Le "décivilisé"
170 pages
Français

Le "décivilisé" , livre ebook

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170 pages
Français

Description

Pâle répétiteur dans un lycée de province, Adhémar Foliquet décide de tenter sa chance à Madagascar. Tombé malade sur la côte orientale de l'île, il est recueilli par des villageois et se trouve plongé dans le quotidien d'une petite communauté betsimisaraka. Loin de l'accabler, cette situation improbable lui ouvre les portes d'une nouvelle vie, dont l'exotisme enchanteur et la douce langueur suscitent en lui une profonde remise en cause du mode de vie européen.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 novembre 2014
Nombre de lectures 18
EAN13 9782336360157
Langue Français
Poids de l'ouvrage 22 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

africains et caribéens. Elle est éditrice scientiIque de l’œuvre
CharlES REnEl Le « déciviLisé »
PrÉSEntatIon DE ClaIrE RIffarD AUTReMeNT MÊMes aVEc la collaboratIon DE RogEr LIttlE
LE « DÉCIVILISÉ »
COLLECTIONAUTREMENT MÊMES conçue et dirigée par Roger Little Professeur émérite de Trinity College Dublin, Chevalier dans l’ordre national du mérite, Prix de l’Académie française, Grand Prix de la Francophonie en Irlande etc. Cette collection présente en réédition des textes introuvables en dehors des bibliothèques spécialisées, tombés dans le domaine public et qui traitent, dans des écrits de tous genres normalement rédigés par un écrivain blanc, des Noirs ou, plus généralement, de l’Autre. Exceptionnellement, avec le gracieux accord des ayants droit, elle accueille des textes protégés par copyright, voire inédits. Des textes étrangers traduits en français ne sont évidemment pas exclus. Il s’agit donc de mettre àla disposition du public un volet plutôt négligé du discours postcolonial (au sens large de ce terme : celui qui recouvre la période depuis l’installation des établisse-ments d’outre-mer). Le choix des textes se fait d’abord selon les qualités intrinsèques et historiques de l’ouvrage, mais tient compte aussi de l’importance à lui accorder dans la perspective contem-poraine. Chaque volume est présenté par un spécialiste qui, tout en privilégiant une optique libérale, met en valeur l’intérêt historique, sociologique, psychologique et littéraire du texte. « Tout se passe dedans, les autres, c’est notre dedans extérieur,les autres, c’est la prolongation de notre intérieur.»Sony Labou TansiTitres parus et en préparation : voir en fin de volume
Charles Renel LE « DÉCIVILISÉ » Présentation de Claire Riffard avec la collaboration de Roger Little L’HARMATTAN
En couverture : Carte postale : « Comment on voyage à Madagascar ». Cliché : Richard, années 1920. Provenance : archives famille Pont. © L’Harmattan, 20145-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-04403-3 EAN : 9782343044033
INTRODUCTION par Claire Riffard
Du même auteur Avec Serge Meitinger, Liliane Ramarosoa (éd.),Œuvres complètes de J.-J. Rabearivelo, tome I, Paris, CNRS Éditions, 2010, 1591 p.
Avec Laurence Ink, Serge Meitinger, Liliane Ramarosoa (éd.), Œuvres complètesde J.-J. Rabearivelo, tome II, Paris, CNRS Éditions, 2012, 1794 p.
Avec Laurence Ink, Liliane Ramarosoa (éd.), Sauvegarde et valorisation des manuscrits malgaches : le cas de Jean-Joseph Rabearivelo, Paris, EAC Éditions, 2010 : http:// www.llcd. auf. org/IMG/pdf/Sauvegarde_et_valorisation_des_manuscrits_ Malgaches.pdf
INTRODUCTION Charles Renel est lune de cesgures étonnantes générées par la France coloniale au tournant du siècle dernier. Né en 1866, il suit dans un premier temps les chemins sans ornières réservés aux brillants élèves. Admis en 1886 à lÉcole Normale Supérieure, il y prépare lagrégation de lettres modernes et un doctorat puis, une fois franchies ces étapes, adopte la carrière de lenseignement. Il exerce successivement à Bourg-en-Bresse, Roanne et Caen, puis est nommé le 23 mars 1898 maître de conférences à la faculté des Lettres de Besançon, avant dêtre élevé au rang de professeur-adjoint en philologie classique à luniversité de Lyon. Spécialiste de lInde et du sanscrit, il avait tout pour devenir un puissant notable de province. Cest en 1906 que sa vie prend un autre tour, moins attendu ; le député-maire de Lyon, Victor Augagneur, récemment nommé Gouverneur général de Madagascar, fait détacher Charles Renel comme directeur de lenseignement à Madagascar, fonction quil occupera pendant dix-huit ans, jusquà son décès en 1925. Selon Serge Meitinger : Il sagissait principalement de contrebalancer, dans le sens de la laïcité et de la république, [lenseignement] qui était délivré dans les écoles chrétiennes. Aussi Renel créa-t-il un enseignement primaire sur 1 le modèle de celui de la France et en favorisa laccès aux Malgaches . Esprit curieux, administrateur dévoué, Renel sengage dans de nombreuses tournées dinspection aux quatre coins du pays. Il y développe une connaissance précise des différentes régions de lîle et sintéresse de très près à certaines des formes les plus complexes de la culture malgache, dont il ne sous-estime pas la diversité. 2 Devenu membre titulaire de lAcadémie malgache , il publie, outre 1  Serge Meitinger, « Un précis de décivilisation. À propos duDéciviliséde Charles Renel (1923) »,www.lrdb.fr, mis en ligne en janvier 2008, p. 2. 2  À la même époque que Jean Paulhan, lui-même nommé « membre corres-pondant » de la digne assemblée en 1910, et qui eut en tant quenseignant du secondaire à Tananarive à se conformer aux directives de Renel.
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de nombreux ouvrages à visée pédagogique, quelques articles scientiques dans les revues de la capitale et de la métropole, notamment sur « Les amulettes malgaches. Ody et talismans », mais aussi sur « Les religions de Madagascar : ancêtres et dieux », r une étude publiée dans leBulletin de lAcadémie malgache. Le D Rakoto-Ratsimamanga rapporte quil était généralement perçu comme « lun des rares Français des débuts de la colonisation à comprendre les Malgaches, en particulier les Hova et les Merina ». Mais sil reste dans la mémoire de son siècle, cest avant tout par la valeur de son œuvre littéraire. On lui doit deux volumes de Contes de Madagascar(parus dans une collection de contes et traditions populaires chez Leroux, Paris, en 1910 et 1930), des nouvelles regroupées dansLa Race inconnue, nouvelles malgaches(Grasset, Paris, 1910), et une série de romans :La Race inconnue(1910),La Coutume des ancêtres (1913),Décivi-Le « lisé »(1923),La Fille de lÎle rouge(1924) etLOncle dAfrique(posthume, 1926). ù Lécriture du« Décivilisé »sinscrit dans un cadre littéraire qui a partie liée avec le contexte politique de lépoque, fortement marqué par la conquête coloniale française outre-mer. Se développe alors un type de récits quon a pu qualier dès cette époque de « romans 1 coloniaux » . Ils sont à distinguer des récits de voyage par 2 plusieurs éléments saillants . Lauteur de roman colonial doit être lui-même un habitant des colonies, et non un métropolitain ignorant du monde colonial et qui lui porterait un regard extérieur. Par ailleurs, contrairement à la littérature exotique qui exploite complaisamment le mythe de lindigène indéchiffrable et celui de lincommunicabilité entre les civilisations, le roman colonial afche une connaissance intime des populations autochtones.
1 En témoigne notamment la création dun Grand Prix de Littérature coloniale en 1921. 2 Sur ce point, lire larticle du romancier colonial Pierre Mille dansLe Temps, le 19 août 1909 (repris p. 171-175inPierre Mille,Barnavaux aux colonies suivi décrits sur la littérature coloniale, prés. Jennifer Yee, coll. Autrement Mêmes 5, Paris, LHarmattan, 2002), qui renvoie aux deux auteurs coloniaux de référence que sont Rudyard Kipling et Pierre Loti.
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La littérature coloniale est donc à comprendre moins comme un approfondissement de lexotisme quen rupture avec ce que lexotisme avait dextérieur et de frivole. Ce nest pas tant la littérature aventureuse des voyages au loin que celle de lobser-vation attentive, se prétendant même parfois « documentaire » ou « scientique », de la vie quotidienne dans les colonies. Le lectorat ne sy trompe pas, qui cherche dans cesctions une fenêtre sur la réalité de mondes inconnus et fascinants, quil découvre par procuration. Le roman colonial va connaître sous la plume de Charles Renel une évolution très notable, une inclinaison vers ce quon pourrait appeler le thème de la « décivilisation ». Selon Nivoelisoa Galibert, qui a procuré une étude fort utile sur ce roman, « Renel fut le premier, en 1923, à camper le personnage de lEuropéen qui rêve de retrouver son humanité corrompue par lacivilisationse en ressourçant à Madagascar, en adhérant à la vie primitive dans les 1 villages malgaches : ledécivilisé. » Les guillemets qui balisent les termes de « décivilisé » et « décivilisation » auraient donc pour fonction de marquer une distance critique face au concept de « civilisation » brandi tel un étendard par les milieux coloniaux ème français du début du XX siècle. On mesurera précisément lécart entre cette nouvelle repré-sentation du monde colonial et celles qui le précédaient en rapprochant cet ouvrage de celui auquel son titre fait écho, le roman de Claude Farrère,Les Civilisés (prix Goncourt 1905) ; certes, Farrère prenait déjà ses distances avec limagerie coloniale en forçant le trait dans sa description dune France indochinoise aux mœurs dépravées et cyniques. Mais dansDécivilisé »Le « , Renel ne joue pas de lironie, il choisit plutôt le décentrement. Du héros du roman, Adhémar Foliquet, nous savons peu de choses : quil a connu une enfance heureuse, fait des études de lettres et dû gagner sa vie à la mort de son père. Devenu répétiteur des lycées à Bourg-en-Bresse (ville où Renelt lui-même ses premières armes dans lenseignement), il tente en vain le concours de lagrégation et, de dépit, rassemble ses économies pour tenter sa chance à Madagascar. Dilettante à Tananarive puis prospecteur à la
1  Charles Renel,Le « Décivilisé » ; préface de Nivoelisoa Galibert ; postface de Jean-Pierre Domenichini, Saint-Denis (La Réunion), Grand Océan, 1998, p. 8.
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