Les Choses du temps présent
153 pages
Français

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Les Choses du temps présent , livre ebook

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Description

Extrait : "Quand ils s'occupent de la grosse question du mariage, la plupart de nos moralistes se contentent de constater que les jeunes gens d'aujourd'hui sont exigeants, que les jeunes femmes aiment passionnément la toilette, et que, lorsque les millions ne sont pas de la noce, il n'y a pas de noce."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 24
EAN13 9782335122381
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0008€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335122381

 
©Ligaran 2015

Préface
On ne fait plus de préface, et c’est peut-être pour cela que j’en voudrais faire une, si mince qu’elle fût. Une préface est au livre ce que le vestibule est à l’édifice. L’auteur doit aller au-devant du lecteur et lui souhaiter la bienvenue. « Entrez, homme rare et bienveillant, mais avant de vous conduire dans mon modeste appartement, permettez-moi de vous dire quelles pièces le composent. Cela n’est pas très orné, ni très doré, ni même très meublé ; c’est petit, c’est simple, – un appartement sur la cour, au quatrième étage de la littérature. – Si vous pouvez vous passer des colifichets à la mode, des petits dunkerques, des enjolivements et de la potichomanie du style moderne, vous ne serez peut-être pas trop dépaysé. Sinon, n’allez pas plus loin, seigneur, ne franchissez pas le seuil de cette antichambre et frappez à la porte du voisin. »
Ce livre, qui a pour titre : les Choses du temps présent , n’a pas été écrit tout d’une haleine. Il s’est fait, pour ainsi dire, tout seul, au jour le jour ; c’est une suite de réflexions bâties sur la tête d’une épingle. L’évènement du jour a inspiré telle page, et telle autre page est née d’un mot saisi au vol. Un tel livre ne se lit pas d’un trait, et, s’il se lit jusqu’à la fin, ce n’est que chapitre par chapitre, et en mettant un intervalle entre celui qui précède et celui qui suit.
Ce livre, on le prend le matin, on l’abandonne, et si le soir on le retrouve, tant mieux. L’auteur n’est ni un moraliste, ni un philosophe, ni même un penseur, – un vilain mot dont tout le monde s’affuble depuis quelques années ; – il ne voit guère des choses que la surface, et c’est pourquoi il ne prétend point à l’honneur d’avoir fait des découvertes au pays de la psychologie. Il raconte plus qu’il ne prouve ; c’est une plume légère ; il n’appuie pas, à peine il effleure. Et voilà le lecteur prévenu.

E.T.
CHAPITRE PREMIER Les femmes
Quand ils s’occupent de la grosse question du mariage, la plupart de nos moralistes se contentent de constater que les jeunes gens d’aujourd’hui sont exigeants, que les jeunes femmes aiment passionnément la toilette, et que, lorsque les millions ne sont pas de la noce, il n’y a pas de noce.
On a bientôt fait de critiquer son temps ; mais, bon gré mal gré, il faut prendre son temps comme il est. Quand vous m’aurez montré cette meute de prétendants à la recherche d’une héritière, ces mariages commerciaux où deux coffres-forts se jurent un éternel amour ; quand vous m’aurez cité, en opposition avec ce qui se passe en France, l’exemple de l’Angleterre où les hommes riches ne dédaignent pas d’épouser de jeunes filles pauvres, je me permettrai de vous demander où vous voulez en venir. Vous signalez un mal que tout le monde connaît, mais vous n’indiquez pas le remède.
Je ne me dissimule pas, cependant, que la conclusion, s’il en est une, n’est pas facile à trouver, et que le remède, s’il existe, ne peut opérer immédiatement comme l’onguent sur la brûlure.
Les pères et les mères de famille se récrient ouvertement contre les exigences des jeunes gens qui demandent à une jeune fille, outre le cortège obligé de ses vertus, un appoint en argent. Les jeunes gens, s’ils ne sont pas riches surtout, n’ont pas tout à fait tort. Pourquoi iraient-ils de gaieté de cœur s’atteler à cette charrette du mariage qu’il leur faudrait éternellement traîner dans des chemins semés d’ornières et de précipices ? Le mariage est une admirable institution, mais il ne vaut pas le sacrifice des facultés et quelquefois de la dignité de l’homme, et à ce terrible jeu de la misère on a bientôt perdu l’énergie et la conscience de soi-même. Ah ! si les jeunes filles avaient reçu une autre éducation et surtout une instruction plus solide ; si au lieu de leur apprendre les arts frivoles dont le banal programme est invariablement étalé sous les yeux de tout prétendant, on leur avait enseigné les connaissances pratiques, cette vraie science de la vie, si, en un mot, on avait fait de toutes ces jeunes filles des compagnes de l’homme et non des poupées de cire, peut-être les jeunes gens se montreraient-ils plus accommodants sur le redoutable chapitre de la dot ! La femme telle que la font les pensionnats est une châsse vivante que l’homme doit orner, embellir, parer de soie, de velours, de satin, de dentelles, de pierres précieuses ; son rôle dans la communauté consiste à porter de belles robes, de beaux châles, des chapeaux élégants, et à jouer du piano ! Ah ! le piano !
Que les gens riches donnent à leurs filles cette éducation, ou plutôt ce semblant d’éducation, je le comprends jusqu’à un certain point. La jeune fille riche devenue femme payera avec sa dot ses opulents loisirs. Qu’elle soit belle, qu’elle soit gracieuse, qu’elle plaise, c’est tout ce qu’on peut raisonnablement exiger d’elle. Mais comment se fait-il que cette éducation, bonne tout au plus pour quelques-unes, soit l’éducation de toutes ? Comment le petit bourgeois, qui n’a pas un sou de dot à donner à sa fille, ne comprend-il pas que ce piano, ce dessin à l’aquarelle ou au pastel, tous ces prétendus arts d’agrément sont les dons les plus funestes ? Il se sera saigné aux quatre membres, cet honnête père de famille, pour que sa fille fût aussi bien élevée que telle autre jeune fille qui pourra échanger un demi-million contre une corbeille de noce ; il lui aura donné tous les goûts d’une patricienne, l’amour de la toilette, le mépris de la vie pratique, l’appétit des élégances, et le jour où elle sortira de pension, le jour où elle sera une fille à marier, il s’étonnera si quelque honnête jeune homme recule d’effroi à la proposition d’être son gendre !
On prétend que notre pays est le pays pratique par excellence ; je ne dis pas non, mais à voir ce qui s’y passe, on ne s’en douterait guère. Quoi de plus absurde, de plus romanesque, de plus fatal, que cette uniformité de l’éducation imposée à de jeunes filles de conditions et de fortunes si diverses ? Puisque toutes les jeunes filles se ressemblent, puisqu’elles ont toutes été taillées sur le même patron intellectuel et moral, puisque celle-ci a les mêmes idées, les mêmes goûts, les mêmes prétentions, la même éducation en un mot que celle-là, pourquoi feriez-vous aux jeunes gens un crime de préférer celles qui, outre la somme générale des qualités et des agréments fournis par le pensionnat, ont par-dessus le marché l’attrait particulier de la dot ?
En opposition avec le père de famille dont je parlais tout à l’heure, supposez un homme de sens qui ait élevé sa fille dans des conditions toutes différentes. Il a écarté de ce jeune esprit l’essaim des chimères, des puérilités, et il l’a nourri des mets substantiels de l’intelligence ; il a voulu qu’on lui enseignât de bonne heure l’ordre, l’économie, la simplicité et les soins si importants du ménage. Ce mariage, qui apparaît à toutes les jeunes filles comme une porte ouverte sur le champ de la liberté, il lui en a parlé comme d’une chose grave et souvent lourde qui impose de part et d’autre des devoirs, des sacrifices et un dévouement sans bornes. Il s’est efforcé de préparer sa fille à être la compagne sérieuse, l’associée de cœur et d’esprit de l’homme qu’elle doit un jour épouser. Lorsqu’elle aura atteint l’âge de dix-huit ans, celle-là ne croira pas que la beauté rehaussée par la toilette est la seule qualité de la femme, et elle n’attendra pas que le fils du roi passe par hasard devant sa porte et tombe subitement amoureux d’elle, comme cela se pratique dans les contes de fées ; mais si un honnête jeune homme la rencontre, soyez sûr qu’il saura apprécier ce solide mérite, fruit naturel d’une exceptionnelle éducation. C’est la fausse éducation des jeunes filles, c’est leur infériorité relative qui explique, et jusqu’à un certain point justifie l’exorbitant impôt de la dot. Les jeunes filles, quelle que soit leur condition, sont toutes élevées en princesses de salon ; il me semble tout naturel que les épouseurs leur demandent une dot de princesse. Une princesse, cela co

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