaçait de ne pas savoir ce qu’il y avait derrière.
– Bon, tu ne vas pas y passer la journée, m’a dit Francis. Cette pièce est fermée et elle le restera. Fais comme si elle n’existait pas, un point, c’est tout !
– Si ça se trouve, c’était la plus belle chambre, et Rudy et moi, on se retrouve dans un cagibi...
– Votre chambre est très bien. Arrête de te comporter en gamin, Nico. Va plutôt aider ta mère à vider les cartons de vaisselle !
C’est vrai que notre chambre était correcte, mais je ne sais pas pourquoi, j’avais envie de voir tout en noir ce jour-là. Rien n’allait. Rien ne pouvait aller . J’ai cassé trois verres en voulant aider Mum à ranger, Francis s’est énervé et m’a dit d’aller faire un tour.
– Et emmène Rudy ! Moins on vous aura dans les jambes...
Je reconnais que j’étais un peu brise-mottes, mais toi, tu n’avais rien fait. Tu me suivais, tu regardais, tu découvrais ton nouveau chez-toi sans rien dire. T’avais pas l’air emballé-emballé, mais tu ne faisais pas non plus la gueule (pas comme moi...). Tu attendais de voir. Et puis, du moment qu’on était ensemble, tu étais content. Remarque, moi aussi.
On a fait le tour du quartier. Des immeubles partout, pas très hauts heureusement. Un petit parc constitué de deux rectangles de pelouse bordés par deux rangées d’arbres. Un lac artificiel avec quatre pontons de bois s’avançant au milieu des roseaux. Un faux air de campagne au milieu du béton, le tout survolé par trois mouettes sans doute payées par les promoteurs immobiliers pour faire passer ce coin de banlieue pour une station balnéaire. Elles étaient posées sur un muret et nous regardaient venir, avec leur drôle de tache noire sous l’œil.
Je t’ai dit :
– T’as vu ? Elles se sont battues, elles ont toutes un coquard !
Tu t’es mis à courir vers elles comme un furieux et elles ont décampé en piaillant. Ça nous a fait marrer.

On a continué notre petit tour, histoire de repérer les lieux, et sans le vouloir, on s’est retrouvés devant le collège. Il avait l’air assez neuf, tout blanc, pas trop grand. Pas vraiment moche, mais bizarre : toute la façade était recouverte par une espèce de grille constituée de centaines de lamelles métalliques. J’ai appris plus tard que cela servait à atténuer les rayons du soleil, afin d’éviter que le bâtiment se transforme en serre à la belle saison. On m’a dit aussi que ces grilles avaient valu à l’établissement le surnom d’Alcatraz. Très engageant... Je me suis approché du portail et j’ai saisi dans mes poings deux de ses larges barreaux.
– Voilà, c’est là. À partir de lundi, je vais être enfermé là-dedans trente heures par semaine. Regarde bien, comme ça tu pourras m’imaginer. S’ils sont sympas, je pourrai peut-être négocier un parloir de temps en temps... T’en fais pas, je te raconterai tout.
Tu m’as regardé, l’air de dire : « T’as intérêt. » Mais je t’ai toujours tout raconté. Même des trucs que personne ne sait. Parce qu’il n’y a qu’à toi que je pouvais les dire.
Rien qu’à toi.
Encore aujourd’hui.
La preuve.
2

J e crois bien que c’est Marie qui a été la première à m’adresser la parole.
– Salut ! T’es nouveau ? Tu viens d’où ?
On était au milieu d’un troupeau d’élèves qui suivait vaguement un prof pour monter en classe. Après avoir traversé la cour, la meute est allée s’agglutiner au pied d’un escalier en colimaçon bien trop étroit pour que la montée puisse s’effectuer sans bousculade. On se demande parfois à quoi pensent les architectes. Ils devraient pourtant savoir qu’il est bien loin, le temps où les élèves se mettaient sagement en rang par deux ! On n

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