Légitimités culturelles
179 pages
Français

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Légitimités culturelles , livre ebook

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Description

Ce début du XXIe siècle bouscule toutes les légitimités, voire la notion même de légitimité. Dès lors, pourquoi le théâtre, la culture seraient-ils à l'abri de ce mouvement de fond ? De là naît un double impératif : questionner les fondements de la légitimité culturelle et s'interroger sur les processus de légitimation. C'est ce que tente ce volume dans le registre théâtral qui est le sien, tout en éprouvant le besoin d'élargir le propos à l'ensemble du champ culturel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 novembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782806123008
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Études théâtrales 67/2017
Rédactrice en chef :
Véronique Lemaire
Directeur scientifique :
Jonathan Châtel
Comité de rédaction :
Jean-Louis Besson, Jonathan Châtel, Michel Desmarets, Ariane Joachimowicz, Véronique Lemaire, Daniel Lesage, Catherine Naugrette, Pierre Piret, Jean-Pierre Sarrazac, Emmanuel Wallon
Comité scientifique :
Knut Ove Arntzen (Université de Bergen), Georges Banu (Professeur émérite de l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 et de l’Université catholique de Louvain), Carles Batlle (Institut du théâtre et Université Autonome de Barcelone), Joseph Danan (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3), Helga Finter (Université Justus-Liebig de Giessen), Jean Florence (professeur émérite de l’Université catholique de Louvain et de l’Université Saint-Louis, Bruxelles)
É TUDES THÉÂTRALES est une publication du Centre d’études théâtrales (Faculté de Philosophie, Arts et lettres) de l’Université catholique de Louvain.
Prix de l’abonnement 2017 (2 numéros)
Belgique et France : 35 € (particuliers)
Export : 42 €
Prix de ce numéro : 21 €
Adresse :
Centre d’études théâtrales,
Place de l’Hocaille, 4
1348 Louvain-la-Neuve – Belgique
Rédaction : veronique.lemaire@uclouvain.be
www.uclouvain.be/rethea
Diffusion :
www.editions-harmattan.fr
Titre








Légitimités culturelles

Nouvelles scènes, nouvelles voies




Textes réunis par
Luc Boucris et Véronique Lemaire
Copyright













ISSN : 0778-8738
EAN Epub : 978-2-8061-2300-8
© Academia-L’Harmattan s.a.
Grand’Place, 29
B-1348 Louvain-la-Neuve


Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.
www.editions-academia.be
Sommaire
Luc Boucris
Quand j’entends le mot culture…
I. Réaffirmations/Refondations
Luc Boucris
La fabrique du collectif
Stéphane Braunschweig
Le théâtre est-il dérisoire ?
Entretien avec Luc Boucris et Véronique Lemaire
Linda Dorfers
Manifeste pour un (nouveau) service public théâtral
Béatrice Dernis
La mêlée : fils et tissage à résister ou Evguéni Schwartz chez les lycéens
Michel Miaille
Question(s) de danse
Nancy Delhalle
Une expérience du symbolique pour construire la Cité
II. Coups de chien
Enzo Cormann
Le Théâtre de L’Eldorado, à Lyon – 1894-1993
Antia Diaz Otero et Karel Vanhaesebrouck
L’esthétique de l’imprévisible La notion d’instinct dans le travail de Wim Vandekeybus
Marcel Freydefont
Quitter le théâtre ?
Florent Gaudez et Baptiste Pizzinat
Un théâtre en manque de légitimité ?
Itsik Elbaz
Le paradigme de la sardine
Georges Banu
De l’espace vers le temps : les mutations
Emmanuel Wallon
L’esprit de la ruche ou le théâtre au stade de la pollinisation
III. Mutations/Conquêtes
Xavier Fabre
La place des théâtres
Jean-Jacques Gleizal
La reconnaissance des artistes africains sur la scène artistique contemporaine Quand l’arbre cache la forêt suivi deMouscou, peintre de Kinshasa
Mouscou, peintre de Kinshasa
Marie-Claude Mioche
La culture n’est pas un produit de consommation1
Gabriele Sofia
Théâtre et autogestion de la production culturelle à Rome
Antoine Wellens
Que ma légitimité (théâtrale) demeure !
Mohammadamin Zamani
L’espace théâtral alternatif à Téhéran : la légitimité du centre remise en cause
Le cas des créations de Hamid Pourazari dans l’ancien abattoir de Téhéran
Dominique Sagot-Duvauroux
La valeur vaporeuse de l’art et les nouvelles dynamiques territoriales
Biographies des auteurs
Luc Boucris
Quand j’entends le mot culture…
D ANS L E BAL MECANIQUE 1 , Y ANNICK G RANNEC raconte l’histoire de Josh, animateur et concepteur d’une émission de téléréalité à succès à Chicago. Le père de Josh, Carl, est un peintre neurasthénique. Il va mourir. Josh va plonger dans son passé, à la recherche de ses origines ce qui le mettra sur les traces de Magda, sa sœur, croit-il longtemps, en fait sa mère. Magda est la filleule de Paul Klee. Elle ambitionne une carrière artistique et s’engage avec foi et détermination au Bauhaus, consciente d’entrer dans une aventure bien plus grande qu’elle : « Je mesurais à présent l’immensité du chemin qu’il me restait à parcourir si je voulais, moi aussi, être de l’Histoire en marche » 2 . Avec ce roman, l’auteure met en place une fable complexe et forte sur la filiation au double sens génétique et culturel du mot.
Le choc entre la téléréalité avec son souci de succès à tout prix et son approche stéréotypée du monde qui occupe la vie de Josh jusqu’à la dévorer et les idéaux artistiques de ses parents est en lui-même une source de réflexion profonde sur le contemporain. Ce qui retiendra notre attention ici s’inscrit dans le mouvement de cette réflexion : la pleine et entière certitude qui anime Magda. Voilà une jeune femme pour laquelle le sens de l’Histoire ne fait aucun doute et pour laquelle, surtout, la place éminente de l’art dans cette marche est une évidence. Nous sommes au début du XX e siècle.
La question de la légitimité
Transportons-nous maintenant à la Cartoucherie de Vincennes, en 2016. Le Théâtre du Soleil présente son nouveau spectacle, Une Chambre en Inde . Nous sommes face à une troupe de théâtre en plein désarroi. Son directeur est en crise si bien que la police locale l’a arrêté, nu, en train d’escalader une statue de Gandhi. Son assistante, Cornélia 3 , assure bravement la relève, mais elle ne sait plus où donner de la tête : quel spectacle monter dans un monde en plein désordre et auquel elle ne comprend plus rien ? D’ailleurs le théâtre garde-t-il un sens ? Non, répondent en chœur l’attaché culturel de l’ambassade, désormais préoccupé exclusivement de sa carrière et oublieux de sa mission, et le ministère qui envoie un fax à mi-parcours : vous rendez-vous compte, explique ce fax en substance, que votre subvention dévore un budget qui serait si nécessaire, par exemple, à la construction de logements sociaux ?
L’entreprise est donc doublement remise en cause. Par elle-même d’abord, comme si elle avait perdu son sens aux yeux de ses protagonistes face aux urgences de l’événement et de l’histoire. Aux yeux de la puissance publique ensuite, prête à remettre en question, semble-t-il, son engagement culturel et artistique.
Cette double remise en cause pose en première ligne la question de la légitimité du théâtre, activité artistique qui, ramenée à elle-même, a peu de chances de parvenir à ce que le raisonnement économique appelle la rentabilité et se trouve de ce fait la plus dépendante de l’engagement des collectivités. Au-delà du théâtre, c’est la légitimité de l’art en général qui est en question, voire celle de la sphère culturelle dans son ensemble.
Question latente habituellement, souterraine à divers degrés selon les moments historiques, estompée voire effacée de nos consciences à partir de l’après-guerre, mais question qui resurgit avec force aujourd’hui, posée d’ailleurs à bon nombre d’autres légitimités pourtant solidement ancrées jusqu’à maintenant.
Dans le registre de l’art, c’est en fait une question permanente qu’on laisse se résoudre de façon pratique en quelque sorte à travers le marché de l’art et/ou l’acquisition de la reconnaissance publique. La reconnaissance de la valeur singulière charrie avec elle la reconnaissance de la valeur de la pratique artistique concernée dans son ensemble. C’est ainsi, par exemple, que progressivement l’installation a désormais acquis une reconnaissance qui n’est plus discutée. La question de la légitimité n’est donc que rarement posée de façon frontale.
C’est pourtant ce que nous nous proposons de faire en rebondissant sur l’analyse qu̵

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