Victor (pulp gay)
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Description

Victor

Jean-Marc Brières

Pulp de 147 000 car.
Victor, il s'appelle Victor ! Je reviens sur ma première impression de la veille. Finie la timidité, balayée le côté discret ! Le mec fréquente le caïd, le costaud, celui qui en a, comme on dit. Il fait partie de la bande de loubards que j'ai croisée dans le métro. Sa relative tranquillité résultait tout bonnement d'une prise de substance illégale, selon les termes employés par les juristes. Aujourd'hui, la bête agit sans artifice. Sous son aspect un peu malingre, il cache une force insoupçonnée. Un paquet de nerfs le Monsieur !



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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 février 2013
Nombre de lectures 19
EAN13 9782363075406
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Victor
Jean-Marc Brières
re 1 partie
C'est qu'il est beau, le salaud ! Rien que de le regarder, je bande ! Bon ! Faudrait pas que la chose reste à rebiquer dans mon jeans. J'oubliais de signaler que je déteste porter des slips et autres caleçons ! Je me tiens toujours prêt au cas où… Or, pour être prêt le plus rapidement possible, évitons la surcharge de vêtements. Et puis j'aime bien sentir mes breloques se dandiner entre mes deux jambes, au rythme de la marche. Pas trop, bien sûr, sinon le frottement risquerait de provoquer quelques désagréments dont pâtirait mon intégrité physique la plus intime.
Je disais donc que ce salaud-là est un ravissement des yeux et… du reste, tout au moins je l'espère. Comme chacun sait, la beauté c'est très relatif, subjectif, selon le ressenti personnel. Je l'épie, je l'observe, je le lorgne, je le reluque, à en avoir mal à mes petites mirettes qui commencent à piquer. Et popaul qui s'excite bêtement. Voilà maintenant qu'il joue les mâts de tente, sauf que lui se met à l'horizontale, sorte de pointe en avant prouvant que je suis en de bonnes dispositions pour pratiquer quelques gymnastiques préconisées par le Kama-sutra. Soit dit en passant, je viens d'apprendre – ignorant que je suis ! – que cette prose imagée fait partie de la littérature religieuse indienne, depuis l'an 500 – à peu près – suppose-t-on. Comme quoi, toutes les religions ne sont pas aveugles, irréalistes et bornées, dans le domaine sexuel.
Je m'égare une fois de plus. L'œil collé sur une lorgnette imaginaire, je ne le quitte pas des yeux. Il ne s'aperçoit de rien, heureusement. S'il m'abordait de quelque façon que ce soit, je ne saurais quoi lui dire tant je suis subjugué par son physique. Je me ressaisis enfin. On ne baise pas avec la beauté, on l'admire seulement. C'est un principe que je me suis toujours fixé et auquel je me soumets sans faiblesse aucune. Cela m'évite bien des ennuis, des remords, des regrets, mais surtout bien des déceptions. D'autant que je suis assez quelconque, même si l'on qualifie mon postérieur d'aimant à bites, et ma queue d'aimant à cul. Allez savoir pourquoi ! Mais je suis très fier de ces appréciations. On se contente de ce qu'on peut, pas vrai ?
Vient le temps de détourner la tête. Mon adonis ne s'intéresse pas à ma petite personne – 1m92. Pour lui, je n'ai rien d'un poids lourd – 80kg – dans le domaine du charme. Allons quérir ailleurs une âme simple au corps simple, catégorie dans laquelle je suis. Ça, au moins, c'est baisable à moindre risque. D'ailleurs, je ne recherche pas le grand Amour. Je cherche à faire l'amour. C'est moins long à trouver, moins compliqué. Néanmoins, je ne peux pas baiser si un petit quelque chose de sentimental ne vient pas cimenter ces émois fugaces. En fait, mes baises sont de l'amour sous contrat à durée très déterminée, vraiment déterminée.
Mains dans les poches, je vais, je viens, déambule sous la charmille de ce parc. Question mecs, nada ! Ils sont tous en vacances ou quoi ? Plus une braguette en vue. Pas même un petit cul aux contours joliment arrondis à se mettre sous mes yeux bleus-gris ou gris bleus, comme on voudra. Benêt que je suis ! Tous se préparent pour la grande soirée du samedi. On se bichonne, on se pomponne, on se trifouille la binette, on traîne devant l'armoire en
râlant que l'on a rien à se mettre pour aller quérir quelqu'un à mettre. En un mot, on s'apprête pour être le plus en beauté possible et faire tomber raides d'amour tous les mecs que l'on croisera dans la pénombre, zébrée de lasers, qui baigne la boîte où l'on se rendra. Moi, comme une andouille, je glande dans un parc vide de toute âme en quête de sexe, au lieu de m'occuper à m'embellir un tantinet. Quand je vous dis que je n'ai pas toute ma tête, en ce moment ! Pourtant, je suis un fidèle des sorties en boîte le week-end. Là, je parle pour les nuits. La journée, je la consacre à visiter les bas-fonds d'un sauna, par exemple. Je ne suis pas le seul. Toute la congrégation, ou presque, des homos en folie, suit ce programme comme un seul homme – sic. Je ne rate jamais ce rituel, imitant ainsi les célèbres moutons de Panurge que nous sommes. Une exception : les vacances. Alors là, je m'éclate dans un coin perdu, loin du microcosme pédérastique. Si d'aventure je rencontre une bite à caresser, c'est par pur hasard. Mais ça n'a rien à voir avec le sujet du moment, je divague une fois de plus.
Dare-dare, je grimpe les escaliers, fonce dans mon appartement, squatte la salle de bain durant une bonne heure afin de rectifier tous les défauts de ma tendre frimousse. Comme à l'accoutumée, je me persuade que tout est parfait. Dans le but de prendre des forces, je m'accorde une plâtrée de pâtes à la carbonara – il faut des sucres lents si l'on veut se trémousser toute la nuit sur une piste de danse ou ce qui en tient lieu –, suivie de quelques fruits, le tout arrosé de deux verres de pinard tiré de derrière les fagots. Pour clore la partie gastronomique de la soirée, j'avale un bon café. Enfin, présentable, après quelques ablutions buccales, je dévale les escaliers pour aller me jeter dans la bouche de métro contiguë à mon immeuble. Dès mon installation dans un wagon, je scrute l'étalage de mecs présents afin d'y trouver celui qui, susceptible de chérir uniquement d'autres mecs, saura me combler charnellement. Je suis gâté. Du mâle, il y a, en quantité. Mais gaffe ! Ça sent le marlou, le blouson noir comme on disait du temps de mon pépé. Méfie mon tout beau ! Tu es un délicat, un sensible qui n'aime guère les gnons, les horions, les baffes, les châtaignes et autres marrons. Et ceux-là doivent posséder une générosité incomparable quand il s'agit d'en donner. Imaginez huit loubards, âgés de 25 à 40 ans, approximativement, aux jeans serrés présentant une devanture très appétissante et une arrière-boutique des plus remuantes. Tous possèdent des épaules à damner le plus chaste des ermites. Ça sent le macho, le vrai, le pur ! Ça ricane de tout, de n'importe quoi, afin de montrer que ça existe, que ça vit. Je m'imagine en tête à tête avec l'un d'eux. Il serait sûrement devant moi, tout penaud, fragile, ne demandant qu'une chose : qu'on l'aime, qu'on le prenne en considération, qu'on l'écoute. Les voilà qui descendent avec force éclats de voix. On impressionne pour s'impressionner soi-même. Ah la jeunesse supposée hétéro ! Que vois-je ? Une petite chose – façon de parler – toute mignonne, tassée sur son siège comme pour passer inaperçue. Il tranche sur ses camarades partis. Qu'il est trognon ! On en mangerait ! Mais pas ce soir. J'ai d'autres projets. Je veux un jules, un vrai ! Un velu ! Un bien membré ! Un musclé avec une grosse voix de stentor ! Un homme quoi ! Toutefois, il convient de prévoir l'avenir. Faire du gringue au gentillet n'engage à rien si ce n'est pour disons demain après-midi.
Abordable, l'adorable créature, sans chichis. Il répond aimablement, avec le sourire de permanence, tel celui arboré par l'Asiatique commerçant. Pas fier pour deux sous, le mignonnet. Il accepte mon rancart pour demain. Tout comme moi, ce soir il est pris : un repas de famille, vous savez ce que c'est ! – on se vouvoie encore, mondanités obligent. Lui aussi sait ce que c'est : un mensonge probablement.
Petit signe de la main accompagné d'un clin d'œil discret, et je descends du métro. Tel un cabri, certain que le petit biquet m'admire à travers les vitres, je bondis vers la sortie.
***
Un léger bruit me confirme qu'un mec me zieute à travers l'œilleton. La porte s'ouvre. Paco zozote :
— C'est toi, ma puce ! T'es en beauté ! Je te ferais bien une papouille !
Les trois mêmes phrases à chaque visiteur, chaque soir ! Paco, mon doux, tu devrais potasser un dictionnaire, par exemple, surtout celui des synonymes, afin de renouveler un tant soit peu tes discours d'accueil. Allez ! Tu mérites tout de même ton petit bisou auquel tu tiens tant. Ici, ne parlons pas du bon bisou franc et bien appliqué sur les joues. Ici, il s'agit du bisou mondain, celui consistant à approcher les visages sans qu'ils se touchent, à pincer les lèvres façon bouche en cul de poule et à émettre un léger bruit de succion. Il doit aimer ça, car aucun entrant n'omet de se soumettre à ces simagrées devant un Paco fier de ce succès imposé par lui-même.
Geste éternel dans le petit espace séparant l'entrée de la boîte proprement dite : on se mire dans l'immense glace qui vous jette à la figure votre beauté plastique. Vous faites tous comme moi, vous stationnez, baba devant votre portrait, rassuré quant à votre plastique. À ce propos, vous ne trouvez pas drôle cette manie de passer des heures à s'embellir la trogne et le reste, à s'échiner afin de trouver les nippes qui mettront en valeur ce que vous venez de scrupuleusement ravaler, tout ça pour passer une nuit entière dans un local surchauffé par la chaleur des corps et les danses frénétiques, sous un éclairage des plus maigres nonobstant les projecteurs lasers qui strient l'atmosphère en empêchant de voir exactement à quoi on ressemble. Au petit matin, on pue la sueur en rentrant à la maison, seul ou accompagné, arborant des yeux aux valises impressionnantes, les oreilles bourdonnantes de la techno dont on s'est gavés durant des heures, le teint blafard dû à la fatigue et au manque de sommeil et que n'arrangent certes pas les néons du métro. Vous avez dû, tout comme moi, vous amouracher d'un hidalgo jugé inoubliable dans l'ambiance du lieu où l'on s'éclate pour renauder par la suite en constatant que le sublime présente l'envers de la médaille au petit jour ! Scène de la même facture si c'est vous que l'on jugeait hidalgo dans la boîte et décevant à la sortie. Cela m'est advenu plus d'une fois ! En somme, on se pomponne uniquement pour que l'on ne nous voie que fort déconfit quand la brise matinale fut venue. Triste, mais palpitante, destinée que la nôtre. Ici, je ne fais allusion qu'aux mecs sains, à savoir ceux qui ne sniffent pas quelques produits hallucinogènes ou n'avalent pas des pastilles qu'une pharmacopée de bon sens exclue parce que trop nocive pour la santé. Produits aux effets éphémères qui, une fois un certain laps de temps d'euphorie écoulée, vous transportent dans les affres de la soumission et de l'accoutumance dont on devine aisément les conséquences.
Et voilà maintenant que je donne dans le prêche ! Que diable, je dois me ressaisir !
Ce soir, j'ai grand faim, je ne serai pas trop regardant. Ne lésinons pas sur la marchandise. La foule bigarrée s'agglutine en tous endroits, tout juste si l'on peut avancer vers une table, voire même en direction du bar. Quant à la piste de danse, la gent « gesticulatrice » l'accapare. Une fois de plus, je devrais jouer des coudes pour y accéder, si je tiens à me
défouler. Mais que vois-je ? Lui ! Depuis combien de temps je ne l'ai pas vu, le croquignolet ? Plusieurs mois, c'est sûr. Tiens ! Tiens ! Il fricote avec un de mes Ex. J'aime dire ça : un de mes Ex. L'expression sous-entend une vie amoureuse tumultueuse, variée, palpitante. En fait, je n'ai qu'un ex, pas plus. Je parle, bien entendu, de relation sérieuse, pas d'une histoire de cul aussi brève que salace. Mais celui-là, il me fait mal à chaque fois que je l'aperçois. Je le croyais parti en quelque lieu où le travail importe plus que la vie, là où l'on vit pour travailler, mais où l'on ne travaille jamais pour vivre. Il n'a pas l'air spécialement amoureux de son partenaire, l'ex. À peine regarde-t-il son vis-à-vis. En vérité, il ne fricote pas. Il se dandine en face de lui. En somme, il danse. Mais je voudrais bien qu'il s'éloigne de la chose mignonnette afin de me permettre de m'en approcher sans avoir à palabrer avec Monsieur Ex. Opération fort aléatoire si l'on songe à la multitude de corps tassés les uns contre les autres. Déjà, réussir à bouger représente une victoire non négligeable. Je patienterai.
Une voix douce me susurre des cochonneries à l'oreille tandis qu'une main fureteuse s'inquiète de savoir si j'ai toujours la fesse ferme. Mon petit Armand me sourit, l'œil égrillard ! Que fait-il là, lui qui a en horreur les antres à pédés, comme il dit ? Il s'ennuie, le cher ! Ses endroits favoris, désertés de tout mâle en quête de chair, le désolent. Il pense que lui et moi pourrions fusionner pour la nuit. La proposition m'intéresse dans la mesure où personne d'autre ne prendrait en considération mes charmes. Armand le sait, il nous connaît, puisqu'il pratique de la sorte envers moi. Nous sommes de vieux intimes. Pensez, voilà plus de quinze mois que nous sommes amis et complices ! Il se perd dans la masse, l'œil fureteur, lui aussi cherchant le corps frère d'une nuit.
Je contemple les fesses et autres devantures en forme de braguette depuis plus de trois heures, tout en frétillant de la croupe et du reste, au rythme de la techno. La salle s'aère peu à peu, les mecs gagnent d'autres endroits où s'éclater à moins qu'ils ne rentrent se la donner à fond – mais quoi donc, demande-t-il naïf ?. Maigre chasse ! Bide complet, oui ! Trop de minets, de mecs à l'aspect apprêté, peu de naturel dans tout ça. J'aime, mais pas ce soir. La merveille entr'aperçue s'en est allée. Le seul vrai julot, c'est Monsieur Ex. Ça, c'est du mâle ! Mon popotin s'en souvient encore qui récrimine : il n'a plus été comblé de la sorte depuis trop longtemps. Un de mes copains dit souvent : « les hommes, c'est comme les truffes, c'est rare et ça coûte cher ». Le spécimen brut de décoffrage se perd. Dommage ! Enfin, les quelques-uns restants je me les goinfre à l'occasion. Heureusement pour moi, je n'ai pas encore dépassé les 23 ans ! La beauté n'étant pas ma qualité première, même si je suis dans la moyenne voire un peu au-delà, ma jeunesse m'ouvre bien des bras. Comme j'aime l'homme fait, à savoir entre 30 et 45 ans – environ –, je me prends rarement une veste, pour ne pas dire jamais. Faut savoir se contenter de ce que l'on peut avoir, dans ce domaine. Ainsi, on ne risque aucun déboire. Ah mon ex ! L'image de sa bite révoltée se fige dans mon crâne. J'en pleurerais presque tant elle me manque. Elle m'enivrait, elle me grisait, elle me portait aux paradis de la luxure. Je ferme les yeux afin de mieux savourer ce souvenir. Il ne manquait pas d'appétit, le gourmand. Chaque soir il m'honorait de ses assauts...
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