L Homme de ma vie
106 pages
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L'Homme de ma vie , livre ebook

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Description

En mai 2001, Aline Apostolska met un terme à sa vie de génitrice, rompant le dernier lien qui pouvait encore la rendre semblable à sa mère. La question se pose alors, irréductible et inévitable. «Qu’est-ce qu’être femme ? Quelle femme suis-je et comment le suis-je devenue ?» Elle fait face à cette question que chaque femme s’est posée au moins une fois dans sa vie, avec émotion, lucidité, amour et surtout en dénonçant toute forme de faux-semblant.
Avec L’Homme de ma vie, l’auteure assume ici un récit ouvertement autobiographique avec le désir que le lecteur trouve des échos personnels et collectifs dans son histoire la plus intime. «Quand un écrivain écrit «moi», méfiez-vous, il vient de vous échapper. » Elle ose une mise à nu bouleversante pour elle-même et pour le lecteur, avec le désir que sa vie s’ouvre finalement sur l’inconnu.
De Skopje à Paris, du Caire à Montréal en passant par Montpellier ou New-York, voici l'histoire d'une femme, de ses choix et de ses exils, tantôt consentis tantôt provoqués. Des villes et des hommes. Des hommes, comme autant de repères, de signes, de paroles : les amants bien sûr, mais aussi bien le père, le frère ou les fils.
Parallèlement à cette remarquable cartographie du désir, Aline Apostolska élabore, hors des dogmes et des méthodes, une somptueuse réflexion tant sur les relations entre les hommes et les femmes, que sur l'identité, l'altérité, la maternité et l'écriture comme incontournable territoire de la quête de soi.
S'il est vrai, comme on l'a déjà prétendu, que le récit est un genre fondamentalement impudique, voici le livre de l'impudeur obligée et assumée. Car si le geste même d'écrire suppose une certaine perversité, Aline Apostolska nous démontre, dans une écriture bouleversante, que cela doit s'exercer sans aucune compromission et en toute «connaissance de cause».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 février 2013
Nombre de lectures 3
EAN13 9782764416952
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Littérature e d’Amérique
De la même auteure
Les Larmes de Lumir, Paris, Mots d’homme, 1986.
Étoile-moi, Paris, Calmann-Lévy, 1987.
Sous le signe des étoiles, Paris, Balland, 1989.
Mille et Mille Lunes, Paris, Mercure de France, 1992.
Le Zodiaque ou le Cheminement vers soi-même, Saint-Jean-de-Braye, Dangles, 1994 (série de 12).
La Treizième Lune, avec Raphaël Weyland, Gambais, Bastberg/Jeunesse, 1996.
Lettre à mes fils qui ne verront jamais la Yougoslavie, Cherbourg, Isoète, 1997 : Montréal, Leméac, 2000.
Les Grandes Aventurières, Montréal, Stanké/Radio-Canada, 2000.
Tourmente, Montréal, Leméac, 2000.
Au joli mois de mai, Montréal, VLB éditeur/poésie, 2001.
De ma nuit naît ton jour, livre d’artiste avec Bernard Gast et Jacques Fournier, Montréal, Éditions Roselin, 2001.
 
 
Collectif:
La Maison du rêve, hommage aux libraires, Montréal, VLB éditeur, 2000.
Le Métro, Montréal, VLB éditeur, 2002.
 
 
 
Revues:
Moebius, Eaux, Montréal, Tryptique, novembre 2001.
Liberté, Danses, Montréal, novembre 2001.

Données de catalogage avant publication (Canada)
 
Apostolska, Aline
L’Homme de ma vie
 
 
(Littérature d’Amérique)
9782764416952
I. Titre. Il. Collection: Collection Littérature d’Amérique. PS8551.P644H65 2003 jC843’.6 C2003-940059-X PS9551.P644H65 2003 PQ3919.2.A66H65 2003
 
 
 
 
 
 
 
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Sommaire
De la même auteure Page de titre Page de Copyright Dedicace Epigraphe Epigraphe Skopje Montpellier Madrid Sydney Venise Sainte-Adèle Alger Bruxelles Paris Goa Paris Orléans Le Caire New York Dharamsala Tours Montréal Skopje Aline Apostolska L’Homme de ma vie récit
À Normand, homme d’horizons et de grand vent, qui a accompagné cette levée de voiles.
« ... car malgré le dernier vertige et le renoncement subsistent ces bruits de songes autour de nos jointures comme d’équivoques intentions de bonheur. »
 
 
Denise Desautels Devant sa mémoire
« À l’inverse de la vie, je n’ai rien à espérer de l’écriture, où il ne survient que ce qu’on y met. »
 
Annie Ernaux Passion simple
N e cherchez pas à savoir si c’est vrai. Ce matin je me suis décidée à vous l’écrire, c’est donc une histoire.
Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je tournais en rond dans l’appartement, mon stylo à la main, érigé comme un pistolet. Comme toujours lorsqu’un livre demande à se manifester, je me sentais lourde, rompue, le cou rigide et l’humeur vague, partagée entre le monde invisible qui bourdonnait dans ma nuque, cherchant la porte de sortie, et le monde extérieur devenu irréel, mes fils sur le tapis en train de jouer au Nintendo, ma banquière au téléphone, un souper à organiser avec des amis chers dont j’aurais été incapable à cet instant de dire le prénom.
J’allais d’une pièce à l’autre, faisant des gestes mécaniques qui prétendaient reproduire la rationalité. Sortir les confitures, choisir framboise ou poire-rhubarbe, glisser le pain dans le toaster, attendre puis étaler le beurre, mettre le tout dans une assiette, remplir des verres de lait, déposer un bisou sur la joue de mon petit garçon, laver la baignoire, ne pas oublier l’heure du courrier, faire le lit, non, finalement, changer les draps puis refaire le lit, ne pas oublier de racheter du beurre. Du faire, des gestes, dans une absolue indifférence, coupés des émotions qui continuaient à vibrer dans mon ventre comme une envie de vomir, ou de jouir.
L’écriture est une histoire de ventre. Une grosse boule au centre du corps, une mémoire tapie au milieu de l’être. La preuve que l’humain n’est pas seulement d’ici, qu’il est d’un ailleurs qu’il ne connaît pas et ne peut jamais prétendre posséder.
Loin d’être une victoire, l’écriture est un dépôt d’armes. Bon, bon, ça va, ça va, j’ai compris, c’est d’accord, j’y vais, je vais écrire... Rivée à mon ordinateur comme à une potence dont, folie pure, on n’attend que libération.
Contrairement à mon habitude, ce livre (Est-ce un livre? Qu’est-ce que c’est?) je l’écris doucement, lentement, avec précaution. Comme si j’enlevais délicatement des couches de peau fine en tentant de ne pas la faire saigner. J’ai peur. J’ai mal. Je peine. Une goutte de sang supplémentaire pourrait me tuer. Je le sens. Je pleure. Une larme de trop pourrait me noyer. Les princesses en leur tour sont plus emmurées que protégées. Si j’avais une fille, c’est ce que je lui dirais, mais je n’en ai pas. Justement.
Pour mes quarante ans, j’ai avorté. Puis j’ai fait ligaturer mes trompes. On ne choisit pas le jour où l’arrivée des règles vous transforme en génitrice, mais on peut aujourd’hui choisir le jour où on y met fin. Dans la chambre d’hôpital, le ventre douloureux, j’ai vu défiler vingt-neuf ans de vie. J’y ai mis un terme. J’ai taillé dans mes trompes. J’ai coupé le dernier lien qui pouvait encore me rendre semblable à ma mère. Bon, bon, ça va, ça va, j’ai compris, c’est d’accord, OK, OK... je ne suis plus une génitrice. Je suis une femme désormais. Soit.
Je ne savais pas ce que je faisais. Je l’ai fait. Je ne sais pas ce que j’écris. J’écris. Fermer une porte, c’est en ouvrir une autre.
Je suis devenue femme sans m’en rendre compte. Je suis plutôt du genre qui fait et qui y pense après. Ça produit le meilleur et le pire, mais là n’est pas le propos. Le propos, c’est que maintenant que c’est fait, je peux vous en parler. Je suis devenue femme. Alors, tranquillement, je peux regarder les hommes de ma vie. Ils sont les pierres blanches qui ont jalonné une partie de mon parcours terrestre. Pour moi la terre se dit au masculin. Je le constate. En moi je traque le regard masculin qui m’a faite femme. Dans tous les états du féminin, de la fille à la mère, de la sœur à l’amante, de la petite-fille à la cousine. Dans l’ombre et la lumière. Jusqu’à l’écrivaine, celle qui les réunit toutes, et tous, car il n’est rien de plus androgyne que l’écriture.
Les hommes de ma vie auront ainsi fini, comme moi, dans l’écriture. Écrire c’est dire: « Je suis là ». Aimer, c’est être deux. Et seuls.
Au fond, je vous raconte ces histoires pour les mêmes raisons que vous les lisez. Ma petite histoire n’est qu’une version de la vôtre. Un éclat d’humanité. On en revient toujours au même point. Les hommes. Les femmes. Le Soleil. La Lune. La nuit. Le jour. Les relations entre les hommes et les femmes. Des rondes entre le Soleil et la Lune. Le jour qui court toujours après la nuit. Tant et tant de dérisoires petits tours de piste. Dans l’histoire de chacun, des éclats des histoires d’autrui. En chacun, des échos du tintamarre général. Et puis un jour, une nuit, plus rien. Le silence. L’oubli. La mémoire d’une petite histoire dans laquelle on se reconnaît, en oubliant même le nom de celle ou de celui qui en a inscrit la trace.
Je pense à cette phrase de Marguerite Duras: « À deux, on écrit une chanson. En aucun cas un livre ». Aimer, c’est être deux. Écrire, c’est l’oublier.
Skopje
A u commencement, ils sont six, réunis devant la porte de l’hôpital où je viens de voir le jour (plutôt la nuit puisque je suis née le soir) par le septième d’entre eux, ou plutôt le premier, le premier d’entre tous, celui sans lequel aucun autre, ni ces six premiers, ni tous ceux qui suivront, ne seraient. Puisque sans lui, je ne serais pas là moi-même.
Il les avait réunis là, en ce début du joli mois de mai, au cœur de ce printemps intim

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