La lecture à portée de main
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Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 02 février 2010 |
Nombre de lectures | 247 |
EAN13 | 9782296227514 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
DanielCohen éditeur
www.editionsorizons.com
Littératures,unecollection dirigée par DanielCohen
Littératuresest unecollection ouverte,toutentière,àl’écrire,
quelle qu’ensoitlaforme: roman,récit, nouvelles,autofiction,
journal;démarche édtorialeaussivieille que l’édition elle-même.
S’il estdifficile deblâmerles ténorsdecelle-ci d’avoireule goût
desgenresqui lui ont ralliéun large public, ilreste que,
prescripteursici,concepteursde laformeromanesque là,comptablesde
cesprescriptionsetdeces conceptions ailleurs, ont, jusqu’à un
degrécritique,asséché levivierdes talents.
L’approche deLittératures,chez Orizons, est simple – il eûtété
vain de l’idiqueren d’autres temps :publierdes auteursque leur
force personnelle, leur attachement auxformesmultiplesdu
littéraire, ont conduits audésirde faire partagerleurexpérience
intérieure.Du texte dépouilléàl’écritporté parlesouffle de
l’aventure mentale etphysique, nous vénérons, entretousles
critères supposantdéterminerl’oeuvre littéraire, lestyle.Flaubert
écrivant:«J’estime par-dessus toutd’abord lestyle, etensuite le
vrai »;plus tard, le philosopheAlain professant:«c’est toujours
le goûtqui éclaire le jugement», ils savaientavoir raisoncontre
nosdépérissements.Nousen faisonsnotrecredo.D.C.
ISBN :978-2-296-08751-4
©Orizons,Paris,2009
Libertad
nouvelles
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Jean-PierreBarbier-Jardet,EtCætera,2009
Bertrand duChambon,Loin deVārānasī,2008
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OdetteDavid,LeMaître-Mot,2008
JacquelineDeClercq,LeDitd’Ariane,2008
Toufic El-Khoury,Beyrouth pantomime,2008
MauriceElia,Derniertangoà Beyrouth,2008
PierreFréha,La conquête de l’oued,2008
Gérard Gantet,Leshautscris,2008
Gérard Glatt,Une poupée dans un fauteuil,2008
Gérard Glatt,L’ImpasseHéloïse,2009
CharlesGuerrin,La cérémonie desaveux,2009
Henri Heinemann,L’Éternité pliée, Journal, édition intégrale.
Gérard Laplace,La Pierreà boire,2008
Gérard Mansuy,LeMerveilleux,2009
Lucette Mouline,Fauxet usage de faux,2009
AnneMounic,Quand onamarché plusieursannées...,2008
Enza Palamara,Rassemblerles traitsépars,2008
BéatrixUlysse,L’écho ducorail perdu,2009
Antoine deVial,Deboutprèsde lamer,2009
Nosautrescollections:Profilsd’unclassique,Cardinales,
Domaine littérairesecorrèlentau substratlittéraire.Les
autres,Philosophie –Lamain d’Athéna,Homosexualités
etmêmeTémoins,ne peuventpas y être étrangères.Voir
notresite (décliné en page2decetouvrage).
Raymond Espinose
Libertad
nouvelles
2009
Dumêmeauteur:
AuxEditionsduMondeLibertaire
Jacques Prévert,Une éthique de l'homme,Essai,2007.
Mauvaisesnouvellesde la liberté,Nouvelles,2007.
Dernièresnouvellesde laliberté,Nouvelles,2008.
AuxEditionsOrizons
AlbertCossery,Une éthique de ladérision,Essai,2008.
BorisVian,Un poète en liberté,Essai,2009.
«Il faut desserenos qui veillent chaque nuit
pendant que les autres dorment et font de mauvais
rêves. Il en faut qui hurlent, dans le vent, des
véritéspremières, qui fracassentetqui détruisent,
quiremettenten question.Etparn'importe quel
moyen,recommandable oupas.L'important,c'est
queçalaisse des traces».
Henri-FrançoisRey,Lerachdingue.
Larevenante
onteclerc avaitluquelque partque le meilleurmoment
M
dujourétaitl’aube, quandtoutnaîtlentementàlavie et
qu’une douce lumièrecouvre laville d’unvoile léger.Certes, il
comprenaitque l’on puisse penserainsi;il luiarrivaitd’ailleurs
derentrer secoucherà cette heuresingulière etilappréciait
indéniablementlecharme despromessesdujouràvenir.
MaisMonteclercn’étaitpas vraimentdecettetrempe
matinale;ilaimaitlanuit,sonrelatifsilence,ceséchosconfus
dudehors,ces voixavinéesqui dérapent,ces sourdesmenaces
dans un débutderixe , lalumièreartificielle des réverbères, les
quelquesfaisceauxdes véhiculesnoctambules, lesgarçonsqui
ramènentdesfilleshystériques un peuivres...
Troisheuresdumatin,voilàquelle étaitl’heure de
prédilection dujeune homme.
Monteclerc avaitdépassé de
peulatrentaine.Sesconvictionslibertairesl’avaientamené, quelquesannéesauparavant,
à conduirece genre d’actionsclandestinesque
lajusticerépublicaineréprouve.Depuis« lasanction », le jeune hommes’était
quelque peuassagi, encore que le mot«assagi » neconvienne
pas tout-à-faitàune personnalitéaussicomplexe quecelle de
Monteclerc.Disonsque,sans renierlesidéesquicontinuaient
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RAYMONDESPINOSE
d’innerver son intellectcomme lesang irrigueuncorps, ilavait
prisquelque distance par rapportàunactivisme qu’ilavait
peut-être payé un peu trop lourdement.Aussi faisait-il montre
quelquefoisd’unesorte d’indifférenceàlaquellesesamis
Lagarde etBeauprèsnevoulaientcroire qu’àdemi, maisqu’il
affichait toutde même encertainescirconstances, probablement
pour se protégerde lui-même, peut-être mêmeaussiun peupar
provocation–Monteclerc, depuisquelquetemps, n’hésitait
pasàfaire montre d’unsinguliercynisme donton nevoyaitpas
clairementoùil pouvaitleconduire.
N’allonspascependantcroire queMonteclercenavaitfini
avec« le milieuanarchiste» et ses vieux«compañeros», loin
de là.Il œuvraitd’ailleurspour un journal d’une « gauche » dite
« libertaire »auxcontoursplutôtflous, maisqui permettaitau
jeune homme d’assurer sapitance,bien qu’ilreconnût, non
sans uncertain humour, quecettecollaboration
lecompromettait– dansdeslimitesqu’ilconsidéraitcependantcomme
raisonnables.
Voilàle profil dubonhomme.Il faudraitbiensûr rajouter
que «BeauBrun »,comme lesurnommaientlesfillesdujournal,
avait uncertainsuccèsaveclagentféminine,cesuccèsétant
d’ailleursdû,semble-t-il, en partieà ce petitairde mélancolie,
à cevoile detristesse queMonteclerc avait ramené desesannées
de « dur».Tristesseaudemeurantpeut-êtreaussi justifiée par
le faitquesajeunecompagne d’alors– peut-êtretropjeune –,
n’avaitpaseulapatience d’attendre l’incarcéré, les sollicitations
dumonde – etdumilieuqui étaitle leur– nese prêtantpas
spécialementàune fidélitésansfaille.Maisqu’est-ce que la
fidélité ?
Leréveil électrique deMonteclercindiquaitdonctrois
heuresetle jeune homme,sonarticle pourle journalachevé,
s’apprêtaitàgagnerlasalle debain lorsque lasonnerie deson
LIBERTAD
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téléphoneretentit.Unevoixféminine lui demandasi elleavait
bienaffaireà PhilippeMonteclerc.Ilconfirma.
—C’estSonia...
Eviter surtoutcette indélicatesse quiconsisteàdemanderde
quelleSoniails’agit.Il optapour une prudence debonaloi;il
setutdonc,attendantlasuite.
—Jeteréveille ?
Bon, letutoiement ;onavançait.
—Non, jeviensd’achever untravail etje m’apprêtaisàme
coucher.Que puis-je faire pour toi ?
—J’aiunserviceàte demander...
Untempsd’hésitation.Monteclerc :
—Jet’écoute.
—Je metrouveaubarde nuitLe Breuil,tuconnais?
—Rue deReilhac?Oui, jevois.
—Est-ce quetupourrais venirm’y rejoindre ?Le garçon de
café estentrain de passerlebalai etle patron m’invite gentiment
àquitterleslieuxdansle quartd’heure.
—Tun’aspasdechez-toi ?
—Viens, jet’expliquerai.
Monteclercsans se poserplusde questionraccrocha, enfila
sonveston, pritlesclésdesavoiture etdesonappartementet
gagnaprestementl’ascenseur.
Audehors,cette nuitqu’ilaimait tant.Unairlégèrementfrais,
moinsd’odeurde dioxyde decarbone, lalumièreartificielle, les
voituresque l’oncroise,cesbribesdechansonsque l’on entend
àtraversles vitresmi-ouvertes, le gyrophare de lapolice...Mais
bonsang, que dis-je ? le gyrophare, lapolice ?Monteclercse
trouvasoudaintrèsnaïf.
C’étaitqui,cetteSoniasansdomicile ?Forcément une fille qui
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RAYMONDESPINOSE
avaitdesennuis.Queltype d’ennuis?On po