La Mort de Peter Pan
108 pages
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La Mort de Peter Pan , livre ebook

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Description

« Tu vas voir, je vais mourir et ça te fera un vrai personnage de roman, un vrai de vrai! » Malcolm Wendell Walker ne pensait pas si bien dire… Bien qu’il soit décédé en 1981 à l’âge de 30 ans dans un incendie causé par une cigarette oubliée, il ne cesse de hanter la narratrice de ce récit. Plus de vingt ans après la tragédie, celle-ci refait le parcours du «personnage» né d’un père inconnu, un marin d’origine irlandaise, et d’une mère canadienne-anglaise de modeste condition.
En réalisant la prédiction de Malcolm, cet intriguant «bum» plein d’humour et de blessures, Claire Varin a cherché à se rapprocher du mystère ultime de l’être, à voyager entre les couches du réel, à avancer au bord des mondes et à faire part de ses étonnantes découvertes par le biais d’une écriture tout en finesse et en subtilité.
Malcolm Walker passe son enfance successivement dans une crèche, un orphelinat, un foyer d’accueil et une école de réforme avant d’être repris par sa mère quand elle en a les moyens financiers. Boucher de profession, Malcolm collectionne les conquêtes féminines grâce à un étrange magnétisme. Celle qui fut sa «dernière flamme» retourne donc sur les lieux où il a vécu, ou ce qu’il en reste. Elle revoit les personnes qui l’ont marqué (mère, épouse, amoureuses, amis, etc.) et se donne une mission à laquelle même le défunt se sera refusé : retrouver son vrai père, censé vivre à Liverpool.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 février 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782764421185
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Littérature d’Amérique
 
Collection dirigée par Normand de Bellefeuille et Isabelle Longpré
De la même auteure
Clarice Lispector. Rencontres brésiliennes , nouvelle édition, Triptyque, Montréal, 2007 (Trois, Laval, 1987).
Le carnaval des fêtes, nouvelles, Trois, Laval, 2003.
Línguas de Fogo. Ensaio sobre Clarice Lispector , Limiar, São Paulo, 2002.
Désert désir , roman, Trois, Laval, 2001.
Clair-obscur à Rio, roman, Trois, Laval, 1998.
Profession : Indien , récit, Trois, Laval, 1996.
Langues de feu. Essai sur Clarice Lispector , Trois, Laval, 1990, épuisé.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
 
Varin, Claire La mort de Peter Pan (Littérature d’Amérique)
9782764421185
 
I. Titre. II. Collection: Collection Littérature d’Amérique. PS8593.A72M67 2009 C843’.54 C2008-942221-X PS9593.A72M67 2009


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Dépôt légal : 1 er trimestre 2009 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada
 
Mise en pages : André Vallée – Atelier TypoJane Révision linguistique : Diane-Monique Daviau et Stéphane Batigne Conception graphique : Isabelle Lépine
 
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
 
© 2009 Éditions Québec Amérique inc.
www.quebec-amerique.com
 
Imprimé au Canada
Sommaire
De la même auteure Page de titre Page de Copyright Epigraphe Remerciements La Mort de Peter Pan
La mort n’est qu’une illusion d’optique.
Albert Einstein
La mort ne tue pas. Mahâbhârata
 
 
 
 
Des milliers de cercueils ont roulé entre les murs de ma maison. Des milliers de corps couchés sur du satin dans cet ancien salon funéraire acquis peu avant que ne se réalise ta prédiction. Ma demeure abrite sa cohorte d’esprits que je ne vois pas, Dieu merci, mais à qui, parfois, je rêve. Ils circulent dans les deux vastes pièces où s’agrippent au plafond, comme des chauves-souris dans leur grotte, les luminaires ayant éclairé la grande mue des trépassés.
Un de plus ou de moins... Bienvenue chez nous, Malcolm. Mais s’il te plaît, ne me fais pas le coup de te manifester grandeur nature. Il suffit que tu surgisses sur ma toile mentale, en tout petit, dans mon sommeil ou quand, les yeux fermés, je médite. Mon système nerveux fragile supporterait mal ton apparition. Si tu ne m’as pas encore joué le tour, je risque peu, bien que mon projet ravive une crainte atténuée avec les années. J’exploite ma peur, sécrétant de l’adrénaline pour enfourcher le cheval sauvage et noir, et cavaler vers ton histoire, puis déposer ta vie devant toi, t’offrir ses reflets dans mon miroir tendu. Sur la Terre, tu n’existes plus : les fers que je retournerai dans tes plaies ne devraient plus t’émouvoir. Je vais te raconter et tu resteras de marbre comme la plaquette qui me dérobe ton urne au funérarium.
Qu’avais-tu de si extraordinaire pour que, après une vingtaine d’années, je décide d’écrire sur toi, à partir de toi, vers toi, si beau et authentique? Peut-être que de tous ceux qui ont touché mon cœur, tu es le seul à m’avoir aimée follement tout en m’acceptant comme un être libre. Il fallait que notre arbre grandisse avant que ses fruits ne se détachent de leurs branches.
 
Première sur la liste des personnes auprès de qui je recueillerai les fragments de ton miroir en morceaux : ta mère, Myrtie Walker, que je n’ai jamais revue depuis les funérailles. Bell Canada affiche toujours ses coordonnées. Gênée par mon anglais approximatif, d’emblée je m’abstiens du téléphone et sollicite par lettre une rencontre. Les fruits sont mûrs.
Le monde existe pour aboutir à un livre. Stéphane Mallarmé
 
 
 
 
Trop intriguée par ma lettre pour attendre le lendemain, ta mère me téléphone à 23 heures un vendredi. Pourquoi ce contact au terme d’une éclipse de vingt ans sinon pour lui révéler l’existence d’un petit-fils?
— Do you have children ?
— No, I don’t .
— You don’t?
Dans sa voix, une pointe de déception. Je n’ai pas d’enfants, mais j’ai conçu des livres et je veille maternellement sur un quatuor de chats. I am a writer . À cause de mon long silence, de celui de tous tes amis et amoureuses, Myrtie présumait qu’on t’avait oublié.
Je tangue entre like et love pour lui signifier mon affection à ton égard. La pudeur me souffle I liked him very much , puis je me reprends : il ne m’en coûte rien d’affirmer I loved him and I still love him .
« He was a good boy. Everybody makes mistakes. He had a lot of gifts. You understand what I mean by gifts ?... Did he like me ? » avance-t-elle de sa voix douce. Je connaissais tes talents et ton cœur sous ta façade de malcommode, et la rassure sur tes sentiments à son endroit.
— I will write a book about him.
— Oh ! Really ? Not all bad things I hope ?
— Not at all !
Je lui balance la phrase testamentaire que tu as proférée avant ton départ enfumé : « Je vais mourir et tu auras ton premier vrai personnage de roman... » Myrtie s’exclame. J’ajoute que l’heure est venue, deux décennies plus tard, et que j’ai besoin de son aide.
— Will you mention his real name in the book ?
— ... If you want to.
Je sais pertinemment que je dirai ton vrai nom.
— I am twenty years older now...
— Me too, Mrs. Walker.
Myrtie me rappelle notre souper de Noël 1980 chez elle, et ce dont tu l’avais prévenue, Malcolm : mon grand appétit (qui s’étendait aux affaires de l’esprit...).
— Do you like hamburgers ?
— ... Yes. And I will bring some tea.
Elle signale au passage la propreté de sa maison malgré le fonctionnement défectueux de la chasse d’eau.
Le passé aux trousses, je raccroche, happée par le temps... et la mort. Dans la journée, je recevais un appel m’annonçant celle de mon seul oncle paternel encore vivant.
Un ravissant visage est une promesse du ciel, mais c’est une promesse rarement tenue. Suzanne Lilar
 
 
 
 
Ce matin, mon père a salué son frère pour la dernière fois. Au Funérarium de l’Est, on octroyait le droit à deux proches de voir le défunt et, moyennant rétribution, d’assister à la mise en scène d’une paire de croque-morts et à la crémation de la dépouille. Le cercueil en carton ressemblait au tien, mais en plus gros et surtout il était ouvert. Dans ton cas, la boîte fermée me laissait croire qu’un autre que toi glissait le long des rails vers un feu de circonstance.
Je vais vers ta mère. J’enfourche ma bicyclette en direction du métro Henri-Bourassa. Fait-il aussi chaud ce soir que dans la nuit du 6 au 7 juin 1981 ?
Je compte bien lui arracher le nom de ton Irlandais de père, celui que tu n’as pas connu, qui ne t’a pas reconnu et, qu’au contraire de toi, je voulais connaître. Acceptera-t-elle de se livrer, de dévoiler ses élans pour un marin d’Irlande et pour un pianiste de bar que tu appelais ton père? Gagne-t-elle toujours sa vie comme femme de ménage? Pour le trajet en métro jusqu’à Verdun, j’ai oublié d’emporter ma liste de questions et le bouquin qui m’auraient évité d’anticiper notre imminent tête-à-tête. En bandoulière, des chocolats, du thé vert, des roses et des photos de toi prises sur la terrasse de mon ancien logis rue Cartier le matin de notre rencontre, puis au pa

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