L écriture réaliste et ses techniques
185 pages
Français

L'écriture réaliste et ses techniques , livre ebook

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185 pages
Français

Description

Ce livre fournit les clés pour comprendre les textes qui relèvent du courant réaliste et de la tendance naturaliste à travers une présentation théorique et pratique qui fait le point sur la sempiternelle querelle entre prétentions scientifiques et création artistique chez l'auteur des Rougon-Macquart. En recourant aux outils de la stylistique, de la sémiotique, de la linguistique et de l'analyse du discours, il aborde plusieurs question essentielles : Qu'est-ce qui lie le réalisme au naturalisme ? Quelles sont leurs caractéristiques fondamentales ? Comment l'auteur réaliste raccorde à l'histoire de Nana la réalité historique et sociale du Second Empire pour servir son objet polémique et son projet idéologique ? Quels sont les artifices de composition de ce roman publié en 1880 et considéré du point de vue thématique comme une des phases décisives de la bataille de Zola contre le régime impérial ? Zola copie-t-il servilement le réel à la manière de l'objectif d'un appareil photographique ou explicite-t-il sa connaissance du langage pour faire croire à son lecteur qu'il copie le réel ou pour lui donner cette illusion grâce à sa capacité à transformer ce réel en mythologies sociales et littéraires ?

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Informations

Publié par
Date de parution 13 janvier 2020
Nombre de lectures 15
EAN13 9782140140334
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jean-Claude Bondol
L’écriture réaliste et ses techniques Nanad’Emile Zola
Préface de Nathalie Roelens
L’écriture réaliste et ses techniques Nanad’Emile Zola
Approches littéraires
Cette collection réunit des essais et travaux divers dans les domaines des études et de l’histoire littéraires, dont des monographies.
Dernières parutions
Bernard LATHUILLE,San-Antonio ou le temps majuscule, 2019. Philippe ARNAUD,À quoi bon Achille ? Une autre lecture de l’Iliade, 2019. Christian UWE (dir.),Marie Nimier, l’écriture et son double,2019. El Hadji Malick NDIAYE,Pierre-Jakez Hélias, le destin colonisé, Le régionalisme français à l’épreuve de la francophonie, 2019. Anne-Aurore INQUIMBERT,Stendhal secret. To the happy few, 2018. Romain ARAZM,À l’ombre des arbres de Montagnola. L’univers végétal d’Hermann Hesse, 2018. Armelle DE LAFFOREST,Enquête à Bagatelle sur Tristan Corbière (1845-1875), 2018. Lahoucine EL MERABET,Abdelkébir Khatibi, La sensibilité pensante à l’œuvre dansLe Livre du sang, 2018. Henri DESOUBEAUX,Promenades butoriennes,2018.Alekou STELLA, Médée et la rhétorique de la mémoire au féminin, 2018. Étienne GALLE,Connaître Wole Soyinka, 2018. Jacques LAYANI,Romanciers populaires.André Caroff, Ian Fleming, Boileau-Narcejac, Jean-Claude Izzo, 2018. Gilles GONTIER, Sur le poème jamais écrit,En lisant Pascal Quignard,2018. Jean-Claude MARY,Aldous Huxley, le prophète oublié et Michel Houellebecq en contrepoint, 2018. Piero LATINO,La Promenade de Nerval, Souvenir et rêve, 2018.
Jean-Claude Bondol
L’ECRITURE REALISTE ET SES TECHNIQUES
Nanad’Emile Zola
Préface de Nathalie Roelens
Du même auteur L’Enonciation en communication médiatique. L’implicite dans le discours de la télévisionaux EUE. (2012).
© L’Harmattan, 2020
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-19383-0 EAN : 9782343193830
Faire vrai consiste donc à donner l’illusion complète du vrai, suivant la logique ordinaire des faits, et non à les transcrire servilement dans le pêle-mêle de leur succession. (…) Chacun de nous se fait (…) simplement une illusion du monde, illusion poétique, sentimentale, joyeuse, mélancolique, sale ou lugubre suivant sa nature. Et l’écrivain n’a d’autre mission que de reproduire fidèlement cette illusion avec tous les procédés d’art qu’il aappris et dont il peut disposer. Guy de Maupassant in « Préface » dePierre et Jean.
Préface L’ouvrage que voici retrace les conditions d’émergence du réalisme et du naturalisme, qui ne sont jamais considérés comme une reproduction du réel mais comme une « interprétation » (Champfleury). Cette étude a en effet le mérite de réévaluer le cliché d’un réalisme imitateur du réel au profit d’un réalisme créateur régi par un « tempérament » (Zola). Le recours au modèle scientifique (impassibilité, objectivité, soumission aux faits) ne serait pas incompatible avec la création romanesque « qui est expérience non du réel mais d’une forme nouvelle». C’est ce «propre deregard » l’écrivain que Jean-Claude Bondol se propose d’étudier pour mettre à jour les techniques communicationnelles, les procédés qui favorisent la lisibilité, toute une esthétique au service d’un dessein pédagogique.On aurait pu s’attendre, au vu de ce constat d’une écriture en somme très artificielle, très fabriquée, à un froid relevé des procédés de désambigüisation, tels l’hypotaxe, les rappels, la ventilation de l’information. Or, c’est tout le contraire. L’ouvrage est ponctué de micro-lectures à la fois jouissives pour un sémiologue à l’affût des homologies entre discursivité et structures profondes, gratifiantes pour un narratologue guettant les prolepses, le refus des procédés dilatoires, la cyclothymie narrative, la mise en abyme (par exemple la chronique rédigée par Fauchery, intitulée «La Mouche d’or» brossant un portrait d’usang gâté par une hérédité de misère et dene fille au « boisson» qui pourrit l’aristocratie comme une mouche «envolée de l’ordure»), ou encore les délégués du romancier dotés d’une compétence scientifique, voire les personnages-émetteurs de récit (le « Diable ! je ne vaux pas cher » prononcé par Nana lorsque la pouliche qui porte son nom se laisse battre aux courses). Mais l’ouvrage est aussi un régal pour un historien en quête des menées délétères et des forfaitures commises par les dignitaires du Second Empire ou pour un sociologue intéressé par le monde des cocottes et par la fraternité dans le vice des basses classes avec la haute aristocratie. L’exposé excelle enfin lorsqu’il navigue entre les disciplines et explique l’une par l’autreQuels que soient les: « moyens utilisés pour accéder au bonheur tant sentimental que matériel, on finit toujours en situation de disjonction comme l’est la société impériale avec la morale ». Bondol nous brosse un tableau sans concessions d’une héroïne à la fois angélique et diabolique, intéressée et généreuse, débauchée et
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entourée de mufles, menant les hommes à la baguette et succombant finalement à la pourriture qu’elle a elle-même transmise à son entourage. Toutefois, c’est surtout la société qui en prend pour songrade par le biais de l’écriture zolienne. Et l’auteur de notre ouvrage de démontrer avec brio que Zola a tout mis en œuvre pour dénoncer cette société au bord de l’abîme, sans donner dans le pamphlet ou dans la diatribe mais par la seule virtuosité de sa plume qui fait de ses lecteurs des alliés, un auditoire d’avance acquis.Tout est question d’habileté narrative et de stylistique, de montage et de mise en scène. Zola est un « technicien affairé » selon une formule de Philippe Hamon que Bondol fait sienne : tout, les toponymes, les anthroponymes, la physiognomonie, l’amplification lexicographique, l’hypertrophie du détail, la redondance descriptive, la complémentarité sémiologique, le surcodage informatif du texte, la motivation des noms, contribue à la « fabrication » de la femme-sexe, de ce « poème du cul » pour conquérir son lecteur qui n’est sans doute «pas totalement étranger à la concupiscence». Et il n’a pas tort de souligner que «tout comme Muffat est subjugué par les charmes du personnage, le lecteur succombe à la gracieuse peinture de l’artiste». Chaque petite figure de style est scrutée pour y déceler un raffinement de la technique poursuivant cette visée de lisibilité : la comparaison du lit de Nana à un « autel » peut être lue non pas au sens liturgique de table de culte mais au sens mythologique originel de lieu où l’on immole des victimes pour la gloire d’une divinité et préfigure, dès lors l’immolation de tout un régime. Le tapis rouge semé de feuillage noir de la chambre mortuaire condense, non pas « la chair et l’or» comme dans laCuréemême Zola, mais le sang et la mort. du Chaque détail est chargé, vaut pour un présage. L’homologation fonctionne à tous les niveaux : Nana est cocotte tant au théâtre que dans l’alcôve; Nana la poule a donné son nom à une pouliche de l’hippodrome et se comporte comme une chienne avec les hommes; de laFaloisela raideur de rappelle falaise; de sa chute Satinn’est qu’unecatin;Muffat, unmufle et unfat; et, par antiphrase, les roturiers usurpent des particules à l’aristocratie: Blanche de Sivry est en réalité une simple courtisane. Qui plus est, l’habitat détermine l’habitant: l’aspect de l’hôtel particulier de Nana reflète tant ses caprices d’arriviste que ses fantaisies de polissonne ; la demeure des Muffat évolue au gré de leur moralité chancelante, de glaciale et dévote elle se fait voluptueuse et
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