Les racines du paradis
24 pages
Français

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Les racines du paradis , livre ebook

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Description

Paris, Automne 1988. Une nuit d’orage, lugubre et étouffante. Tandis qu’un douloureux voile obscur entame son avancée macabre dans la ville, l’existence d’Elisabeth est brutalement bouleversée par le plus terrible des évènements. Cette nuit va marquer un tournant dans la vie de la jeune femme au passé impénétrable, qui, depuis près d’une décennie, est l’impeccable et secrète gouvernante d’une famille aisée.
Accablée par d’insupportables regrets, Elisabeth se retrouve confrontée à ce qu’elle avait tentée de fuir et d’enfouir au plus profond de son être. Les quelques réminiscences vaporeuses au doux parfum d’eau de fleur d’oranger laissent place à des souvenirs forts et intenses qu’elle se réapproprie. Celle qui avait décidé de « mourir à une vie pour entrer dans une autre » va devoir faire un choix radical.
De Paris à Constantine, l’histoire relate des instants de la vie passée et actuelle de la jeune femme, basculant au fil des chapitres entre la fin des années mille neuf cent quatre-vingt en France et la période d’après-guerre en Algérie.
Les personnages de ce roman évoluent dans le cadre d’une histoire fictive.

Informations

Publié par
Date de parution 05 octobre 2018
Nombre de lectures 2
EAN13 9782312062181
Langue Français

Extrait

Les racines du paradis
Hannan Otmani
Les racines du paradis
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2018
ISBN : 978-2-312-06218-1
« Si vous écoutez votre cœur, vous savez précisément ce que vous avez à faire sur Terre . Enfant , nous avons tous su. Mais parce que nous avons peur d’être désappointé, peur de ne pas réussir à réaliser notre rêve, nous n’écoutons plus notre cœur. Ceci dit, il est normal de nous éloigner à un moment ou à un autre de notre Légende Personnelle . Ce n’est pas grave car, à plusieurs reprises, la vie nous donne la possibilité de recoller à cette trajectoire idéale. »
Paulo Coelho
Chapitre I. Nuit de mélancolie à Paris
L A JEUNE FEMME ET LE MOUCHOIR
Il pleuvait ce soir-là. Il pleuvait très fort. Inlassablement. La jeune femme regardait par la fenêtre de sa chambre, immobile, le regard au loin, pendant que le ciel déversait sa colère. Elle était assise là, la main crispée sur un mouchoir de mousseline blanche, les lèvres asséchées d’amertume.
La grisaille s’emparait de la ville. Le cœur lassé de la jeune femme battait tout doucement. Son souffle long et pesant perçait le lugubre silence de la pièce, faisant écho aux crépitements assourdissants de la pluie qui tambourinait violemment contre les carreaux. Ses grands yeux bleus étaient si sombres, sombres comme les ténèbres qui s’abattaient sur Paris . Sa chevelure d’ébène tombait lourdement sur ses épaules accablées par le fardeau qu’était devenue son existence.
Soudain le tonnerre se fit entendre pendant qu’un éclair déchirait les cieux. Tant de peine coulait sur les rues de Paris qui semblait inconsolable. Le temps s’était arrêté dans la pièce où se trouvait la jeune femme, hormis une larme qui descendait délicatement le long de son visage pâle. La Seine noyait son chagrin dans ce camaïeu de gris que subissait la ville. Les sanglots ne cessèrent qu’au petit matin sur Paris. Le jour s’était levé, tirant aussitôt un trait sur la douloureuse averse passée qui avait envahi chaque recoin de la ville. Paris se réveillait.
Elle était pourtant toujours là. La tristesse. La jeune femme aussi. Sa main droite tenait fermement le tissu immaculé comme si sa vie en dépendait. Cette vie qui lui avait doucement et lentement tout repris. Il faisait froid. Ses yeux étaient désormais gris, d’un gris obscur, puissant et pénétrant, mais quelle importance. La nuit était passée, la pluie était tombée, la jeune femme n’avait pas bougé. Comme figée dans le temps. Sa main gauche était délicatement posée sur ses fines jambes recouvertes de sa robe bleu nuit. Usée .
Les traits fins de son visage étaient tirés. Elle était belle pourtant. D’une glaçante beauté, majestueuse et remarquable. Un frisson parcourut la pièce, les lèvres entrouvertes de la jeune femme laissèrent échapper un soupir, marquant la fenêtre de son imperceptible empreinte tandis qu’un terrible voile vaporeux recouvrait l’atmosphère épaisse des lieux. Le brouillard menaçant prenait peu à peu possession de la ville, balayant irrémédiablement sur son passage tout espoir de renouveau. Tandis que la fumée blanche poursuivait son avancée macabre, la jeune femme laissa glisser de ses doigts endoloris le mouchoir qu’elle serrait depuis des heures. Le tissu laissa brutalement apparaître des mots brodés à la main, des mots qui appartenaient au passé.
Ce tendre message résonna avec éclat dans la tête de la jeune femme frêle qui se leva lentement de sa chaise en bois. Elle ne parvint pas à quitter de ses yeux embués de larmes les doux mots que lui infligeait cruellement ce mouchoir blanc. Elle resta un moment immobile, debout, le temps que passe l’inconfortable sensation de fourmillement dans ses jambes si fines. Le temps que ralentissent les battements sourds de son cœur devenu fragile. Le brouillard s’était installé sans laisser de choix à personne, écrasant la ville de son épais manteau. Paris étouffait désormais sous un lourd nuage infranchissable et opprimant.
La jeune femme ramassa le précieux tissu, plaça délicatement le trésor dans la poche un peu décousue de sa robe trop portée. Elle essuya de sa main droite ses grands yeux bleus et tristes. Elle replaça ses longs cheveux noirs derrière ses épaules. Elle aspira tout ce que ses poumons pouvaient encore contenir de vie, sans pouvoir expirer toute l’envahissante souffrance qui emplissait chaque jour tout son être. Elle était fatiguée mais maintenant elle savait. Elle savait que ce chagrin l’habiterait pour toujours, et qu’il était vain de tenter de s’affranchir de son inexorable emprise. Mais

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